Forum - La chute d'une Noire

Lyra Méfinnlath | 10/04/13 17:44

La guerre. C'était tout ce qui arrivait autour d'elle. Elle avait faibli dans les dernières lunes, au point où elle n'osait plus tenter une métamorphose. Le temps approchait pourtant rapidement. Ses alliés étaient tous tombés et elle, elle résistait seule. Bien entendu, la demi-elfe était souvent sorti pour partir à la guerre. Elle avait percé à 2 reprises, seule contre 3. Par contre, elle avait été attaquée à son tour et avait subi beaucoup de dégâts.

Regardant à l'extérieur, elle voyait la fin approchée. L'ordre d'évacuation avait été donné, les non-combattants partaient depuis le dernier assaut, mais le temps manquerait. Il fallait faire vite. Malheureusement, la lune se levait à l'horizon et les troupes ennemies revenaient de nouveau. Elle prit ses armes, après avoir prit soin de plier le parchemin qu'elle venait d'écrire, pour l'envoyer à son frère.

Elle se rendit à l'extérieur, plaça ses trois malheureux archers dans ses tours de garde et s'entoura de ses 29 paladins restants. La fin arrivait et elle le savait.

-Messieurs, ceci sera la fin. Ici, le sang coulera, le notre, mais aussi celui de nos ennemis. Combattez pour la justice, pour l'honneur, mais aussi pour sauver notre peuple, les gens du royaume. Ne faiblissez pas, et donnez tout ce que vous avez. J'ai un combat qui m'attend, faites en sorte que nous serons isolés et que je pourrai trainer sa carcasse par la suite.
Les ordres donnés, ils prirent position. Cette lune sera sa dernière, ou celle de son ennemi. Un cor sonna au loin puis tout commença. À partir de ce moment, ce ne fut que le chaos. Les morts tombaient, le sang giclait. Bien rapidement, l'odeur nauséabonde du sang qui nourrissait la terre emplissait déjà l'air, et cet air vicié empoisonnait la zone des combattants. C'était un enfer, et pourtant, ils n'étaient pas si nombreux à se tuer.

Une chose frappa la demi-elfe, c'était des troupes autres que des nains. Ainsi donc, il n'était pas venu seul cette fois. Un sourire carnassier, subtil et temporaire, fit bouger les lèvres de la femme. Elle se dirigea vers le nain, celui qu'elle connaissait bien de vue. Elle l'avait attendu, maintenant, leurs armes parleraient d'eux-mêmes.

Elle le chargea. Espérant le prendre par surprise, elle pensait l'abattre rapidement d'un coup, d'une danse de lames, mais il avait anticipé. La bataille suivit un cheminement graduel. Ses hommes avaient créé un espace entre eux et les autres, ce qui leur laissait le champ libre pour toute action.

Ce n'était plus que mouvement fluide, esquive, contre-attaque. Une danse, menant irrémédiablement à la mort éventuelle d'un des deux guerriers. Lyra avait des années d'expérience, comme Deude. Malheureusement, faible et malade comme elle l'était, si cela s'allongeait, ce serait à son désavantage. En fait, c'était ce qui arrivait, lentement elle ralentissait, ses coups étaient moins puissants, son agilité la protégeait encore contre la force brute du maître nain. Par contre, plus le temps passait, plus la hache et le cimeterre approchaient de la peau de la Noire. Elle se savait en mauvaise posture, mais refusait de se laisser aller. Puis un coup l'atteignit. Elle encaissa sans broncher. Elle recula quelque peu, se dégageant du combat et déchira sa manche. Ne perce pas les écailles d'une noire n'importe quelle arme. Elle avait réussi à se couvrir sur le bras à la dernière seconde.

-Deude, il est temps pour toi de goûter la puissance d'un dragon.

Un haussement d'épaules de l'ennemi, une charge. Lyra entreprit de prendre sa forme draconnique. Elle fut parcourue de spasmes, tomba a genou sous la douleur. Son corps refusa de coopérer. Elle était a présent en mauvaise posture. La demi-elfe ne pouvait pas se transformer ou éviter la charge, la seule solution, elle leva son arme.

Mais un nain, guerrier de centaines de lunes, rapide, costaud et puissant ne s'arrêtait pas qu'avec une lame. Mais Lyra n'était pas n'importe qui, il lui restait des forces. Elle ralentit la hache du nain. Ralentir ne suffisait pourtant pas. Le nain appuya de toute sa puissance sur le manche de sa hache...qui lentement fit reculer la lame de Lyra. Puis se fut la fin, la hache perça la garde de la dragonne et s'enfonça dans la chair. La plaie prit de l'expansion, laissant par le fait même le sang couler. Retirant la hache d'un mouvement fluide, la botte du nain accueillit le visage de Lyra, qui l'envoya valser plus loin.

