Forum - [Ordre du Temple] La Commanderie assaillie

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Kephas De Tyr | 09/02/14 19:21

(Suite de la Commanderie de Tyr.)

La bête était perchée sur la margelle du puits, s'agrippant d'un bras velu au fer forgé qui soutenait le treuil. Son épaisse fourrure ne parvenait pas à cacher sa nudité ; seules quelques pendeloques rudimentaires ornaient son puissant torse. Bien que deux andouillers hypertrophiés surgissaient de son crane primitif, son cou de taureau supportait sans peine ce fardeau régalien. Le colosse s'était immobilisé, humant l'air consciencieusement. Kephas s'était pétrifié, fasciné par cette extravagance rustique de la nature. Qu'était-il ? Un démon ? Une chimère ? Un croisement racial plus que condamné par le Temple ? Son imagination avait-elle pris le pas sur son esprit, affaibli par le jeun de la veille ? Il ne pouvait en détourner le regard, jusqu'à ce qu'un rapace se pose sur la ramure de l'animal fabuleux.

Le cor d'une sentinelle tira le templier de sa torpeur. L'alarme. Un autre frère venait de repérer le prince des cerfs. Il fut un temps rassuré de ne pas être en proie à une hallucination fiévreuse, avant de se maudire pour son manque de réactivité. D'autres tocsins lui répondirent. Kephas réalisa alors que tous les guetteurs ne pouvaient apercevoir de leur guérite respective le monstrueux souverain et son chambellan à plumes. Il se jeta sur son écu et sur sa masse turque, hérissée de pointes, avant de s'engouffrer, sans prendre le temps de mettre son heaume, dans l'escalier en colimaçon qui menait à la cour. Il faillit renverser un frère, qui, certainement plus assidu dans le sommeil que dans la liturgie, n'avait saisi que son épée à deux mains, et s'en allait défendre le Krak en tenue de nouveau né, tout de même chaussé ; un tableau qui ne put que faire sourire le clerc-secrétaire. Tous deux arrivèrent aux lourdes portes de chêne cloutées qui barraient l'accès. Trois sergents s'affairaient déjà à en retirer la poutre gigantesque qui devait achever de les clôturer. Alors qu'ils étaient rejoins par une première demi-douzaine de frères-templiers, les portes s'ouvrèrent enfin. Mais dans la cour, nulle trace de l'étrange créature ; elle ne les avait pas attendus. Kephas laissa passer quelques uns des siens avant de leur emboîter le pas, sous un déluge apocalyptique. La priorité était de secourir les défenseurs des fortifications : de toutes parts, un nouveau sonneur signalait le danger, auquel un autre lui répondait. Le templier se retourna, tentant d'apercevoir, à travers les gouttes et l'obscurité, le dernier étage du donjon, où logeait habituellement le maître de la commanderie. Aucune lumière n'émanait de ses quartiers privés, suggérant une absence certainement justifiée. Le jeune homme ne s'en soucia pas outre mesure, il était coutumier que le Commandeur-châtelain passa ses nuits dans la petite chapelle attenante. Il choisit de s'y précipiter : il n'était, après tout, qu'un écrivain armé, et ses talents de combattants ne seraient pas indispensables s'il s'agissait de repousser un assaut en règle.

La boue avait recouvert depuis des jours le stylobate de marbre veiné du petit sanctuaire, lui conférant l'aspect peu reluisant de temple païen abandonné. Le frère-aumônier avait abdiqué devant ce tourment de Sisyphe, et remettait chaque jour l'entretien du parvis au lendemain. Sur la boue séchée qui en recouvrait l'entrée, de nombreuses empreintes plus humides indiquaient la présence de frères-templiers. Képhas s'y engouffra. Il n'y avait pas plus de lumières à l'intérieur qu'à l'extérieur, mais au moins, l'air y était sec. Au fin fond du choeur, trois chandelles posées sur un autel achevaient de se consumer.

