Forum - Souviens-toi du goût de...
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Coton Tige | 14/09/12 11:44
"L'acide peut prendre l'espace du miel,
Et le monde se change en rêves cruels
N'oublie jamais les premières ailes
Souviens-toi du goût de sa peau..."
Aaron
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Prémisses
Un sursaut.
Stress. Le souffle un peu court, il se redresse dans le lit. Les brumes du sommeil s'accrochent à son esprit. Des volutes de cauchemars harponnent encore ses tripes. Une légère impression de malaise lui fait tourner la tête, sensations d'ivresse, vertiges et chutes vers l'inconnu.
D'un regard circulaire, il balaie les lieux. Rien ne bouge. Tout est serein. Des ombres familières saluent sa mémoire.
La respiration encore maladroite, il se redresse encore un peu plus et pivote pour poser ses pieds au sol. Ce sentiment d'étrangeté continue à le harceler. Il se frotte les yeux en se relevant et se dirige vers la vasque d'eau. La lueur de la lune l'aide à se diriger. Dans l'eau de la bassine en faïence les contours de son visage se reflètent. