Forum - La Quête du Trois - Chapitre Premier : Retrouvailles, Fiançailles et Victuailles

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Barnefine | 25/04/15 01:42

Vieille Sapinière de Traskadhil

*

Perché en de verts sommets, Barnefine, après la Sieste Exceptionnelle du Soir, s'était réveillé au milieu de la nuit, et maintenant mirait le mince croissant qui flottait parmi les cimes. Les paupières obsédées s'ouvraient lentes et fidèles à la sûre croissance de l'humble astre. 'Venez, douce fontaine du ciel, mes yeux ont soif de Miséricorde, et mes mains mendient Amour et Salut' murmura l'homme, tempe au tronc.

La fraîche sylve, hôte et témoin de ces mots, se prit à grommeler à son tour. Des sapins lurent tels dires à des lapins qui ne surent que dire. Des buissons, interrogés, fronçaient feuillages. Vieille mousse frotta jeune pierre, et un petit-être de sa pipe tira une bouffée brillante d'intérêt. Il s'agissait d'un sage du petit peuple. 'Voilà une chose', déclara-t-il à ses grands farfadets.

* *

L'aube vint chasser la lune, et le hallebardier de l'arbre descendit. La clairière respirait toute résignée, le coeur battant sous la brise patiente, l'homme fit quelques pas à l'orée de la ronde plaine, et s'assit sur l'herbe ondulante, joignant les mains et ouvrant les lèvres.

Le temps fit sa foulée puis, lorsque se turent, brusquement saisis d'une nouvelle présence, tous les bruits de la forêt, Barnefine se leva. Les pieds quelques brassées accomplirent, se posant l'un devant l'autre, les jarrets versèrent cagneux genoux, cuisses tendues, vertèbres et tripes croisés.

Jeune homme cliquetant en armure de fer et de bois, son regard entre soleil et lune lançait un cri muettement désespéré, un désir de pureté perdue ; non pas parfaitement perdue, mais chaque jour s'effritant, de lune en nuit et d'heure en seconde. Sa bouche montrait un sourire pudique et un peu tordu, dans une barbe naissante et sauvage. Un torse qui avait encore à s'épaissir générait une courte respiration entre deux longs bras fendant l'air qui tremblait à leur suite. Le cou droit soutenait une tête décidée, brune, où luisaient deux yeux vert clair.

Tout autour de la trouée, sous les racines, parmi les pierres, et dans les nobles arbres aux épines invincibles, le bois était plein de spectateurs immobiles, les petits maîtres du silence. Les sapins oscillaient, danseurs titanesques, sur la musique du vent.

Barnefine, sourcils en avant, s'arrêta à trois pas de la Dame à laquelle il voulut offrir verdoyant regard, mais d'abord, ôta son casque d'acier et planta à terre genou droit. Deux mains de vingt ans déposèrent aux pieds de la Fille de la Lune et hallebarde, et ce casque - orné de cette même plume d'Oie Aymeraldienne qui en encre baigne, et grave le papier.

Alors les calmes yeux calcinés enfin se levèrent sur l'aimée, et ne larmes relâchèrent, quand des lèvres s'échappa le flot amer du fiévreux Amour.

- Dame Tãla, je vous salue, et sans attendre, en appelle à votre clémence. Je reconnais avoir, par faiblesse, orgueil et hybris, cédé à la colère, à la haine et à la folie, en m'attaquant en Ouragandhil au Khan Zeddicus Zul Zorander, et ce lâchement, en violation du pacte de non-agression établi en votre nom. Je reconnais n'avoir eu d'autre but, par cette infâme agression, que de vous causer peine et douleur à la vue de ces Nains si chers à votre coeur par les miens terrassés. Et je reconnais enfin, avoir commis pareil crime, par pure et vile vengeance à votre encontre, parce que je vous vis en compagnie du Noir Dragon, ce terrible soir en taverne. Je vous aime, Fille de la Lune, je regrette horriblement les offenses et déchirures que je vous ainsi infligeai, et vous supplie, au nom de notre Amour, de me pardonner, et de me rendre chevalier vôtre.

Le jeune essoufflé se tut afin que, quittant les améthystes yeux, il dégainât son épée et la fichât en la terre de la clairière, entre elle et lui. Et refermant les paupières, présentant nuque, Barnefine de Barbemmousse, transi d'Amour incendiaire, attendit qu'advienne le jugement de la Dame.