« De la lumière, naquirent les ténèbres. »

Le jeune scribe n'avait pu se retenir. Et effectivement, plutôt que de lutter contre la nuit, les lumignons offraient au visiteur des ombres déformées et menaçantes. Il avança de quelques pas, faisant raisonner le talon clouté de ses semelles sur les larges dalles polies par les années. Il appela le frère-commandeur, et nul ne lui répondit. Il appela le frère-abbé, et le silence ne lui renvoya que l'écho de sa propre voix. Il était seul. Il avança tout de même jusqu'au laraire ; il ne manquerait plus que, dans l'agitation des combats, le feu se propage de ces minuscules lueurs aux teintures ancestrales qui couvraient les murs. A proximité des bougies, il se rappela qu'il devait se signer en présence des ossements sacrés des martyrs des temps passés, scellés dans la solide table qui lui faisait face, et qu'il n'aurait jamais du, en temps normal, porter les armes dans ce sanctuaire. Maladroitement, il rangea sa masse à sa ceinture, et s'agenouilla devant l'autel, et récita mentalement une prière. Une effluve désagréable lui chatouilla le nez. Cherchant à l'identifier la provenance de cette odeur ferreuse, il s'était redressé, scrutant plus précisément les lieux, maintenant que ses yeux s'étaient plus ou moins habitués à la pénombre ambiante.

Des bancs sommaires étaient disposés en rang pour accueillir les frères-chevaliers, lors des messes journalières où seule la noblesse avait droit de s'asseoir. Mais plutôt que d'être parfaitement alignés, certains étaient renversés.Une masse sombre s'étalait de tout son long au milieu de ce chaos mobilier. C'est parce qu'un mauvais pressentiment lui fit hérisser l'épiderme qu'il courut vers le corps monstrueux et inanimé. Enchevêtrés dans un amas de tissus originellement blancs, mais céans poisseux de sang, ce n'était pas un cadavre qui s'offrait à lui ; il y avait là ceux de quatre de ses frères. Le commandeur-chatelain avait la gorge tranchée, les yeux grand ouverts, les traits crispés d'effroi. Kephas ne lui avait connu que cet air strict et impassible qu'il arborait naturellement ; autrefois, il semblait inébranlable, incapable de céder à la moindre des passions, et sans doute pas à la crainte d'un autre, hormis, peut-être, face au créateur tout-puissant. Il gisait pourtant bien là, dans un état lamentable, le regard vide dirigé vers les tréfonds des enfers. Sous son corps sans vie, reposaient ses deux gardiens, chargés de sa protection, et visiblement incapables de mener leur tache à bien. Les malheureux avaient leurs chairs lacérées, et leur échine brisée en de multiples endroits. Un matou jouant avec l'une de ses proies n'auraient pas été plus tendre. Un gémissement fit battre le coeur du jeune templier à toute allure. Sous l'amoncellement de macchabées, le frère-diacre, qui servait de secrétaire au Commandeur, et le suivait comme son ombre, expiait doucereusement. Le templier le dégagea rudement, mais ne put contempler que le carnage qu'en avait fait la bête : ses intestins s'éparpillaient sur le sol, ses phalanges blanches tentant sans succès de les retenir au sein de ses entrailles. Un filet vermeil coula le long d'une joue imberbe ; il n'avait que quelques années de plus que Kephas. Il toussota, crachant quelques glaires d'un sang noirâtre, avant de s'éteindre dans les bras du jeune homme. Le templier resta longtemps interdit. Combien de temps ? Impossible à dire. Ses genoux refusaient de le laisser se relever. Son esprit paralysait son corps, ou inversement. Il se statufiait. Il referma ses paupières, cherchant à retrouver une sérénité qui lui permettrait d'être utile. Il se rappela que des combats avaient lieu contre les remparts. Ici, il était inutile. Le Prince des animaux avait sans doute accompli sa tache, avant de disparaître. Il n'entendait aucun bruit d'ici. Il saisit sa masse et son écu, et se releva, enfin.

