Forum - Ouverture, mouvement final.
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Carlyle | 03/08/07 18:45
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Assis à son bureau, Carlyle se massait les tempes. En face de lui, Ms. Loup et Aldemaar, l'air piteux, et pas vraiment heureux d'être à leur place. Après tout, ils avaient raté un contrat, pourtant facile. Certes, ils avaient passé leurs nerfs sur leur troisième acolyte, inutile, mais tout de même, ils frémissaient encore de colère et de honte.
« Les esquisses sont donc entre les mains de la Confrérie Blanche, c'est cela ? Demanda Carlyle d'un ton neutre.
-Pas nécessairement, Monsieur, mais, disons plus simplement que, par une erreur de notre...
-Monsieur Aldemaar, veuillez, pour une fois, bien vouloir vous en tenir aux faits. Il ne me siérait guère de devoir vous rappeler que je n'apprécie pas vos trop longs discours.
-Dans les mains d'un paladin. Confrérie Blanche ou pas, c'est ce qui pose problème. Grogna l'autre.
-Excellent Monsieur Loup, excellent, bref, net, précis, droit au but, vous devriez être un exemple pour votre ami. Un paladin donc.
-Grand, brute, deux épées. Fit M. Loup, Aldemaar visiblement vexé et muet.
-Deux épées ? Deux épées...
-Deux épées à deux mains. Brute. Du genre épaisse. Pas les paladins qu'on croise dans les citadelles et les chapitres. Le vrai. Celui qui abat des démons au déjeuner avant d'aller occire du dragon avant le dîner. Pas l'inutile en collant. La brute en armure.
-J'ai saisi l'idée, Monsieur Loup. J'ai saisi l'idée. Carlyle jeta un regard sur la plante sous cloche de verre sur son bureau. Cela ne va pas trop poser de problème. Il vous croit mort, n'est-ce pas ?
-Du moins démembrés et déchiquetés dans un fossé immonde, tenta M. Aldemaar. Devant le regard inexpressif de Carlyle, il crut bon de se corriger. Aussi mort que des pantins désarticulés.
-Parfait. Je vous conseille de le détromper. De lui montrer ce qui se passe lorsque l'on n'achève pas son travail de manière adéquate. Vous me comprenez, Monsieur Aldemaar, Monsieur Loup ?
-Le mieux du monde, répondirent les deux, une goutte de sueur glacée coulant dans leur dos. Nous allons y remédier sur le champ.
-J'allais vous le conseiller. » Puis il se pencha de nouveau sur une feuille de papier blanc, signifiant par là que l'entrevue était terminée.
Les deux hommes sortirent de la pièce, juste assez lentement pour masquer leur peur. Carmickaël. Ce n'était pas vraiment important. Tout cela relevait d'un hasard. Hasard qui serait désamorcé bien assez tôt. Au pire, il faudrait faire assassiner Ser Richar. Il avait déjà une idée de qui pourrait remplir pareille mission. Aucune expression ne vint fendre son visage, et il commença à écrire.
Edité par Carlyle le 03/08/07 à 18:46
Carlyle | 03/08/07 18:45
«
Le 4 de la lune de Taren.
Garrigan,
A l'heure qu'il est, vous devez avoir brillamment réussi à vous être fait nommer nouveau Haut Connétable de la Confrérie Blanche. Laissez-moi vous adresser mes plus sincères et mes plus chaudes félicitations. N'est-ce pas là le couronnement d'une vie entière dédiée au service de sa foi et de son honneur ? Aussi je me veux, en tant que conseiller de longue date, être le premier à ainsi vous récompenser. C'est pourquoi vous trouverez ci-joint de quoi assouvir votre vice si particulier, qui ferait, s'il venait à être découvert, frémir vos frères les plus endurcis, n'est-ce pas ?
Ceci fait, je crois devoir également vous rappeler vos directives. Trop de vos prédécesseurs ont été prompts à les oublier et à oublier la main qui les avait nourris et faits d'eux ce qu'ils étaient. Ce qu'ils ne furent pas, vous pouvez m'en croire sur parole Garrigan, bien longtemps ensuite. Il est temps pour la Confrérie Blanche d'entrer en guerre contre moi. Une guerre totale, et sans rémission. Comme je vous en avais parlé, et comme je vous avais conseillé d'animer la faction la plus dure de votre ordre.
