Forum - La Danse des Arcanes
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Guerrier Du Tnaën | 27/10/13 14:05
Il viendra un temps, Guerrier, où mon omniprésence te pèsera. Tu réaliseras que, depuis que tu me portes, tu n'es plus que cela: un porteur. Porteur d'une entité qui voit ce que tu vois, qui entend ce que tu entends, qui vit ce que tu vis. Par mes yeux tu verras ta femme, elle aura ôté ses derniers voiles, se révélant dans sa prime nudité, et tu sauras que ce n'est plus vraiment toi qui la regardes, mais moi au travers toi. Cet instant inéluctable, sacrilège entre tous, créera une barrière entre nous, et tu te tourneras contre moi. Un instant plus tard, tu te souviendras que mon venin létal coule en tes veines, et tu frissonneras. Ton sang se glacera dans tes veines, ton esprit cherchera une solution, mais tu n'en verras pas. Alors, tu commenceras à ressentir la peur, tu commenceras à éprouver le véritable désespoir car tu comprendras que j'ai atteint l'essence même de ton être.
Quand cela arrivera, et ne doute pas que cet instant soit proche, tout ce que tu auras cru être s'effondrera. Enfin tu seras nu, Seigneur Dragon, totalement et absolument nu pour la première fois de toutes vos existences. Ni vivant ni mort, entouré de fins ignominieuses et de commencements mensongers autant qu'absurdes, tu vivras ce qu'a vécu l'étincelle primordiale, alors que la première aube était encore loin de s'être levée. Ce sera l'ultime seconde de vérité, l'apogée des rêves de tes ancêtres. Tu comprendras, ou tu seras anéanti.
Acceptes-tu?
Extrait de l'épreuve scellant le Pacte entre Serpent et son Porteur
***
Entre un anéantissement immédiat certain, et un éventuel anéantissement plus tard, le choix m'avait semblé évident: j'avais accepté, et j'étais devenu le Porteur de Serpent, le Guerrier du Tnaën. Au fil des lunes, ne percevant aucune perte d'identité, j'avais presque fini par oublier ces paroles qui, pourtant, avaient éveillé en moi une sourde angoisse, doublée d'une profonde colère issue du passé. J'avais déjà vécu une possession du genre, relégué dans un coin de mon propre esprit comme un observateur impuissant alors que mon père s'arrogeait mon corps, ma vie et jusqu'à ma compagne d'alors pour pouvoir revenir parmi les vivants. Je l'avais haï, après cela, d'une haine sans bornes, viscérale et totale. C'est pendant cette période que j'avais décidé que jamais je ne serais semblable à mon géniteur, sa seule évocation m'insufflant des envies de meurtre irraisonnées, je ne serais jamais vraiment un Noir. Mais le temps passant, à défaut de permettre un bienfaisant oubli, avait atténué la blessure. J'avais relégué ces atroces souvenirs dans le recoin le plus obscur de mon âme et fini par accepter de prendre place sur l'ancestral trône d'obsidienne et de devenir l'Aîné. Jusqu'à cette nuit.
Depuis de longues lunes, j'étais séparé de mon épouse, non que notre lien soit vraiment rompu, mais nos chemins s'étaient révélés en partie divergents, et les circonstances avaient fait que nous avions mené nos pas chacun de notre côté. Hier soir pourtant, nous nous étions enfin retrouvés, un peu par hasard, autour d'une table de l'éternelle taverne. Peut-être parce que nous avions parcouru nos propres routes, nous nous étions retrouvés, riant enfin à nouveau ensemble comme dans le passé, loin des tensions qui avaient rendu notre relation souvent houleuse ces dernières années. Sans préméditation, simplement parce que l'instant le permettait, nous avions quitté la taverne bras dessus-dessous et nos pas nous avaient mené jusqu'à nos appartements du Palais des Éléments. Naturellement, nous nous étions aimés, d'abord sauvagement, puis avec douceur, longuement, interminablement, comme si nous souhaitions effacer par cette nuit toutes les ombres du passé. Alors que l'aube s'approchait, elle s'endormit paisiblement et moi, je la contemplais simplement, savourant sa présence, l'odeur de sa peau, le léger bruit de sa respiration apaisée. Cela se manifesta d'abord discrètement, insidieusement, comme si j'éprouvais soudain un impossible détachement à son égard. Puis, peu à peu, je sentis que les mouvements de mes yeux ne correspondaient plus vraiment à ma volonté. Un rire effroyable de satisfaction qui ne m'appartenait pas jaillit de ma gorge, mes mains se portèrent à mon cou dans un effort absurde de tarir ce rire, de l'étouffer avant qu'il ne la réveille. Mais elles ne parvinrent pas à destination, s'agitant devant mes yeux comme des marionnettes moqueuses manipulées par un autre que moi. Je fus pris de terreur, revivant soudainement avec une inouïe brutalité les temps où mon père m'avait possédé, mais le hurlement que j'aurais voulu pousser ne provoqua qu'un nouveau rire, et je sentis, vis, mon corps se lever, impuissant à contrer la volonté qui me dirigeait. La voix de Serpent résonna en moi, me rappelant le pacte sans aménité. Ainsi qu'il m'avait prévenu, la colère, puis la peur, m'envahirent, et je sus que l'Instant était arrivé...