Il courrait. A peine avait-il passé le porche du temple que le vacarme d'un assaut en règle l'avait subjugué. Un goût amer avait séché sur ses lèvres, qu'une force nouvelle avait chassé pour s'emparer de son âme. Les réflexes qu'ils avaient acquis durant son noviciat resurgissaient peu à peu, sa poigne s'affermissait à mesure qu'il s'approchait du tumulte de cris, d'acier s'entrechoquant, de hurlements inhumains et de complaintes désespérées. Les portes avaient tenues, et la herse empêchaient encore les monstres des bois de les atteindre. Elles n'utilisaient pas l'habituel bélier, mais se servaient du crâne de leurs plus gros fantassins pour tenter de la forcer. Du haut de l'enceinte, les flèches et les rochers pleuvaient, mais n'endiguaient pas leurs ardeurs meurtrières : chaque victime était évacuée, et allait s'entasser au pied du mur, formant une rampe d'assaut qui ne tarderait pas à servir à une vague dévastatrice. En prévision, les premiers bataillons de chevaliers-templiers venaient garnir les rangs, et, s'abritant derrière les créneaux, formaient un mur de bouclier virginaux ornés de la croix du Temple. Les sergents, ces soldats dévoués à la cause, issus des classes les plus pauvres de la population, s'étaient regroupés devant les poternes, afin de couvrir les sorties des plus braves. Mais ces courageux, qui faisaient fi du danger pour aller défier l'ennemi devant la muraille, refluaient de peu à peu, blessés et démoralisés, quand ils n'abandonnaient pas leur corps à la furie des créatures sauvages. Bientôt, ces ouvertures tortueuses permettant de casser les assauts contre les portes, devraient être condamnées. Déjà, des barricades venaient en rétrécir l'accès.

Kephas cherchait le lieutenant-hospitalier. Dépendant directement du Commandeur du Grand Temple originel, il n'était pas placé sous la hiérarchie des commandeurs-châtelains, qui eux, dépendaient du Maréchal du Couvent. Les uns s'occupaient des hôpitaux et de l'aide aux démunis, tandis que les seconds devaient gérer la protection des pèlerins et la sécurité des frontières. On les comparait souvent au bouclier et à l'épée : les uns protégeant des coups, les autres frappant l'impie et l'ennemi. Ainsi, s'il n'était pas placé sous les ordres du Commandeur de Tyr, le lieutenant-hospitalier devait lui servir de conseiller avisé ; il agissait dès lors comme un second, et assurerait sans doute l'intérim jusqu'à ce qu'un nouveau Châtelain soit mandaté par le Chapitre Général. Si la Citadelle tenait. Il le trouva agenouillé dans la boue, prononçant les derniers sacrements pour la paix de l'âme à un chevalier encorné. Joignant l'index et le majeur, il lui fermait les yeux et les lèvres, avant de toucher son coeur. L'homme mourrait, on ne pourrait le sauver. Il serait accueilli dans les vertes prairies, ou les hautes montagnes, selon son propre désir. A la condition que l'on puisse un jour brûler son corps, afin de libérer son esprit, et d'en empêcher l'appropriation par une magie occulte. Nul ne devait échapper à la mort.

« Maître Hospitalier.
-Ne dérange pas les mânes de ce bienheureux, chevalier.
-Le Commandeur Nathan de Libna est mort. »

L'Hospitalier leva les yeux vers Kephas. Son regard bleuté glaça le jeune homme. Il lui semblait être transpercé par une lance. Pourtant, aucune animosité n'émanait de l'homme mûr. Ce dernier se releva, toisant le jeune templier d'une bonne tête.

« Comment ?
-Massacré. Lui, ses gardiens, et son secrétaire. Dans la Chapelle.
-Par qui ? »

Le jeune homme n'osait répondre. Comment expliquer qu'un démon avait pu s'introduire dans le castel, sans avoir attiré l'attention, pour prendre la vie à quatre guerriers redoutables, et ne pas paraître fou ? Il baissa la tête.

