Forum - Retour à l'abbaye.
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Mandalore | 13/03/13 14:47
Eh ben, ça tombe en ruine ici...
Il aurait au moins pu engager quelqu'un pour faire le ménage, rapiat de commerçant.
Bon quand faut y aller, faut y aller.
Mandalore se saisit d'un balai et commença à remettre un peu d'ordre dans l'abbaye.
Depuis qu'il était parti, et que l'abbé avait monté son comptoir, personne n'habitait plus ici, la poussière s'était accumulée au sol, sur les meubles. Des araignées énormes paressaient au coin des vitraux. Des oiseaux vivaient avec leur famille entière au-dessus des poutres.
Après plusieurs heures, à vrai dire presque une journée, l'abbaye brillait du sol au plafond, on aurait dit qu'une lune à peine s'était écoulée depuis son départ.
Il alla s'installer dans son ancienne chambre, les souvenirs des dures journées d'apprentissage et d'entrainement refaisant surface; puis partit à la bibliothèque afin de se distraire en attendant l'abbé Lludd, qu'il avait tant hâte de revoir.
**
Ce qu'il s'était passé sur Ordradhil était dur à digérer. La trahison est monnaie courante sur les terres de Daifen mais elle est accentuée lorsqu'il s'agit d'une aventure comme celle-là.
Trois ordres. Ils étaient trois ordres à avoir décidé de s'en prendre à la Guilde Commerciale et ce malgré les engagements qu'ils avaient signé avec cette dernière.
Mené par la colère l'abbé avait mené une vendetta contre ces trois ordres. Les Mercenaires Phocion, Voltaire, Urua étaient tombés sous ses coups tandis que seul le membre de l'Invictus Ze Pequeno avait succombé en emportant l'abbé avec lui.
A ce jour seuls les Initiés étaient passés entre les gouttes faute d'avoir eu à faire avec l'homme d'église.
Mais une telle attitude destructrice ne lui ressemblait pas. La guerre n'était pas une fin en soit bien qu'elle soit nécessaire à certains moments.
Las de ces conflits l'abbé décida d'aller passer quelques temps à l'abbaye de Saint Kloarn pour y méditer.
A chaque fois qu'il sentait le doute l'envahir il prenait le chemin du sanctuaire pour y trouver la paix ainsi que les réponses à ses questions.
A cela s'ajoutait la réception de ce fameux pigeon de Mandalore lui donnant rendez-vous dans ce lieu saint.
Une centaine de lunes avaient traversé le ciel depuis leur dernière entrevue et nul doute qu'il arriverait le premier au rendez-vous.
Sa dernière visite remontait à bien longtemps il se demanda dans quel état il retrouverait l'édifice.
A sa grande surprise il le trouva quasiment dans le même état qu'il l'avait laissé. Et pourtant il n'y avait aucun bruit. Le Divin avait-il pris soin de l'abbaye pendant son absence. Pris de remords l'abbé se promit de ne pas profiter d'une telle bonté à l'avenir et de ne s'éloigner de cet endroit pur pas plus longtemps que deux lunes.
L'abbé se rappela la première fois qu'il avait mis les pieds dans l'édifice à l'âge de treize ans. Sa première envie avait été de se rendre à la bibliothèque pour y contempler les nombreux ouvrages, dont certains unique, la composant.
Les yeux humides ses pas le menèrent instinctivement vers cet endroit.
**
Entendant des pas dans la bibliothèque, Mandalore se cacha derrière un rayon et attendit l'intrus, la main sur le pommeau de son épée longue (style XVIIIb de la classification de Oakeshott pour les gens qui veulent se documenter un peu ou des détails précis ^^).
Même à contre jour, la silhouette bedonnante et la coiffure tonsurée de l'abbé, ne passaient pas inaperçus.
Mandalore sortit de son rayon. Il avait dû bien changer physiquement vu la tête de l'abbé.
Étant adolescent, il avait été mince et petit, sa rapidité compensait son manque de muscles, fine lame mais encaissant peu. Il était timide et naïf, d'aucuns pouvaient le trouver mignon.
L'homme qui sortit de derrière les rayons était grand, bâti comme un nageur, les cheveux mi- longs lui tombaient toujours devant les yeux mais ne cachaient pas la lueur faible d'un bleu intense que diffusaient ses yeux.
