Forum - [Alchimiedhil] Crève, André M.
Index des forums > Rôle Play > [Alchimiedhil] Crève, André M.
Celimbrimbor | 24/09/14 19:16
La salle était décorée de lourdes tentures rouges et bleues qui lui donnaient l'air d'un mauvais théâtre de boulevard que les acteurs eux-mêmes auraient déserté par peur de la brigade de répression du mauvais goût. Malgré tout, un décorateur suivant, pas daltonien pour deux sous, s'était dit que cela ne suffisait pas encore et qu'il devait y avoir possibilité d'alourdir encore un peu la chose, avec quelques ajouts savamment placés et mesurés. Ainsi, il avait relevé les tentures pour dévoiler les murs nus dessous et les avait enserrées comme des rideaux, pour donner un effet un peu clinquant selon lui. Entre les tentures ainsi remises, il avait installé ce qu'il considérait comme son chef d'oeuvre de décoration : des tableaux. Il avait mis des tableaux partout. À chaque espace de libre son tableau voire, parfois, deux ou trois qui se chevauchaient en se demandant péniblement ce qu'ils avaient fait de mal pour en arriver là. On pouvait ainsi distinguer sur un pan de mur deux natures mortes, un memento mori , un paysage de brouillard, une jonque s'envolant vers la lune et deux portrait de plein pied d'un garçon de douze ans et d'un âne de treize, ou peut-être était-ce l'inverse.
Certaines associations étaient plus cocasses, cependant. Notamment, il avait eu l'oeil, ou la chance, de réunir deux peintures respectivement nommées « La fin des ébats » et « Turlute, chapeau pointu » sans se douter une seconde du rapprochement. Cela dit, les occupants hebdomadaires de la salle n'avaient pas la culture nécessaire pour apprécier ce genre de gabegie et ainsi, le hasard merveilleux restait ignoré. Par contre, tous saluaient, craintivement, l'harmonies des couleurs, notamment le dais vert moutarde jeté sur le pupitre des oraisons, qui ne juraient absolument pas avec le vieux tapis jaune sur lequel il reposait.
Il faut dire à leur décharge que non seulement ils n'étaient pas très malins (leurs pieds avaient appris à marcher tout seul) et surtout terriblement terrifiés. La vie n'était pas facile sur Alchimidhil, surtout quand on était né du mauvais côté de la barrière. Ce que, immanquablement, on ne manquait pas [j'ai osé, oui, et je vous enjoins cordialement à vous mettre vos remarques désobligeants derrière l'oreille] de leur rappeler à chaque réunion.
Car cette salle servait de convent à une vingtaine de jeunes et moins jeunes gens apeurés qui venaient écouter et parfois répondre à un grand échalas dégingandé qui parlait mieux que les autres et qui savait ma bonne dame. Il savait.
Il savait quoi ? Ce que tous les mesquins imbéciles assoiffés de pouvoir avaient connu depuis que le premier mesquin imbécile assoiffé de pouvoir [je sais, cf. remarque numéro 1] s'était trouvé par hasard au milieu d'une horde de pécore et avait haussé la voix. Par exemple que les ignares étaient toujours prêts à suivre celui qui parlait le plus fort. Que mettre des mots compliqués [deux syllabes. Par exemple, syllabe.] dans une phrase permettait de se faire respecter. Que la haine du minable pour le minable d'en face était quelque chose d'incroyablement moteur. Et surtout, que bien exploitée, cette bande de pouilleux intellectuel [notons, ici, que les mesquins imbéciles assoiffés de pouvoir sont souvent tout aussi pouilleux intellectuellement que leurs ouailles, et qu'ils n'ont de différence, par rapport à eux, que d'être issus d'une classe sociale moins dégueulasse [entendons-nous bien, je ne porte aucun jugement sur une quelconque classe sociale, chacune étant dégueulasse ramenée à elle-même, d'autant plus que l'herbe est toujours plus verte dans le champ du voisin.] [seulement, je tiens à préciser que là n'est pas le sujet, en fait. D'accord.] [parenthèse fermée, merci.] [oh, oui ! Crochets !] et donc d'avoir pu profiter de ce que les autres n'avaient jamais que vaguement entendu parler : une éducation.] est fort capable d'amener le capitaine qui les dirige vers des sommets insoupçonnés [pour ceux qui ne suivent pas, il s'agit ici d'une double métaphore filée et foireuse]
Or donc, une fois à la tête, il suffisait de bien les bateler pour bien les emmancher et cela, André M. [crève !] l'avait très, très bien compris. Aussi menait-il ses gens à la baguette, les maintenant [l'absence de « s » est normal, hein ?] sous sa coupe par des discours apocalyptiques et des promesses de révélations [ceci est une répétition] qui les tenaient en haleine. Il adorait voir leurs visages plein d'expectative quand il leur annonçait depuis son pupitre que « le nouveau temps sera spirituel ou ne sera pas ! » ou bien quand il leur promettait exaltation et expurgation. C'était, pour lui, un plaisir irrésistible.
La porte du fond s'ouvrit en grinçant de manière appropriée et la bande de gens entra dans la salle, doucement, à petits pas feutrés d'apprenants conspirateurs [Au Guet, T. Pratchett], en évitant de croiser le regard des autres [en fait, il l'a mieux écrit que moi, je vous y renvoie et passe directement à ce qui m'intéresse, merci].