Regardant au ciel, Lyra sentait sur son épaule, la mort qui l'a frôle. En fait, sa vie s'échappait. Puis le noir, la fin.

Une trame se brisa, un fugace moment, un frissonnement dans le monde. Quelque chose se froissa, et n'importe quel dragon le ressentit à travers les trames. Tout semblait déséquilibré à travers les différentes dimensions de ce monde. Les Noirs ressentirent plus intensément la mort de leur soeur, de leur mère, pour ce qui était d'Eragonnes. Ainsi s'en fut Lyra Mefinnlath, descendante de Derek et Anastiana.

Deude ne savait pas ce qu'il venait de faire. S'approchant le corps de la demi-elfe pour lui enlever la tête et la rapporter à Amon fut surpris quand un tétragramme maléfique apparut sur le front de la jeune femme et que son corps s'illumina. Une ombre, une aura maléfique se dégagea du corps inerte a ses pieds. Le nain recula, n'étant pas certain de ce qui arrivait. Il ne comprenait pas la source de cette manifestation. Puis, le noir se fit autour de lui et l'entoura. Cette fumée s'empara de sa personne, s'immisçant en lui. Une douleur le traversa, puis le tétragramme apparut à son tour sur son front. Il avait maintenant hérité du pouvoir démoniaque que Lyra possédait. Mais cela, ce détail ne lui apparut pas immédiatement...ainsi que les conséquences de ce pouvoir...Le corps disparut et il ne put prendre la tête, ce qui le laissa patois, mais la guerre était toujours autour de lui et il reprit le combat.

Un pigeon volait à tire-d'aile. Rapidement, il parcourait la distance. Certes, dans son cerveau animal, elle ne comprenait pas l'importance capitale du message à sa patte, mais il semblait possédé, et il allait rapidement vers Ombre-Lune. Il ne le savait pas, mais il en mourrait aussi, d'épuisement. C'est ainsi que le pigeon tomba rapidement sur un Noir figé, ayant ressenti le trépas de sa soeur.

Lyra Méfinnlath

Roxar | 10/04/13 22:17

(Très joli, un peu court à mon goût mais j'attends la suite avec impatience )

Roxar, humble guerrier nain

Au jour du jugement, la plume du diplomate pèsera aussi lourd que l'épée du guerrier

Deude | 11/04/13 06:49

Deude venait de tué la Noire. En voulant lui trancher la tête pour la ramener en trophée à Amon Khazad, il fut pris d'une sorte d'attaque. Il ne voyait plus rien autour de lui. Il ne pouvait plus respirer comme si on avait pris possession de son corps. Puis tout redevint plus clair, les cris des mourant, les combats.

Il se rappela de la Noire, de l'endroit où elle était tombée. Son corps n'était plus là. Il n'eut pas le temps de s'attarder sur ce qui venait de se passer : le capitaine de Lyra, fou de rage, était dors et déjà en train de charger. Deude para avec facilité son coup et lui trancha la gorge d'un revers de cimeterre.

Le Vénérable Ancien prit alors la parole :
Je pense que cette lune a était assez sanglante ! Nous allons vous laisser pensait vos blessés et faire le deuil de votre Maitresse.

Les nains se retirèrent en ordre de marche. Sur le chemin du retour, ils portèrent Deude en triomphe jusqu'au camp en scandant : Deude le Tueur de Dragon !! Deude le Tueur de Dragon !!

Au camp une nuit d'ivresse et d'allégresse fut organisée pour fêter la mort de la Dragonne.

Deude ne prit pas part à celle-ci, il était las de cette journée. Il repensa à l'attaque qu'il avait eu après la mort de Lyra Méfinnlath. Cela l'inquiétait au plus haut point. Depuis cet instant, un tétragramme était apparu sur son front mais ce n'était pas le seul effet,...
Quand il repensa à l'engagement qu'il avait pris avec Eragonnes, son tétragramme se mit à briller et un portail s'ouvrit en une fraction de seconde. Au travers, il pouvait apercevoir des créatures démoniaques, plus ou moins grandes, plus ou moins effrayantes. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait ... ébahi, il mit plusieurs secondes à les entendre ... "Maître" ? Elles l'avaient appelé "Maitre" ?

