Forum - De Cendres et de Sang

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Shadee | 27/01/13 15:44

Suite de: La Dette de Sang [Lien HTTP]

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Ce dragon avait peut-être joué de ruses avec les Ombres pour s'infiltrer dans le camp, toutefois elles ne furent point assez fortes pour arrêter ma course. Il a tué mon compagnon de toujours, mon roi et pion, celui qui fut guidé par mon rôle de conseiller. Seypher avait essayé de me cacher des choses, mais je suis l'oeil d'Olwë et l'amant de sa mère ; elle redevint la Reine Iwen toute puissante à l'instant même où le dernier souffle quitta le corps du régicide. Plus d'époux, plus de fils, plus de limites à son pouvoir. Ma passion grandissait, plus forte, à ce nouveau cycle qui s'annonçait pour les Elfes d'Olwë. Sans doute m'avait-elle enchantée, ne la nomme-t-on pas :L'Ensorceleuse. Elle n'est pas capable d'aimer, c'est une faiblesse qui embrume l'esprit et peut conduire à des actes idiots. Je le sais, elle ne m'aime pas, elle m'utilise, c'est moi qui ai dû souffler à son fils de tuer son père pour qu'il accède au trône réduisant ainsi à néant la barrière de la fille de éléments, sauf qu'elle n'avait pas pensé à la déraison de son fils qui la voulait pour femme. Je n'ai pas commis ce crime de trahison par amour, mais par la folie qu'elle a instillée dans mon esprit, elle est mon divin poison. En offrant le trône à son fils, je la libérai de son époux, elle était à moi pour le pire de ses plans. Je ferai tout pour la servir jusque à me tuer.

Je l'attendais aux Bois au Murmures. Sous le dais des feuillages intimes, nombres de conspirations se sont mêlés à nos soupirs de luxure. Blonde, élancée, sa beauté froide comme la glace me figea, encore... Un trait de contrariété barrait le creux de ses sourcils. Ses yeux améthystes ressemblaient à deux joyaux de douce rage.

- Trop de morts pour le Sang de Jub... Devrais-je pendre votre corps à l'entrée de la ville pour l'apaiser ?

- Si cela vous apaise, oui, pour le dieu, non, répondis-je en la saisissant par la taille.

- Vous blasphémez - dans un mouvement gracieux, elle se libéra de ma prise et m'embrassa de son attention embrasée. Il est mort à cause d'un reptile, un chasseur de dragon suffirait à l'anéantir, aucune gloire, nous devons changer l'histoire. Il souffrira. Où se trouve la garce des éléments ?

Une chouette hulula quelque part, le feuillage frissonna.

- Envolée.

J'étais un mort au bord d'un gouffre, son silence m'empoigna, implacable, je sentis peu à peu l'air me manquer.

- Comment Seypher a pu se laisser prendre par sa ruse ? Les jumeaux sont vivants ! J'aurais dû être avec lui. Ils seraient là et les corbeaux se gorgeraient des cadavres des primotaures.

- Une armée de vampires est apparue de nulle part pour les protéger.

Une moue méprisante renforça son charme indéfinissable : « ils auraient donné un goût de cendres d'autant plus délicieux. »

- Shadee aurait pu...

- Nous nous fichons de cette bâtarde ! » Elle cracha ce mot avec une haine que sa jalousie a sculpté saisons après saisons. Jamais, elle n'a pardonné à feu son époux cette liberté de couche qu'il avait eu en campagne. J'étouffais. Mes entrailles devaient se réduire à la grandeur d'une orange quand elle serra le poing « Elle n'a guère d'importance. Tuez-la s'il le faut, elle n'est guère invincible, toute fille des éléments qu'elle est. » Un heureux sourire dansa sur ses lèvres d'une exquise finesse.

- J'ai besoin de vous.

La douleur m'abandonna quand elle susurra à mon oreille un « je sais » plein de merveilles.

- Je vais entrer dans la danse. Nos pas seront à la gloire d'Olwë, à la vengeance et à l'honneur, ma douceur.

Ses lèvres de miel s'emparèrent des miennes. Elle jouait encore avec mes sens. Je ne pouvais que la suivre aveuglément. Mon esprit à ses côtés me semblait toujours plus clair, aiguisé alors qu'elle me liaient dans des illusions. Elle se débarrassera de moi quand je ne lui serai plus utile, je le savais, à cet instant je l'oubliais pour me noyer dans les vagues de sa volupté. Sa langue était chaude et titilleuse, elle délia ma vision. Ils étaient dans des brumes, dans un ailleurs. Un être veillait sur eux, un être qui pouvait aussi les anéantir, un envoyé des esprits primordiaux. Sa main glissa vers mon entre-jambes, je basculai dans le vide, un raz de marée de sang brouilla la vision, je me sentis être homme plus que jamais. Je savais que nous allions vaincre.