« J'imagine, par ces créatures. Quand je suis arrivé, le prieur agonisait. Les autres ne respiraient déjà plus.
-Que faisais-tu à l'église ?
-Je cherchais à prévenir le Commandeur. De l'assaut.
-Rien n'était moins sur qu'il y soit. »

Le regard de l'hospitalier était maintenant suspicieux. Le suspectait-il d'avoir pu prendre l'ascendant, lui, simple scribe-templier, sur des hommes bien constitués et aguerris ? L'idée semblait avoir traversé l'homme, mais il ne le laissa paraître qu'une seconde. Il s'adressa aux deux sergents qui lui servaient de protection rapprochée.

« Je prends le commandement général, jusqu'à ce que lumière soit faite sur ce meurtre sordide. Annoncez simplement que le Commandeur est indisposé, et qu'il m'a chargé de défendre la citadelle en son nom. Rompez. ».

Puis, à Kephas.

« Si nous les repoussons, par la grâce du Tout-puissant, tu devras t'expliquer plus amplement, templier. Rejoins le premier rang sur le rempart. L'Éternel te sauvera la vie si tu n'as rien à voir avec cette macabre histoire. »

Edité par Kephas De Tyr le 09/02/14 à 19:24

Badliberty | 09/02/14 19:49

Très plaisant à lire! :)

"Badliberty"

Ombre-lune | 05/03/14 18:22

J'approuve, très bon récit! Une suite bientôt?

Neige II | 06/03/14 12:41

Oui très sympa :)

Neige II ,Prince De La Couronne Des Spliffs Sacrés De Gitanie

Bart Abba | 06/03/14 12:57

Très bon récit !! :b :b :b

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Bart Of Ze Horde
Nul n'est censé ignorer la Horde.

Kahlan | 06/03/14 16:46

Jolie aventure vivement la suite. ;)

Kahlan Amnell - Mère Inquisitrice

Miltiade | 07/03/14 00:29

Texte plaisant à lire d'un bout à l'autre ;)

L'union fait la force

Gorgevin | 07/03/14 16:59

Voilà une histoire intéressante et fichtrement bien narrée!

Kephas De Tyr | 09/03/14 11:36

Merci Merci ! Je me lance dans la suite après le 20 mars.
(j'en profite pour dire que si certains sont intéressés par un rp en commun, je suis ouvert à bcp de propositions.)

Kephas De Tyr | 31/03/14 00:42

Chapitre III du Cycle de Tyr. "Le corps gisant".

Une perle de sueur s'attacha à la tempe du jeune templier. La cacophonie des combats ne pouvaient lui faire oublier que son sort serait certainement décidé par son ardeur à se battre. Et par sa survie. Il hocha la tête en signe de soumission aux ordres du lieutenant-hospitalier. Il raffermit sa poigne sur le manche de sa masse, et monta prendre sa place sur la muraille. Accroupi derrière le créneau, on lui tapa sur l'épaule : un de ces frères lui présentait un bouclier. Il s'en saisit prestement, remerciant d'un hochement de tête son bienfaiteur. Ou était passé le sien ? Il pesta, avant de sangler son nouvel écu sur son bras gauche. En bas, les cadavres de monstres s'amoncelaient sous le rempart. Des beuglements terrifiants retentissaient, orchestrant les mouvements désordonnées de ces créatures à la folie destructrice.

Kephas se réveilla difficilement. Un battement de paupière lui rappela qu'il voyait encore ; une profonde expiration que cela lui était douloureux. Il gémit, serrant les dents à s'en faire sauter l'émail. Il n'arrivait à se mouvoir qu'en balançant son torse supplicié de droite à gauche, ce qui lui arrachait de force quelques larmes salées. Il ne sentait plus ses pieds, sa nuque était si endolorie qu'il choisit de ne pas tenter de jeter un coup d'oeil de côté pour ne pas la rompre par mégarde. Ses râles attirèrent deux frères infirmiers.

