Forum - Vers les terres de Traskadhil
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Tala | 23/04/15 14:06
Le navire avait pris la mer le matin même, fier galion navigant sous enivrant soleil des mers de Daifen. À son bord, le Seigneur Pantokrator, la Louve Tãla et quelques ouvriers d'Aerendir, embarqués tous vers la conquête des terres de Traskadhil.
Ses pas silencieux bercés par le balancement nonchalant du navire, Tãla vient rejoindre le Pantokrator, accoudé au bastingage arrière. Sans le déranger de ses pensées, elle se poste près de lui, et regarde comme lui le calme océan, restant un instant là à goûter le plaisir certain de la navigation : la lancinante avancée du bâtiment perçant les eaux laissant derrière elle houle blanche et mousseuse sur un horizon sans fin qui exalte la vue, le clapotis de l'eau contre le bois de la coque et les craquements incessants qui semblent fredonner une douce mélopée, ravissant l'ouïe. L'air marin jouant dans les cheveux, taquinant de son goût de sel les peaux qui s'imprègnent de lui. L'odeur si présente de liberté, d'abondance et d'éternité.
Instants simples et précieux à qui apprécie le temps des moments.
Quelques minutes passent, avant que de ne prendre la parole elle ne se décide.
« Seigneur Pantokrator, vous semblez bien songeur... Je voudrais m'entretenir avec vous du Seigneur Barnefine. Mon récit va être un peu long, mais je dois tâcher de tout vous dire. Je sais que vous avez entendu parler de la trouble fin d'Ouragandhil. De son attaque destructrice sur les terres du Khan Zeddicus... Quand tout ceci est arrivé, je n'ai pu en croire moi-même mes yeux. J'avais placé tant de Foi en ce seigneur qui a pris contact avec moi sur votre bon conseil... Mes liens avec lui étaient forts, j'avais totalement confiance en lui. Je n'ai pas compris cette vile attaque... Je l'ai méprisé pour cet acte.... »
Stoppant un instant son récit, elle s'accoude à la balustrade, les yeux toujours à l'horizon.
« Pourtant, je n'ai pu me résoudre à ce sentiment de colère froide à son égard, tant cette attaque ne correspondait pas à ce que j'avais pu voir de lui jusque là. J'ai contacté le Seigneur Yatarshi, son ami, qui m'a remis sa correspondance complète avec le Seigneur Barnefine. Il m'a montré ces lettres, car il voulait m'ouvrir les yeux sur l'acte de Barnefine. Je les ai ramenées en Aerendir, et je les ai lues, plusieurs fois. »
Baissant cette fois son regard vers la trainée blanche et remuante d'eau refermant derrière eux en l'océan, le passage du navire, elle continue
« Le Seigneur Barnefine lui avouait sans retenu l'Amour entier qu'il me vouait en secret. Celui que je n'ai pas su lire entre ses lignes. La rage brûlante qui l'a consumé alors qu'un soir en taverne il m'a vu en compagnie de mon ancien époux, le Dragon Noir Feu. Il n'a pas alors avoué ses plans à son ami, mais cette même lune, il écrasait les terres de Zeddicus, dans un accès de Folie sans nom, juste car Khan Zeddicus m'avait défendu chaque lune, qu'il était l'un de mes protecteurs sur cette terre. Injuste punition. Je n'ai pu résister à l'envie de lui écrire, d'avoir sa version des faits, de comprendre, de savoir... »
Relevant la tête, elle se retourne finalement, et s'adosse cette fois à la balustrade, laissant son regard améthyste errer sur le navire et le fourmillement de ses matelots s'affairant à leurs tâches, avant de reprendre
« S'ensuivit une fournie correspondance... J'ai compris, ressenti, la nature profonde de ses sentiments, à mesure que je me suis ouverte aux miens, à chacune de ses missives. Je ne voulais pas voir, que cette foi que j'avais en lui, n'était que manifestation de mon propre Amour pour lui. Je ne comprends toujours pas réellement la raison qui l'a poussé à choisir cette cible, plutôt que de rejeter toute sa rage sur mes terres. Mais je sais que l'Amour nous pousse parfois à Folie, à des retranchements, des extrémités insoupçonnées et dénuées de sens réels, si ce n'est extérioriser ce qui nous ronge. J'ai pardonné le non défendable. »
