Forum - Terre d'Olwë - Une aube
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Shadee | 27/04/14 18:48
La jeune elfe arrive en trombe dans la cabane. Comme toujours, elle a pris le soin de rallonger son chemin et de prendre garde que personne ne la suive. Avec son père, ils vivent comme des trappeurs, grâce aux richesses de la forêt et de la vente des fourrures à la Cité Mère de Myrilla. C'est une façon de rester dans le monde sans en faire partie totalement. Il peut rester au courant des nouvelles, des batailles de Daifen, bien loin de la paix qui règne dans ce monde. Surtout, ils doivent vivre cacher, une menace inquiète son père, peut-être est-ce la femme qu'elle a vue naître des eaux et invoquer la foudre...
Elle tape ses bottes contre la poutre et pose le lièvre qu'elle a relevé d'un piège :
- De quoi faire un bon festin !
Yumen regarde sa fille d'un sourire attendri. Il n'a rien à dire sur sa façon cavalière d'entrer, elle a la fougue de sa jeunesse. Mécaniquement, il reprend le compte des ventes. Il plonge la pointe de la plume dans l'encre. Autrefois, il écrivait des rapports. Avant, c'était un conseiller et un général des armées d'Olwë, la fortune lui a souri, et la couche royale accueillie. Jamais, il n'aurait cru vivre si simplement aux fins fonds de la forêt. Yumen a connu l'apogée du royaume et le virage dangereux que la haine, la jalousie et l'envie ont anéanti. Fou de passion pour la reine Ilwen la régicide et l'incendiaire, il l'a suivi dans tous ses plans les plus fous. Mais cette nuit-là, les cris, l'odeur étouffante de la mort, tout ce pour quoi il avait agi partaient en fumée. Il a fallu la main d'une enfant, sa fille, pour qu'il change de voie. Il se souvient encore de l'expression d'Ilwen quand il l'abandonna à la déchéance de l'opprobre, pour lui, la seule chose qui comptait à ce moment précis, c'était la survie de son enfant. Il ne sait pas ce que la reine déchue est devenue. Sans doute fût-elle tuée par ses sujets alors qu'elle tentait de fuir, ou puise-t-elle encore de la vie dans la source intarissable de sa vengeance.
Arya déloge le poignard de son fourreau et le plante dans le ventre du lièvre. Elle jette un coup d'oeil à son père :
- Je crois que je l'ai vue.
Les entrailles font crépiter les flammes gonflantes de gourmandise, une odeur âcre se fait intrusive. Yumen quitte du regard son imposant livre :
- De qui parles-tu ?
- D'elle...
La plume retrouve lentement sa place, comme l'angoisse au creux du ventre. Le temps semble ralentir. Il se frotte les tempes, soudain exténué. Arya arrache maintenant la peau du gibier d'une main experte. Elle va l'étendre dans la remise et revient sans un autre mot, les mâchoires serrées.
- Ton imagination est beaucoup trop grande. Elle n'est plus, dit-il comme pour se rassurer.
- Tu la verras autant que moi. Je lui ai dit que je la détestais.
Arya !
La colère de son père ne l'impressionne guère, la lame du poignard se fige dans le bois de la table. Elle plonge ses mains ensanglantées dans le baquet d'eau.
- Tous ces morts, c'est de sa faute !
- Ne dis pas cela...
- Elle va venir te voir.
- Assez !
- Crois-tu qu'elle te tuera ? Je crois que oui... Tu la combattais en quelque sorte.
Le doute prit place. D'un ton plus sérieux, il la questionna de nouveau en lui demandant de s'installer près de lui.
- De qui parles-tu ? Qui as-tu rencontré ?
Elle lui conte toute la scène et l'ancien conseiller fut hanté par ses souvenirs durant des jours et des nuits. Son humeur était exécrable et Arya essuyait son zèle de cette mauvaise humeur. Elle aurait mieux fait de garder le secret, car finalement, la fille des éléments ne vint jamais.
***
L'aube n'est pas encore levée. La biche n'est pas loin, l'arc tendu, l'oeil précis, la main sûre. Un souffle, et la flèche traverse les airs, mais elle ne rencontre pas le flanc de l'animal. Elle est arrêtée nette dans l'air. Yumen reste ébahi par le phénomène. A la place de l'animal, c'est la fille des éléments qui l'observe sous le couvert des bois :
- J'ai besoin d'un général et d'un homme qui connait mieux que personne ce peuple décimé, Sire Yumen.
