Forum - Tarandhil - Le bout du couloir.
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Bart Abba | 20/06/14 15:29
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L'oeil morose, assis sur son rocher de la plage, Bart cogite. Son esprit est tiraillé entre un sentiment de plénitude et celui de la turpitude. La nuit passée, il a certes obtenu ce qu'il convoitait ardemment depuis des Lunes mais de quelle manière... Il n'est vraiment pas fier de lui. 
Pourtant, depuis qu'il avait rencontré Keï, il s'était mis en tête d'attendre qu'elle lui offre cet instant. Qu'est ce qui avait bien pu lui passer par la tête. Tout était allé de travers. Brûlé de désir, il avait cédé à ses plus bas instincts pour voler ce qui aurait dû être une offrande.
Le vieil ermite, qui fait sa pêche à pieds journalière, s'approche du Hordeux pantelant.
- Bin alors mon grand, t'en fais une gueule ! Tu t'es pris un râteau !! 
Sourire damier.
- J'aurais préféré... Bougonne le Hordeux tout chagrin.
- Ah ! Alors elle a bien voulu et le drapeau est resté en berne ? 
- Un Hordeux ne tombe pas en panne... 
- Bin raconte !
- Elle était komplétement bourrée... Je l'ai tiré des pattes d'un gros cochon et après tout est parti en vrille... Elle a fini dans les griffes d'un gros vicelard...
- Non ! T'as pas fait ça !
- Si... oreilles basses. Kand elle m'a souri et k'elle m'a tiré kontre elle, j'ai perdu la boule...
- Et bien, où est le problème, elle n'a pas dit non ! 
Tu sais, nous les mâles, nous avons deux cerveaux. Le petit et le gland mais pas assez de sang pour les irriguer en même temps !
- Mouarf ! Arrête de déconner, Nanard ! J'ai profité de la situation, elle était pétée komme un koin ! Je lui ai volé son korps le temps d'assouvir ma libido... Kel abruti je fais kand même...
- Voler c'est trouver quelque chose qui n'a pas encore été perdu. Et puis, tu lui as rendu entier ! 
- Ouais, mais bon, tu sais, la konfiance c'est komme la virginité... Elle ne se perd k'une fois...
- Un moment d'égarement, ça arrive. Keï doit bien comprendre ça, non. Qu'est-ce qu'elle t'a dit quand elle a dégrisé ?
- Justement... Effondrement des épaules. J'ai essayé de la réveiller kand j'ai repris mes esprits. Impossible ! Et je me suis barré komme un voleur...
Bernard roule deux grand yeux surpris, reste un instant figé puis tapote l'épaule du Hordeux.
- Bon, tout n'est pas perdu. Tu vas aller la voir et tu lui expliques le topo.
- Ouais, et elle va me dire de dégager hors de sa vue... Voir hors de sa vie... Alors autant me tirer illiko et garder ma tête sur les épaules.
- Tu ne vas pas te dégonfler, grand couillon ! Tu y vas ! Quand tu t'adressas à Keï, dans ta phrase, tu mets un sujet, un verbe et un compliment !
A l'usure, Bernard l'ermite arrive à convaincre Bart d'aller s'excuser. L'Ork quitte la plage par le petit passage dérobé et se rend chez Keï. Le long du chemin, il confectionne un gros bouquet de fleurs de toutes les couleurs pour se préparer à en voir de toutes les couleurs.
Arrivé non loin du royaume de Keï, il voit une cohorte qui se presse au portail. Certainement suite à son annonce plutôt affriolante... Surtout pour la rémunération en nature, pense le Hordeux déconfit.
Il soupire intérieurement, il est conscient d'avoir loupé le coche, d'avoir tout foiré et il s'en veut terriblement parce qu'il a vraiment accroché avec Keï. Son moment d'égarement lui coûtait très cher.
Il regarde une dernière fois la ribambelle de prétendants au poste d'amant ou d'amante, il baisse les épaules et semble accepter la punition méritée. Il tourne les talons pour repartir à la plage. Demain, il prendra son radeau pour aller où le vent voudra bien le mener.
Alors qu'il est sur le point de balancer le bouquet, il sent que quelque chose tire sur le bas de son bermuda. Un petit elfe souriant le regarde avec ses grands yeux bleus.
- T'en va pas, monsieur !
- Faut ke je retourne à la plage, p'tit gars. Mon radeau m'attend.
- C'est la file d'attente qui te décourage ?
- Heuuu... Oui, oui, c'est ça.
- Parce que moi, je peux te faire passer devant tout le monde. Les entretiens n'ont pas encore commencé.
L'Ork hésite, il se demande bien d'où sort ce petit bambin puis il inspire un grand coup.
- Ok, je veux bien te suivre alors.
Le petit gamin attrape la main du Hordeux et les voilà partis. Ils remontent la file dépassant un laid, un beau, un dur, un mou, un qui a un grand cou, un gros touffu, un p'tit joufflu, un grand ridé, un mont pelé, un impulsifs, un sans les calcifs, un voraces, Lancwen la Pourpre, un sans godasses, un mécanicien en détresse, un tout propre, ô gué ô gué, une soeur, un curé avec son p'tit chapeau violet, un qui fait la génuflexion, un pape qui fait des bulles, un musclé, ô gué, ô gué, un à gros col roulé, un trapéziste ambulant, un alpiniste et son beau pic à glace, un p'tit bedeau avec les mains dans le dos, ô gué, ô gué, un marin breton qui a perdu ses pompons, un juif cossu qui mesure le tissu, un infirmier d'ambulance qui clignote en cas d'urgence, un aristo au bord de l'embargo, ô gué, ô gué, un mari, un Chinois qui casse des noix, un aux moeurs incertaines, une porte qui s'ouvre sur une tête de garde.
