Forum - [Escaliburdhil]Mon royaume pour une épée !

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Anastase De Mu | 11/10/14 13:18

Lurendhil, Lune 1404.

Un bruit de cavalcade affolée réveilla, en panique, la moitié de la maisonnée du Marquis. Sa résidence d'été n'était pas faite pour résister à une attaque, le continent étant entièrement pacifié, et sous le contrôle étroit de milices un peu particulières. Les quelques jeunots qui devaient monter la garde se hâtèrent de saisir leur hallebarde et leur casque de fer blanc, certains essuyant encore la poussière qui s'entassait, quelques fois, aux coins de leurs yeux encore plissés. Ce n'était pourtant pas une menace qui se présentait, mais les quelques messagers assignés aux courriers d'urgence qui venaient faire leur rapport. Si tard dans la nuit, il ne pouvait s'agir que d'une nouvelle d'importance.

Un elfe guindé, à la moustache postiche disproportionnée, les accueillit avec morgue. Sa chevelure, impeccablement tirée en arrière, cette petite redingote aux couleurs de Mù parfaitement cintrée, et ces volants enrichissant orgueilleusement les manches d'un chemisier en soie, cette moue pincée et arrogante constamment peinte sur son visage symétrique : Avdeï était l'incarnation du stricte maître d'hôtel qui attachait autant d'importance à son maître qu'au respect de sa position, il est vrai, estimable.

La crasse et l'odeur chevaline des cavaliers lui inspiraient un franc dégoût. Il fronça deux sourcils fins, reniflant deux fois.


« Vous ne pouvez pas voir le Marquis dans cet état.
-C'est c'la, l'pingouin. J'allais t'le dire. On a ordre de transmettre l'courrier urgent. T'vois ? Si on est là, c'est qu'ça peut pas attendre. »


Avdeï grimaça. Il avait en horreur ces chargés de missions qui outrepassaient forcément le protocole. Ils n'étaient que des pions, mais lui ne pouvait pas les manipuler. Il détestait le désordre, les électrons libres ; pourquoi la vie ne pouvait-elle pas être réglée comme une partition de douce musique, sans fausse note, où chaque instrument à sa place attitrée, et son rôle parfaitement qualibré ? Il soupira, et s'inclina.

« Veuillez, me suivre, mes sieurs.
-Pas l'peine d'me donner du titre ronflant, l'majordome. J'pas un balai coincé dans l'raie d'la fesse, moué. »

L'elfe élégant se retourna, sa mâchoire s'abaissant, comme pour laisser échapper un cri de détresse. Il était visiblement chagriné que son maître puisse faire appel à de si pouilleux énergumènes. Mais rien ne sortit de sa bouche, et il fit un effort considérable pour ne pas répliquer, avant de les mener, sans encombre, devant le bureau d'Anastase.

Ce dernier n'était visiblement pas couché. Il allait et venait en peignoir, mais avait oublié d'en serrer la ceinture. Sa virilité balançait doucement au gré de ses changement de direction, visible de tous. Avdeï était mal à l'aise face à une telle vision, et le marquis le savait. Il en jouait régulièrement.

« Aaaaah mon bon Avdeï. Magnifique moustache. J'imagine que c'est la mode ? Vous m'en ferez trouver une. Longue, fine, qui boucle. Plutôt vers les cieux, ou vers les limbes ?
-Hum, vers les yeux, monsieur le marquis. Elle mettra en valeur votre regard sans cacher la finesse de votre menton. Des invités...
-Ho, oui, oui, merveilleux ! Une belle moustache bouclée et tressée qui protégera mes pommettes. Je les trouve un peu trop rosée, en ce moment. Sans doute cette air frais qui revigore, et active la circulation. Il me faudra du fard, en attendant. Nous en avons toujours ?
-Évidemment, Monsieur le marquis. Je me permets d'attirer votre attention sur ces...
-Oui, tu fais toujours ton travail avec application, naturellement. Dois-je maquiller mes paupières ? Un peu de bleu, ou de vert, peut-être...
-Monsieur le Marquis, tout dépendra de ce que vous envisagez comme activité. Si vous partez à la guerre, un noir rehaussera cet air brutal et sanguinaire propre à tout chef impitoyable. Mais si c'est à souper, un léger ocre... Oui, très certainement, si vous l'accordez avec votre tunique, l'effet sera magnifique. Mais ces messieurs vous attendent, Monsieur le marquis. Si je puis me permettre ?
-Quel messieurs ? Ho, les cavaliers que nous avons entendu ? Formidable, introduisez les, voyons !
-Souhaitez vous, vous... vêtir, peut-être, avant ? »

Anastase courut s'admirer devant un miroir en pied. Après quelques poses lascives, il prit un air sérieux, plus convenable pour une réunion de travail. Il resserra son déshabillé, examina ses ongles, avant de sourire à son proche conseiller.

« Allons, ne perdons pas de temps. »

Les 5 hommes bourrus avancèrent prestement. Le pas décidé et fier rappelait au marquis les soldats aguerris qu'il avait mené au cours de sa dernière campagne. Les carquois remplis de flèches encore suspendus dans leur dos lui donnaient visiblement raison.

« Alors Messieurs, que puis-je pour vous ?
-Sire l'marquis, on a fait comme vous l'demandiez. On est parti s'renseigner sur les terres voisines, et visibl'ment, on y a trouvé que'que chose qui vous plairoit.
-A la bonne heure ! Raconte donc brave archer ?
-Y avait bien que'ques rumeurs, sur une épée ancienne et magique. Certains y disent qu'on peut pas la retirer du rocher où elle est plantée... Sauf celui qui ram'nera la paix dans la contrée. En tout cas, on l'a vue, et elle est pas mal brillante. Du genre joyaux à la garde, et dessins en or le long d'la lame. Et elle est bel et bien plantée dans un foutu rocher.
-Allons donc. Vous avez essayé de me la ramener ?
-Pour sur ! Mais pas un seul d'nous, et on est pas les derniers, a réussi à la faire bouger. Elle est comme partie intégrant' d'la montagne.
-Magistral ! Faites courir le bruit que je payerais, rubis sur ongle, celui qui me la rapportera. Je ferais d'un paysan un prince, s'il le faut. Elle doit bien avoir quelques pouvoirs, n'est-ce pas ?
-J'en sais trop rien, m'ssire. En tout cas, y a pas mal d'érudits qui l'étudient. Mais la paperasse et moi... J'suis pas fan de la lecture, si vous voyez c'qu'j'veux dire. Mais j'veux bien d'venir un prince, moi aussi.
-Participer à la mélée ? Et bien, pourquoi pas, nous augmenterons nos chances de l'avoir. Alors... montons une nouvelle expédition ! Avdeï ! Avdeï ! »

Le majordome, qui s'était effacé pour ne pas empiéter sur la confidentialité des réunions de son maître, accouru en un instant. Il ne paraissait pas même essoufflé, et ne devait donc pas attendre bien loin.

« Monsieur le Marquis ?
-Nous repartons en guerre, mon bon Avdeï ! Nous allons chercher une épée ! »

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Anastase de Mù, le marquis.

"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."

Edité par Anastase De Mu le 11/10/14 à 13:22

Noir-feu | 11/10/14 13:40

Drôle et très bien écrit, bravo!

Celimbrimbor | 11/10/14 16:00

Bonnes fouilles, alors.

Dread Bob | 11/10/14 18:36

une épée ? M'aurait-on menti sur la nature de l'objet de la quête ? 8)

Bob Dread, petit frère de Ryuk :o
Hordeux un jour, ......
Ben hordeux le lendemain toujours :D

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