Étrangement, cette évidence qui aurait dû me terroriser davantage encore me rendit en partie mon calme. Détaché de la nécessité plus ou moins inconsciente de diriger mon corps, mon esprit pouvait se focaliser entièrement sur une réflexion, et je réalisais très vite que c'était là ma meilleure chance de m'en sortir. L'impitoyable formation reçue de mon géniteur révéla à cet instant sa force, et je me souvins que, des instants cruciaux où ma vie et ma conscience ne tenaient qu'à un maigre fil décharné, j'en avais déjà vécu bon nombre, et j'y avais survécu. Je compris que, dans l'immédiat, trop d'éléments m'échappaient pour que je puisse discerner une voie, aussi je décidais de me contraindre à la patience, et ceux qui me connaissent savent que ce n'est pas mon fort. Mon corps s'était levé, il s'habilla rapidement sans que j'y prenne la moindre part, puis quitta la chambre d'un pas silencieux vers une destination dont je ne savais rien.
Edité par Guerrier Du Tnaën le 27/10/13 à 14:21
Shadee | 27/10/13 18:30
( très beau texte, comme à l'habitude
)
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~°~ La plume plus forte que l'épée ~°~
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Guerrier Du Tnaën | 31/10/13 22:48
J'ai marché, interminablement. Les plaines se sont transformées en collines, et les collines en montagnes. Mes pieds m'ont porté vers une entaille fendant un gigantesque massif augustement couronné de blanc, et je me suis engouffré dans les racines de la terre. Chercherais-je quelque chose que jamais je ne le trouverais tant les enchevêtrements rocheux forment un inextricable labyrinthe, mais c'est Serpent qui dirige la marche et il semble savoir où il va. Je finis par arriver à un croisement de vallées resserrées, étrange lieu où le temps semble s'être arrêté tant le minéral y régne en maître. J'aperçois une sorte de défilé, une faille étroite où deux hommes auraient de la peine à se glisser de front. Ses parois s'élevent à de prodigieuses hauteurs, et la perspective les fait se refermer en une vertigineuse voûte qui semble marquer l'entrée d'un royaume sombre et inquiétant. Serpent m'y engage sans attendre, et je m'engouffre dans les ténèbres bien malgré moi.
Les parois ont fini par s'écarter, dévoilant un val baignant dans une ombre qui semble perpétuelle, rocailleux et chaotique, tapissé d'une épaisse et si ancestrale jungle qu'elle semble s'être pétrifiée. J'aperçois, après quelques instants de progression sur un étroit sentier, la silhouette élancée d'un fort de pierres noires qui dresse ses tours sombres comme autant de flèches vers les cieux. Serpent m'y dirige rapidement, me fait franchir le fin pont-levis qui enjambe une douve abyssale, les lourdes herses qui se relèvent en grinçant, puis les portes de bois pétrifié qui grondent sur leurs gonds en renâclant à laisser entrer le visiteur en leur ventre. J'arrive enfin dans une salle, occupée en grande partie par une table d'ébène de sept pas de diamètre entourée de sept fauteuils à hauts dossiers du même bois. Les murs et le sol sont de pierre nue, la pièce austère et glaciale, lieu qui semble avoir été déserté à peine achevé. Serpent m'assied sur l'un des sièges, et soudain se sépare de moi, mon tatouage s'animant pour se dresser devant mes yeux et me fixer de son regard inflexible. Je reprends lentement, prudemment, possession de mon corps et de mes sens.
-Alors, Guerrier, comprends-tu?
-Non...
-Tsssssskkkk! Observe. Sens. Ressens.
-Mes racines...
-Précisément.
-Sombreval...c'est ainsi que l'on nomme ce lieu...