Edité par Shadee le 27/01/13 à 15:56

Bart Abba | 28/01/13 12:33

Pffiouu... :p J'ai tout relu, c'est joliement bien ékrit mais j'avoue ke je m'y perd un peu...

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Bart Of Ze Horde
Nul n'est censé ignorer la Horde.

Ombre-lune | 01/02/13 01:34

Je dansais, silencieusement, au coeur des Brumes. C'était une lente valse, grave et joyeuse, je tenais dans mes bras nos enfants, Orféa et Haelyon, issus de deux sangs qui se mêlaient en eux, je le sentais, d'une manière étrange et inconnue. Je sentais également, présence à peine perceptible mais sans cesse aux aguets, le Gardien, étrange entité dont je ne percevais qu'imparfaitement la nature et les buts. Sa présence et son observation permanente avaient quelque chose de dérangeant, ce qui aurait dû être un instant sacré et privé était ainsi épié, jaugé, mesuré.

Il y eut soudain, pendant un bref instant, comme un autre regard qui se braqua sur nous. Un regard plus nettement malveillant, aux rêves emplis de sang et de luxure. J'avais déjà senti cette odeur...le conseiller de Seypher. Ainsi, la lente machination prophétique perdurait, au gré des intérêts politiques d'un royaume lointain qui ne m'importait somme toute que peu, portée par une poignée d'êtres avides de pouvoir absolu. Le Gardien avait-il senti ce regard? Shadee l'avait-elle senti? Je préférais ne pas troubler la sérénité de ce temps trop rare en famille avec mes impressions macabres, et passais la fin de la journée à profiter de ces instants simples, auprès des miens.

Plus tard, contemplant mes enfants et mon épouse endormis, confortablement assis dans un fauteuil de brume, je songeais à tous les éléments en ma possession, tournais et retournais le tout cent fois, sans trouver une voie satisfaisante. Je savais que la vie des êtres qui m'étaient chers était menacée, mais je ne pouvais mettre fin à cette menace à la manière habituelle des Noirs, car elle ne comprendrait pas. Je ne pus m'empêcher de sourire en pensant à la manière dont Orféor aurait résolu le problème. Le Feu purifie toute chose, aurait-il dit, et des ennemis il ne serait resté que cendres. Mais je ne pouvais agir ainsi. La nuit passa, lentement, instants précieux de calme infini, malgré ces pensées qui s'entrechoquaient sans cesse en mon âme.

Toute chose a une fin, pourtant, et les meilleures plus rapidement que les autres, pour ce que j'en percevais. Je n'avais jamais bien supporté l'inaction, supposant à tort ou à raison que ne rien faire représentait un premier pas vers l'immobilisme, et cet immobilisme représentait pour moi le début d'un cycle menant à l'apathie, puis à la fin. Le lendemain, je me rendis donc une nouvelle fois sur Myrilla, malgré ma réticence à laisser nos enfants pour un temps. Là, je parlais longuement avec Elynn, à qui j'avais confié le commandement de la Légion d'Ivoire. Ainsi que je m'y étais attendu, aucune action militaire n'était venue du Royaume d'Olwë, mais après cette intense conversation, je commençais à entrevoir les raisons profondes de cette intuition, le croyais en tout cas. Il me manquait encore quelques éléments historiques, afin de pouvoir cerner entièrement la situation, mais je pensais malgré tout en savoir désormais assez pour tenter de définir une méthode d'action. Sans plus tarder, je me rendis dans la terre oubliée qui abritait mon Krak depuis si longtemps, et délaissant la sombre bâtisse, je m'enfonçais dans la profonde forêt qui recouvrait de vastes étendues à l'est. Quelques heures plus tard, j'atteignis enfin mon but, une clairière de bonne taille dont l'un des côtés révélait un haut promontoire rocheux. Peu d'êtres auraient eu la moindre chance d'apercevoir qui que ce soit en ces lieux, mais j'étais le dernier Gardien de ce monde au-delà des brumes, aussi quelques petits êtres ne tardèrent pas à se manifester, une grande surprise peinte sur leurs petits visages presque tous surmontés de chapeaux plus ou moins fantaisistes. Après moult palabres, quelques-uns partirent chercher celui que je voulais rencontrer, l'Ancien du peuple des Korrigans. Il ne dirigeait pas à proprement parler ce peuple, mais son influence était grande et rares étaient les Korrigans qui ne suivaient pas ses conseils ou ses demandes.