Pris de panique, il fit appelé son Maitre des runes. Celui-ci, arrivé au trot, était expert en arcane. Il ne mit pas longtemps à comprendre ce qu'il se passait mais s'interrogeait sur la raison. Il avait entendu parler du don des Noirs bien entendu mais rapidement il écarta cette hypothèse. Par contre, on lui avait rapporté des rumeurs sur un autre Don, plus maléfique, qui était présent dans la famille de Lyra. Un Don Démoniaque. Il lui expliqua ceci :

Vénérable, je n'en suis pas sûr mais je crois qu'il s'agit du Don Démoniaque. Une sorte de malédiction dont vous avez hérité en tuant Lyra. J'imagine qu'elle l'a acquis jadis de la même façon. Cependant, ce pouvoir peut être utilisé à votre avantage si vous y consacrez du temps et de l'énergie.

Les démons que vous apercevez vous obéiront si vous leur imposez le respect. Et ils ne comprennent qu'une chose : la force ! Si vous y parvenez, vous obtiendrez une armée de Démons a vos ordres. Dévastatrice. Sans pitié. Sanguinaire. Mais plus important encore, il y a, dans cet autre plan d'existence, des démons bien plus puissants que ceux que nous pouvons voir ici. Par contre, montrez la moindre faiblesse et ils se retourneront contre vous.

Pour les rallier à votre cause, vous devez développer votre pouvoir démoniaque. Celui-ci dépend de votre cruauté. Envers les êtres peuplant Daifen comme envers ces démons. Plus vous devenez puissant, plus vous les dominez, plus vous aurez d'esclaves démons et plus vous attirerez de démons puissants prêts à vous servir. Ceux-ci sont des impies.

Vous devez vous concentrer et contrôler le pouvoir de ce tétragramme. Vous devrez maitriser l'ouverture de ce portail démoniaque, afin de pouvoir faire déferler des vagues d'impies sur vos ennemis ou simplement pour vous servir ... ce que vous venez de faire à l'instant ... involontairement.

Ce portail peut aussi vous servir à rejoindre les enfers ... et à revenir sur Daifen à un endroit que vous avez déjà visité. C'est un pouvoir puissant ... et dangereux ! Je vous conseille d'être en ma présence quand vous l'utiliserez. Au moins le temps que vous appreniez à le maitriser.

Une fois le portail refermé, le maitre des runes sortit. S'en suivit la nuit la plus chaotique de l'existence de Deude ... mais pas la dernière.

(J'ai reçu de l'aide, peut être vous reconnaitrez son style, lui se reconnaitra Merci)

Deude Vénérable Ancien, Seigneur nain des Têtes d'enclume, Tueur de Dragon.

Edité par Deude le 11/04/13 à 06:51

Deude | 11/04/13 08:17

(Je ne savais pas on va dire que la première journée il est visible non )

Deude Vénérable Ancien, Seigneur nain des Têtes d'enclume, Tueur de Dragon.

Roxar | 11/04/13 09:27

(Il reste quand même des grosses fautes , pis les "..." partout c'est moche ... )

Roxar, humble guerrier nain

Au jour du jugement, la plume du diplomate pèsera aussi lourd que l'épée du guerrier

Lyra Méfinnlath | 11/04/13 15:42

Le pigeon arriva à destination, ou plutôt s'écrasa à destination. La pauvre bête avait volé à s'éclater le coeur, mais il avait atteint son objectif. Le Noir recevrait la missive de sa soeur. Lui ne comprenait pas l'importance du message sur l'avenir de son monde, sa pensée étant trop limitée, trop microscopique dans l'infinité de l'univers et des trames. Mais si Ombre perdait le contrôle, il pouvait bien à lui seul, rompre les trames et les déchirer d'une seule pensée.

La missive comportait un message simple que Lyra livrait à son frère.

« Ombre,

Mon frère, mon mentor,

Tu es sage et tu comprends les trames mieux que moi ainsi que ce monde. Pourtant, je sais au fond de mon coeur que tu ne peux comprendre ma mort. Il était temps, temps que je combatte une dernière fois, pour la survie ou pour la mort. Je t'avais confié la vérité sur moi, tu sais que mon temps était compté. Je sais que tu aurais voulu que je lutte plus ardemment, mais je n'en avais plus la force depuis longtemps. Les trames m'ont affaibli, laissant les maux me ronger de l'intérieur.