-Oui.
-L'Ombre et la Lune...j'appartiens à ce lieu...et toi...
-J'ai accompli mon rôle, Guerrier. Je t'ai montré une part de toi que tu ignorais.
-Oui...merci.
-Je t'en prie.
Et soudain, je suis seul. Le tatouage sur mon bras se rassemble pour former un lourd bracelet de bronze d'aspect antique et tribal, je le retire de mon poignet et le dépose sur la table, songeur. Il semble soudain traverser des millénaires en une seconde, le métal s'oxyde jusqu'à former un petit tas de poussière de rouille, qui se disperse d'un subit courant d'air.
Seul.
Et puis je les sens. Les miens, ma Famille, mes Amis. La roue du temps se remet en marche, et lentement, pesamment, comme après un sommeil millénaire, Sombreval s'éveille.
Arkel | 02/11/13 16:24
Sur la Ronde d'Eole, flottant tout en légèreté sur les cimes escarpées, la Citadelle de Vifair murmurait.
Fief de la Principauté de l'Air, Vifair réagissait au plus profond de ses remparts.
Il en était ainsi dans le Temple des Vents. La structure était sensible aux mouvements du monde.
Et cette sensibilité croissait dès qu'il s'agissait du Royaume.
Dans l'Antre des Sylphides, Arkel écoutait les éléments. Il cherchait à savoir ce qui provoquait cette onde au sein de la Citadelle.
Les courants s'emmêlaient en une danse frénétique, irrationnelle pour les novices, mais tellement significative pour les initiés.
Le Prince de Vifair ferma les yeux. Les turbulences venteuses gagnèrent en puissance, pour atteindre un pic de violence qui faillit le renverser.
Puis tout se calma. Pas de silence. Juste un murmure constant.
- Que se passe t'il Prince ?
- Sombreval s'éveille.
Arkel de Vifair
Guerrier Du Tnaën | 06/11/13 16:02
Les portes de la salle principale du Fort de Sombreval grincèrent sinistrement sous la poussée d'un étrange vent, on sentait qu'il aurait aimé chahuter tentures et flammes d'une cheminée qui n'avait encore jamais été allumée, mais il ne trouva que la pierre froide et nue à caresser. La pierre et un être si profondément plongé dans ses pensées que s'il remarqua le vent soudain il n'en manifesta rien. Mécontent, le Seigneur Vent fit claquer les vêtements de cet être, râpa son visage d'un glacial frôlement puis prit l'apparence d'un élémentaire pour le dévisager. Un infime sourire naquit sur les lèvres de l'être, qui sortit enfin de ses songes pour saluer de quelques paroles rauques le seigneur des airs.
-Je te salue, Seigneur Vent. J'ai perçu ta danse dans la Ronde d'Eole...
-Nous voulons savoir...nous devons savoir...
-Oui, bien sûr. Sombreval s'éveille, cela vous le savez, mais vous ignorez ce qu'engendrera cet éveil et cela suscite autant d'espoirs que d'appréhensions. L'eau et la terre aussi sont perturbés, comme vous ils se demandent ce qui adviendra, comme vous ils éprouvent et ils cherchent à discerner ce qui est caché.
-Mais pas le Feu.
-Oui et non. Le Feu est le Coeur des Ombres, il voit et il sait. Toi et tes autres parents élémentaires saurez aussi, lorsque vous aurez fini de vous confronter à l'Essence de Sombreval et accepterez que la Danse devient autre, non pour vous nuire ou vous affaiblir, mais au contraire pour vous porter et vous donner une force aujourd'hui disparue.
-Tu as toujours été arrogant et sûr de toi, Seigneur Dragon, mais tu ne peux nous contraindre et tu le sais. Pourquoi accepterions-nous quelque chose qui ne nous sert pas directement?
-Les Temples Elémentaux sont déserts, nous sommes devenus les prêtres du Rien et ne prêchons plus nos valeurs qu'à une pâle assemblée de fantômes à moitié disparus. A vouloir tout défendre, on finit par ne rien protéger. Il est temps de suivre un autre chemin, du moins en ce qui me concerne. Je n'oblige personne à l'emprunter, je le propose à qui veut l'arpenter. Quant à vous servir, je ne puis vous servir mieux qu'en étant libre, c'est ainsi et pour cela que vous avez créé la vie, pour qu'elle soit libre et accomplisse ce qui dépasse votre seul pouvoir, pour qu'elle vous porte là où vous ne pouvez aller seuls. Alors, Seigneur des Vents, Sombreval vous accueille comme une part de lui-même, et souhaite accueillir de même vos autres parents, mais tentez d'entraver la Geste du Val et le jour viendra trop vite où vous comprendrez à quel point votre existence dépend de ceux qui croient en vous.