Ému, il lança un timide :
« Bonjour Lludd, le temps m'a paru bien long loin d'ici... »
**
Bien que perdu dans ses pensées l'abbé sentit que quelque chose clochait. Les mains, cachées dans les manches de sa bure devant lui, saisirent les deux poignards qu'il gardait caché. Il avança ainsi vers le pupitre où se trouvait une lanterne éteinte. D'après la fine odeur de brûlée et le léger filin de fumée s'en dégageant l'abbé en déduisit qu'elle venait d'être éteinte il y a peu. Les sens toujours en alerte il se retourna lorsque la douce voix se fit entendre, augmentée par l'espace vide et imposant de la bibliothèque.
A première vue il ne connaissait pas la personne l'ayant apostrophé, mais en y regardant de plus près l'abbé la reconnu.
« Bien que tu ais changé mon petit depuis notre dernière rencontre tu garderas toujours les yeux de ta mère.»
L'abbé lui montra un fauteuil le priant d'y prendre place tandis qu'il s'installa tranquillement dans celui lui faisant place.
« Te voici de retour chez toi. Je présume que tu as du voir du pays. »
**
« Mon retour s'est fait dans des conditions qui pourraient vous choquer malgré ce que vous avez vécu.
La dernière lettre que vous avez reçue de moi avant mon retour racontait une expérience assez terrifiante, je ne sais pas si vous vous rappellerez.
Au cours de cet évènement, une voix froide et glacée m'avait dit que je vaudrais plus le coup plus tard.
Je commence à entrevoir les significations de cet aveu, vous comprendrez mieux après que je vous ai raconté ceci.
J'étais partis d'un bon pas ce jour-là, les kilomètres défilaient, le vent frais ramenait mes cheveux devant mes yeux et fouettait agréablement mon visage, le paysage était magnifique, des collines verdoyantes, des falaises plongeantes, des forêts ondulantes.
Plus le paysage devenait montagneux, plus je ressentais une impression étrange. Une sorte de bien-être, comme si j'étais chez moi dans ce lieu sauvage. Une atmosphère que je n'avais jamais ressenti se levait.
Perdu dans mes pensées, je ne remarquai pas l'ouverture dans laquelle j'allais me glisser pour entrer dans une sorte de cuvette circulaire entre deux pieds de montagnes.
Émergeant des profondeurs de mon esprit, je me rendis compte de la beauté singulière du lieu.
Des cascades d'une pureté inégalée descendaient des hauteurs entourant ce paradis.
L'eau était transparente au possible, des poissons nageaient lascivement et n'évitaient pas même mes pas lorsque je traversais les bacs peu profonds, ce qui prouvait l'absence de créatures hostiles depuis bien longtemps dans cette région.
Une des chutes attirait mon attention, mon esprit y était comme attiré par une force que je ne comprenais pas. Plus je m'en approchais et plus j'avais l'impression que la cascade elle-même respirait... L'eau oscillait plus que de naturel et il me semblait entendre un bruit sourd couvert par le fracas de l'eau sur l'eau.
J'avançai donc vers ce mur de cristal liquide, pareil à un zombie envoûté par une mélodie de mort, à ceci près que la sensation que je ressentais à ce moment était une plénitude extrême, je nageais dans un océan de vie...
J'arrivai si près que je sentais les gouttes tomber sur mon visage. Une dernière impulsion d'attraction me décida à traverser et à ma grande surprise, je me retrouvai dans une grotte illuminée par le reflet de la lumière extérieure sur des myriades de cristaux étincelants incrustés dans les murs.
Presque nez à nez avec moi se tenait la créature la plus magnifique que j'aie pu voir ou imaginer. Un immense Dragon Blanc qui emplissait la grotte pourtant spacieuse.
Les lumières dansaient sur ses écailles donnant l'impression qu'elles émanaient de lui, c'était un spectacle d'une beauté à couper le souffle.
Je n'avais jusque-là vu qu'un seul Dragon dans sa forme reptilienne et il était d'un noir profond (vous vous souvenez sans doute que j'avais participé à Certadhil 3 où Noir-Feu était présent). Je ne me doutais pas que d'autres couleurs pouvaient exister et encore moins une couleur aussi éclatante.
Je ne sais combien de temps je restai à le contempler, trop peu de temps à mon goût avant qu'une voix ne résonne dans mon crâne :
-Jeune étranger, qui es-tu et quelle est la raison de ta venue dans ce lieu ?
La voix me procura des frissons jusque dans l'âme tant elle était imprégnée de magie, de sagesse et d'âge.
-Je... Je suis Mandalore, jeune explorateur de ces contrées, je cherche à découvrir le monde, les merveilles dont il dispose et apparemment, je viens d'en découvrir une.
-En effet humain, tu es ici dans la Source dont je suis le Gardien, tu m'as l'air quelque peu béat devant la découverte de cet endroit, quelle est la raison de cet état ?
