Forum - L'Immortel et le serpent.

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Clayton Georges | 04/03/14 19:32

Le pot en terre rouge vola au-dessus de la tête du vendeur et s'écrasa contre le mur alors que toute l'étale s'écroulait dans le dos de Clayton Georges qui s'éloignait déjà dans la foule en courant. Les soldats sautèrent par dessus la toile et se lancèrent à sa poursuite.
Clayton Georges avait été un homme respectable avant ce jour, avant les vols, avant le meurtre, avant tout ça. Il avait été applaudi par les gens, accueilli comme un héros lorsqu'il était encore le capitaine Clayton de la 3ème Garde Rouge, les Invisibles comme on les appelait à l'époque. Ils étaient l'élite de l'armée du seigneur Ash Menthor et avaient fait leur réputation et leur nom dans la bataille du désert d'Edonia. Clayton avait opéré une percée dans les lignes ennemis, au plus fort de la bataille, après être resté cacher dans le sable des jours durant. Il avait été un héros. A présent tout cela était derrière lui. A présent, il courait au milieu des rues bondées de Rianohte, la capitale du royaume de Laodan, poursuivi par la garde royale. Il dévissa et prit une ruelle à droite alors que la foule se refermait derrière lui. Il jeta un rapide coup d'oeil dans son dos, aucun soldat ne l'avait suivi. Il continua tout de même à courir et se retrouva devant une nouvelle artère de la cité. Il lui suffisait de se fondre dans la masse. Seulement, une ombre le perturba. Il leva les yeux et aperçut un archer sur le toit d'en face le prenant pour cible. Il se jeta aux pieds des gens et se faufila tant bien que mal parmi eux. Il fallait faire vite. Cette fois, il risquait d'être pendu ou pire.
La descente aux enfers avait été vicieuse, lente et surtout innocente. La bataille du désert d'Edonia avait commencé à perdre du sens dans la mémoire collective après la fin de la guerre. Les héros étaient redevenus des hommes et des femmes ordinaires. Clayton avait retrouvé sa femme et sa fille à la fin de la guerre. Il avait quitté un bébé et retrouvait une fille de cinq ans avec des cheveux couleur paille en bataille. Seulement, ce qui arrive souvent dans un royaume affaibli par la guerre, la maladie avait surgi. Sa fille fut la première touchée, elle mourut vite et sans trop souffrir. Sa femme, par contre, avait souffert longtemps avant de s'éteindre, épuisée par l'épidémie.
Les deux amours de sa vie lui manquaient et il était là à quatre pattes à penser à elles, aux pieds d'inconnus ne le remarquant même pas et lui marchant dessus. Il rejoignit une autre ruelle et une fois debout se remit à courir sans regarder derrière lui. Il tourna à gauche, bouscula un passant d'un coup d'épaule, mais ne s'arrêta pas. Il n'avait pas le temps et de toute manière il s'en foutait.
L'épidémie avait épargné le capitaine des Invisibles. Il avait vu mourir ses proches et avait senti son coeur se briser, le royaume avec. Clayton s'était effondré et avait quitté les terres du seigneur qu'il avait servi de si nombreuses années. Bientôt il fut obligé de trouver un moyen de survivre, de subvenir au peu de besoin qu'il lui restait. Il commença à parcourir les différents royaumes et leurs cités. Il se nourrissait en volant, puis cela devint une habitude. L'ancien soldat avait encore des réflexes, il savait se battre. Il participa à quelques combats de rues, gagnant quelques pièces d'or et d'argent mais rien de stable. Il ne cessait de voyager. Une vie instable pour un esprit instable. Le héros n'était plus. Mais une réputation se forgea et commença à le précéder. Les combats augmentèrent en nombre, en prix et en difficulté. Jusqu'au jour où il tua son concurrent et la malchance voulut que ce dernier ne soit autre que le neveu du seigneur du royaume dans lequel Clayton Georges se trouvait. Voilà pourquoi il courait à présent. Voilà ce qu'il fuyait. La vengeance.
Il se jeta contre un mur et commença à l'escalader quand une flèche l'atteignit à la cuisse. Il hurla et lâcha sa prise, s'écroulant au sol.
- Merde, cracha-t-il.
Mais déjà un coup de pied violent vint le percuter à la tête. Sa mâchoire craqua sous l'impact. Quelque peu assommé, Clayton tenta de se relever mais un second coup l'atteignit au creux du ventre. Il fut projeté contre le mur, le souffle coupé. Sa vision était floue. Il entendait à peine les voix autour de lui. Il grogna et un dernier coup à la nuque eut raison de lui. Il sombra, inconscient.

Kephas De Tyr | 05/03/14 09:09

Intéressant... Très, même.

Ombre-lune | 05/03/14 16:57

ça appelle une suite...:o;)

Gorgevin | 08/03/14 17:18

Court et efficace, ce récit nous tient en haleine. Bravo!