Ce que j'entends par guerre ne doit pas être pris à la légère. Je n'attends pas de vous que vous dépêchiez, comme Tiphereth a pu le faire, vos hommes un peu partout pour me traquer. Seuls, ils ne pourront rien contre moi. En outre, je ne suis jamais très longtemps au même endroit, cela n'a pas changé. Je veux que vous investissiez les villages et villes et places fortes que vous avez sous votre protection. Je veux que vous établissiez un règne de terreur, je veux un couvre-feu partout, je veux que chaque personne trouvée dehors passée l'heure fatidique soit considérée comme coupable et complice de mes exactions. Vous pourrez justifier cela facilement. Comme je l'avais annoncé à feu votre maître, deux villes vont tomber, et cette fois, j'y laisserai clairement ma marque. D'abord, Tivérial, à une centaine de lieues à l'Est de Dane. C'est un point nodal de médiocre importance. Je n'y serai pas en personne quand elle tombera, d'ici neuf jours. Ensuite, Férial, citadelle marchande renommée. Elle tombera en une journée de combats. Il n'y aura pas un seul survivant. Personne ne m'en empêchera. Je laisserai ma marque partout, et les corps mutilés répugneront à tous.
Dès lors, le combat devra être acharné. Tous vos membres devront être tendus vers un seul but : m'empêcher de nuire. Evidemment, vous pourrez presque le faire, puisque avec cette lettre, je vous en envoie une autre, établissant mon plan de destruction, village par village, lune par lune. Mensonge, ou pas ? Jouez là-dessus pour vider vos chapitres. Tous autant qu'ils sont. Cela signifie également le chapitre principal, évidemment.
Il va vous falloir être habile pour mener ce double jeu. D'autant plus que je sais - n'en suis-je pas à l'origine ? - qu'il y a des mages parmi vos paladins. Une confrérie dans la Confrérie, si vous voulez, dont je préfère vous établir l'existence, plutôt que de vous laisser aux mains de vagues rumeurs. Méfiez-vous de chacun, masquez vos pensées, ne vous laissez aller que dans l'intimité de votre cellule ou de votre bureau, et encore. En présence d'un autre que vous, soyez aussi prudent que vous pouvez l'être. Je vous ai appris, voilà longtemps, à reconnaître les tentatives d'intrusions dans votre esprit. Guettez-les, et, plutôt que d'y répondre, donnez de fausses informations.
N'oubliez pas. Désormais, vous êtes le Haut Connétable de la Confrérie Blanche. Votre mot doit être leur ordre. Vous ne devez souffrir ni insubordination ni désobéissance, ni manque de respect. Instaurez la terreur aussi bien en dehors de la Confrérie que dans la Confrérie. Cela vous sera utile pour garder l'affection des jeunes. Pour l'exemple, vous pourriez ainsi faire exécuter quelques anciens. Cela montrerait aux autres que vous n'êtes pas un pantin. Cela prouverait aux jeunes novices ou paladins que, contrairement aux Hauts Connétables qui vous ont précédé, vous n'êtes pas un faible, mais au contraire un fort, bien décidé à agir. Tout cela servira également à faire mieux passer la guerre que vous allez déclarer.
Pour l'exemple, je vous suggère de faire exécuter Ser Richar, et un ou deux autres. Je vous fournirai les preuves de trahison de Richar avec cette lettre. Pour les autres, de même, vous n'aurez qu'à finaliser le trucage. Cela sera grossier, mais passera sans aucun doute. Vous pourrez ainsi vous débarrasser des dernières oppositions au Conseil, et de l'un des plus droits défenseurs de la rectitude de votre ordre. Je pense que cela ne pourra que vous être agréable.
Bien entendu, nous garderons une correspondance fructueuse, et régulière. Non pas de façon à ce que je garde un oeil sur vous, bien au contraire. Pour faire ce, je n'ai pas besoin de vous. Je vois partout où il faut que je vois. C'est surtout pour ne pas vous faire oublier qui est votre maître, et à qui vous devez obéissance, Garrigan. Il me serait très désagréable de vous faire sommairement assassiner comme je l'ai fait pour Tiphereth. Notez bien que lui ne me servait pas. Vous êtes mon homme, Garrigan. Je vous ai fait, je peux aisément vous détruire. Imaginons un instant que n'importe lequel des membres du Conseil reçoive une copie de cette lettre, ou des précédentes, ou de celles qui suivront ? Voire, une copie de vos réponses ? Ne pensez pas vous en tirer en brûlant systématiquement mes missives. Non seulement ma mémoire est excellente, mais je prends la peine d'en faire toujours un double, pour garder grippe sur quiconque. Que ce passerait-il alors ? Ne serait-il pas, cet homme, le bras armé de la vengeance divine, et ne ferait-il pas s'abattre sur vous la terrible colère des cieux ? Ou bien, il vous appartiendrait et ne dirait rien. Il faudrait alors que je fasse jouer d'autres leviers. Le châtiment serait bien plus terrible alors.
Evidemment, j'ose espérer que vous avez déjà commencé à vous constituer un réseau d'alliés fidèles et sûrs que vous allez placer à des points stratégiques de l'organigramme. Il pourrait même être intéressant de les initier à certains de vos vices, ou à d'autres. Nous aurons double prise sur eux, ainsi, et cela ne ferait que renforcer la fidélité qu'ils vous voueraient. Et contrôler les points clefs d'une place forte est un avantage indéniable. Je ne vous apprendrai pas qu'ainsi l'intendance est de la plus haute importance. Comme l'est le ministère du culte.