- L'arc se tend de nouveau.
- Votre arc ne changera rien à ma volonté, baissez-le, et discutons, si vous le voulez bien.
- J'ai déjà collaboré avec une Enchanteresse ! Laissez-moi tranquille.
Shadee avance, doucement, son regard tient en joug le conseiller alors que la flèche menace son coeur.
- Vous n'aurez de repos que lorsque les cendres se transformeront en or. Ils ne sont pas tous morts. Je ne suis pas Ilwen, je suis bien pire en réalité, vous le savez.
La corde de l'arc craque sous la tension à son comble.
- Je suis votre ennemi.
- Vous l'étiez avant, nous sommes maintenant, j'ai besoin de vous, et vous avez besoin de moi pour voir vos rêves s'accomplir.
L'arme quitte sa cible. Un bruit attire l'attention de l'ancien général sur sa droite, Arya se découvre d'un taillis, le poignard au poing. Shadee a un léger sourire :
- Alors qu'en dites-vous ? Ne pensez-vous pas que votre fille mérite mieux que de vivre caché dans les bois. Elle pourrait bénéficier de ma protection. N'est-elle pas plus agréable que mon courroux ?
- Père, ne te laisse pas ensorceler !
Un geste de la dextre paternelle la fait taire. Yumen s'avance vers Shadee.
- Arya, rentre tout de suite, il se retourne et hausse la voix, tout de suite, j'ai dit !
Le ton est celui du militaire, l'elfe tressaille. La fille des éléments ressent une petite satisfaction. Arya rompt en lui jetant un regard mauvais.
- Elle a un bon caractère, ironise Shadee en invitant Yumen en la suivre vers un chemin mystérieux.
- Que voulez-vous de moi ?
Elle ne répond pas tout de suite. Elle laisse plusieurs pas silencieux jusqu'au moment où le rideau végétal se déploie pour dévoiler la lueur orangée. L'eau frémit dans les fontaines ébréchées, les rues calcinées sont bordées de nouvelles pousses, et les bâtiments hantés par les spectres portent à présent de fières flammes entretenues par les élémentaires.
- Le Destin nous a séparés. Vous avez servi mon frère, sa mère. Je veux de vous la même chose. Je veux que vous réunissiez une armée de Percelunes. Cette Terre est nôtre et nous allons la rebâtir, ensemble. Peu importe le nombre de lunes que cela prendra. Olwë retrouva sa splendeur et la prospérité.
D'une source qui jaillit du sol brûlé, elle cristallise une coupe pour recueillir l'eau. Elle la lui tend en souriant doucement. Dans un état second, Yumen la prend. Ses lèvres y gouttent et la gorgée ressemble au plus précieux des nectars: la vie pure.
Edité par Shadee le 27/04/14 à 23:41
Zeddicus | 29/04/14 15:44
Très joli, la naissance d'un nouvel ordre. Un vrai plaisir de vous lire.
Zeddicus Zul Zorander
Khan des Tribus de l'Allonge d'Agaden
Neige II | 29/04/14 15:57
Encore une fois,très plaisant à lire
Neige II ,Prince De La Couronne Des Spliffs Sacrés De Gitanie
Bart Abba | 29/04/14 16:47
Oui, oui, très beau tout ça...
Mais ne vous approchez pas trop de Shadee, les gars... Konseil d'ami !
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Bart Of Ze Horde
Nul n'est censé ignorer la Horde.
Ryuk | 29/04/14 17:45
Ouai, après on se prend des projectiles dans l'oeil. N'est-ce pas Bart ?
Ryuk Dread, aîné de la famille Dread, humain et Hordeux.
"La vie est un conte, conté par un idiot; le plein de son et la fureur, ne signifiant rien"
Minaa | 29/04/14 19:27
Arya... Ce nom me parle ... J'aime beaucoup et je suis de l'avis de tous !!!
Minaa
Kei Kishimoto | 30/04/14 08:23
J'aime beaucoup aussi, merci de continuer à nous enchanter...
Keï Kishimoto, bonsaï !!