Clayton Georges | 25/08/14 16:33

Clayton Georges fut réveillé par une sensation de froid intense sur son visage. Il ouvrit les yeux et comprit qu'on venait de lui verser un seau d'eau sur la tête. Les goutes coulaient dans son dos provoquant des frissons. Il était à genoux, les mains tenues en l'air par des chaines. Il secoua la tête un peu pour se sécher mais surtout pour finir de se réveiller et il tenta de se lever. Il se souvint trop tard de la flèche qu'il avait reçu dans la cuisse. La douleur encore vive le maintint au sol.
- Ne vous donnez pas la peine de vous lever pour moi, lança une voix forte et ironique.
Clayton leva la tête et aperçut, derrière l'homme qui l'avait trempé, l'origine de la voix. Il n'avait pas besoin de demander à qui il avait affaire. Il avait tout simplement devant lui l'homme qui l'avait fait arrêter, le roi Ryarïn. On comprenait vite d'où venait son pouvoir : une voix forte, un corps svelte mais puissant, un aura de pouvoir. Il avait une grande barbe sombre et était vêtu avec goût. Clayton faisait pitié face à lui. Mais surtout il se savait déjà mort.
- Vous n'avez pas été facile à retrouver, ni à appréhender Clayton Georges, ou devrais-je vous appeler par votre nouveau surnom, "le tueur".
Le héros d'Edonia soupira, il ne pouvait plus fuir. Il savait que c'était terminé. Il en était presque soulagé. Il plongea son regard sans émotion dans celui du roi.
- Voyez vous, je ne vous en veux pas vraiment, continua Ryarïn. Vous avez combattu un adversaire de très bon niveau et il a eu ce qu'il méritait. Votre malchance réside dans le fait qu'il appartenait à la lignée royale. Mais c'était un bon à rien, violent et inconscient. Je vous admire presque d'avoir réussi à battre cette brute. Je ne sais même pas si moi j'aurais pu. Il semble que vous soyez un redoutable combattant. Je ne sais rien de vous et pourtant juste avec cet acte je vous aurais engagé dans ma garde privée tout de suite, si le cadavre que vous aviez laissé n'était pas celui de mon neveu. C'est une affaire de sang, simplement. Vous avez fait couler le mauvais. Je me vois alors contraint d'obéir aux règles de ce royaume et de faire couler le votre en retour.
- Je comprend, dit simplement Clayton.
- Vous êtes un homme de bon sens, sourit le roi en sortant son épée. C'est rare de voir cela, surtout dans un cachot.
Il s'approcha du "tueur" et leva sa lame. Clayton posa son regard sur le sol. Il était prêt. Il allait pouvoir rejoindre sa femme et sa fille de l'autre côté. Il réussit même à sourire. Il sentit alors la lame se poser sur son avant bras et, dans un geste sec, lui faire une longue entaille. Surpris, il releva les yeux pour fixer le roi.
- Les choses ne sont jamais aussi simple qu'on le pense, continua de sourire Ryarïn.
Du sang coulait lentement de la plaie mais la lame ne s'était pas enfoncée très profondément. C'était superficiel. Ca avait été chirurgical. Le résultat serait une belle cicatrice propre et indolore. Clayton ne comprenait pas. Il aurait dû mourir. Le roi rangea son épée et tourna le talon.
- Il semblerait que des gens puissant soit derrière vous, lâcha-t-il. Vous leur devez la vie aujourd'hui.
Et l'homme à la barbe sortit de la pièce suivi de ses hommes. Seul resta un garde, près de la porte, tournant le dos au prisonnier. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Pourquoi avait-il été épargné ? A qui devait-il la vie ? Toutes ces questions traversaient l'esprit de Clayton lorsque la porte s'ouvrit à nouveau laissant entrer un homme mince, à la peau blanche, des tatouages sombres recouvrant ses bras, ses mains et son visage. Le soldat restant sortit derrière le nouvel arrivant et referma la porte. Clayton fixa cet homme étrange qui le regardait droit dans les yeux et qui s'avança jusqu'à lui.
- Bonjour capitaine, commença ce dernier d'une voix douce.
Cela faisait bien longtemps qu'on ne l'avait plus appelé ainsi, pensa Clayton.
- Bonjour, répondit-t-il sobrement.
- Vous devez vous poser beaucoup de question mais laissez moi me présenter. Mon nom ne vous dirait rien, la plupart des gens me nomment "l'immortel". Je ne suis ni un mage, ni un shaman. Je suis juste un ancêtre. Un homme comme vous, mais qui voit le temps défiler un peu différemment. Le temps viendra où je vous expliquerai tout cela et où vous le comprendrez, mais ce n'est pas aujourd'hui.
L'homme sortit une clé de sa poche et délia les mains de Clayton. Ce dernier se frotta les poignets tout en restant à genoux.
- Je vous cherche depuis longtemps capitaine, continua l'immortel. Vous n'avez pas été facile à retrouver. Mais aujourd'hui vous voilà devant moi, en vie. Vous vous demandez sans doute ce que je vous veux. C'est simple et à la fois complexe. Dites vous simplement que j'ai besoin de vous et que pour la suite je vous offre une seconde vie.