« En vérité je vous l'annonce mes frères dans la révélation, notre jouissance extatique est proche car l'homodiégèse immonde qui nous entrave sera bientôt reléguée au rang de souvenir immanent quand dans un mouvement cathartique nous surprendrons les autres ! Dès ce soir, mes amis ! Dès ce soir ! Nous verserons leur sang et il fera des rivières qui rougiront la terre des injustes pour faire fleurir pour nous les pieux les fleurs de la liberté transcendantale ! Nous serons métampsychosés vers l'horizon sacré ! »
Tout le monde applaudit à son discours, personne n'osant se demander ce qu'il signifiait. Ils avaient tous entendu le mot de sang et ils savaient qu'il parlait des gens d'en face, cela ne pouvait être que positif. André M. reprit.
« Aujourd'hui est venu le moment de notre avancée finale, mes frères ! Aujourd'hui nous invoquons la puissance qui nous permettra de triompher de nos ennemis de toujours ! »
Petit point de géopolitique pour les nuls et les malinformés : Alchimiedhil, avant d'être le théâtre d'une joute entre seigneurs un peu oisifs et souvent oiseux mais rarement oiseaux malgré quelques jeux de mots osés, au plus haut des cieux, était en proie à une terrible guerre.
Ok.
À une petite bataille de clochers entre deux villages [mais avouez tout de même que ma première formulation avait plus de gueule] qui ne pouvaient plus se voir depuis que le vieux Gégé avait traie par erreur la vache de Simone sans jamais lui redonner le lait même que la vache elle avait mis bas un chiot à deux têtes, c'est Nanar qui l'avait vu, un soir qu'il rentrait chez lui plein comme un oeuf. Et André M., combattant de la libération et éminent manieur de mots [crève !] avait profité de l'occasion pour gagner du pouvoir, en bon mythomane monomaniaque qui se respecte.
Aussi les pauvres gens du cru s'apprêtaient à invoquer un puissant démon grâce à un bouquin refilé à la sauvette par un libraire qui voulait s'en débarrasser au plus vite parce qu'il faisait pas bon avoir ça dans son stock, surtout avec trois paladins de la lumière aux trousses. Ils l'avaient d'ailleurs joliment troussé sur une pique quand ils l'avaient retrouvé, sans jamais toutefois pouvoir mettre la main sur le livre aussi loin qu'ils explorèrent les choses. Cela dit.
Ils se mirent tous en cercle, ne joignirent pas les mains car ils n'étaient pas de la manchette, sauf René qui mangeait secrètement de ce pain-là, et se mirent tous à réciter des incantations incantatoires dans la lumière incandescente des bougies qui descendaient décemment le long de leur mèche.
[Parce que j'ai la flemme, nous ne reproduirons pas ici les incantations [ pas de druide et de magie, merci] et nous vous renverrons poliment mais fermement vers H. P. Lovecraft, qui en fait des très biens, mais évitez ses ouvrages avec ce peigne-cul de August Dherleth]
Ils incantèrent tant et si bien qu'au bout d'un moment il fallait bien que quelque chose se produisît. Et quelque chose arriva.
Celimbrimbor.
Un peu étonné.
Un peu surpris.
Mais très digne.
Autant qu'on peut l'être quand on apparaît nu devant une bande de mous du bulbe en extase.
Autant dire passablement amusé.
« Démon ! Par les mots qui te tiennent enchaînés je t'ordonne d'exécuter ma volonté sans faillir !
- Enchaîné ? Demanda Celimbrimbor très poliment en revêtant un slip avec autant d'élégance que cela était multiversellement possible.
- Nous t'avons plié à notre vouloir ! Tu dois nous obéir ! Par les mots de puissance ! Marche, démon.
- Hum. Celimbrimbor tourna la tête à droite, à gauche. Et donc ?
- Alors ! Alors ! André M. pointa vaguement de la main dans la direction du village d'en face, comprenant qu'il ne fallait pas laisser passer une occasion pareille. Brûle-les tous ! Je reconnaîtrai les miens ! [Ajoutons qu'il était également mégalomane, l'histoire l'ayant un peu montré]
- Ah. D'accord. »
Woupf.
[C'est l'onomatopée que fait un convent de conspirateur qui disparaît brûlé au trouzième degré en une fraction de fraction de fraction de... de seconde.]
« Et maintenant ? Demanda poliment Celimbrimbor en enfila une chemise blanche.
- Je... je... L'autre toussait, parce qu'allez essayer de parler correctement dans une tempête de cendres.
- Ah, non. La bonne réponse était : et maintenant, à ton tour. »
Et Celimbrimbor enfila ses bottes.
Edité par Celimbrimbor le 24/09/14 à 19:17
Lancwen la Pourpre | 24/09/14 19:37
Curieuse de savoir quel genre d'invocations peut amener Le Celimbrimbor hors de son lit? [A moins bien sur que vous ne trimballiez nu dans votre logis ou votre multivers
]
Celimbrimbor | 25/09/14 11:32
Je sortais de la douche, ce fut une surprise fort surprenante.
Mais ces formules sont normalement réservées à Sanaga, vous vous débrouillez avec elle, hein ? Je ne suis pas certain qu'elle soit prêteuse.
Anastase De Mu | 25/09/14 11:56
Comme quoi, on peut bien imposer quelques menus tracas à un mage d'envergure multiversale. Quelques secondes.
---------------------------------------- ----------------------------------------
Anastase de Mù, le marquis.
"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."
Celimbrimbor | 25/09/14 14:35
Menus tracas ?
Allons, voyons. C'est un divertissement intéressant.
Sanaga | 07/10/14 03:02
En effet. Je ne prête pas.
*Pixelise le meilleur passage. Celui juste avant le slip.*