-Eh bien, je ne m'attendais pas à voir un Dragon où que ce soit durant mes voyages et encore moins un Dragon Blanc monsieur... Euh, comment dois-je vous appeler ? Techniquement, je me vois mal vous appeler sire ou monsieur...
-Tu es franc et curieux, c'est bien. Appelle-moi Maël, c'est le nom que j'utilisais avant d'être choisi.
-Choisi pour quoi mons... Maël ?
-Pour garder la Source. Mais je ne t'en dirai pas davantage, il me l'a été interdit. Que disais tu à propos des Dragons ? Tu n'as pas dû sortir beaucoup de chez toi si tu n'en as vu aucun Blanc.
-Au contraire, j'ai voyagé plus loin que la plupart des seigneurs de Daifen et le seul que j'ai pu voir est Noir-Feu, un ancien et immense Dragon Noir, il me semble que Larme de Fée, son fils, en est un aussi mais je ne l'ai jamais vu sous cette forme.
La voix dans ma tête explosa d'une manière pas vraiment douloureuse mais assez désagréable.
-Que dis-tu ? Il ne reste que cela de mon espèce ? Comment est-ce possible ? Sais-tu comment c'est arrivé ?
-Non, je n'en ai aucune idée, on m'a parlé d'une Fraternité Dragonnique durant ma jeunesse mais quand j'ai atteint l'âge d'homme, ce n'était plus qu'une légende, seuls restaient ces deux représentants, je n'ai jamais su pourquoi...
-Hum c'est fâcheux, très fâcheux... Notre race ne doit pas s'éteindre, surtout pas... Les Trames ne s'en remettraient pas, il faut un équilibre... Oui... Peut-être que... Jeune humain, sais-tu manier l'épée et la magie ?
-Je me défends avec une lame mais je n'ai jamais essayé de me lancer sur la magie. C'est un art auquel je n'ai trouvé personne pour m'initier.
-Tu trouveras bien, il n'est jamais trop tard. Te sentirais-tu capable de recevoir mon Don et de défendre ma race contre l'extinction, d'aider nos derniers représentants à devenir les premiers d'une nouvelle génération ?
Avide de nouvelles expériences et sentant que le vieux Dragon pensait que cela devait être impératif pour le bien d'une race, je ne pouvais dire non, de plus, le pouvoir Dragonnique m'a toujours intéressé mais je n'ai jamais osé l'étudier de près, voilà qui pouvait m'y aider. (Vous ne pouvez nier que se planter devant Noir-Feu pour lui poser des questions à propos des capacités d'un Dragon nécessitait une énorme dose de courage voire de folie...)
-J'accepte Gardien, je ferai de mon mieux, pourrez-vous me former aux arts Dragonniques ? J'ai des doutes quant à la bonne volonté de l'Aîné des Noirs à m'enseigner...
Des spasmes secouèrent le corps volumineux du Dragon, j'ai pris ça pour un rire.
-Je t'apprendrai à te transformer et à communiquer par l'esprit sous ta forme de Dragon, c'est tout. Il te faudra découvrir le reste par toi-même si tu veux pouvoir l'enseigner à la prochaine génération.
A peine avait-il terminé sa phrase que je sentis mon âme brûler, j'eus l'impression de changer de monde, de dimension, je me suis retrouvé dans une étendue vide, tout était blanc, je ne me sentais pas reposer sur quoi que ce soit.
Je sentis mon corps changer, je sentais les muscles qui se rigidifiaient, je ressentais toutes les particules de mon corps comme jamais, j'avais conscience de ce dont j'étais fait, de ce qui se passait en moi, de ce que j'étais à chaque moment.
Je réintégrai ce monde aussi vite que je le quittai. Le changement fut brutal et mes nouvelles perceptions me surprirent. Je captai chaque gouttelette qui tombait sur l'étendue d'eau, le plus infime mouvement des écailles de Maël, je voyais chaque arrête de chaque pierre encastrée dans le mur, puis tout se calma.
Je me retrouvai comme avant si ce n'est que j'avais l'impression que mon corps était plus athlétique, que ses possibilités avaient été décuplées, je me sentais sain, en forme.
-Alors, ça t'a plu jeune Dragon ?
-C'est donc ça un passage de Don ? C'est extraordinaire. Quel était cet état dans lequel j'étais en revenant de... Je ne sais où...
