Forum - excaliburdhil - La chute.
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Anastase De Mu | 01/12/14 21:32
Elle dansait maladroitement devant lui. Elle aurait du lui procurer quelques frissons d'excitations, gorger son intimité d'un flot rougeoyant, pour rendre honneur à sa beauté naïve. Pourtant, le marquis restait de marbre. Quoique, il en était même agacé, affalé dans son fauteuil molletonné. Ces divertissements ne lui procuraient plus le plaisir qu'il en avait tiré, des années auparavant. Il avait à présent goutté aux joies de la guerre, au plaisir d'achever un mourant, de tenir un ennemi à sa merci. Il s'était inquiété, des nuits entières, incapable de trouver le sommeil, avant d'avoir reçu le rapport d'une action audacieuse orchestrée par ses soins. Il aimait cela, finalement, bien plus que le sexe.
Mais la donzelle commença à lui chatouiller l'instinct ; la voilà à genoux devant lui, à lui masser tendrement les cuisses. Une journée a cheval était éreintante, mais mener campagne sans monture se révélait impossible. Elle guida délicatement le sang accumulé dans les larges bleus qui lui couvraient les jambes vers une zone plus utile : ce fut tout particulièrement efficace. Il passa la main dans les cheveux dorées de sa charmante conquête. Quel âge pouvait-elle bien avoir ? Elle était jeune, en tout cas, bien plus que lui. Il avait vécu des siècles, mais il ne pouvait prétendre éternellement à la vigueur et la fraîcheur de l'adolescence. Pourtant dans les bras d'une belle, il se sentait toujours rajeunir, bien qu'un peu moins à chaque fois.
Il sursauta.
Elle était jeune, mais n'était pas si niaise ; elle avait pris les choses en main, fermement, comme la matrone qui connaît son métier. Un sourire se dessina sur les lèvres de l'elfe. Allons, il aimait peut-être la guerre autant que le sexe, finalement. Il était fin prêt à guerroyer sur les sentiers tortueux de la passion ; elle le regarda enfin, dans les yeux, lui offrant le spectacle de deux billes laiteuses, se connecta à son âme, malgré le voile fumeux de sa cécité apparente, et l'enjamba rapidement, dans un léger soupir, peut-être, de satisfaction.
Un cor retentit alors ; Anastase prit cela pour un signe divin, une invitation des cieux à poursuivre cette nouvelle chevauchée qui se présentait à lui. Quelques mouvements de bassins plus tard, enlacé dans un corps qui n'était pas le sien, une symphonie tonitruante de trompettes retentit, plus proche, cette fois. Il tendit l'oreille. Un léger brouhaha montait de la salle d'arme, où dormait généralement la garnison. Le marquis dut se rendre à l'évidence, le temps n'était plus à l'amour, mais à la guerre. Il invita sa belle à regagner la couche nuptiale ; elle ne comprenait pas. Il haussa le ton, pressant, sentant son estomac qui se serrait, à chaque minute perdue. Ce n'était pas le moment d'une scène.
La fenêtre derrière eux éclata dans un vacarme effrayant, propulsant des débris de verre à travers la pièce. Les deux amants basculèrent de la chaise, se jetant sur l'épais tapis, se relevant, nus, trébuchant, cherchant un abris derrière le sommier du lit. A présent, des hurlements, des tambours, tout un fatras musical emplissait l'air, agressait leurs tympans. L'elfe fit tomber la couverture sur sa douce d'une nuit, lui intimant de rester ici, de s'abriter, toute tétanisée qu'elle était. Il bondit comme un lion hors de la chambré, courant dans le couloir où il croisa quelques serviteurs affolés, qui s'équipaient à la hâte. Il avisa son majordome et attrapa Avdeï par le col, exigeant, dans ce mélodrame nocturne, les explications les plus concises.
« Qui ! Qui s'en prend à nous ?
-Des morts vivants, Monsieur le marquis ! Des affreux, des putrides, des malodorants, des...
-Le noir, alors. Il a osé, malgré tout. Et bien, dites aux archers de lui donner le la !
-Ils le font, monsieur, ils le font, mais ils sont malmenés par les scouts de la dame des éléments ?
-Shadee ? Celle avec qui nous commerçons ? Celle qui est sensée nous épauler ? Allons, le chaos de la bataille t'as fait mal voir.
-Ho non, Monsieur le marquis ! Sa bannière flotte haut, dans le lointain. Ses troupes nous empêchent de prendre position. Le flot nourri de flèches qu'ils nous déversent sur la tête obscurcirait le ciel, si nous étions en plein jour.
-Ah, maudite soit-elle. Je n'ai pas voulu voir les signes. J'aurais du écouter mon instinct. Bon, prenons les a revers. Les danseurs de guerre doivent pouvoir passer par les souterrains pour les contourner, et les surprendre. Cela sera un carnage !
-Ca l'aurait été, si un fort contingent nain n'avait pas déjà engagé le combat avec eux. Ils sont plus vifs qu'ils ont en l'air, et, avec le soutien infernal des légions maudites, ils ont pu atteindre nos premières lignes. Ils nous submergent. Les gardiens ont cédé, les danseurs ont entamé leurs pas, et ne tiendront pas éternellement.
-Quelles couleurs portent-ils ?
-Celles du Sieur Sombrebarbe, celui qui nous assurait de sa bienveillance.
-Nous sommes fait. Il n'y a pas d'échappatoire. C'est une odieuse défaite qui nous tend les bras, Avdeï. Fais moi sceller mon cheval, et rassemble la cavalerie. Je mènerais la dernière charge.
-Heu, nu, monsieur le marquis ? »
Anastase s'admira subitement. Ah, c'est vrai, il n'avait pas pris la peine de s'habiller. Et le poil de cheval lui irriterait indubitablement la peau délicate de ses fameuses testicules.
« Fais les charger, sans moi, alors. J'ai une adorable compagne à rassurer, après tout. »
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Anastase de Mù, le marquis.
"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."
Edité par Anastase De Mu le 01/12/14 à 22:47