Forum - Blizzard, vous avez dit bizzare ?

Index des forums > Rôle Play > Blizzard, vous avez dit bizzare ?

Shadee | 15/04/13 21:16

Au loin, les harpies gazouillaient joyeusement avec le sifflement du vent, les vampires se régalaient de batailles de neige et les goules se miraient dans le miroir d'un lac gelé. C'était un temps radieux, comme on les aime sur la terre de Blizzardhil. Le fort bâti de sombres pierres se découpait joliment sur le manteau immaculé, l'élégance était poussée jusqu'aux gargouilles toutes chapeautées de neige. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien lors d'une campagne. Je me rendis compte que j'appréciais la compagnie des morts, ils n'étaient pas compliqués. Le temps s'écoulait avec douceur et sa non-emprise empêchait qu'ils soient rongés par de basses préoccupations.
C'est dans cette sombre et blanche demeure qu'un étrange visiteur apparut au portail. Lorsqu'il sonna la cloche, ça ressembla au glas et un silence de mort régna soudain.

- Igor ?

Trente voix me répondirent en choeur rocailleux « oui, maîtresse ? » Quelques petits ricanements malsains achevèrent l'interrogation. Je les regardai, bien en peine. Brume avait engagé des disciples qui se nommaient tous: Igor ! Je ne sais quelle idée saugrenue lui avait pris ce jour-là, il se défendait en répliquant que le grand Maître des disciples les avait tous baptisés ainsi pour une question d'éducation et d'image. Je ne comprenais rien à son charabia sur la formation qu'ils avaient reçue, mais je remarquai chaque jour leur incroyable efficacité. Aussi, je m'étais fait une raison, et ce n'était plus des individualités que je cherchais en eux, j'y voyais un groupe du nom d'Igor qui me suivait comme mon ombre quand le besoin m'y appelait. Derrière son fourneau, Violette était pâle comme la neige qui couvrait les immenses plaines de Blizzardhil. Elle s'activait nerveusement pour préparer une collation.

- Qui est-ce ?

- C'est un elfe, un loup, un orge, moi, un squelette, vous, un nain, un..., répondirent-ils.

- Tristan, ajouta la voix désespérée de Violette avant de s'évanouir, un marmiton accouru aussitôt pour lui porter secours.

La cacophonie des réponses me laissa un instant sans voix, décidément, le vent incessant de la province leur faisait perdre la raison !

- Où est... cette chose ?

- Nous l'avons conduite au Grand Salon de la Pendaison, annonça non sans fierté Igor.

- Je ne voulais pas que ce lieu soit découvert avant la crémaillère de la 1250e lune !

- Maîtresse ? s'inquiétèrent les voix geignardes.

Agacée, je quittai la chaleur de la cuisine avec trente paires de jambes dans mon sillage. La porte du Grand Salon de la Pendaison grinça sur ses gonds et ce, malgré toute l'huile que j'avais fait mettre. Là aussi, je m'étais fait une raison...
J'eus la surprise de découvrir un garçonnet aux cheveux blonds comme le blé. Dès qu'il me vit, il sauta de son fauteuil et vint se blottir, la tête contre mon ventre.

« - Que vous avez bonne mine ! Ça faisait si longtemps que j'avais envie de venir vous voir, ma chère Shadee ! Mais avec l'emploi du temps que j'ai, je n'ai pas un seul moment à moi ! » Ses grands yeux gris me sondèrent pour voir si je partageais sa joie. Déboussolée, je le regardais reprendre sa place et se réjouir de voir le majordome lui apporter une tasse de lait de poule avec des biscuits tout chaud sortis du four. « Les choses les plus simples sont les meilleures ! Venez, il y en a aussi pour vous.»

Étais-je chez moi ou était-ce moi qui étais chez lui ? J'approchai, indécise quant à l'attitude à adopter, la porte grinça derrière moi, elle se ferma lourdement. Le garçonnet souriait de toutes ses dents, il avait quelque chose de doux et d'effroyablement inquiétant. Je m'installai, face à lui, il agita ses jambes joyeusement :

- J'ai vu tes deux enfants ! Ce sont des merveilles, leurs affreuses écailles ont enfin disparu ! Ils grandissent si vite !

Je ne pus m'empêcher de tressaillir de surprise : « Certes, ils sont étonnants sur bien des points. Excuse-moi, petit homme, je ne crois pas te connaître. » Je lui tendis le plateau de biscuits avant de me servir. Il trempa sa gourmandise dans son lait et c'est seulement après l'avoir dégusté qu'il répondit.