Replaçant machinalement ses cheveux en arrière alors que le vent s'échine à les pousser en avant, elle s'arrête, puis
« Vous connaissez la malédiction qui est mienne, Seigneur Pantokrator. Vous savez que je suis autant Femme que Louve. Sans doute ne vous a-t-il pas conté l'Histoire qui est sienne, et les raisons qui font de lui le Guide de cet Ancestral peuple de primotaures de Barbemmousse. Peut-être prendra t'il le temps de vous la conter, si un temps ensemble vous trouvez tous les deux. Je ne peux le faire moi-même, elle lui appartient, et à lui seul de décider qui doit la connaître. Toujours est-il que ses Illustres Chamanes primotaures nous ont soufflé prophétie. A présent, je dois tenter de rejoindre la Voie de mon Destin. Celle que j'avais perdue, fui, après le fiasco de mon union avec le Dragon Noir, il y a de cela plusieurs centaines de lunes. Ils m'ont soufflé quel chemin suivre pour la retrouver. L'équilibre doit être créé, cette Dualité en moi, entre Loup et Moi, bien sûr me permet de vivre aujourd'hui, mais à quel prix ? Celui d'un constant tiraillement entre deux entités de moi, qui psychiquement me détruit et me mène à une froideur éternelle. Il me faut dépasser cette dualité, pour reprendre les mots de ses Sages, grâce à « Trois qui est un ». Cela vous paraît sans doute confus, mais je sais que le Seigneur Barnefine est celui qui pourra me délivrer. Que notre Amour, non simple sentiment humain, mais le Véritable, Immuable, vaincra. »
Tournant légèrement la tête pour vous observer, elle termine
« Je l'épouserai. Bientôt. Pour accomplir cette prophétie, nous devrons nous unir au point le plus haut d'un Dhil pacifié, au devant d'êtres témoins choisis par nous, et au devant des Dieux réunis. Les Chamanes nous ont dit, que Sacrifice exigera cette union, et qu'on ne sait exactement ce qui adviendra alors de nous trois, de Lui, Loup et moi. Nous ferons Un... Je le souhaite. J'aimerais, que vous, Seigneur Pantokrator, soyez témoin de ce qui ce passera alors. Nous remporterions alors notre première victoire vous et moi. Et...vous seriez mes yeux, et ma plume, pour conter pour moi, aussi fidèlement que possible ce qui alors se passera, la fin de la Fille de Lune, le début de la suite, ou que sais-je, si disparaître de cette forme je devais, quand l'Union sera consacrée. Je vous le demande à vous, car c'est par votre entremise que notre rencontre eue lieu, et que la Voie m'apparaît à nouveau. Car vous ne flanchez jamais. Car vous êtes là, toujours. Le voulez-vous ? »
Pantokrator | 23/04/15 16:39
Accoudé nonchalamment à l'arrière du navire, l'Elfe rêvassait. Aucunes idées claires ni précises, seulement le vent fouettant son corps, et l'écume de la mer qui après avoir frappé la coque l'éclaboussait. Alors que la côte s'éloignait et qu'une autre ne tarderait pas à faire miroiter ses rives, l'Elfe avait le coeur léger et emplie de joie. Il accompagnait une si grande Dame, il se voulait la servir au mieux, de la façon la plus noble et la plus belle qu'il soit possible de faire.
Il sentit la Louve s'approcher délicatement vers lui, son esprit vagabondait davantage, mais sa peau laissait entrevoir la fébrilité de son coeur s'accélérant.
N'eut-il pas le temps de prononcer quelques mots inaudibles, que Dame Tala conta son histoire. Muet, il écouta attentivement le récit. Ne sachant clairement s'il était tragique ou plein d'espérance. Alors l'Elfe respira profondément, ne sachant quels conseils seraient le plus avisés ou le moins appropriés. Quoiqu'il en soit il devait se résoudre à accompagner la volonté de la Fille de Lune, à lui permettre d'accéder à sa quête avec le minimum d'encombres et finalement peut-être la voir s'éloigner de lui, pour ce Barnefine dont il suspectait désormais la rouerie.