Je te confie Eragonnes. Elle est la digne héritière des Noires à présent. Née dragonne, entrainée dès son jeune âge, elle fera ta fierté, si tu continues à la guider. Le don que tu m'as donné aura servi à donner à ce monde une Noire forte et fiable, et malgré son jeune âge, elle sera prête à relever les défis, qui s'annoncent nombreux pour notre race. Je suis par contre désolé, j'aurais aimé la guider moi-même, mais je ne connais que si peu de choses. Soit fort, soit toi-même. Elle aura aussi un pigeon de ma part, tu n'auras donc pas à lui annoncer.

Une chose qu'elle ne saura pas c'est le nom de mon tombeur. Le seigneur Deude sera celui qui y arrivera. Ne lui en veut pas pour cela, s'il y est arrivé, c'est qu'il aura eu le dessus sur moi, dans un combat loyal. Mais je te connais, tu attendras ton moment pour le dévorer et recracher ses os quelque part. Tu as toujours été trop rigide Ombre, mais tu sais mieux que moi ce que tu fais.

Il est aussi temps de faire la paix avec certaines personnes. Tu ne peux pas continuer d'être en guerre perpétuel avec tout Daifen. Certaines personnes ont fait pires qu'eux et tu les as gardé dans ton coeur. Tu sais bien que j'ai fait des atrocités et pourtant tu me considérais comme ta soeur, jusqu'à la fin...peut-être me renieras-tu maintenant que je ne suis plus. Il n'y a que toi qui peux le savoir.

Je t'aime mon frère,

Ne fais pas d'erreur sous le coup de la colère. Je confie mes trames à Eragonnes, elle doit explorer le passé de notre famille.

Lyra. »

Lyra Méfinnlath

Neige II | 11/04/13 18:25

Neige était passé boire quelques dizaines de bière en taverne,en compagnie d'Herpès.

La taverne était animée.
Il y avait Erragonnes, les gentils nains,Roxar,Roucas et celui que Neige détestait le plus au monde,Deude.

Quand neige fit son entrée dans la taverne,ce dernier se disputait avec Eragonnes.Ils parlaient d'une chose qu'avait fait Deude à Lyra.

-Qu'a t'il fait à Lyra?" demanda Neige en pointant Deude du doigt.

-Il l'a tuée,Répondit Roxar.

Neige ne put empêcher la colère monter en lui,il attrapa le nain par la barbe et le souleva.
Erragonnes réussi a le calmer,en lui disant qu'elel et Ombre vengerait Lyra.

Neige but quelques dizaines de bière,sans montrer la moindre émotion.

Puis avec Herpes,ils quittèrent la taverne,a ce moment là,Neige éclata en sanglots entre les pattes d'Herpes.

Les derniers moments passés avec Lyra,sa filleule,avaient été difficiles,ils étaient en désaccord sur de nombreux sujets.

Neige repensa a toutes ses années ou il avait veillé sur elle.

Il serra les poings et se jura de venger sa filleule.

Neige II ,Prince De La Couronne Des Spliffs Sacrés De Gitanie

Ombre-lune | 11/04/13 20:52

Il arrivera un jour où tout, autour de toi, s'effondrera. Tôt ou tard, toujours, tout finit par s'écrouler, pour ne laisser que ruines et poussière. A ce moment précis, tu seras seul. Tu auras beau hurler, tempêter, laisser libre cours à la rage qui sommeille au fond de toi, tu demeureras seul. Totalement et absolument seul. Tu sauras alors ce que signifie véritablement la Tangence Primordiale, car à cet instant il ne restera que deux Voies. Une pour te mener à ta perte, un autre pour te conduire vers ton avenir. Souviens toi alors de mes paroles, elles sont celles que mon Père m'a transmises, et son père avant lui, et cela jusqu'au Premier. Seul dans un Néant créé par ton propre esprit car, en vérité, nous naissons seuls et nous mourrons seuls. Entre les deux, nous croisons d'autres vies, et cela est un immense bienfait autant qu'une terrifiante épreuve. Épreuve parce que ces autres vies sont comme des étincelles, parfois brillantes, parfois à peine discernables, mais qui toujours finissent par disparaître. Mais toi...toi tu demeureras, tu leur survivras, et tu seras seul avec tes souvenirs. Ils prendront mille teintes, de joies et de tristesses, tu te souviendras des bons et des mauvais moments, et nous sommes ainsi faits que nous n'oublions rien, jamais. Alors tu devras faire un choix. Succomber comme eux, et disparaître. Ou devenir enfin toi-même, entier, capable d'assumer la solitude la plus absolue. Si tu t'effaces, alors notre Lignée aura échoué. Mais si tu surmontes cela, tu pourras entamer ta propre Voie, seul et éternel, capable de créer ou d'anéantir un univers par ta seule pensée. Tu seras alors ce que nous appelons un Éclat Ténébreux, la Prophétie d'Elladyl aura atteint son terme et ton existence ne dépendra plus que de toi, déliée des contraintes du Temps.

