Forum - De NUM à MU. Une statue.

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Anastase De Mu | 26/10/14 16:34

Introduction

Le marquis faisait les cents pas devant l'escalier marbré qui menait à sa propriété. Une petite brigade d'archers surveillaient les alentours, et les cieux ; surtout le ciel, qui nuageux, pouvait cacher, jusqu'au dernier instant, un bien gros invité. Pourtant, il ne se montrait pas. Il avait promis, devant témoins. A bien y réfléchir, Anastase reconnaissait avoir décelé un semblant de taquinerie dans les propos du dragon ; et si tout ceci n'était qu'une humiliante plaisanterie ?

Il n'avait pas été aussi excité depuis bien longtemps. Une statue d'un univers onirique, il n'en avait jamais vu. Il ferait sensation. Et elle pourrait se rendre utile, s'il arrivait à esquiver son terrible sortilège. Il y avait réfléchi. Il devrait mener quelques expériences : Atteindrait-elle les tréfonds des âmes d'un nécromant, d'une liche, ou d'un simple zombi ? Sa magie pourrait-elle être contenue par le savoir ancestral des elfes éternels ? Il avait rompu avec eux depuis longtemps, mais peut-être que s'il leur présentait un tel artefact, leur curiosité les pousserait à se manifester... Et à participer.

La nuit, les bruits pouvaient être effrayants, pour l'homme, cette créature si frêle qui domine, pourtant, le nouveau monde. Anastase les connaissaient par coeur, à force d'escapades nocturnes. Mais d'ambiance, il n'y en avait plus. Les créatures noctambules s'étaient tues. L'elfe leva la tête, cherchant à percer ce gros nuage qui le surplombait ; il arrivait, il en était sûr.

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Anastase de Mù, le marquis.

"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."

Edité par Anastase De Mu le 26/10/14 à 16:34

Celimbrimbor | 26/10/14 17:50

Là, par exemple, c'est un peu court, jeune homme.

Noir-feu | 26/10/14 17:58

L'Aîné s'était rendu en son Krak, titanesque citadelle d'obsidienne pure bâtie selon des arts oubliés. Il avait franchi les sept enceintes d'un battement d'ailes, puis s'était posé au sommet de la massive tour centrale heptagonale qui dominait, tel un défi aux dieux, l'immense caldeira emplie de lave au coeur de laquelle se trouvait sa demeure. Les prunelles de jais du cracheur de feu contemplèrent un instant ce paysage qu'il appréciait plus que tout autre, quand bien même la plupart des êtres l'aurait qualifié de désolé, voire apocalyptique. Il lança vers les cieux un rugissement plus sonore que dix coups de tonnerre, puis un bref éclat d'obscurité le dissimula subitement alors qu'il se métamorphosait, adoptant cette forme humanoïde qui lui permettait de côtoyer les autres peuples.

Sans hâte, il descendit l'escalier abrupt qui menait aux étages inférieurs, savourant le silence absolu qui régnait en ces lieux déserts. Il finit par arriver au niveau du sol, ou plus précisément de la lave, entra dans la nef dantesque qui constituait le coeur du Krak et s'immobilisa pour l'observer d'un air songeur. Au loin, sur une estrade à laquelle on accédait par sept marches, se trouvait son trône, symbole ancestral du pouvoir temporel de sa lignée. C'était bien davantage qu'un simple bloc d'obsidienne sculptée, mais ceux qui connaissaient les arcanes de son secret avaient tous disparus depuis longtemps. Le Noir se demanda fugacement ce que représentait encore ce symbole autrefois puissant, puis il hausse les épaules. Sans doute n'était-ce désormais plus qu'un souvenir sans grande importance.