Il arriva un bon moment plus tard, apprêté comme pour la plus grande des occasions, paré d'un haut de forme invraisemblable, d'une redingote soigneusement boutonnée et de souliers impeccablement vernis. Sans un mot ni un regard, il s'installa sur un fauteuil apporté par deux de ses congénères, puis tapota de sa canne sur un caillou pour que commence l'inévitable rituel d'accueil. Quelle que soit l'urgence qui amenait le visiteur, ne pas sacrifier à cette tradition lui fermait inéluctablement toute attention de la part de l'ancien, aussi me gardais-je bien de manifester la moindre impatience alors que nous dégustâmes la dernière cuvée de leur bière, puis la cuvée précédente, et bien d'autres encore. Après ces nombreuses libations, chaque Korrigan présent sortit une pipe, et entreprit de la bourrer avec une lenteur tout à fait remarquable. Ce fut seulement lorsque la dernière braise se fut éteinte que l'ancien me sourit, et me salua selon leur protocole alambiqué. Je répondis dans les formes, à sa plus vive satisfaction et à celle de ses concitoyens, engendrant un bref brouhaha approbateur. Puis, il me demanda ce qui m'amenait en leur terre. Nous parlâmes jusqu'à l'aube, car ma demande l'étonnait grandement. Enfin, il prit une expression des plus sérieuse, réfléchissant soigneusement et longuement à la réponse à me donner. Puis, alors que je commençais à me demander s'il ne s'était pas endormi, il déclara qu'il était d'accord, et fit signe à son plus proche conseiller de répandre partout la nouvelle. Il était surprenant de voir à quel point les Korrigans pouvaient faire traîner interminablement certaines choses, et aussi manifester une célérité ahurissante lorsque ils le décidaient. Moins d'une heure plus tard, une foule bigarrée se pressait dans la clairière, je doutais que quiconque ait jamais vu autant de ces petites êtres par ailleurs plutôt solitaires réunis. L'ancien souhaita bonne chance à tout un chacun au moyen d'un discours haut en couleur, puis m'adressa une petite révérence signalant que nous pouvions maintenant mettre en pratique mon idée saugrenue. Une longue colonne se forma derrière moi alors que je reprenais le chemin mystérieux menant à Myrilla, les Korrigans étaient en marche et la Terre des Primotaures allait en être bouleversée à jamais.

Arrivés à la frontière du Royaume d'Olwë, les petites êtres s'égaillèrent dans toutes les directions, si discrets que pas une feuille ne remua, pas un animal n'interrompit ses occupations à leur passage. J'eus un sourire qui, pour la première fois depuis bien des lunes, comportait un véritable espoir. Je me secouais rapidement, j'avais à faire avant qu'ils reviennent, et le temps m'étais compté. Dans trois jours, ils seraient revenus, ou perdus à jamais. Mais cela, je ne voulais pas y croire, je connaissais leur habileté et leurs liens avec la nature, nul ne les verrait qu'ils ne l'aient souhaité.

J'eus juste le temps d'accomplir les tâches que je m'étais octroyées avant que les premiers ne ressurgissent des fourrés, chacun porteur d'une cage de branches tressées assez serrées pour que l'on ne puisse y voir au travers. J'exultais en silence alors que les uns après les autres ils venaient déposer leur précieux fardeau dans la grande tente dressée à cet effet, loin en retrait de la ligne de "front". Le lendemain matin, tous étaient là, et leurs bouilles resplendissantes d'avoir joué un bon tour à ces sacrées grandes pattes disaient assez que la mission délicate qui leur avait été confiée avait été remplie avec succès. Le plus âgé des Korrigans vérifia que nul ne manquait à l'appel puis, satisfait sur ce point, ouvrit précautionneusement sa cage. Il en sortit un pigeon voyageur et l'exhiba fièrement en déclarant d'une voix où perçait un rire longtemps contenu:

-Seigneur, par ma canne et mon chapeau, il ne reste pas dix pigeons dans tout le royaume d'Olwë!!

