Forum - Le Cabinet de Curiosité.

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Anastase De Mu | 20/07/14 22:39

La réception touchait à sa fin, et les premiers invités arrivés, déjà trop repus et imbibés de liqueur, repartaient d'un pas hésitant ; , il leur faudrait encore zigzaguer avec courage le long des chemins de promenades qui les ramèneraient aux confins de la propriété. En effet, la bâtisse, magnifique palace qui multipliait les colonnades et les ailes vitrées, trônait au milieu d'un amas de verdure luxuriante où tout accès véhiculé était furieusement interdit. On disait que le Marquis appréciait plus que tout le calme, ce qui était on ne peut plus faux ; il se réjouissait surtout des mines déconfites, rougeaudes et boursouflées d'effort de cette noblesse courtisane qui venait de temps à autres profiter de ses largesses.

Mais le grand hall illuminé raisonnait encore de grandes déclamations et d'éclat de rires. Il ne restait plus que le cercle intime, ces quelques fidèles, extirpés d'un temps où la jeunesse parcourait encore les veines du seigneur des lieux. Initié aux plaisirs les plus indécents à la cour dévoyée d'un grand de ce monde, Anastase de Mù, cinquième du nom, se plaisait à présent à les offrir à sa suite. Et chacun attendait le moment où les festivités, les réelles, commenceraient, bien conscients que demain, quelques aristocrates écartés les envieraient mortellement.

L'hôte, jusque là affalé dans une montagne d'édredons, en compagnie de jeunes humaines qui ne devaient pas avoir le tiers de son âge, et gloussaient bruyamment à chacun de ses souffles, même peu inspirés, se redressa subitement. Le visage fin, imberbe, les cheveux longs impeccablement lissés et maintenus le long de sa colonne vertébrale par une broche scintillante, Anastase aurait pu être l'un de ses jouvenceaux sur d'eux même et de leur pouvoir de séduction. Mais son regard dur, ces pupilles d'aciers qui désiraient vous transpercer l'âme, rappelait qu'il avait déjà vécu, et qu'il vivrait certainement encore, tout elfe qu'il était. Il se hissa debout, lui-même quelque peu aviné, avec l'aide de ses si subtiles galantes. Contrastant étonnamment avec l'environnement, sa tenue, bien qu'élégante, apparaissait comme sobre et peu joyeuse. Son pourpoint émeraude à taillade, s'il laissait apercevoir une chemise nacrée, n'était ornementé d'aucune dentelle ; ses haut-de-chausses de même ton étaient serrés sur la jambe, et sans fioriture aucune. Par contre, ses bottes, montantes jusqu'au genou, qui semblaient faites dans un cuir de qualité, noir et vernis, présentaient sa seule réelle coquetterie : des talons hauts rouges sanguins. Il saisit d'une main ferme et gantée de blanc une canne au pommeau en forme de femme lascive, et frappa le sol du bout cerclé de fer, appelant ses convives au calme.

« Mes très chers amis, merci de me faire le plaisir de votre présence. Il est rare, ces temps-ci, de goûter une curiosité de la qualité de la votre. Vous allez ainsi pouvoir satisfaire votre soif insatiable de nouveautés en venant admirer ma dernière acquisition. Elle m'aurait coûté un rein, sans l'intermédiaire d'un petit escamoteur aussi versatile que cupide. »

Des rires lui répondirent. Un sourire se dessina sur ses fines lèvres pales. Il entoura de ses bras deux des créatures exquises qui le soutenaient, et prit la direction de l'aile ouest, entraînant avec lui un cortège disparate de noctambules enfiévrés. Le long corridor donnait directement sur une cour intérieure au jardin parfaitement soigné. L'herbe y était soyeuse et grasse, chaque bosquet taillé en animal mythique et imaginaire. Une fontaine centrale imbibait paresseusement le terreau proche, dans de gouleyantes sonorités. La lumière, tamisée jusqu'à présent, s'intensifia lorsque le groupe pénétra sur le gazon.

Anastase savait ménager son effet. Il invita ses visiteurs du soir à s'installer sur le pré moelleux, et à siroter une énième coupe de champagne ; il claqua alors des mains, et quelques serviteurs vinrent offrirent sur des plateaux d'argent une collation de petites verrines sucrées. Alors que chacun se ravitaillait jusqu'à n'en plus pouvoir, Les lumignons furent soufflés ; l'acclamation impatiente du public rappela que tous avaient de grandes attentes.