Il poursuivit son chemin jusqu'à une porte ornée d'assez de runes pour décontenancer le sorcier le plus savant, certaines émirent une faible lueur tandis qu'il poussait le lourd battant. Un nouvel escalier se révéla, que le Seigneur d'Obsidienne dévala rapidement jusqu'à arriver devant une nouvelle porte d'ébène massif ornée d'un unique trait argenté évoquant un serpent en mouvement. A nouveau, une simple poussée écarta l'obstacle, et le Dragon entra dans la gigantesque caverne qui abritait son trésor. Il ne jeta pas un regard aux montagnes d'or, pas plus qu'aux collines de joyaux dont le moindre n'aurait pas déparé la couronne d'un empereur, peut-être était-ce dû à ses origines partiellement humaines, mais le Noir n'accordait que peu d'importance aux richesses, contrairement à la plupart des Dragons. Malgré tout, une vingtaine de terres lui appartenaient en propre et près de cent cinquante autres lui versaient tribut chaque lune, terres vassales qui avaient agrandi l'empire des Noirs lorsque leurs seigneurs avaient rejoint les différents ordres que l'Aîné avait dirigé. Il avait en outre hérité du trésor de son Père Dragonnique, le vieil Orféor, aussi sa fortune était-elle incommensurable, d'autant plus qu'il ne se souciait guère de la dépenser autrement que, de temps à autre, par quelques présents à ses proches.

Dans un recoin de la salle, deux objets de la taille chacun d'un chariot étaient recouverts d'un drap de soie noire, et c'est vers eux qu'il se dirigea sans hésiter. Il fit glisser le voile de celle de droite, révélant une tête en pierre d'aspect cendreux. Les traits si parfaitement taillés que le visage semblait vivant évoquaient une malignité insondable, une cruauté sadique sans bornes étayées par un pouvoir ravageur dont le Dragon avait eu la pleine mesure lorsque il avait commis la folie de se confronter aux Gardiens de la Pétrifiée. Malgré la puissance déjà respectable qui était la sienne à l'époque, il aurait été anéanti comme un vulgaire cafard sous le pied d'un orc si ses Frères d'alors ne lui avaient prêté leur force. Le Noir serra les dents en repensant à tous ceux qui avaient subi les conséquences de cette Danse. Des douze qui s'étaient joints à lui, il n'en restait aucun, tous avaient succombé à la folie de Num dans les années qui avaient suivi. Le Néant s'était emparé de leurs âmes, et il ne relâchait presque jamais ses proies.

Aujourd'hui, Noir-Feu pouvait pourtant contempler sans broncher la face hideuse conçue pour révéler et attiser les peurs les plus enfouies de chacun. Sa lame avait jadis tranché cette tête après un combat effroyable, ce n'était d'ailleurs que lorsque il était parvenu à vaincre ses peurs que ses coups avaient commencé à toucher enfin l'entité maudite. Plus tard, il avait réduit la monstrueuse cité pétrifiée en poussière, ne conservant que ces deux têtes afin de ne jamais oublier ceux qui étaient morts pour lui permettre de survivre. Une seule suffirait bien, s'était-il dit, des centaines de lunes s'étaient écoulées depuis ces événements et il savait dorénavant que certaines choses se gravent si profondément dans l'âme que l'oubli est impossible. D'un geste tranquille, il recouvrit l'atrocité de son drap et le noua de manière à ce qu'il ne puisse glisser. Puis il reprit sa forme naturelle et saisit l'objet d'une patte, le soulevant comme s'il ne pesait rien. D'une pensée, il se téléporta dans les airs au dessus du Krak, puis ses noires membranes l'emportèrent à vive allure en direction de la demeure du Marquis de Mû.

Le Dragon Noir surgit du plafond nuageux sans un bruit et, bien que la nuit fut déjà tombée depuis longtemps, l'obscurité parut s'épaissir et peser plus lourdement sur la propriété du Marquis, recelant en ses ombres une sourde menace à laquelle peu d'êtres étaient insensibles lorsque ils venaient à voir l'Aîné sous son apparence véritable. Il se posa sans heurt juste devant son hôte, inclinant imperceptiblement le cou pour le saluer. Sa gueule bardée de crocs d'un noir cristallin pareils à des épées se rapprocha du sol comme s'il voulait mieux voir l'elfe téméraire qui lui faisait face, révélant entre ses dents le brasier intérieur susceptible de calciner un village d'un unique souffle. Dans le même temps, il déposa son inquiétant fardeau à terre, puis sa voix évoquant un grondement de tonnerre trop proche ébranla les airs alentours:

-Je vous salue, Marquis. Je suis venu honorer notre marché.

Il désigna d'une griffe plus tranchante qu'un rasoir l'objet recouvert de soie:

-Elle est à vous. Prenez garde à son pouvoir, des âmes parmi les mieux trempées se sont brisées en la contemplant...

