Forum - Intenerbisdhil - Une part d'ombre
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Anastase De Mu | 13/07/15 23:03
"Dans la profondeur des ténèbres, mon âme en peine s'éveille et s'émerveille. Absent d'une vie naïve, je nais à nouveau, au creux du crépuscule. Tout me paraît neuf, vierge, comme si je foulais un monde à peine éclos. Je suis le maître, ici, celui qui voit, celui qui ressent, celui qui crée. J'arpente les plaines, je survole les montagnes, je traverse les océans; dans les ténèbres, mon imagination est reine."
Le marquis se frotta vigoureusement les yeux, avant de repousser devant lui le lourd grimoire sur lequel il s'escrimait depuis quelques nuitées. Les pattes de mouches qui dessinaient adroitement les lettres avaient passé, avec le temps, et le parchemin granuleux avait fini d'en absorber la majorité de l'encre. Un camelot de templemaudhil lui avait vendu cet ouvrage, lui vantant un secret merveilleux vers un monde féerique. Il referma l'objet d'une main leste, contemplant la couverture et ses volutes d'or qui s'entremêlaient pour former un titre accrocheur : "In ténébris". Il avait d'abord cru à un manuel de sorcier, voir de nécromant. Il avait vite déchanté. A présent, à mi-chemin, le texte lui paraissait ésotérique, occulte, mais totalement soporifique. Point de carte, point de sortilège, mais sans doute, à première vue, un guide pour un voyage intérieur à bas coût. L'elfe pesta de sa naïveté. La reliure était encore en bon état, et, bien que poussiéreuse, il pourrait sans doute le revendre comme ouvrage ancien, à un collectionneur amateur. Il n'en tirerait pas le prix de son achat, mais qu'importait après tout. Il pourrait tout autant l'abandonner dans l'âtre de l'une des cheminées du manoir, il en tirerait plus de réconfort.
Il s'approcha du balcon qui surplombait le parc de sa propriété. Au loin, cernée par des buissons humanoïdes, se dressait honteusement la statue de Num, recouverte d'un drap de soie. Elle avait titillé la curiosité de plus d'un aventureux, mais ressentir l'essence de l'effroi, s'abreuver de ce flot glacial et immonde avait eu raison de tous. Anastase s'en était amusé, un temps. Il avait même, sournoisement, invité une courtisane ennuyante à la contempler. Le spectacle avait été divertissant, même s'il fut difficile, après cela, de motiver les jardiniers à s'occuper des environs; la pauvre s'était littéralement éviscérée de ses propres mains. Il avait fallu employer quelques aveugles, afin de la recouvrir, par précaution. Elle attendait donc là, patiemment, qu'un idiot vienne lui rendre sa liberté, ou que le marquis daigne s'amuser de nouveau du désespoir des autres.
Il avait l'âme lourde, ce soir. Il s'ennuyait ferme, et la guerre ne l'amusait plus autant que dans les premiers instants. Il aurait pu, simplement, descendre dans les souterrains pour rendre visite à l'un des prisonniers de ses conquêtes passées ; mais il arrivait un temps ou sa fascination morbide pour les corps avait elle-même une limite. Il souffla. La vampire n'avait pas donné signe de vie depuis des lunes. Tout comme le dragon, qui semblait s'être retirer dans l'une des grottes gorgées d'or. La déesse se faisait plus discrète. Il s'étira, laissant son peignoir glisser de ses épaules fines. Il libéra sa chevelure noire corbeau de la pince qui la lui maintenait sur la tête. Il tira sur un cordon de lin, qui, immédiatement, fit entendre le doux son d'une clochette. Un jeune éphèbe en pagne apparut par une porte dérobée. Les joies des passages secrets.
« Mon mignon, j'ai faim, j'ai soif, et je m'ennuie. »
Le jeune homme imberbe inclina subtilement la tête. Son maître avait des lubies, il le savait. On l'avait prévenu. Il savait ce qu'il encourrait à ne pas le satisfaire. Il disparut quelques minutes, pour revenir avec un plateau rempli de victuailles, un cruchon de vin liquoreux, et le corps huilé. Le sourire carnassier qui se dessina sur le visage de l'elfe le rassura sur ses choix : il ne se retrouverait pas dans un de ces jeux terribles, à lutter pour sa vie, parce que le marquis trouvait la vie rébarbative. On racontait qu'il avait à son service un homme-loup, et que s'il lui avait appris à contrôler son don, il entretenait, chaque lune pleine, sa fureur, sa rage, son instinct de chasseur, et son goût pour la chair humaine. Il ne serait pas envoyé ce soir dans les caves, ces affreuses caves, d'où seuls les lentes et odieuses agonies de malheureux remontaient. Avec un peu de talent, et beaucoup d'ardeur, il serait peut-être même récompensé. Le maître était un homme injuste, mais généreux.
Le gamin avait fait l'affaire. Sans être sensationnel, il avait su lui tenir compagnie tout au long de la nuit. Il abandonna son nouvel amant aux édredons de son lit à baldaquins.. Le coeur plus léger, repus et assouvi, Anastase admira le soleil se lever sur les cyprès qui bordaient un bassin somptueusement décoré de mosaïques érotiques. Un jour nouveau, l'âme fraîche ; il avait sans doute de nouvelles campagnes à mener, et le coeur suffisamment léger pour badiner. Il regarda la carte de Daifen, et l'annonce des nouvelles terres découvertes. Un nom lui fit tiquer : Intenebrisdhil. Il se précipita sur l'ouvrage de la veille, et le feuilleta fiévreusement. A son âge, il ne croyait plus aux coïncidences.
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Anastase de Mù, le marquis.
"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."
Shadee | 17/07/15 10:05
Cher Marquis, il est toujours très plaisant de vous lire, moins parfois de vous côtoyer, ou pas... * ombre un sourire de malice en achevant le court billet *
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~°~ La plume plus forte que l'épée ~°~
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Neige II | 17/07/15 14:45
Neige II ,Prince De La Couronne Des Spliffs Sacrés De Gitanie