Forum - Excaliburdhil - La complainte de la moustache
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Anastase De Mu | 01/11/14 10:01
« Trololololo lololo lololo, trololololo lololo lololo, trolololo lololo lololo, trolololo loooooooooo ! »
Le marquis s'égayait la voix, à grand renfort de vocalises. Debout, devant son miroir, une main sur la gorge, l'autre tendue vers les cieux, il grimaçait, cherchant la tonalité la plus appropriée. Trois bardes le regardaient patiemment, circonspects. Il finit par cesser cette complainte maladive, et se tourna vers eux, satisfait.
« Alors, maistres ? »
Le « jury » resta bouche bée. Un silence se fit, comme si les oreilles de ces derniers avaient besoin d'un peu de repos, d'un temps d'adaptation, avant de pouvoir de nouveau ouïr une quelconque mélopée. Le plus à gauche se pinça l'arrête nasale, juste entre les deux yeux, qu'il ferma longuement. Le second, dandinait du chef, se tortillant sur sa chaise, sans mot dire. C'est finalement le troisième qui prit, le premier, la parole.
« Monsieur le Marquis. Pourquoi ? Pourquoi la moustache. »
Anastase se dressa de tout son être. Il bomba le torse, et commença à caresser la fastueuse touffe de poil postiche qui lui recouvrait la lèvre supérieure.
« Je veux dire, enchaîna l'indélicat, il y a fort à parier que personne ne soit dupe. Vous êtes un elfe, imberbe. »
Le noble souffla, laissant ses épaules s'affaler exagérément. Ces bardes ne comprenaient rien d'autre que la tradition.
« Ce n'est pas une question de réalisme, mais de style ! Je suis à la mode. Ce mois-ci, la moustache doit être porté par TOUS ! Alors, pourquoi devrais-je être de côté, pourquoi ne me plierais-je pas aux diktats en vogue ? Voyons, sortez, un peu. Ressentez le monde, les douces pulsions artistiques de son coeur rempli de passion ! »
Le juge hocha la tête. C'est son confrère du milieu qui enchaîna.
« Oui, bref. Votre style musical est...
-Formidable ?
-Ce n'est pas, à proprement parlé, le mot. Plutôt...
-Subtil ? Gracieux ? Extraordinaire ? Époustouflant? Elégant ? Fantastique ? Non, non, non, ne me dites pas génial, voyons, je ne suis qu'un humble débutant !
-Oui, hum, je dirais plutôt extravagant.
-Vous voulez dire original ? Singulier ? Incroyable ? Inouï ?
-Je dirais plutôt saugrenu, farfelu, invraisemblable, excentrique, ou fantasque.
-Ho. Vous n'êtes pas foncièrement gentil, c'est cela ? Vous aimez blesser les autres ? Je suis un elfe, j'ai FORCEMENT l'oreille musicale.
-L'oreille, sans doute, mais les cordes vocales... Ce n'est pas une tare, vous savez, on ne devient pas barde en dix minutes de chant. Il faut travailler dur, constamment, et faire germer, pousser et fleurir la graine de talent enfoui en chacun de nous. Peut-être qu'avec énormément d'application, vous pourriez devenir un chanteur acceptable. »
L'avis de l'expert sonna comme le jugement dernier. Une cloche monumentale qui tintait dans son crâne, qu'Anastase ne pouvait faire taire. « Travailler dur » ? Lui qui n'était que paresse et oisiveté ! Il s'apprêtait à lui retourner une réplique bien sentie, lorsque Avdeï, son charmant majordome un peu trop coincé, pénétra dans ses appartements. Reposant sur sa main endimanchée, un plateau. Et sur ce plateau, un courrier, avec, sur le sceau, un masque de comédie au sourire disproportionné. Le marquis s'en empara rapidement, et le parcourut des yeux.
« Monsieur le marquis,
Nous avons atteint avec facilité le campement de C. . Il n'y avait que trois pauvres gardes, qui, paix sur leurs âmes, sont malencontreusement tombés de la muraille. Il faut avouer que leur sort fut peut-être enviable, comparé à celui de leurs compagnons d'infortune; Un feu gigantesque s'est déclaré subitement dans tout le fortin. Malveillance ? Négligence ? Quoi qu'il en soit, le papier brûle bien, et la bibliothèque a été totalement rasée. La chaleur a fait s'effondrer pas moins de 5 carrières. Les flammes ont léché deux baraquements de soldats. Nous n'avons rien pu faire pour sauver ses pauvres diables, mais nous avons réussi à mettre en sécurité quelques richesses laissées à la proie des vautours.
La G des R. »
« Au moins, certains font bien leur travail. Messieurs les obtus, je ne vous raccompagne pas. Vous connaissez la sortie ! »
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Anastase de Mù, le marquis.
"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."
Edité par Anastase De Mu le 01/11/14 à 11:49
Noir-feu | 03/11/14 15:01
Quelque part au nord ouest, un Dragon se tapota l'oreille droite d'un air perplexe. Il avait cru entendre quelque chose, comme un cri de souffrance intolérable. Cela lui rappela certaines sueurs froides vécues sur Helvetiedhil, lorsque le peuple des armaillis terrorisait l'ennemi de ses chants destinés en réalité, il l'avait appris bien plus tard, à faire cailler le lait pour produire de bons fromages d'alpage.