Anastase De Mu | 26/10/14 21:32

Le mastodonte avait surpris la garde rapprochée du marquis ; surgissant de nul part, il était à présent là, où rien n'était quelques minutes auparavant. Pourtant, malgré la menace que pouvait représenter un dragon colossal, aucun des hommes n'avait bandé son arc. Non pas qu'ils estimaient que l'invité était un allié, ou encore, un hôte de marque, bien au contraire ; mais parce que l'armure d'écailles du grandiose animal paraissait à l'épreuve des fers les plus acérés. Un temps surpris, Anastase avait reculé de quelques pas, le souffle mu par le battement d'aile du géant le forçant à s'incliner pour se stabiliser. Mais, nul crainte ne l'effleurait.

Non, il n'avait pas peur. Il ouvrait, toujours plus grands, des yeux aux paupières d'habitude si fainéantes. Il marmonnait, il souriait. Un dragon. Enfin, il en voyait un, un réel, un authentique, sous sa forme originelle. De nombreuses légendes avaient bercé son enfance lointaine, des contes, et des racontars, des rumeurs et des histoires, qui ne rendaient point honneur à la majesté de la bête qui lui faisait face. Il sentait le pouvoir qui émanait de ce monstre anthracite, cette assurance que rien ne pourrait l'atteindre, hier, aujourd'hui et à jamais. Serait-ce cela l'orgueil du dragon ? Cela s'apparentait bien plus à de la lucidité, quand on pouvait contempler la créature de si près. Un souffle bouillant vint chatouiller l'épiderme de l'elfe, lorsque la voix d'outre-tombe raisonna. La mâchoire féroce se mouvait avec une surprenante élégance, lorsque l'on considèrait le poids qu'elle devait peser : la rangée de dents acérées aurait pu servir d'enclos à moutons. L'image traversa l'esprit de l'elfe, qui esquissa, encore, un léger sourire. Il exagérait.

Anastase hocha la tête, encore hébété d'avoir le privilège d'admirer un interlocuteur si peu banal. Il cherchait à imprimer mentalement le plus possible de détails du seigneur des cieux, s'il voulait un jour réussir à avoir une documentation suffisante sur ces terreurs volantes. Il plongea ses yeux dans le brasier guttural, frissonnant, malgré l'élévation de la température locale. Il réussit pourtant à s'extirper de la contemplation hypnotique des flammes pour s'intéresser au présent de son surprenant partenaire d'une nuit. Couvert d'un drap, la statue mystérieuse ne paraissait pas si dangereuse. Mais l'écho des paroles du seigneur dragon raisonnait encore dans son esprit. Il faudrait la manier avec précaution.

« Messire Dragon, c'est une joie de vous voir, et de pouvoir mettre la main sur cette sculpture ésotérique. Je la présenterais bientôt lors d'une de mes réceptions, et je suis sur que le spectacle sera au rendez vous. Je suivrais, humblement, vos conseils : je ne tiens pas à devenir plus excentrique que je ne le suis déjà. Toutefois, une question me taraude : a-t-elle prise sur n'importe quel individu ? Quelque soit sa nature ? Imaginons une méduse, par exemple : si les deux se font face, la statue de Num sera-t-elle pétrifiée ? Ou un basilic peut-il contrer le regard intérieur que portera sur elle cette oeuvre de terreur ? Ou, un élémentaire, qui est, par nature, une partie du monde ? Des deux, qui gagnera ? Ou... Un être plus puissant encore, un nécromant maudit, un démon, ou un mage orgueilleux ? »

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Anastase de Mù, le marquis.

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Noir-feu | 26/10/14 22:47

Le chevaucheur d'orages observa attentivement les réactions du Marquis et de son entourage, la première rencontre en disait toujours long sur la nature des êtres. Il gronda sourdement, ce qui pouvait être interprété comme une vague approbation. Les questions de l'Elfe parurent l'amuser, du moins le rictus inquiétant qui dévoila un peu plus amplement ses crocs pouvait-il le laisser penser.

-Mmm...permettez que je prenne une forme plus appropriée à ces lieux, et à une conversation...

