Forum - * Excaliburdhil * Prélude

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Shadee | 01/11/14 18:34


L'enfant courait à perdre haleine, les branches lui griffaient le visage. Il devait arriver avant que les hordes ne s'emparent de lui. Les larmes roulaient comme autant de torrents de peine sur son visage rebondi. La malédiction raisonnait dans son esprit, véritable écho de tourments. Comment avait-il pu ? Son roi, son héros ! La vision du sang jaillissait devant ses prunelles terrifiées. Il s'était voué à la vie, mais le pouvoir, l'enchanteresse l'avaient détourné du chemin. Les ténèbres se déroulaient devant ses pas. Il chuta. Le galop démentiel le rattrapa. Une main griffue s'empara de son col. Il se débattit comme un forcené. Mais la magie implacable le força à se tenir tranquille. Le froid glacé de la mort n'arrivait cependant pas à arrêter son coeur qui battait comme mille tambours alors que le sol défilait à l'allure du puissant destrier. Prisonnier.

On le jeta dans un gouffre, tel était son cachot. Le temps lui avait sculpté un corps d'os saillants. Et toujours, ce regard lui perçait les entrailles avant que la mort ne s'empare de la première Dame du Lac. Toutes les nuits, il voyait l'épée s'abattre sur la délicate nuque de la nymphe des eaux. Toutes les nuits, il hurlait quand sa tête roulait contre le sol dur d'un hiver. Son coeur battait encore fort, aussi fort que le souvenir de cette trahison. Un jour ou plutôt un jour de noirceur, une lutte retentit. Les flammes léchaient chaque recoin de la bâtisse. Il hurlait comme un chien; était-il considéré autrement? Une âme miséricordieuse tourna le loquet, on lui ouvrit. Il crut défaillir de bonheur, il se jeta dehors, le plat d'une botte lui heurta le flanc et lui jeta une arme au visage. « Défends tes maîtres, morpion. ». Tout bascula. Sa vision se brouilla de sang. Il l'avait massacré, jamais il n'aurait cru être capable d'une telle violence. Ses chaînes coutumières disparurent, tout comme les gamelles boueuses des restes innommables.

Une voix rassurante l'avait alors happé sur le chemin : «  Demain est un autre jour, cours petit, tu n'auras plus à te cacher, cours, vite. Tu seras un homme, tu verras. Cours. Cette course est une prophétie, tu as le secret en toi. Cours, petit. Les arbres te garderont, cours. »

Il devint cet homme, on ne lui avait pas menti. Il devint même ce guerrier qui rompit le pain et huma le fumet délicat du civet de lapin. Le visage rieur d'un druide sans âge lui répondit dans un sourire solaire à sa plaisanterie. Maintenant, ses muscles ressemblaient à une armure. Il avait le cheveu gris, l'oeil vif, la main sûre, l'esprit toujours marqué au fer rouge, son secret. Ses cauchemars jamais ne cessèrent, même les potions du druide n'avaient pu les calmer.

La violence coulait dans ses veines, son destin fut d'embrasser les armes. Le duo paraissait alors saugrenu. L'homme du village le plus respecté par son savoir avait un homme lige incontrôlable. Seulement, rien n'est éternel, l'homme qui lui avait offert une autre vie rendit l'âme aux éléments. C'est alors que ses genoux s'effondrèrent au sol, certains disent qu'il restât des dizaines de lunes sur la tombe du druide disparu. Il avait perdu le sens des mots, il devenait une bête sauvage, il hurlait sur les imprudents qui s'aventuraient vers la tombe du druide. Un jour, l'homme lige prit les esprits de la forêt en témoin, il maudissait son âme, il l'offrait aux enfers. Il perdit la notion du temps, il resta seul, il eut l'impression de vivre mille vies, mille morts, et à chaque fois son esprit perdait le fil, il ne se souvenait plus. Beaucoup le prenaient pour un fou, pour un être terrible. Il s'en moquait, cela lui était même favorable, il pouvait être seul. Une seule chose restait gravée dans son coeur. Son regard avant la mort. Les traits de la première dame du lac avaient même réussi à disparaître, sa malédiction, aussi. Juste son regard était encore là.

Un autre jour, les arbres murmurèrent. Un bruissement, un rire doux, la voix sifflante des sylphides. Un timbre féminin, irréel dans le vent lui serra soudain les tripes.

- Garçon, tes yeux trahissent ce qui brûle en toi.

Il se retourna, l'arme brandie au poing, prêt à effrayer la démone. Sa main n'eut plus la force de la tenir quand il vit l'Intouchable dans son essence. L'arme tomba au sol. La Dame des éléments fit un seul pas, elle le retint dans ses bras. Elle adoucit la chute de l'homme dont les jambes se dérobèrent. À la manière d'une mère, elle le serra tendrement et le berça. Elle accueillit les sanglots du guerrier maudit qui articula avec peine et soulagement :

- L'épée !...Exca...libur.

Shadee essuya les larmes, sa voix retentit dans l'esprit du guerrier « as-tu un nom ? » Il répondit d'un timbre rauque, une nuée d'oiseaux s'envola :
- Pas depuis des siècles...

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~°~ La plume plus forte que l'épée ~°~
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