« Il recommence. Trois jours qu'il nous fait le coup.
-Tiens ? Cette fois, il pleure. Tu crois qu'il va enfin être rappelé par le Tout-Puissant ?
-Dans son état, il vaudrait peut-être mieux... Attends voir... »

Le moins sceptique se mit en quête du matériel nécessaire pour l'ausculter, sous le regard dubitatif de son partenaire. Il inspecta les pupilles du jeune homme, notant une réactivité nouvelle. Il essuya soigneusement la bave qui coulait sur le menton de son patient, avant de défaire le large pansement qui lui ceignait l'abdomen, découvrant une plaie purulente, plus ou moins en forme de C, partant de la hanche gauche pour contourner son nombril et s'achever sur le plexus solaire du malheureux.

« A ton tour de nettoyer ça. Je l'ai fait hier.
-C'est tout de même répugnant. Franchement, est ce que ça en vaut la peine ? Je sais ce qu'a dit le lieutenant-hospitalier, mais...
-Ce n'est pas à nous de juger. Soigne le donc. »

De mauvaise grâce, le guérisseur ouvrit quelques fioles nauséabondes pour en imprégner un tissu de coton, et tamponna les contours de la blessure, frottant vigoureusement lorsque le sang et le pus mêlés avaient séchés au milieu d'une légère toison brune. Il appliqua une nouvelle compresse fraîche, à l'odeur doucereuse de cèdre, de myrte et de thym sur le front du jeune homme alité.

« Il est encore fiévreux.
-Il ne faut pas que le démon prenne possession de son corps. La glace. »

Les deux praticiens soulevèrent le malade sans ménagement, lui arrachant quelques plaintes déchirantes, pour le poser dans une bassine en fonte où flottaient de nombreux blocs de glace. Kephas hurla, se débattit, yeux grands ouverts ; chacune de ses terminaisons nerveuses était assaillie par le froid glaçant, chacun de ses os semblait vouloir se briser en mille miettes sous la crispation angoissante que provoquait le choc de température. Son corps était son supplice, sa tourmente. Les deux médicastres le maintenaient pourtant à bout de bras dans son bain polaire.

« Je crois qu'il va réellement se réveiller, cet animal !
-Tiens le, plutôt, abruti ! »

Le jeune templier s'était de nouveau évanoui, abandonnant son corps à la science des deux infirmiers, se réfugiant dans une prison mentale, loin des douleurs d'une réalité bien trop brutale pour lui. Il se revoyait repoussant du pied une créature humanoïde à tête de phacochère, la précipitant dans le vide, encaissant du bouclier tant bien que mal la charge d'une autre de ces bêtes contre-nature, écrasant le mufle d'un minotaure de sa masse cloutée ; la ligne de boucliers avait été rapidement brisée, et il n'avait du sa survie qu'à quelques réflexes enfouis profondément dans tous ses muscles et tendons préparés pour ce moment là. Il esquivait d'un pas les griffes d'un homme-loup, pour lui asséner ensuite un implacable coup dans la glotte du tranchant de son écu ; mais aussitôt, un nouvel assaillant lui faisait face, l'épuisant chaque fois un peu plus.

Sur le chemin de ronde, nombreux étaient ceux dont les dépouilles allaient se fracasser en contrebas ; plus nombreux encore ceux qui, glissant dans les mares de sang, trébuchant sur un corps gisant, ou déséquilibré par un adversaire trop coriace, allaient aussi s'y rompre le cou. Un noyau de soldats du temple se forma, séparé du gros du bataillon de défense : luttant dos à dos pour leur survie, les templiers tentaient de former le cercle défensif qui leur assurerait le maximum de chances de survie. Déjà, les hommes refluaient du rempart, abandonné aux forces de la nature furieuse, vers une position renforcée au sein de l'enceinte. Derrière cet assemblage de pavois et d'épieux, une multitude d'arbalétriers n'avaient aucune difficulté à prendre pour cible les monstrueux assaillants gesticulant sur le haut de l'enceinte, bien souvent trop peu protégés pour arrêter une salve de flèches dévastatrice.