Un brutal éclat de ténèbres l'occulta brièvement, sorte d'explosion occulte qui se dissipa pour révéler en lieu et place du Dragon un être humanoïde à l'apparence très proche de celle d'un Elfe noir. S'il était difficile en le voyant d'imaginer le cracheur de feu, sa longue chevelure lunaire rappelait pourtant étrangement les éclats renvoyés par les écailles pareilles à de l'obsidienne, et son regard demeurait fidèle à lui-même, assuré, fier et implacable. Un sourire releva les lèvres de Noir-Feu alors qu'il répondait:

-Cher Marquis, si je suis parvenu à vaincre le pouvoir de cette entité désormais déchue, alors d'autres le peuvent sans aucun doute. Je n'ai pas mené beaucoup d'expériences la confrontant à d'autres êtres, je vous avoue que les quelques siècles passés à l'affronter m'ont ôté l'envie de la côtoyer davantage. Trop de proches ont succombé à son pouvoir, tous à vrai dire, exceptée une.

Une fugace ombre de tristesse traversa ses prunelles, aussitôt domptée, maîtrisée et remplacée par une dureté impitoyable. Le Noir n'oubliait rien, mais il connaissait désormais le prix d'une existence interminable, chaque mort avait trempé son âme un peu plus profondément.

-Pour ce que j'en sais, la pureté de l'âme protège plus sûrement de cette malédiction que le pouvoir le plus écrasant. L'avidité, le désir de puissance, de gloire ou de vengeance sont autant de failles béantes, le pouvoir de Num s'y engouffre et tisse dans l'âme de celui qui la contemple avec ces désirs un voile d'illusions qui le mène, tôt ou tard, à l'anéantissement. Gardez à l'esprit que cet artefact est directement lié au Néant, un vide absolu qui dévore tout, cherchant par définition à se combler, mais à jamais incapable d'y parvenir.

Anastase De Mu | 27/10/14 09:39

Anastase écoutait attentivement le dragon, buvait les paroles du seigneur antédiluvien. S'il avait été inquiet, l'espace de quelques secondes, par le changement de forme de son interlocuteur, il était à nouveau captivé. Un éclat particulier brûlait au fond de ses yeux ; désir, passion, cupidité, curiosité, fantasme ? Un peu de tout à la fois. Il s'approcha lentement de la statue, caressant la soie fine qui la couvrait.

« Ainsi... Elle pourrait être la solution à certaines de mes craintes, fondées ou non. La pureté de l'âme... »

Il hoqueta nerveusement. Il n'était point un saint, encore moins un être pur. Son âme à lui vagabondait de part et d'autre de la grande muraille de l'honneur, que certains seigneurs dressaient autour d'eux. Mais, cette forteresse symbolique se refermait bien souvent sur eux, et comme lions en cage, ils en venaient à se déchirer intérieurement. Le marquis n'était pas de ceux là. A peine avait-il quelques palissades de bon sens pour protéger son amour propre, encore que lui-même en doutait. Il en résultait une profonde liberté de choix, de goût, de couleur ; une certaine instabilité diplomatique, peut-être ; mais plus sûrement, un plus grand plaisir face aux surprises. Il pensa une seconde au défunt Ryuk. Oui, le marquis était aussi doué pour ce qui était de la mauvaise foi. Son esprit s'égarait déjà ; il ondula du chef avant de planter ses yeux dans ceux du sieur dragon.

« Messire Dragon, je n'aurais, je pense, jamais la sagesse que votre race peut avoir. Et parmi les miens, je n'atteindrais jamais celles des vénérables. C'est déjà suffisamment éprouvant pour moi de ne pas jeter bas ce voile impie qui cache une telle merveille. Mille idées, mille plaisirs me viennent à l'esprit. Le néant doit être terrible, n'est-ce pas ? Ne rien ressentir, ne rien être... Je ne veux pas m'y connecter personnellement, et pourtant... Je vais faire quelques expériences. Comprendre quel sortilège entoure ce démon de pierre. En tout cas, il fera un excellent gardien pour les biens les plus précieux de ma collection... A moins qu'il ne doive se garder lui même. C'est une pièce remarquable. »

L'elfe s'arrêta de parler. Un blanc s'installa, point gênant, mais d'observation, d'attente, de repos. Il admira son vis à vis une dernière fois.