Mêlant le doute à sa volonté de voir Dame Tala réconcilié en elle-même, il prononça d'une voix chaude et pleine de tendresse
En vous écoutant, j'ai eu divers sentiments qui ont traversé mon corps. Mais il est une chose pour laquelle je sois convaincu, je ne peux comprendre pour l'heure les liens qui vous lient vous uniront d'affections à Barnefine. Peut-être qu'à l'avenir, cette inquiétude s'estompera devant l'éclat de votre bonheur. Mais en attendant, sachez que je serais enchanté d'être témoin en votre mariage.
L'Elfe se tourna vers Dame Tala, et ses mains cherchèrent les siennes.
Ma très chère Dame, sachez que je me ferais valet en votre conte. Je n'aurais d'usage qu'à vous servir et à voir votre but atteint.
L'observant, il se demanda finalement s'il ne devait pas s'opposer au mariage qui se préparait. Alors qu'il allait abonder en ce sens, il se refusa à cette idée, se disant que si telle était la décision de sa très chère Dame, alors il se devait de l'accompagner.
Sachez que je vous serais un fidèle ami, et que si dans votre bonheur je m'effacerais, dans votre malheur je saurais être l'épaule sur laquelle vous appuyer.
Songeur, son regard et ses pensées s'égarèrent dans le vide.
Pantokrator,
Oderint, dum metuant.
Edité par Pantokrator le 23/04/15 à 16:42
Tala | 23/04/15 17:08
Le soleil éclairait la scène de son éclat brûlant. Tãla observa attentivement l'elfe alors que ces paroles pleines de chaleur agréaient sa demande. Son ton était jovial, mais son être semblait réticent. Son doux visage elfique se rembrunit imperceptiblement alors que ses yeux se mirent à errer par delà la mer. Ses mains toujours dans les siennes, elle les serra légèrement, comme pour le rappeler à elle. Cherchant à percer ses pensées à travers son regard, elle lui répondit, ses prunelles améthyste fixées attentivement sur lui
« Vous êtes un pilier à mes yeux, auquel sans nul doute je peux m'adosser sans craindre de m'effondrer. Vous avez été là, sans sourciller, alors qu'Aerendir allait sombrer. Vous nous avez délivrés. Vos m'avez accompagnée chaque continent depuis que j'ai repris le chemin des conquêtes. Ma confiance en vous est totale. »
Dans un sourire
« Dîtes moi, ce qui vous tourmente. Je sais que tout ceci doit vous semblez étrange, rapide. J'espère que l'occasion vous sera donnée sur les terres de Traskadhil de renouer avec le Seigneur Barnefine, et de juger par vous-même de ce qu'il est. Je vois dans vos yeux que vos paroles ne sont pas en accord complet avec vos pensées. »
Délaissant les mains de l'elfe pour les poser à nouveau au bastingage, elle contemple une seconde l'océan à perte de vue avant de revenir à la conversation
« Je vous souhaite comme témoin de ce qui se passera, de votre plein gré. Je ne souhaite pas que vous vous sentiez obligé de tenir ce rôle uniquement pour me faire plaisir. Rien ne presse, vous pouvez réfléchir à tout ce que je viens de vous dire. Bien que votre accord spontané me réjouisse profondément. Je ne veux pas vous tourmenter. »
Pantokrator | 23/04/15 17:24
Cette discussion eut l'art d'apaiser l'Elfe. Il regarda la Louve et laissa son esprit voguer à l'unisson avec le navire.
Madame, soyez certaine, que je fais tout de gré lorsque ça vous concerne. Si votre union est l'accomplissement de votre épanouissement, alors je ne serais d'aucune entrave à la pleine réalisation de vos coeurs, et de vos âmes.
Je serais là pour veiller à la bonne réussite de votre oeuvre.
L'océan, calme, à perte de vue accompagnait son désir de voir réalisée les voeux de sa chère Dame Tala. Le vent souffla plus fort, forçant l'allure, la mer n'opposait guère de résistance. Aussi bien les cieux que les abimes n'opposaient aucun véto au désir de la fille de Lune. L'Elfe vu en ces signes un destin heureux
Pantokrator,
Oderint, dum metuant.