Extrait des enseignements de la Voie Noire

***

Lune 1248, Sanctuaire des Dragons, Krak de l'Aîné:

-Laisse-moi seul, Elynn.

-Mais...

-Maintenant.

-Oui, Seigneur.

La jeune femme quitta la salle d'un pas dansant, comprenant que l'instant n'était pas à la discussion. La plupart du temps, L'Aîné était affable, du moins avec elle, mais quand il adoptait ce ton sans réplique, elle savait qu'il était préférable d'obtempérer sans mot dire, sous peine d'avoir à faire face à l'inflexibilité glaciale qui dormait sous le mince vernis de civilité dont il se bardait pour côtoyer les êtres. Elle referma les lourds battants d'obsidienne, qui se scellèrent aussitôt avec un claquement assourdi par leur épaisseur.

Ombre-Lune fixa l'autel un moment, immobile, les traits figés en un masque rigoureusement impassible, puis il s'avança vers le monolithe antédiluvien et posa les deux mains à plat sur la pierre noire veinée d'étranges arabesques mouvantes et faiblement lumineuses. Il se sentait creux, vide au-delà de toute expression, une Trame venait de disparaître avec soudaineté. Une Soeur venait de rejoindre les légions de ceux qui, au cours de sa longue existence, avaient disparu. Il ouvrit son esprit à la force qui demeurait dans la pierre, et fut aussitôt envahi d'un pouvoir torrentiel qui chassa comme un rien tout ce qu'il y avait d'humain en lui. Son apparence changea brutalement, sa forme Dragonnique prenant le dessus sur toute autre. Le sombre titan demeura quelques secondes comme figé tandis que son esprit évacuait tout ce qui n'était pas purement Dragonnique, puis il rugit à en faire trembler les montagnes. Comment cela avait-il pu arriver? Ainsi, la vieille faucheuse avait osé prendre sa Soeur...elle allait payer pour cela, insensée divinité qui depuis trop longtemps tentait d'entraver la Voie des Noirs. Que ladite divinité ne fasse aucune distinction de race et finisse par rappeler toute vie à elle ne lui vint même pas à l'esprit, le fait qu'elle ait eu l'audace de prendre la vie d'une des siens était un affront résolument personnel, et tout aussi résolument intolérable. Grondant de rage, il se téléporta là où il savait la trouver, ça allait être sa fête.

La Mort était nonchalamment assise sur son éternel trône d'ossement, rendant jugement après jugement aux âmes qui se présentaient, pâles fantômes dépourvus désormais de la moindre volonté, hormis celle d'avancer jusqu'à l'huis maudit qui menait pour qui aux enfers, pour qui aux paradis, ou encore, dans les limbes, quand l'âme avait été trop neutre pour que le jugement tombe sans appel. Elle tourna subitement ses orbites creuses à l'arrivée tempétueuse du Chevaucheur d'orages, un rictus se dessinant sur sa face pour témoigner de son mécontentement. Grinçante et déplaisante, sa voix s'éleva dans le morne lieu:

-Encore toi?! Je croyais que nous avions conclu un pacte, tu...

La lourde patte du Dragon l'atteignit de plein fouet, fracassant nombre d'os et l'encastrant dans son trône, qui partit à la renverse et se brisa. Le Dragon balaya d'un mouvement hargneux les âmes qui continuaient d'avancer comme si rien ne s'était passé, les éparpillant aux quatre vents pour se dégager un espace, puis d'un ton mauvais s'adressa à la Faucheuse:

-Où est ma Soeur, vieille folle?

La Mort se releva lentement, récupérant sa faux, et se dressa face au présomptueux d'une manière subtilement menaçante, désignant d'un geste vague les cohortes infinies qui attendaient l'heure du verdict.

-Sans doute quelque part par là. Je ne l'ai pas appelée. Et tu sais à quel point cela m'offense que l'on ne respecte pas ma place, Dragon...