Le Seigneur des Vents grinça et malmena son interlocuteur, sifflant à son oreille:
-Est-ce une menace?
-Non. Une évidence inéluctable, ce qui arrivera forcément si la Voie de Sombreval ne peut être suivie librement.
-Une autre Voie te semblait bonne, il y a peu...
-Certes. Elle l'a été, durant un temps, elle fut bonne et belle, mais rien n'est éternel, tu le sais mieux que moi. Quand un sentier est envahi de ronces, il faut regarder à côté s'il n'y en a pas un autre.
-Combien, Guerrier? Combien d'ordres, groupes, as-tu laissé s'éteindre?
-Un certain nombre, tu les connais. La vie est un long périple, on s'assied autour de nombreux foyers, pour un soir ou pour un temps plus long, au gré de notre route. Chacun a ses particularités, ses richesses et ses pauvretés, mais quand le moment est venu de reprendre la route, je l'éteins et je me réjouis d'allumer le suivant.
-Elle décidera, Guerrier.
-Oui. Elle décidera, et ma route se dessinera en fonction de ses choix, c'est la seule sur laquelle j'aie ou veuille pouvoir. Pour l'heure...contemple-le, ce pouvoir, Seigneur des Vents, contemple sa manifestation la plus remarquable.
Le Guerrier tendit une main vers la porte de la salle, qui laissa passage à toute une silencieuse troupe de Korrigans. Certains, porteurs de bûches, préparèrent l'âtre, y disposant habilement de quoi faire démarrer une bonne flambée. D'autres, chargés de tentures noires aux armes du Val, les déroulèrent et les fixèrent aux murs tandis que d'autres encore déroulèrent quelques tapis semblant tissés de feuilles argentées, disposèrent ça et là des coffres, un buffet, bref rendirent le lieu habitable et confortable. Le Guerrier sourit au Vent, s'accroupit devant l'âtre et embrasa la pile de bois d'un léger souffle. Se relevant, il remercia les Korrigans, alla prendre place sur l'un des sept sièges du Val et fixa le Seigneur de l'Air:
-J'appartiens à ce lieu, pour un soir ou pour mille, parce que cela est mon choix. Je ne revendique rien, je ne demande rien, sinon le droit de jouir de la chaleur de cet âtre en paix, comme bon me semble. Et je t'invite, Seigneur des Vents, comme j'invite tes Parents et ceux qui vous représentent, à venir partager ce feu, cette paix et cette liberté.
-Ssssshhhhhhh...qui es-tu, murmura le Vent étonné?
-Un Prince de Sombreval. Et ici, cela seul importe.
Edité par Guerrier Du Tnaën le 06/11/13 à 19:40
Diablamat | 06/11/13 22:51
Mais où est ce que vous trouvez tout le temps d'écrire tout ça... Quand je vois ces kilomètres d'écritures, j'ai même pas envie de le lire !
Enfin ca ne date pas d'hier ce constat et je ne m'adresse pas qu'au Guerrier évidement.
Non je rigole, c'est très bien d'écrire, et c'est moi l'inculte qui ne prend pas le temps de le faire.
Je n'ai pas lu mais je vais dire comme tout le monde : (très joli)
Sir Diablamat
"Par le silence vous saurez me défier mais par les mots vous saurez me toucher..."
Edité par Diablamat le 06/11/13 à 22:54
Miltiade | 07/11/13 01:41
Et il vaut mieux le lire que faire semblant !
Très beau texte !
L'union fait la force
Guerrier Du Tnaën | 07/11/13 01:53
Seigneur Diablamat, par chance vous n'êtes pas obligé de lire ces textes, mais même sans les lire ils vous occupent.
Étonnant pouvoir de la plume, vraiment...
Messire Miltiade, (et les autres commentateurs) un grand merci, heureux si j'ai pu vous divertir quelques instants.
Neige II | 07/11/13 08:40
Oui très joli et en plus je comprend tout
Neige II ,Prince De La Couronne Des Spliffs Sacrés De Gitanie
Shadee | 07/11/13 20:29
Oui, j'approuve, c'est très, très, mais très joli!