Les Ingénieux du temple, ce corps spécialisé dans la création de prototypes en tout genre, faisaient quant à lui, feu sur l'ennemi à l'aide de grenades incendiaires, déclenchant d'aussi spectaculaires que fugaces incendies. Elles n'étaient pas particulièrement très efficaces, mais elles terrorisaient singulièrement ces créatures velues, qui s'exposaient tout particulièrement à une mort atroce si elles s'avéraient être le point d'impact de ces petites boules cristallines. L'une d'entre elles, plus téméraire, crut pouvoir braver les flammes bleutées des ingénieux. Sa musculature avait beau être celle d'un superbe athlète, ses cornes d'ivoire, celles d'un puissant taureau, son mauvais air, celui d'un tueur sans état d'âme, son pelage grésilla instantanément, dégageant une forte odeur désagréable de roussi, sa chair commença à rôtir, son sang a bouillir. La bête fut saisi d'une hystérie meurtrière, et se jeta, d'instinct, dans la dernière ligne de templier qui tenait encore bon sur le rempart. La formation fut rompue, déclenchant une panique générale, le feu se propageant aux tuniques des malheureux.

Les coups continuèrent toutefois de s'abattre sur la créature, lui arrachèrent des morceaux de chairs carbonisées. Elle brisa dans son élan le bouclier de Kephas, sans épargner son avant bras gauche. La douleur fut immédiate : l'os ressortait étrangement entre les sangles pendantes de son écu. Le templier perdit contenance, et tarda à abattre sa masse : déjà, l'autre mugissant terminait sa course mortuaire tête de baissée contre lui, perçant le flanc du jeune homme de ses cornes acérées. Il hurla, crachant l'air que ses poumons contenaient encore, comme s'il était brûlant et toxique. Sa tunique s'alourdissait, à mesure que le sang jaillissait de la plaie béante. D'ailleurs, la bête continuait de la fourrager frénétiquement, forçant le frère chevalier à se tortiller pour se dégager de son emprise. Mais plutôt que d'y parvenir, il tomba à la renverse, tout titubant et vacillant qu'il était, et bascula dans le vide sous le poids de la carcasse à bout de force du sanguinaire taureau.

Kephas émergea de nouveau. Sa tête bourdonnait, chacun de ses membres le condamnait au martyr ; mais au moins, il les ressentait tous. Il essaya d'articuler quelques mots, mais sa gorge était si sèche qu'il ne parvint qu'à déclencher une quinte de toux, et à s'étouffer avec le peu de salive qui lui restait. Une main d'homme lui releva la tête avec rudesse. Un rebord métallique glacial agressa ses lèvres, tinta contre ses dents ; le liquide ruissela le long de son menton. Il comprit qu'il avait passé un long moment inanimé, lorsque les filets d'eau peinèrent à traverser la barbe qui lui mangeait le visage. On l'ausculta de nouveau, mais il trouva la force d'y résister faiblement.

« Il se remet, doucement.
-Il survivra. Le lieutenant-hospitalier veut l'interroger des que possible. Préparez le. »

Edité par Kephas De Tyr le 31/03/14 à 00:43

Lancwen la Pourpre | 31/03/14 00:53

Juste un mot Superbe!

Miltiade | 31/03/14 10:25

Toujours aussi palpitant !

L'union fait la force

Badliberty | 31/03/14 20:08

Oui, on en redemande! :)

"Badliberty"

Shadee | 31/03/14 20:12

j'adore :o

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~°~ La plume plus forte que l'épée ~°~
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Neige II | 01/04/14 12:51

Ce fut une belle bataille,mais sanglante.
Très bon à lire.

Neige II ,Prince De La Couronne Des Spliffs Sacrés De Gitanie

Bart Abba | 01/04/14 13:24

L'Ork de Barbarie s'installe à côté de Neige avec un paquet de Pop-Korm et un pack de bières Taverne.
- T'aurais pas un Spliff en attendant la suite ? :o

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Bart Of Ze Horde
Nul n'est censé ignorer la Horde.

Neige II | 01/04/14 14:00

"te tend un Spliffs sacré :o " Tiens :o Tu crois qu'il va se passer quoi après? :o

Neige II ,Prince De La Couronne Des Spliffs Sacrés De Gitanie

Kephas De Tyr | 02/04/14 12:05

Merci a vous !

Neige : c'est la surprise...

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