Clayton ne comprenez rien des explications de l'homme. Il fit une nouvelle tentative pour se lever et cette fois il ne céda pas à la douleur. Il se mit debout.
- Attendez, lança l'homme en attrapant délicatement le bras de Clayton. Je vais réparer vos blessures.
Il chercha quelque chose à sa ceinture et attrapa une fiole contenant un liquide violet.
- Buvez, cela soignera vos plaies.
Clayton hésita avant de prendre la fiole. Mais cet homme lui avait sauvé la vie alors il n'allait sans doute pas le tuer tout de suite. Finalement il but le liquide d'un trait. Cela n'avait aucun goût mais c'était froid. Soudain la fiole échappa des mains du tueur. Ses jambes cédèrent. Il se retrouva à quatre pâtes. Son regard se posa sur la plaie de son avant bras qui se referma à vu d'oeil. La douleur à la cuisse disparut mais sa peau brûla soudainement sur tout son corps. Il hurla sous la douleur. Il se releva d'un coup et déchira le vêtement au niveau de son torse. Ce qu'il vit le pétrifia. Des écailles sombres se formaient sur sa peau.
- Calmez vous, murmura l'immortel. C'est normal.
Comment voulait-il qu'il se calme. Sa peau le brulait et se transformait sous ses yeux. Bientôt tout son corps fut recouvert de ces écailles sombres. Il avait l'impression de devenir un serpent. Lorsque la sensation atteint son visage, il sentit la chaleur inonder ses yeux. Il les ferma un instant et lorsqu'il les rouvrît sa vision avait changé. Elle était plus précise. La chaleur finit par disparaitre. Il était essoufflé. Il regarda alors son torse, ses bras, ses mains et hésita à toucher son visage. Malgré les écailles, ses sensations étaient toujours là. Lorsqu'il voulut toucher la peau de ses joues, ses doigts glissèrent sur des écailles qui formait un masque lisse recouvrant sa bouche, son nez et le reste de son visage. La colère monta en lui. Il se tourna vers l'immortel et l'attrapa par le cou.
- Qu'avez vous fait ? cracha Clayton.
- Je vous ai offert un second souffle, réussit difficilement à dire l'homme.
Le capitaine soupira profondément. Il hésita puis finit par le lâcher.
- Montrez moi, dit simplement Clayton.
L'immortel se frotta le cou, reprenant son souffle. Puis il recula, fouilla une nouvelle fois à sa ceinture et en extrait de la poudre qu'il envoya contre un mur. Ce dernier brilla étrangement avant de se transformer en un immense miroir.
- Voilà, murmura l'homme.
Clayton approcha du mûr avec appréhension. Ce qu'il découvrit lui coupa le souffle. Il avait face à lui une armure d'écaille. Il était devenu un soldat à la peau de serpent.
- Avec de la pratique vous pourrez maitriser chaque partie de cette nouvelle armure, comme si c'était un membre à part entière de votre corps. Vous pourrez faire disparaitre et réapparaitre les écailles à volonté. Mais vous vous rendrez vite compte que vous ne pourrez plus vous en passer. Elle décuple vos sens, vous offre une protection qu'aucune autre armure de ces terres ne vous procurera.
- Comment savez vous tout ça ? demanda Clayton.
- Parce que je suis passé par là, capitaine.
- Pourquoi me faire ça, l'immortel ? Je ne vous ai rien demandé.
- Dans ce monde il existe des centaines de milliers de prophéties qui naissent et se concrétisent ou s'éteignent chaque jour. Vous et moi sommes liés par l'une d'elle.
- Quelle prophétie ? souleva Clayton.
- Celle de l'Immortel et du Serpent. Nous allons parcourir un bout de chemin ensemble, capitaine.
- Je ne comprend rien.
- Cela viendra. A présent, quittez ces lieux, quittez ces terres et entrainez vous avec votre nouvelle armure. A partir de ce jour nous sommes liés, mais cela fait de nous des cibles pour un ennemi que vous n'imaginez pas. Alors fuyez et redevenez le soldat que vous étiez. J'ai besoin de vous, ce monde à besoin de vous.
- Et vous ?
- Je vous retrouverai en temps voulu.
Clayton s'éloigna vers la porte et avant de la refermer, il se tourna une dernière fois vers l'immortel.
- Au fait, merci de m'avoir sauvé la vie aujourd'hui. Même si je ne sais pas dans quoi vous m'avez embarqué.
L'immortel sourit et Clayton Georges referma la porte.

Galatee Pendraggon | 25/08/14 17:47

Très bien! et après? :)

Anastase De Mu | 26/08/14 20:19

Une armure d'écaille, ca ferait joli dans mon boudoir. Je vous l'achète !

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Anastase de Mù, le marquis.

"Mon cher ami, ce crâne de gobelin siamois est magnifique ! Votre prix sera le mien."

Noir-feu | 30/08/14 11:37

Très bon récit, vivement la suite!:b :b

Minaa | 04/09/14 11:58

On y prend goût, la suite ?! ;)

Minaa

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