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~°~ La plume plus forte que l'épée ~°~
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Diablamat | 08/11/13 00:02
Guerrier > très bonne remarque en effet ! Peut être même que je vais finir par le lire !!!
Sir Diablamat
"Par le silence vous saurez me défier mais par les mots vous saurez me toucher..."
Diablamat | 08/11/13 00:41
Bon... Je suis venu, j'ai lu (si si) mais ça ne m'a pas fait grimpé au talu...
C'est vrai que ça a l'air joli avec les tonnes de descriptions mais je trouve que c'est trop spirituel et que ça manque un peu d'action.
Ce n'est que l'avis d'un gamer mal léché. Donc je ne vous en tiendrez pas rigueur si vous le méprisez.
Edité par Diablamat le 08/11/13 à 00:43
Guerrier Du Tnaën | 08/11/13 01:23
Je ne méprise aucun avis, il m'arrive de ne pas le partager. Cela dit je suis d'accord, il n'y a pas d'action et ça peut être un peu longuet suivant pour qui.
Le "problème" de ce texte est qu'il n'est qu'un chapitre d'une longue histoire, et que pris individuellement c'est sûr que ce n'est pas le chapitre où il y a le plus d'action. Il fait suite en réalité aux 14 chapitres (si si...
) du "Voile déchiré", qui eux comportent beaucoup plus de mouvement. A la suite de cette histoire le Guerrier est amené à réfléchir...(incroyable...
) et la Danse des Arcanes est en quelque sorte cette réflexion. Donc forcément...
Enfin voilà, merci de l'avoir lu et commenté, vivement qu'il y ait un peu d'action à conter!
Diablamat | 08/11/13 01:32
Ha c'est sur que je n'ai pas lu les 14 chapitres avant donc forcément...
C'est pas souvent que je me lance dans ces lectures, donc c'est déjà très bien de m'avoir incité sans m'avoir rabattu le caquet malgré mes remarques Je me suis même laissé aller à lire l'histoire de Shadee et de son titan...
Edité par Diablamat le 08/11/13 à 01:35
Minaa | 08/11/13 23:06
(c'est très bien écrit, vraiment!!! Mais c'est du dit et re-dit pour le coup
)
-Minaa-
Guerrier Du Tnaën | 22/11/13 22:40
Le silence, Ou pas tout à fait. Juste un murmure constant. Le bruissement discret du vent dans le feuillage argenté de la sylve du Val qui ondule imperceptiblement dans la nuit.
La lune se dévoile soudain, ayant gravi les cieux jusqu'à darder son pâle reflet au plus profond des ombres de Sombreval. Le fort se pare d'un éclat surnaturel, cristallin, réfléchissant les rayons de l'astre nocturne sur les plans d'eau, les feuilles mouvantes, peignant une étrange toile lumineuse qui se décline en vagues iridescentes. Le Val s'éveille, lentement. Il s'étire, s'étend, se redresse enfin comme pour reprendre connaissance de ce qui l'entoure. Sur son siège le Prince écoute, sent, goûte la texture de l'instant au travers du lien établi à ce lieu, au coeur du fort il sent le rythme du monde, ses équilibres, et imperceptiblement il sourit. Vifair répand son souffle tranquille et bienfaisant, allumant les feux occultes qui sommeillent encore dans les abysses, faisant flotter sans à-coups la bannière du Val dans l'éclairage surnaturel des lieux. Lentement, le Prince se lève pour aller s'accouder pensivement à l'une des fenêtres, son regard parcourt les lieux environnants mais son attention semble ailleurs. Soudain, il se retourne pour faire face à la porte, ses yeux se plissent d'attention et sa main gagne vivement sa hanche, cherchant en vain une lame qui ne s'y trouve plus. Il grimace imperceptiblement, fait jouer ses doigts afin de les assouplir, attendant l'entrée de la présence qu'il vient de percevoir. Une présence qu'il n'a pas sentie depuis si longtemps qu'il lui faut quelques instants pour la reconnaître. Alors que reviennent les souvenirs, la porte s'ouvre sans douceur, révélant une haute et rougeoyante silhouette tenant une longue épée dégainée à la main. Les deux êtres s'observent, longuement, sans un mot, étrangement semblables et pourtant subtilement différents. Puis l'arrivant prend la parole, sa voix est rauque, presque rocailleuse, et ne laisse filtrer aucun sentiment:
-Tu sais pourquoi je suis là, Seigneur des Noirs?
-Je devine les raisons de ta présence, Seigneur des Rouges.