Une immense acclamation ponctuée d'éclats de rire retentit dans tout le camp, alors que le petit peuple laissait libre cours à sa joie d'avoir accompli si belle farce! Puis, chaque Korrigan s'appropria quelques-uns des petits rouleaux de parchemin qui formaient une haute pyramide dans un angle de la tente, les attachant soigneusement aux volatiles qu'il avait dérobé. Une heure plus tard, sautillants et trépignants de plaisir, ils procédèrent à ce qui serait sans doute pour longtemps le plus vaste lâcher de pigeons de l'histoire Myrillienne. Une nuée d'oiseaux s'enfuit à tire-d'aile vers d'innombrables destinataires, porteurs de milliers de messages qui, je l'espérais ardemment, allaient plonger la Reine et son conseiller dans une révolte sans précédent. Tout ce que je savais de leurs manigances, des meurtres par eux orchestrés, était consigné sur chaque missive, j'avais pris soin de détailler aussi vers quel avenir ces méprisables dirigeants orientaient leur peuple. Lui qui n'avait pas connu de véritable guerre depuis des âges lointains risquait d'être plongé dans une effroyable boucherie, qui mettrait ce monde à feu et à sang pour satisfaire la soif démesurée de pouvoir d'une usurpatrice. Je les suppliais d'examiner soigneusement les prétentions au trônes des enfants de l'aînée de leur roi défunt, et les agissements de leur fausse reine au-delà de ses paroles sans aucun doute envoûtantes, mais ô combien porteuses de sombres temps. Elynn vint se placer à mes côtés pour observer le départ des oiseaux, murmurant pour mes seules oreilles:

-Et si cela ne fonctionne pas, Ombre-Lune? La guerre?

Je lui répondis sur le même ton:

-J'implore les puissances pour que cela n'arrive jamais, Elynn. Le prix serait exorbitant.

-Je les ai vu manoeuvrer. Ils pourraient être bons, mais ils ont oublié la réalité d'une bataille. Nos légions les écraseraient aisément.

-Oui. Et ce monde de paix s'effondrerait, les Primotaures seraient pris à parti, toute la beauté de cette terre serait souillée, anéantie. Ce serait impardonnable.

-Peut-être, oui...mais es-tu prêt à payer cette paix de la vie de vos enfants?

-Non. Jamais.

-Alors?

-Alors je prie pour que ces oiseaux et les missives qu'ils portent changent le cours du destin, des prophéties. Si ce n'est pas le cas...

-Si ce n'est pas le cas?

-Je ne sais pas, Elynn. Je ne vois plus les futurs, seul le présent importe. Prends soin de toi.

Je haussais les épaules, l'embrassais sur le front en lui souriant doucement, puis je me téléportais dans les brumes de la Terre des Éléments, ma place était auprès de mes enfants et de mon épouse.

Edité par Ombre-lune le 01/02/13 à 01:35

Badliberty | 02/02/13 22:39

Très beau récit! :)

"Badliberty, membre de Chanteflamme"

Shadee | 27/03/13 22:33

- Doux, tout doux, mon garçon. Qu'as-tu vu ?

Attachée fermement au poteau, la gorge ceint d'un collier de fer qui lui mangeait la chair de la naissance de ses épaules, le jeune homme éructa quelques bulles de sang. Ses yeux gonflés cherchèrent le regard du conseiller Yumen à travers ses fentes boursouflées :

- Le Vénérable s'est dévoilé.

Yumen crispa les lèvres. Nul ne pouvait défier l'Ancien des primotaures. D'un signe de main, la suite de la phrase mourut dans la stupeur de la mort qui venait de frapper le prisonnier.
Une folle rage lui donna envie de réduire en bouillie le corps sans vie du jeune druide. Mais une voix, d'une douce violence, l'apaisa aussitôt.

Solaire, elle sortit des ombres de la salle, l'expression joueuse quand elle détailla Yumen :

- Brûlez tout. Que le royaume d'Olwë soit cendres, ainsi le courroux du Vénérable ne sera que de la fumée au vent. Disparaissons de Myrilla pour mieux renaître. Nous serons feu contre feu.

Son index prolongé d'un ongle follement pointu dessina le contour de la lèvre inférieure de Yumen : « Souriez, conseiller. Cette chance n'est pas donnée à tout le monde. » Une lueur infernale dansa au fond de ses prunelles.
Il força un sourire encore tordu par sa rage : « Brûler un royaume est un échec. Nous voulions un empire, et vous proposez que les elfes d'Olwë soient des vagabonds, et moi un fugitif »
La griffure fut profonde, et dans un réflexe malvenu, il saisit trop fort le poignet de sa reine qui passa de la fureur au rire :

- Non, pire... et pas tous...

