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Conquete | 30/07/14 22:17

La douleur est intense. Elle parcourt son corps comme un orage sans fin, tous ses membres tremblent, de ses lèvres jusqu'au bout de ses doigts ; ses muscles se crispent violemment sans qu'il les contrôle. Il est plaqué au sol. Il veut ouvrir les yeux mais il n'en a pas la force. Dans un effort insurmontable il approche une main de son visage. Il veut toucher ses paupières, mais ses orbites sont vides.

Je suis affalé sur un fauteuil, dans mon bureau. Je suis face à l'âtre où brûle un feu qui me réchauffe en cette nuit d'hiver. Je suis seul, avec un verre d'alcool dans une main, une lettre dans l'autre. Le cachet est défait. Je l'ai déjà lue. Je la connais déjà par coeur. Mais je la relis, encore et encore. Tout a été dit, je crois. Je suis en colère. C'est une colère froide. Je laisse pendre mon bras par-dessus le dossier, je lâche la lettre par terre. Il y a sur le bureau, derrière moi, un encrier, une plume, et du papier. Je veux me lever. Je veux répondre. Alors mes jambes me rappellent que ma place est dans ce fauteuil. Elles me rappellent toutes ces lettres déjà écrites, toute cette perte de temps. Elles me rappellent les mots. Alors, tout doucement, c'est une colère chaude qui monte en moi. Mes yeux brûlent. Le verre se brise entre mes doigts, je saigne et l'alcool coule à travers mes plaies. Je ramasse la lettre. Je la déchire de rage. Mais les mots ne veulent plus quitter ma tête. Ils me font mal. Je jette le pli au feu, et avec lui, je brûle.

La nuit est froide, il gèle. Il est nu, à même le sol, humide. L'entrée de la grotte n'est pas si loin, elle rappelle la gueule béante d'une bête féroce, carnassière. Et son souffle. Il pue le soufre. Il souffre. Il grelotte. Il est vivant. Il croit qu'on le maintient au sol, mais ce sont seulement ses membres qui peu à peu s'endorment, la nuit est claire. Il ne peut même plus crier, car alors qu'il découvrait l'absence de ses globes oculaires, sa langue fut tranchée, et le sang a envahi sa bouche et sa gorge.

Je dors mal. Je me réveille en sueur. Mon sang bouillonne. J'ai chaud. Où est la lettre ? Je le maudis. J'hurle de rage et je frappe du poing les murs de ma chambre qui écorchent mes phalanges. Des gouttes de sang tapissent bientôt le sol. Je le maudis. Je le maudis, et je jure de le tuer. Mon épée. De cette épée, je jure de lui transpercer le coeur. Il mourra, et dans son sang je rirai. Je danserai. Ses yeux révulsés, ses yeux morts, je danserai. Au nom de la vengeance, je vends mon âme au Diable.

Il se lève, il tient à peine debout. Ses mains sont sales, pleines de terre, il en a sous les ongles. Il arrive à se tenir contre une des parois de la gueule du monstre. Le monde est noir. Il est noir. Son esprit et son corps. L'une de ses mains est gangrenée mais il ne le sent pas. Cela fait un moment qu'il ne sent plus grand-chose.

Je suis vivant, je suis vivant, je suis vivant, je suis vivant, je suis vivant, je suis vivant, je...

Depuis quand est-il là ? Se rend-il compte qu'il n'a rien mangé depuis son arrivée ? Que croit-il ?

Mon nom est Kahzar, je suis un seigneur de Daifen, je navigue et je foule les terres de certains continents. Mon nom est Kahzar. Mon nom est Kahzar. Je suis un seigneur de Daifen. Je suis...

Rêvait-il, ou la roche se mouvait ? Un tremblement de terre brusque et bref le déstabilisa, mais il parvint à rester debout. Soudain, une voix s'éleva, d'abord comme un sifflement, mais bientôt de plus en plus forte. Il ne l'entendait pas par ses oreilles. Elle naissait directement dans sa tête. Elle grondait, comme un torrent de lave trop longtemps retenu sous la terre. Comme le feu, elle brûlait, et comme la nuit, elle était sombre. Il vit sans yeux, l'Être de Feu. Il l'anéantissait de l'intérieur. Une lumière noire jaillit de ses orbites et de sa bouche. Et la Voix tout entière s'empara de lui.

TU ES MORT.

Non ! Je sens mon corps qui est meurtri à l'évocation de ce refus. Un sifflement. J'entends des os qui se fissurent. Soudain, une épée prend forme dans ma main droite. Je me rends compte que je vois. Je la vois. Elle est grande et belle. Elle est lourde. J'ignore comment, avec toute ma faiblesse, j'arrive à la tenir si facilement. Puis je vois ma main. C'est la même qui tenait la lettre, elle n'a pas changé. Alors je regarde mon corps mais je ne vois qu'un squelette sur lequel il reste des bouts de chairs en putréfaction. Je me dégoûte.

TU ES MORT. SERRE DONC CETTE ÉPÉE, ELLE EST TIENNE.

Ce n'est pas une demande, c'est un ordre. Je serre l'épée, et sans que j'aie le temps de me rendre compte de quoi que ce soit, elle se met à chauffer. Si fort. Mes doigts les premiers fondent. Puis tout le reste de ma main. Le pommeau est devenu un amas de chair carbonisée. Ma chair. Je serre l'épée, et dans la douleur, je ne peux plus m'en défaire.

CETTE ÉPÉE EST TIENNE. ET TOI, TU ES DÉSORMAIS MIEN. TENTE DE ROMPRE CE LIEN, ET TU SERAS DÉTRUIT.

Qu'êtes-vous ?

TON NOM SERA CONQUÊTE. TON REPÈRE NE SERA JAMAIS QUE POUSSIÈRES, CAR JAMAIS TU N'AURAS À TE RETOURNER, MAIS TU AURAS TOUJOURS BESOIN DE POUSSER TA MONTURE AU DEVANT. DE LA MAIN TU TIENDRAS L'ÉPÉE QUI TE LIE À MOI. CETTE ÉPÉE HURLERA NOTRE RAGE, ET C'EST PAR ELLE QUE TU SERAS MA VOIX : CELLE DE L'APOCALYPSE.

Conquête.

Lancwen la Pourpre | 30/07/14 22:44

très bon! une suite j'espère.

Anastase De Mu | 30/07/14 23:50

Wahwww excellent ! Je suis totalement séduit.

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Anastase de Mù, le marquis.

"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."

Bart Abba | 31/07/14 17:57

Superbe !! :b :b :b

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Bart Of Ze Horde
Nul n'est censé ignorer la Horde.

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