Vous allez, dorénavant, être le guide de toute une phratrie. Guide temporel, dont les questions vont être purement formelles, et donc, excessivement complexes à résoudre. Mais surtout guide spirituel. Je me permets de tout particulièrement insister sur ce point. Vous allez être, jusqu'à la fin de votre vie, l'exemple à suivre, le but à atteindre, pour une multitude d'êtres à la virilité exacerbée. A vous de jouer suffisamment sur ce délicat instrument. Cela consiste à les aider dans les heures sombres, à être la lumière qui réchauffera leurs coeurs tremblant dans le doute. Cela consiste à toujours être un roc stable et solide dans la tempête, quoiqu'il arrive.
Et, sachez-le bien, c'est une tempête magnifique que je vous ordonne de déclencher. Que je vais déclencher. La Confrérie devra se battre sur tous les fronts que j'ouvrirai, contre des armées de démons que la terre n'a plus vu depuis des siècles. Des deux côtés, les pertes seront terribles, et au final, jamais la Confrérie ne se sera trouvée aussi faible qu'à la fin de la guerre. Même votre glorieux chapitre principal sera vide au final. Du moins le paraîtra-t-il.
Je vous répète donc une dernière fois mes instructions. Déclarer la guerre totale. Prendre le contrôle complet des villes. Vider vos chapitres. Tenir le choc. La guerre ne sera pas longue.
Agissez conformément à mes directives, et je vous récompenserai.
Trahissez-moi, et vous en paierez le prix fort.
Amicalement,
Carlyle. »
Edité par Carlyle le 03/08/07 à 18:47
Carlyle | 03/08/07 18:45
Carlyle relut attentivement la lettre qu'il venait d'écrire, vérifiant qu'il était suffisamment clair, puis en fit une copie qu'il rangea avec les autres. Il plia délicatement le papier en un rectangle parfait, avant de le glisser dans une enveloppe fabriquée par ses soins. Il y apposa son sceau. Personne d'autre que son destinataire ne pourrait l'ouvrir. Il prit d'ailleurs un certain plaisir à écrire de sa plume habile et assez déliée le nom de Garrigan et la destination. Ensuite, il sortit des lettres types qu'il avait écrit voilà bien longtemps, et rajouta le nom de Ser Richar sur l'une d'entre elles, qu'il glissa dans une autre enveloppe, jointe à la première. Enfin, fouillant dans un tiroir, il en tira une fiole de liquide translucide, qu'il contempla sans ciller un moment, avant de l'empaqueter précautionneusement.
Il se leva de sa chaise, et effaça quelques poussières sur sa chemise. Il enfila sa veste, et sortit de son bureau pour descendre à l'étage inférieur du manoir, où l'attendait Eva.
« Ma chère amie, lui fit-il, ne m'as-tu pas dit t'ennuyer ?
-Terriblement, Carlyle, terriblement. J'ai besoin de me détendre.
-Je t'en donne l'occasion, ma chère. Il lui tendit les lettres et le paquet. Je voudrais que tu ailles jusqu'au service des postes de la ville basse.
-La ville basse ? N'y en a-t-il pas un dans la ville haute ?
-Si fait. Cependant, l'artisan qui s'occupe de tes dagues et de mes instruments se trouve dans la ville basse. Et puis, voilà une occasion de te divertir ma chère, non ?
-Oui... Musa-t-elle. Oui, je crois que cela peut être amusant...
-Poste les lettres et le colis. Reviens quand tu veux avec ma commande, mais poste tout ça. Trancha Carlyle. Le reste m'importe peu.
-Ne soit pas si agressif mon chérie. Tu sais très bien que je ne te décevrai pas. Oh, soit dit en passant, elle s'empara des objets de sa mission, et ouvrit une fenêtre. Ton visiteur t'attend dans le salon du rez-de-chaussée. » Et d'un bond félin, elle disparut par la fenêtre.
Carlyle contempla l'ouverture un instant, avant de la fermer paisiblement. Il soupira et descendit lentement les escaliers qui menaient au niveau de la rue. Arriver devant la porte, il attacha les boutons de sa veste. Son visiteur... Il inspira profondément pour se composer un visage adéquat, et poussa le battant qui ne grinça pas d'un iota.
« Bien le bonjour à vous, Général. »
Carlyle | 03/08/07 18:50
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10) Les terres perdues : [Lien HTTP]
11) Temps clair : [Lien HTTP]
J'espère que la lecture vous plaît toujours autant.
J'ai un peu triché avec le forum, pour améliorer la lisibilité... J'espèce que cela fonctionne.
La suite, bientôt.
Edité par Carlyle le 03/08/07 à 18:52
Hurry Khan | 05/08/07 08:06
Toujours aussi bon !!