Le long cou du Dragon se ploya, amenant sa gueule bardée de crocs et déjà prête à calciner la Mort tout près de l'entité, il murmura avec un insondable mépris:

-Je me fous de ta place, tu n'es qu'une vague force issue des peurs des êtres, pour moi tu n'es plus rien, juste un petit tas de cendres en sursis. Maintenant, je repose une dernière fois la question: où est ma Soeur?

La Mort garda le silence un instant. Bien sûr, elle était tout de même une déesse, et malgré son arrogance le Dragon ne pourrait pas l'anéantir, pas tant que des êtres croiraient en elle. Mais ce foutu Noir était fichtrement capable de ravager son réceptacle osseux. Et devoir aller, sous forme d'esprit, quémander à ses prêtres assez d'énergie pour s'en recréer un avait un petit quelque chose de suprêmement déplaisant. Aussi désigna-t'elle la file et répéta:

-Quelque part là-dedans. Je ne m'intéresse pas à ta Soeur, Seigneur de la Pétrifiée, ni à aucune autre âme, tant que son heure n'est pas venue. Maintenant, vas la chercher si tu veux, emporte-là si elle le veut et bon débarras! Mais je t'avertis, Dragon, que si tu t'avises de jamais revenir ici de la sorte, je n'aurais de repos avant d'avoir tranché les fils de vie de tous ceux qui commettront l'erreur de t'approcher...

-Des menaces? Pauvre petite chose...essaye un peu, je me ferais une joie de renvoyer au Néant tous tes temples, tous tes prêtres, et de faire de toi une vague ligne dans un livre d'histoire poussiéreux. Ne me menace plus jamais, ni moi ni aucun de ma Famille ou, j'en fais le serment, tu connaîtras le sort de Num. Suis-je assez clair, "Déesse"?

-Fou...ignores-tu que je ne suis pas seule?

-Je n'ignore rien. J'ai vu tes semblables figés dans leur demeure, oubliés des êtres, dépossédés de toute force, de toute existence, un souffle aurait suffit à tous les briser comme les vieilles poteries inutiles qu'ils sont devenus. Les êtres ne croient presque plus en vous, ils se sont tournés vers l'or, vers leur machines et vers eux-mêmes, c'est pour cela que je peux t'atteindre. Éloigne-toi des miens, Faucheuse, si tu veux durer encore un peu...peut-être même que je te rendrais quelques services, si tu es une gentille fille...

Le rire sismique de l'Aîné souleva d'épais nuages de poussière autour de la Mort vaincue, puis il se détourna avec dédain et hurla à en fissurer les limbes en direction de la cohorte:

-LYYYYYYRRRRRRRAAAAAA??????

Edité par Ombre-lune le 11/04/13 à 23:15

Ombre-lune | 13/04/13 13:28

(Arf. Tu ne lis pas ça au bon degré, Roxar. C'est une métaphore allégorique, le "monde" de la Mort dans lequel Ombre-Lune évolue est totalement onirique, il n'existe que dans l'esprit du Dragon et symbolise un conflit "spirituel" d'acceptation de la mortalité. Dans cette idée, Ombre-Lune est très jeune(pour un dragon), et comme tous les jeunes il se croit immortel, rien ne lui semble impossible, la vieillesse est une chose étrange, inconnue et très lointaine. Son esprit n'accepte pas la mort de sa soeur, il ne veut pas y croire, et son âme hurle silencieusement dans le vide causé par cette perte, comme s'il y avait une possibilité que la mort ne soit pas une étape définitive et que s'il se concentrait assez il pouvait faire comme si ça ne s'était pas produit. C'est aussi le sens du paragraphe du début, les notions de solitude totale et de "pouvoir absolu" ramenant précisément au fait que ce monde onirique est issu de sa seule imagination, il symbolise l'apprentissage spirituel qui mène à la sérénité, passant par l'acceptation de la mortalité, la liberté totale de l'esprit et de l'imagination par opposition à la réalité, dans laquelle il n'est comme nous tous qu'un grain de sable bien impuissant face à l'immensité de l'univers. Mais don't act.)

"Ce que ma plume trace, que jamais ma lame ne l'efface"

Bart Abba | 13/04/13 14:08

Pfiouuuu !! Et bin ça, fallait le komprendre...
Moi, j'étais un peu komme Roxar, je me disais, Ombre s'enferme dans son histoire, personne ne peux rivaliser avek un pareil kador. Donk, ça rejoignait le début du paragraphe. A fermer toutes les portes, on reste seul kar personne n'ose plus t'approcher, même par la pensée !

ça n'empêche pas ke j'aime te lire !

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Bart Of Ze Horde
Nul n'est censé ignorer la Horde.