- Je te connais depuis toujours et toi aussi. Tu m'as rejetée de nombreuses fois, tu m'as dénigrée et méprisée. Il plissa des yeux rieurs. Mais jamais tu ne m'as craint, alors je cherchais le réconfort dans ce fait.

Igor avait ses soixante yeux ronds comme des billes braqués sur nous. Je devais leur montrer la voie, aussi celle de la folie ne me semblât pas adéquate. D'un geste de la main, je les congédiai, ils disparurent comme des ombres.

- Je suis désolée de t'avoir peiné si j'ai bien fait ceci. Et je suis encore plus attristée de n'en avoir aucun souvenir.

Il haussa les épaules, s'enfonça dans le fauteuil et balança de nouveau ses pieds qui ne touchaient pas le sol :
- Pas grave ! Je sais maintenant que tu m'acceptes. Il fit soudain la moue, par contre, j'en ai assez que ton drôle d'époux me prend pour une sorcière!

Je n'y comprenais plus rien, la bouche soudaine sèche, j'eus de la peine à trouver mes mots :
- Que veux-tu dire ?
- Rien, pas grave... Dis-moi, pourquoi ne pleures-tu pas Lyra ?

Son visage candide se détourna de moi pour observer toute la salle, comme si ma réponse lui importait peu. Je me pinçai discrètement le bras; non, je ne dormais pas. « Pas la peine de te faire mal, je suis réel ! » Son rire fusa comme un trille d'oiseau, et pour me prouver ses propos, il s'installa sur mes genoux comme le ferait mon fils. « Alors, pourquoi n'as-tu pas pleurer, Lyra ? »
- Je... je n'ai pas à la pleurer. Elle a été libérée de son maléfice.
- Mais, elle est morte. Il appuya sur le dernier mot avec un délice qui me fit frissonner.
- Non, elle vit, ailleurs.
- Oh ma Shadee, si seulement tout le monde pouvait penser comme toi.

Il me prit la main pour m'entraîner vers la double fenêtre donnant sur le parc de glace. Je fus pétrifiée, des centaines de regards étaient braqués vers notre direction; vampires, goules, harpies, tous les morts-vivants de mon domaine étaient postés là, à attendre je ne sais quoi.
- Tu les vois, mes enfants honnis. Ils pensent qu'ils peuvent m'échapper, ils m'ont fui, ils me craignent, mais tous ne se l'avouent pas... Tu les acceptes à présent, et tu m'aimes enfin à travers eux.

Ce n'était plus un garçonnet qui était à mes côtés et me tenait la main, mais une femme d'une rare beauté aux cheveux de feu, ses yeux verts avaient l'éclat de deux émeraudes.

- Bientôt, tu pourras côtoyer les élémentaires de mort, reprit-elle de sa voix féminine.

- Tantine ? :o

- Pas trop tôt ! Et dire que tes parents, me disaient que tu avais l'esprit vif ! Ma chère enfant, je suis ravie d'avoir pu discuter un peu avec toi, cette rencontre est trop courte... Je dois déjà te quitter et faucher ici et là pour laisser la place aux nouvelles graines ! J'espère y arracher aussi de la mauvaise herbe pour que ça pousse mieux dans ce monde. Fais un bisou à tes garnements, ne t'inquiète pas, je ne vais pas les cueillir tout de suite, mais qu'ils viennent me rendre visite et toi aussi, ça me fera plaisir ! Je leur apprendrai beaucoup!

Sur ces derniers mots, La Mort m'embrassa le front, et sous la forme reprise du garçonnet, s'évapora tel un songe. Je restai seule dans le Grand Salon, un vide étrange avait envahi mon coeur, dehors, les morts-vivants détournèrent leur regard.

- Sacrée Tantine... murmurai-je au Blizzard qui en crissa de rire dans les fondements de la bâtisse.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
~°~ La plume plus forte que l'épée ~°~
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Edité par Shadee le 15/04/13 à 22:49

Roxar | 16/04/13 10:38

* frissonne :o *

Roxar, humble guerrier nain

Au jour du jugement, la plume du diplomate pèsera aussi lourd que l'épée du guerrier

Edité par Roxar le 16/04/13 à 10:38

Neige II | 17/04/13 19:25

"Ca me fait peur tous ces morts :o "

Joli RP ;)

Neige II ,Prince De La Couronne Des Spliffs Sacrés De Gitanie

Index des forums > Rôle Play