« Quoi qu'il en soit, je ne suis pas sur que vous offrir de l'or en retour vous satisfera. Qu'attendez-vous de moi ? Je peux vous offrir mon aide dans une conquête, une fois Lurendhil pacifiée, ce qui ne saurait tarder. Je peux vous offrir de traquer l'un de vos ennemis, la chasse étant un jeu auquel je m'adonne depuis bien des années maintenant. Je peux aussi accueillir secrètement une certaine urne, pour vous débarrasser de ce fardeau. »

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Noir-feu | 27/10/14 13:18

Noir-Feu ne put s'empêcher de sourire légèrement aux premières paroles du Marquis.

-Cher Marquis, je n'ai rien d'un sage, d'un saint ou que sais-je encore. Je suis un Dragon Noir, une "puissance" des ténèbres et du feu, j'ai tué plus d'êtres que je ne souhaite m'en souvenir, pour des raisons qui n'ont de loin pas toujours été "bonnes". J'ai relevé d'innombrables morts pour en constituer mes Légions, privant leurs âmes de tout repos jusqu'à l'accomplissement de mes volontés. Il m'est arrivé de torturer, de manipuler, j'en passe et des plus sombres, la seule chose "maléfique" à laquelle je ne me sois jamais livré est le viol.

Il garda un instant le silence, observant d'un air lointain la statue recouverte, réfléchissant peut-être à la manière d'exprimer avec des mots ce qui ne pouvait véritablement être défini par le verbe.

-Le pouvoir de Num la Pétrifiée, et donc de ce gardien déchu, fonctionne un peu à la manière d'un miroir. Si vous le contemplez par exemple avec l'intention de détruire, il vous détruira, lentement, insidieusement. L'intention avec laquelle un être se lie à cet artefact est primordiale, plus elle est épurée et dénuée de "malice", plus le risque d'y succomber sera faible. C'est cela que je voulais dire en parlant de "pureté de l'âme". Il n'y a pas trente-six manières de parvenir à exister au sein du Néant, il n'y en a qu'une seule et unique, du moins à ma connaissance.

L'Aîné fit quelques pas, comme pour admirer un peu les lieux avant de les quitter.

-J'ai entendu dire que vous étiez parti en quête d'une épée légendaire, sur une terre du nom d'Excaliburdhil. Peut-être serez-vous en mesure, là-bas, de me rendre quelque service, mais comprenez bien que de vous je n'exige rien pour cet artefact. Un récit sur la place publique, qui est ce que je vous ai demandé lorsque nous avons conclu ce marché, me satisfera pleinement. J'aime ce monde et le sentir vivre et vibrer m'importe bien davantage qu'une conquête ou de l'or. Le reste éventuel est à votre discrétion. Quoi qu'il en soit, nous nous reverrons je pense. Je vous salue, Marquis.

Le Noir sourit aimablement à son hôte, s'inclina légèrement puis disparut purement et simplement.

Celimbrimbor | 27/10/14 20:14

Joli récit.

Tala | 28/10/14 06:01

Bien agréable à lire, cet échange RP.

Tãla la louve,
Fille de Lune

Anastase De Mu | 31/10/14 09:18

Quelques soirs plus tard.

Le soleil s'esquivait peu à peu derrière les cyprès qui bordaient, majestueusement, la propriété du Marquis. Des rires, des chants, des gloussements s'élevaient joyeusement, à qui mieux, à qui ferait le plus preuve d'allégresse. Un salon d'été avait été dressé dans le jardin : de nombreux tapis et édredons traînaient ainsi, éparpillés au gré des envies, des rapprochements, des jeux de séductions, ou des plaisantes conversations. Le marquis déambulait parmi ses invités, le juste au corps impénétrable, sa précieuse canne dans une main. Il l'agitait de temps à autre pour indiquer à ses suivants quelques nouvelles taches à accomplir : ici, regarnir le buffet, là, arroser jusqu'à plus soif ces énarques goinfrés jusqu'à l'implosion, rappeler aux quelques solitaires à grise mine de profiter de leur soirée, et leur adjoindre quelques charmantes compagnies... En chef d'orchestre, il veillait à ce qu'aucune fausse note ne vienne ternir l'image de cette petite sauterie. Ce serait un chef d'oeuvre, un souvenir impérissable pour chacun des convives. Il le souhaitait, le désirait, le voulait ; il l'ordonnerait.

