Forum - Intenebrisdhil - Le nouvel alchimiste

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Anastase De Mu | 23/07/15 17:08

« Dans la profondeur des ténèbres, je ne suis rien. Nul ne me voit, nul ne m'entend. Ma colère déchire l'univers, mon bonheur inonde l'espace. Rien ici n'a de sens, je n'existe pas. Qu'importent les vents, qu'importent les tempêtes, je suis transbahuté par les éléments. Electron, atome, poussière ; l'on me défait et l'on me reconstruit. Je perds ma tangibilité ; devenu chimère, je n'ai plus de vérité, plus d'existence, plus de réalité. Dans les ténèbres, j'opère ma métamorphose. »

Le vieux mercenaire lissait une moustache aussi rude que son visage taillé à la serpe. Il patientait, contemplatif, sur une rosse aussi peu aimable que lui. La fumée qui s'élevait en volutes oniriques des campements nelrks semblaient l'enivrer partiellement. Il esquissa un demi-sourire à l'elfe en guenille qui se roulait dans l'herbe grasse en vociférant.

« Allons Marquis. Vos plans sont quelque peu compromis.
-J'enrage ! La guerre des Deux roses m'aura coûté plus cher que je ne voulais le voir.
- Ah, les deux femmes étaient sans doute jalouses l'une de l'autre ; quelle idée de vouloir combler deux mégères pareilles. Mais c'est surtout l'étonnante prise de partie des deux muets qui vous aura fait du mal. Pas une réponse à vos missives, pour finalement, un assaut conjoint avec vos ennemis. Magie noire, sans doute. Ne vous avais-je pas mis en garde ? Tout comme vos « alliés » fidèles qui ont préféré le camp de l'ennemi, visiblement. »

Il cracha une vilaine glaire, avant de renifler bruyamment. Il se lécha la paume de la main, et la passa dans ses cheveux poivre et sel, pour les plaquer sur l'arrière de son crâne. Il avait dû avoir un certain charme, dans le temps, de celui de ces hommes virils qui se battent pour leur honneur, pour celui d'une dame, pour un regard déplacé, pour une pinte à demi-remplie, pour une partie de cartes perdue, pour un oui, pour un non. Et pour rien, finalement.

« Des pleutres, Marquis. Des femelles. Ils manquaient de coeur. Vous auriez dû les écraser, sans faire état des plus faibles. Comme un bon soldat. Regardez, le commerçant ; il a reçu de grandes quantités d'or de votre part et de vos ennemis ; il n'a dit mot et le voici sans doute plus riche que la moitié du continent réuni. Pas d'amitié, pas de haine, seulement le froid calcul du plus pragmatique.
-Malheureusement, je ne suis pas fait de ce bois-là. J'ai besoin de ressentir.
-Je l'avais remarqué. Et voilà où cela vous mène : dans une clairière, en loque, avec comme compagnon un vieux reître et un bouquin idiot. Remarquez, le chaos qui s'en suit est plutôt divertissant. »

Anastase regarda le livre, comme s'il le voyait pour la première fois. Il s'était absenté de son esprit, première fois depuis longtemps. Il le feuilleta encore, allongé dans le pré. Il avait le temps ; celui que vous octroie le malheur pour que vous puissiez vous lamenter sur votre triste sort ; celui que l'espoir comble d'envies fugaces et de rêves irréels. Il pesta une dernière fois. Pour la forme, théâtralement, à grand renfort de gestes et de mimiques grotesques.

« Allons Marquis. Ne faites pas l'enfant. Le monde est ainsi fait. Croquer ou être croqué. Tout dépendra de la place que vous souhaitez ici. Mais si vous êtes trop faible, les Rieurs vous rappelleront ce qu'est un sourire. »

Le vieil homme avait, bien sûr, raison. Daifen était un monde impitoyable où les bons sentiments n'avaient pas leur place. Il haussa les épaules, et claqua l'ouvrage, un peu plus serein. Il lui restait encore son... laboratoire. Il devrait pouvoir expérimenter quelques manipulations. Avec un peu de chance... il trouverait une formule intéressante, parmi les centaines qui regorgeait dans ce maudit livre ; et alors, il sèmerait ce fameux chaos. Juste pour s'amuser.

