Forum - Terre, heure de ton éveil

Shadee | 25/04/15 22:31

Dans le creux de ton coeur
Le feu a son secret de terreur,
Les montagnes chuchotent le conte
Les plaines aussi le racontent.

Il paraît que c'est là, cet enfer
Il paraît que c'est là, le mystère
Il paraît que c'est là, cet univers
Il paraît être un monde de pierre.

Mille joyaux, mille richesses
Aux lacs d'or et fleuves d'ivresse
Ose, toi, inconscient, t'évanouir
Dans ses ombres pour la servir...

* Lignes égarées du Chant des Pierres *

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Mon souffle est rauque, ce poids sur ma poitrine me ramène à ma fragilité. Mais est-ce possible ? Mes paupières sont lourdes, je vois alors que je ne pouvais que ressentir, je crois... Confusion, horreur! Ma langue a le goût étrange de l'argile. N'ai-je jamais connu autre chose que le silence ? Pourtant, cette fois, j'aimerais parler à ce petit être qui s'approche et s'arrête devant moi. Qu'est-ce que cette créature ? Il m'angoisse tout trapu et difforme sur ses jambes courtaudes. Parler... Ma bouche est scellée. Je résonne, oui, non ! Je raisonne. J'ai peur, je suis perdu. Soudain, je comprends...

Le nain tient une crosse achevée par une gemme flamboyante. Il semble attendre quelque chose. Derrière lui, une femme, grande, les ombres sont sa vêture, coquette dans sa parure de lueurs, son regard insondable me fixe. Peut-être n'est-elle qu'ombres mouvantes, un mirage dans mon esprit tétanisé.
Quelque chose s'emballe en moi. Mon coeur. Un coeur... La Fille des éléments me perce de toutes parts. Finalement, elle est bien réelle et elle me façonne. Parfois, elle me sourit à la manière d'une terrible tortionnaire qui s'acharne sur sa victime. Pourquoi ne m'achève-t-elle pas ? Je ne suis rien.
« Hurle silence, hurle silence, je t'en conjure ! Qu'elle s'arrête ! » Je crois me tordre. Je glisse, je veux fuir, mais je n'y arrive pas, je suis paralysé.
Et qui sont-ils ? Tous. Ils m'épient, ils se rassasient de cet horrible spectacle. Je ne suis pas le seul, tant de silhouettes, tant de cadavres de roche s'amoncellent, ils se révèlent au grès du feu tantôt là, tantôt ailleurs. Je frissonne alors que les morts frémissent et j'en suis glacé.

Cette femme qui est autre chose me lacère, m'écartèle, me tire selon son désir, son esprit s'immisce dans mes fibres de pierre. Aurais-je une âme pour m'évanouir dans son pouvoir ? Oh oui... juste lâcher-prise pour me laisser aller dans ses bras de douceur. Tout serait délicieux, facile, grisant. Le vertige s'estompe soudain quand elle se détourne, les mains poisseuses de pouvoir. Je crois entendre son nom en écho. Shadee, Shadee, Shadee...
Il s'imprime en lettres de feu dans ce que je suis. Elle glisse vers la plus dense pénombre et elle s'installe plus qu'une reine sur un trône de noirceur. La fille des éléments caresse un dessein obscur qui me terrifie. Alors doucement, elle relève une main et je tente de me lever. Je m'écroule. Je suis pétri de honte. Bizarrement, je me sens anéanti quand je vois les lèvres de la fille des éléments se tordre d'une moue. Au signe de Shadee, le petit être trapu est au-dessus de moi. Un choc affreux me parcourt, une lame d'énergie me transperce. Je suis soudain aveuglé d'une lumière blanche. A ce choc qui me convulse, j'entends des vivats remplir le gouffre.

Ce monde est beau, je me sens vivre. La femme d'ombre irradie, elle ressemble à une apparition sur son trône de diamant. La douleur, la peur ont disparu, le sol ne se dérobe plus. Je me lève, fort, puissant et fier, je lui fais face, elle sourit avec une infinie douceur alors je m'agenouille, je ne vis que pour la servir, je m'incline, fidèle serviteur. Je sais qu'elle veut que je reste ici, avec les petits hommes trapus. Ainsi soit-il, je sens que tu m'aimes. Mère.

Leurs souffles sont rauques, ce poids sur leur poitrine les ramène à leur fragilité. Mais est-ce possible ?

Les golems se lèvent.

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~°~ La plume plus forte que l'épée ~°~
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Edité par Shadee le 25/04/15 à 22:32