Deux jeunes jouvenceaux passèrent promptement devant lui, riant aux éclats ; le mâle poursuivait la femelle, qui, taquine et maline, se gardait bien de se laisser attraper, ou de lui échapper totalement. Sa robe diaphane laissait seulement percevoir deux petites pointes tenues en guise de poitrine ; pourtant, sa gorge à demi dénudée respirait l'amour et la passion. Anastase se concentra quelques secondes sur la chevelure du jeune homme, qui virevoltait au gré des écarts de sa languissante proie. De belles boucles d'or, comme les blés, lui descendait jusqu'à hauteur d'épaule. Il allait torse nu, chacun de ses muscles jouant sous l'effort, quelques taches luisantes de sueurs l'habillant d'étoiles. Il les inviterait peut-être tous les deux à le rejoindre, plus tard, dans la nuit, lorsque la liqueur aura engourdi les plus paresseux, et émoustillé les plus licencieux.

Il adorait entendre raisonner le fer clouté de ses talons pourpre rouge sur le petit sentier composé de dalles d'un granite noir profond. Chting, Chting, Chting, Chting... La rythmique était apaisante, rassurante, harmonieuse. Il s'amusait à venir régulièrement frapper les carreaux du bout de sa canne, à contre temps. Un peu en contre-bas, sur une bute aménagée, un kiosque accueillait un quatuor de cordes, qui proposait aux plus audacieux d'effectuer quelques pas sur une piste de danse improvisée. Trois couples valsait langoureusement, comme les petites marionnettes d'un camelot Nelrk, sur les foires des villes voisines. Le noble Elfe porta son regard au bout du chemin, là où l'animation de la soirée devait se passer. Un sourire se dessina, lentement, sur ses fines lèvres : les ouvriers avaient enfin d'installer les paravents qui composaient un labyrinthe d'étoffes et de tissus bigarrés. Il mima quelques pas de danses avec une partenaire imaginaire, soulagé. La soirée s'annonçait merveilleuse.

Plus tard.

Un brouhaha cordial avait envahi la tente destinée à accueillir la très grande tablée bondée de convives repus et grisés après un repas gargantuesque. Le tintement d'une lame d'argent sur un verre de cristal ramena, lentement le calme. Le Marquis était debout, souriant et charmeur, à son habitude. Il ferma les yeux, faisant mine de chercher l'inspiration, après une trop grand gloutonnerie, avant de s'exclamer, d'une voix parsemé de quelques trémolos d'excitations.

« Mes Amis. Mes très chers amis. Ce soir, c'est une fabuleux ouvrage que je vous présenterais. Il serait convenable de ne pas vous faire languir plus, et de vous y mener tout droit. Mais quel plaisir y aurait-il alors, si je vous dévoilais avec si peu de tact cette pièce inestimable ? Non, je vous invite à la découvrir par vous même.»

Et, d'un bond, il guida les plus curieux, puis finalement, la masse amatrice de sensations fortes, aux portes du labyrinthe. Quelques lanternes laissaient entrevoir un patchwork de couloirs de soie, de lin, ou de laine, plus ou moins opaques, plus ou moins rugueux.

« Mes amis, allons, ne soyez pas timides. D'ici, partiront les plus audacieux, les plus téméraires. Mais je vous l'assure, je vous mets en garde, et je vous préviens. Ce que vous trouverez, vous seuls pourrez l'éprouver. Vous uniquement, saurez regarder et contempler le trésor que je me promets de vous dévoiler. A vos risques, A vos périls, car le jeu en vaudrait, peut-être, la chandelle. »

Anastase s'inclina théâtralement, invitant ses hôtes à prendre le chemin des paravents. Aucun, d'abord, n'osa se présenter. Ils connaissaient le goût indélicat du marquis pour les plaisanteries douteuses, et les expérimentations souvent aux dépens des plus naïfs de ses convives. Pourtant, la soif de découvrir, cette curiosité maladive de l'être, cet appétit dévorant pour l'inconnu, en tiraillait plus d'un.

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Anastase de Mù, le marquis.

"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."

Neige II | 31/10/14 10:25

Oui très sympa à lire :)

Neige II ,Prince De La Couronne Des Spliffs Sacrés De Gitanie

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