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Anastase de Mù, le marquis.

"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."

Edité par Anastase De Mu le 23/07/15 à 17:11

Kei Kishimoto | 23/07/15 17:47

Excellent et oh combien réaliste !

Keï Kishimoto, bonsaï !!

Pépé Narvalho | 24/07/15 00:10

Les Rieurs qui rappellent le Marquis à sa dure réalité...

-- Memento mori --
Pépé Narvalho, pourfendeur de 2 clans... malgré lui

Anastase De Mu | 24/07/15 17:20

« Dans les Ténèbres, ma naissance et ma fin sont proches. Je ne suis rien, je suis tout, je me transforme et j'erre dans un monde qui m'appartient. Seul, je ne reconnais que ma propre naïveté. Je lave mon âme à l'eau bénite, je nourris mon corps à la liqueur, je soigne mes plaies à l'urine. Je vis, je disparais, je me défigure, me recompose. J'étais un, je suis tout. Dans les ténèbres, je ne suis plus un homme. »

L'explosion avait laissé des traces. Ces idiots de nains avaient, dans leur cupidité, tenté d'arracher les cuivres de l'alambic gigantesque qui serpentait dans les caves du Marquis. Un grand boom les avait punis, mais avait aussi arraché la moitié de la forteresse. Heureusement, cela faisait quelques temps qu'Anastase avait évacué les lieux, suivi de son ombre maudite. L'écho de la catastrophe lui fit à peine se retourner, alors qu'il embarquait déjà vers de nouvelles terres.

« Ah, on dirait qu'ils ont fait une bêtise. Ce continent était voué à sombrer dans l'obscurantisme, de toute façon. Pauvres d'eux. »

L'ancien forban ne prit pas la peine de lui répondre. Il mâchouillait tendrement un morceau de chique, ce qui noircissait les dernières dents qui lui restaient : il valait mieux qu'il ne l'ouvre pas. Il portait dans ses bras un caisson de potions, d'onguents, de verreries plus ou moins remplies, qui s'entrechoquaient au gré du roulis de ses pas.

« Doucement, l'ami, doucement. S'ils se brisent, cela pourrait te rendre aussi peu consistant que l'air. Et pas d'une façon agréable.
- Crevé?
-Oui, Mort. Eparpillé aux 4 vents. Et moi avec, je suppose. Alors évite. »

Cela faisait des lunes que le Marquis jouait avec les formules qu'il avait découvertes dans son livre de chevet. Il n'y connaissait rien, et donc, il s'évertuait à mélanger le plus de composants possibles, selon ses envies, les couleurs, l'odeur, ou encore le goût. Il avait ainsi créé une somptueuse sauce salade qui faisait pétiller les papilles. Et, accessoirement, causait quelques ulcères. La caisse qui le suivait était le résultat de ces dernières trouvailles, qui avaient un effet plus ou moins positif sur les cobayes qui s'étaient, bien évidemment, portés volontaires pour satisfaire sa curiosité maladive. Les deux hommes grimpèrent à bord d'un caboteur d'une 20aine de mètres de long, ventru comme un ogre, dont l'unique mat supportait une voile carré. Ici, point de cabine, seulement une soute qui contenait quelques richesses évacuées à la hâte, et un équipage des plus réduits. Il faudrait dormir à la belle étoile, et, faute de mieux, sous des toiles sommairement attachées aux bastingages, quand un grain passerait. Cela suffisait au Marquis ; il avait bien d'autres soucis pour se préoccuper de son confort. Son compère posa le coffre qu'il trimballait contre un tonneau d'eau potable, et balança son barda dans un coin, avant de rapidement s'y adosser. D'un coup de tête, il cracha par-dessus bord, et, rabaissant la lisière de son chapeau sur ses yeux fatigués, s'abandonna vite dans les bras de Morphée, laissant seul aux commandes le Marquis et les quelques marins expérimentés.

« Bon bon bon... On a raté Corsairedhil de pas grand-chose, apparemment. On y aurait été à l'aise, quel dommage. On ne va peut-être pas rentrer de suite. Les Rieurs n'aimeront pas cet échec. »

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Anastase de Mù, le marquis.

"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."

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