Elle murmura avec délice la suite de son idée. Pour la première fois, Yumen pria secrètement Jub de la protéger de sa folie.

***

L'aurore n'était pas encore là, pourtant, une auréole orangée embrasait l'horizon. Une couleur chaude déployait des nuées plus noires que la nuit. Avec son escouade, Brume Hociéhan s'approcha de l'incendie et quand les lieues devinrent des mètres, ses fentes d'or s'ouvrir d'effroi. Il resta muet comme la mort qui planait au-dessus de la désolation, quelques foyers rougissaient encore de leurs braises. Des corps mutilés gisaient parmi les cendres. Le vent tournoyait avec les plaintes des victimes qui ne cessaient de hurler leur fin. Les elfes d'Olwë avaient été rayés de la terre myrillienne. Qui avait pu perpétrer un tel chaos ?
Le Grand Cornu se détourna avec écoeurement. Le soulagement l'envahit peu à peu, il se pressa de raccourcir la distance qui le séparait de la Fille des éléments. Elle devait savoir.

Alors que plusieurs sabliers s'étaient écoulés depuis, au Palais des Eléments, Teryan Ombrazur le fit patienter dans une antichambre. Brume maugréa quelques imprécations. Pourquoi devait-il attendre que Shadee décide de le recevoir ? Jamais, il n'avait dû vivre son bon vouloir. Et pour qui se prenait-il avec ses airs supérieurs ? Il avait beau le sonder, ses sens voyaient en cet être, apparu brusquement dans l'existence de Shadee, la fertilité de la terre, une volonté dure comme la pierre et il semblait plus libre que l'air. Sans savoir pour quelle raison, le regard de Brume se posait toujours sur l'étrange poignard que le déva portait au côté. Plus d'une fois, il fut surpris, et plus d'une fois, il croisa le petit sourire de Teryan ou sa froideur dardée par son attention scrupuleuse.

Des pleurs...Celui d'enfants. Les éléments qui répondent. La voix flûtée de Shadee qui s'élève en mélodie apaisante. Sans crier gare, la force brute de Brume eut raison de la souplesse de l'Ombrazur qui ne put agir à temps pour entraver le passage.

-Ainsi, ils sont en vie ! La voix tonitruante engendra des rires enfantins.

Shadee se retourna de stupeur et courut dans les bras de son ami :
- Pardonne-moi de te l'avoir caché. Il le fallait... pour toi, pour eux ! Tu m'as tellement manquée!
Elle fut soulevée comme une feuille prise dans un tourbillon de joie.

« Brume, Brume ! Nous le connaissons dans ton coeur. » s'unirent deux voix dans l'esprit de Shadee qui devint encore plus radieuse et répondit de la même façon sans un son. « Oui, mes amours, c'est lui. »
La Fille des éléments attira son frère d'âme vers les jumeaux qui babillaient joyeusement :

- Oncle Brume ! J'ai la joie de te présenter Orféa Millétoiles et Halcyon Ondabysse.

Pour la première fois, elle le vit maladroit et envoûté par les singuliers enfants qui tendaient leurs bras dodus vers l'être cornu.
- Ils vont vivre en paix, Olwë n'est plus, je l'ai vu de mes yeux, annonça-t-il.

- Je sais, j'ai entendu le vent et le Vénérable.

Surpris, Brume la dévisagea. Ne pouvait-il rien faire pour elle qu'elle ne sache déjà ? Il secoua la tête en riant, et chercha aux alentours :

-Bon ! Où est Ombre que nous buvions à ses rejetons ?

« Rejetons ? Nous sommes les rejetons! » s'étonnèrent les voix enfantines dans l'esprit de Shadee qui protesta avec gaieté

- Surveilles ton langage, ils apprennent vite, trop vite !

- Oh... Alors, où est le dragon que je lui souffle une ligne d'eaux de feu en moins de temps qu'il respire.

« Le dragon ? Père ? Nous ? Rêves. Nous rêvons avec lui d'une ligne de feu. »
A la nouvelle intervention des jumeaux, Shadee fronça les sourcils et entraîna Brume dans une autre pièce :

- Je ne sais pas.

Edité par Shadee le 27/03/13 à 23:12

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