Tala | 25/04/15 08:36

Des dizaines de paires d'yeux braqués sur les trois personnages au centre de la clairière scrutaient intensément le déroulé de la scène. Leurs ondes animales effleuraient l'esprit de la Louve, sans qu'elle parvienne à traduire réellement la teneur des ancêtres pensées échangées entre les illustres primotaures, les traversant âmes à âmes. Elle perçoit l'Elfe Pantokrator à ses côtés, sensible à la présence des vénérables, comme seul un Elfe détenteur de secrets de la Nature peut l'être. Se fermant à cette rivière ondoyante, elle se concentre sur l'homme, fragile, tête nue et courbée, genoux à terre, à ses pieds.
Dédaignant l'épée, et posant ses mains sur les épaules du Seigneur, sa voix à son tour s'élève, claire

-Si Pardon il doit y avoir, c'est auprès du vaillant Khan Zeddicus qu'il vous faut réellement le soumettre. Je vous ai méprisé pour cette attaque. Mon coeur a saigné pour cette trahison. Avant que je ne réalise... La part que j'ai moi-même joué dans cette tragédie....

Un sourire franc affleure à ses lèvres alors qu'elle continue

-Mon Pardon, déjà est à vous, depuis que par les missives échangées, vous m'avez soumis les raisons de vos actes. Depuis que j'ai compris.

Invitant le Seigneur d'une pression de la main, et plongeant ses pupilles améthyste au coeur des verdoyantes prunelles

- Relevez-vous, mon Aimé. Permettez que cette épée je délaisse. Je ne vous veux pas pour chevalier subordonné. Je vous veux pour Egal et Epoux.

Barnefine | 27/04/15 17:26

Une sueur de feu dévasta son front quand épaules siennes reçurent douces mains, et le jeune homme cessa de respirer sous les paroles de la Dame. Ses cheveux, que le casque avait plaqués en arrière, revinrent en aval au-delà de ses yeux vivants et s'élevant, tout comme si c'étaient les dires de Tãla qui les éméchaient de la sorte.

'Mon Pardon, déjà est à vous' - et un lion rugit de joie en la poitrine de Barnefine, qui inspira un air nouveau, et ils vibrèrent, torse et souffle, transportés d'une paix entière et enchanteresse.

L'homme se releva, il lui semblait être un géant, et le vent d'une grande rafale ploya pinède, cornes et petits chapeaux pointus. L'épée se renversa, ne laissant plus qu'Amour entre Dame et Seigneur.

Barnefine par elle décoiffé présenta à ces deux violettes fleurs une oliveraie d'ardeur démesurée, puis prenant avec force délicatesse droite main aimée, déposa un très-mesuré baiser sur phalanges fines. L'azur était une nappe éclatante où galopaient de puissants nuages, et lorsque le crâne de l'homme retourna d'où il s'était abaissé, d'un peu plus haut que les yeux de la Dame, les petits-êtres cachés se plurent à trottiner en tous sens en la remuée sylve.

- Dame Tãla, voyez, je suis de joie fou. Je contiens à grand-peine allégresse mienne et en vérité, ma langue court à sa chute. Alors, plutôt que mon épée, acceptez, comme présent de fiançailles, ce précieux anneau en résine d'amandier, dernier reste de la forêt de Barbemmousse, avec mes braves bestiaux...

Aussitôt soudainement, n'en pouvant plus, à la vue et à l'ouïe des actes de leur Seigneur, tous les Barbemmoussus à son insu postés en embuscade débarquèrent de l'épineux bosquet, et en une poignée de gais bonds de sauvages, encerclèrent bien vite les trois personnages, les assaillant de cithares, tambourins et autres lutheries ! [Lien HTTP]

A cette première vague de lurons délurés s'ajoutèrent pousseurs de fûts d'hydromel et porteurs de modestes victuailles pour un premier banquet de midi. Et des lutins, oui, des lutins ! effectuaient de périlleuses acrobaties sur tonneaux roulants et paniers cahotés.

Primotaures et petit peuple avaient ainsi fomenté pareille réjouissance improvisée, et riant sous un soleil prometteur entraînèrent Elfe, Louve et Homme en une prudente valse chaotique que seules vides panses freiner sauront.

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