-Alors défends ta vie avec plus de conviction que tu n'as défendu le souvenir de ton peuple...
-Pas ici. Ni maintenant. Ce défi n'a aucun sens, mais tu sais que je ne peux m'y soustraire. Je l'accepte, mais il aura lieu dans trois lunes, au Sanctuaire.
-Tu me prends pour un imbécile? Le Sanctuaire est votre point de pouvoir...
Le regard du Prince se fait plus dur, fixant froidement son homologue:
-J'ai le choix du lieu et du temps, selon ces mêmes règles que tu invoques, Seigneur des Rouges. Aurais-tu oublié cela?
-Tu sais que je n'ai aucune chance, là-bas...aucun Dragon n'a jamais utilisé son point de pouvoir pour relever un défi, c'est...déshonorant!
-L'honneur est un concept changeant, je représente une Lignée, c'est elle que tu dois vaincre si tu veux cette place que je ne souhaite pas voir occupée. Il n'y a qu'un endroit où cela puisse advenir, et c'est le Sanctuaire. Je te donne une chance, contrairement à ce que tu crois. Mais si cela te semble déshonorant, je suis prêt à relever ton défi au centre du Cercle, ainsi que le voudrait la coutume...
-Vous avez suivi des voies que nous désapprouvons, refusant la Mort pour prolonger interminablement vos existences, vous liant à de frêles bipèdes et vivant parmi eux...ce n'est pas dans l'ordre des choses! Je devrais convoquer les Dragons, et leur apprendre à quel point vous avez chuté...ce ne serait pas moi que tu aurais à combattre, mais tous...
-Fais-le?
-Même toi n'aurais pas la moindre chance de t'en sortir, Seigneur des Noirs...ce n'est pas ce que je souhaite.
-Tu ne sais rien, le Rouge. Tu viens de lancer une Danse que tu ne maîtrises pas, me défiant alors que tu ne vois pas mes Trames, et te retrouvant à peine le premier pas accompli en posture mortelle. Je connais tes pas chaotiques, c'est mon père qui te les a appris, crois-tu vraiment me déstabiliser avec mon propre héritage?
-Je pourrais aussi mettre fin à ton existence ici et maintenant. Tu ne peux pas te transformer faute de place et tu n'as pas d'arme...
-Encore une fois...fais-le? Tente ta chance, le Rouge, pourquoi pas?
-Parce que ce serait transgresser nos principes sacrés...
-Alors ne l'évoque pas! Vaines menaces à peine susceptibles d'effrayer une wyverne idiote, est-ce là tout l'Art que tu as à offrir, toi qui prétends prendre place de Haut-Seigneur des Dragons?
-Je...
-Silence maintenant, le Rouge, et range cette lame, puisque tu ne comptes pas t'en servir. Dans trois lunes, au Sanctuaire, nous nous reverrons, et tu auras ta chance.
-Soit...murmura le Rouge en rengainant son épée, mais attends-toi à une surprise, Seigneur des Noirs...toi non plus ne vois pas toutes les Trames...
Une surprise...oui, le temps était venu pour les surprises, et le Prince de Sombreval sourit durement en pensant que toutes ne seraient pas agréables. Elles l'étaient rarement, ces derniers temps, tout comme les Trames qui se délitaient sous l'effet pervers d'une scission profonde mais encore dissimulée. Mais cela ne pouvait être résolu pour l'heure, et les trois lunes de répit seraient courtes, trop courtes. Le Prince savait qu'il avait délaissé son apparence première trop longtemps pour la maîtriser encore parfaitement, contrairement au Seigneur des Rouges qui ne consentait que très rarement à prendre cette forme humanoïde qu'il jugeait indigne des Dragons. Pour avoir combattu autrefois à ses côtés, le Noir savait que son visiteur impromptu était un combattant redoutable sous sa forme Dragonnique, mais moyen sous sa forme humanoïde, alors que lui avait-il pris de venir le défier ici sous cette apparence? Les Noirs s'entraînaient et combattaient sous forme humaine depuis des centaines de lunes, le Rouge ne pouvait l'ignorer et n'était pas assez fou pour penser être capable de se confronter de cette manière à leur Aîné. Alors pourquoi avait-il suivi cette voie s'il savait qu'elle le perdrait? Quelque chose échappait au Prince et cela ne lui plaisait pas, c'était une faiblesse que le Rouge ne manquerait pas de déceler et d'utiliser...
(HRP: Merci Minaa, déjà dit peut-être, mais ça fait toujours plaisir.)