Une flûte fit retentir sa complainte dans la pénombre. Le troubadour la maniait avec talent, et quelques larmes perlèrent sur les joues des plus émotifs. Anastase s'était levé, et, fidèle à lui même, voulait présenter en personne son ultime trésor. Des porteurs le rejoignirent, trimbalant avec eux une cage recouverte d'un drap rouge. Théâtralement, le marquis le retira d'un geste du poignet souple et sûr ; un grognement bestial lui répondit. Alors, comme s'il était en représentation, il s'inclina, saluant le public, tandis que la lumière surgissait de toute part. Les cris d'effroi de ses invités le rassurèrent sur le succès de son acquisition : il avait en effet un faible pour les horreurs de la nature.

Il jeta un coup d'oeil furtif à l'objet de toute l'attention : il s'agissait d'un demi-ogre, demi-nain, un accouplement très rare, et bien entendu, produisant quasi-exclusivement des morts nés. La créature était courtaude mais obèse, le visage difforme ; le peu de dents qu'elle arborait étaient bien souvent cachée par une pilosité plus qu'abondante. Et l'odeur... Il était difficile de savoir de quel parent elle en avait hérité, mais elle aurait fait tourner de l'oeil à un soldat aguerri. L'un de ses bras ne s'était pas développé jusqu'à son terme, tandis que la main, ou plutôt, la patte, qu'il supportait était énorme. Des postillons volaient en tout sens, tachant de glaires et de sang le par terre fleuri ; d'un signe, le marquis ordonna que l'on recouvre à nouveau a créature, satisfait.

Il rejoignit ses convives, récupérant l'une ou l'autre de ses accortes escortes, et ramena la joyeuse, mais écoeurée, petite bande à l'intérieur.

« Et maintenant, mes chers amis, baisons ! »

"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."

Lancwen la Pourpre | 21/07/14 11:17

Vu les horreurs qui trainent dans ce monde, votre cabinet va vite se remplir de nouvelles acquisitions :D

Bart Abba | 21/07/14 12:47

Ne reste pas trop dans le koin, Lancy, il y en a ki serait bien kapable de te vendre au Sieur de Mù ! :D

Joli texte, au demeurant. :b :b :b

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Bart Of Ze Horde
Nul n'est censé ignorer la Horde.

Anastase De Mu | 21/07/14 17:07

Ce serait une intéressante transaction, en effet.

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Anastase de Mù, le marquis.

"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."

Bart Abba | 21/07/14 17:38

Komme relike, c'est difficile de trouver mieux ! :D

Se gratte le sommet du crâne.
A moins ke... :o Ho hooo !

S'éloigne du Cabinet de Mù, en crabe.
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Bart Of Ze Horde
Nul n'est censé ignorer la Horde.

Edité par Bart Abba le 21/07/14 à 17:45

Roxar | 21/07/14 17:46

Il faudra que j'aille faire un tour dans votre cabinet, si ça se trouve, on va retrouver le neurone perdu du Crépu :o

Roxar, humble guerrier nain, chasseur de géant

Au jour du jugement, la plume du diplomate pèsera aussi lourd que l'épée du guerrier

Arkel | 21/07/14 18:37

Bart, tu n'oserais pas quand même ??? :o

Roxar, il n'est pas perdu ... il est juste en vacances :o

Sinon, voici un cabinet bien intrigant :)

Arkel, le Vieil Homme et l'Amer.

Bart Abba | 22/07/14 06:54

Haaa, mon bon vieil Arkel ! Viens avek moi, je vais te présenter à kelk'un ! :)

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Bart Of Ze Horde
Nul n'est censé ignorer la Horde.

Anastase De Mu | 24/07/14 09:24

N'essayez pas de me refiler de vieilles breloques au prix du neuf messire bart !

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Anastase de Mù, le marquis.

"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."

Zorander | 24/07/14 15:54

Je kroyais que les vieux truks avait plus de valeur ke le neuf !!! c'est pas le kas pour Arkel aussi ??? :o

Khan Zorander - chef des orcs de l'Empire de Bandakar

Anastase De Mu | 24/07/14 16:05

Oui, enfin il faut voir l'etat aussi. Et l'esthetique.

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Anastase de Mù, le marquis.

"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."

Arkel | 24/07/14 16:33

Laisse tes tiques ? Comment ça laisse tes tiques ?
Etre vieux n'empêche pas une certaine hygiène ...

Arkel, le Vieil Homme et l'Amer.

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