- Les cinq premiers ! Entrez !!
- C'est lui le premier, Maglor ! Dit le bout-de-chou à oreilles pointues.
- T'as pas une tête de scribe, toi !
- Je fais une rekonversion.
- Mouais... C'est au fond du couloir. Tu frapes à la porte rouge et tu attends que Dame Kishimoto te demande d'entrer.
Même si il est pieds nus, Bart est dans ses petits souliers.
- TOC TOC TOC !!
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Bart Of Ze Horde
Nul n'est censé ignorer la Horde.
Edité par Bart Abba le 20/06/14 à 15:37
Kei Kishimoto | 20/06/14 18:21
La file d'attente est vraiment très longue : planquée derrière un arbre au tronc conséquent, Keï observe avec ennui les candidats au poste de scribe. Il en arrive toutes les cinq minutes, il y a de tout, des Orcs, des Nains, des Humains, une chèvre et même une petite fille qui ne doit pas dépasser dix printemps. Tous se dandinent bêtement en passant d'un pied sur l'autre, en faisant mine de ne pas dévisager celui qui les précède dans la file, bref, tous font semblant de ne pas s'emmerder tout en paraissant intéressés. Seule la gamine, prévoyante, a apporté un bouquin et le lit, assise à même le sol entre un Orc et un Squelette tout déglingué.
- Si jamais l'Orc fait un pas en avant, il va l'écraser la pauvre gosse !
Keï se détourne et rentre dans son bureau par l'arrière du batiment. Son Capitaine de la Garde est là, prêt à exécuter le moindre de ses désirs. Fugitivement la jeune femme se demande s'il obéirait au cas où elle lui demanderait de se mettre à poil et de danser la gigue rien que pour elle, mais elle chasse ces idées lubriques et dit :
- Il y a une petite fille dans la file, elle est assise par terre et elle lit un livre. Va me la chercher !
Le Capitaine lui obéit sans rechigner. Keï s'assoit à son bureau et regarde pensivement la liquette posée sur les dossiers. Elle la saisit et la porte à son nez : l'odeur est forte, un parfum d'océan et de soleil qui, sans qu'elle ne sache pourquoi, lui rappelle des moments heureux. La solution serait de la faire enfiler par chaque candidat, peut-être que celui qui la portait l'autre nuit se dissimule dans la file des candidats, allez savoir ! Elle est sûre que cette liquette n'est pas à elle et si elle l'a trouvée dans sa chambre, au pied de son lit, c'est que son propriétaire l'a ôtée là, et donc.... De fil en aiguille, elle imagine ce qui a dû se passer et regrette une nouvelle fois de n'en garder aucun souvenir.
- TOC TOC TOC...
- Entrez dit-elle !
Le Capitaine revient avec la gamine devant lui. La petite ne semble pas intimidée, elle a un regard espiègle et malicieux. Keï lui montre le siège prévu pour les candidats et elle grimpe dessus sans hésiter.
- Tu veux devenir mon scribe ? lui demande-t-elle..
- Oui, je veux bien, je sais écrire et compter jusqu'à 10 sans me tromper.
- Bien, dit Keï, ça me convient, je ne vais que très rarement au-delà de la lune 13. Que lis-tu ?
La môme regarde son livre, réfléchit puis dit :
- Réussir un entretien d'embauche pour les Nuls.
Keï refrène une envie de rire puis elle se reprend et dit :
- Tu es embauchée petite, tu t'appelles comment ?
- Solange, M'dame.
- Bien Solange, à partir de maintenant tu es ma scribe préférée et comme je n'en ai qu'une... Tu vas suivre le Capitaine, il va t'emmener prendre un bain et t'habiller correctement, tu empestes la saleté.
Ravie, Solange saute sur ses pieds et avant que Keï n'ait pu l'en empêcher, elle lui saute autour du cou et l'embrasse dans le cou.. Keï se débarasse d'elle mais pas de son odeur.
- Eh, va te laver Solange, tu me feras des bisous quand tu sentiras meilleur !
La gamine sort, suivie du Capitaine. Keï ouvre la fenêtre du bureau puis se rassoit. A peine installée, on frappe de nouveau à la porte :
- Merde, se dit-elle, faut que je vire tous ces prétendants. Entrez !
Et soudain il est là : Bart ! Keï sent son coeur s'emballer à gauche, à droite, ses yeux s'embrumer, ses tétons se redresser, brusquement avides de tendresse, et ses lèvres s'humidifier. Néanmoins elle se retient, prend la liquette et lui dit d'une voix qu'elle ne reconnait pas :
- C'est à toi ça ?
Bart saisit la chemise en pensant saisir la jeune femme, la porte à ses narines et se recule, brusquement inquiet :
- Mais ça pue !
Keï devient toute rouge en réalisant que l'odeur est celle de Solange. Elle veut lever tout de suite le malentendu et discuter de tout ce qui n'a pas été dit et de tout ce qui aurait dû l'être mais soudain un grand bruit retentit dehors tandis que des cris et des hurlements se font entendre. Sans hésiter, Keï ouvre la porte et la referme, livide :
- Faut aller se faire un Caprice ailleurs, dit-elle, les postulants se rebellent, ils vont tout démolir..
Sans attendre, elle tourne les talons et sort par la porte de derrière, Bart sur ses talons.
Keï Kishimoto, bonsaï !!