-Tu étais en toi-même, ce n'était pas bien loin. *Gloussement orageux* Et cet état comme tu dis n'était que ce que tu perçois sous ta forme de Dragon, tes yeux et tes oreilles n'étaient pas complètement revenus à leur état humain. Va maintenant, va ouvrir la voie, aide les survivants, cherche la nouvelle génération et aide la du mieux que tu peux, tu portes mon pouvoir, montre t'en digne !
-Et votre enseignement? Que devient-il?
-Tu as juste à le vouloir, tu réussiras, mon enseignement est passé à travers le Don que tu as reçu.
-Ne pourrais-je vous aider ici ?
-Je souhaite rester seul, cette tâche m'a été confiée à moi seul, je dois m'en acquitter, de plus, je ne me transforme guère plus en humain désormais, je serais d'une compagnie exécrable. Allez va-t'en, je ne veux plus te voir, je veux revoir l'âge d'or de notre espèce, que les Dragons repeuplent le ciel et vivent de nouveau pour que les Trames s'équilibrent toujours !
Il accompagna mon départ d'un interminable rugissement qui fit trembler l'eau autour de mes jambes, s'envoler les oiseaux de tous les arbres à des kilomètres alentours et laissa une tristesse sans nom au fond de moi : j'avais laissé un des derniers Dragons existants seul, résigné à son sort et je m'en allais libre, vers l'aventure de toute une vie.
Je compte bien lui faire honneur en respectant la raison qu'il avait de me transformer.
C'est ainsi que je suis allé voir l'Aîné des Dragons Noirs, apprendre ce que je pouvais et me former au Krak.
Ombre-Lune a répondu à certaines de mes questions mais je le sentais hésitant, surement à cause de notre différence et de vos différends.
J'ai longuement hésité avant de venir vous en informer, j'avais peur de votre réaction.
**
L'abbé s'enfonçât un peu plus dans son fauteuil.
-Hé bien mon garçon, on dirait que tu as eu de la veine.
Puis plus sérieusement
-Tu craignais ma réaction ? Pourquoi ? Pour avoir embrassé une quête de la part d'un Dragon ? Ne craint rien je ne t'en tiendrais pas rigueur. Dans chaque créature à qui le Seigneur a donné la vie il y a des brebis galeuse. Il ne faut pas généraliser en se basant sur quelques individus. Il y a du bon dans les Dragons comme il y en a dans les Orcs, les Gobelins, les Trolls ou toutes autres créatures dites "malfaisante". On peut également trouver du mal dans les Humains, les Elfes, les nains.
J'ai combattu depuis la nuit des temps les ascendants d'Ombre-lune non pas pour ce qu'ils sont mais pour la perfidie et le Mal qu'ils représentent. Tu as eu raison d'aller le voir pour essayer de comprendre ta nouvelle nature afin de mieux la maîtriser. J'aurai fait une autre tête si tu avais embrassé sa cause.
**
Mandalore soupira de soulagement.
Après ces évènements et ce qu'il savait de l'opinion de l'abbé en matière de Dragons, il ne pouvait qu'être heureux de cette réaction calme et encourageante.
-Oui, je me doute que si j'avais fait partie de la famille d'Ombre, vous n'auriez pas eu la même réaction...
Je ne suis pas sûr qu'il aurait voulu de moi, nos rapports sont amicaux mais nous n'avons jamais eu d'amitié forte comme avec Shadee par exemple.
Je dois vous laisser à présent, je dois continuer à apprendre l'histoire des miens au Krak et à m'entraîner pour maîtriser au mieux les pouvoirs que je porte.
Ce fut un réel plaisir que de pouvoir à nouveau parler avec vous et de vous revoir après tant de temps loin de l'Abbaye.
Ils sortirent sur le terrain d'entrainement, puis après une solide poignée de main façon guerrière, l'abbé attira Mandalore pour une étreinte.
-Vous allez être un des premiers à me voir me transformer, j'espère que vous allez apprécier le spectacle.
Cette phrase terminée, Mandalore devint plus pâle, sa peau semblant se changer en marbre, son cou s'allongea, son visage se déforma et devint plus longiligne, son corps grossît à vue d'oeil, ingérant ses vêtements, des ailes se formèrent dans son dos.
Au bout de quelques secondes, un jeune Dragon Blanc se tenait dans la cour, à l'endroit où se tenait le jeune homme.
Quelques battements d'ailes et Mandalore était dans le ciel, presque invisible sur le fond de nuages, s'en allant vers son apprentissage.
Edité par Mandalore le 13/03/13 à 14:47
Roxar | 13/03/13 15:49
Roxar, humble guerrier nain
Au jour du jugement, la plume du diplomate pèsera aussi lourd que l'épée du guerrier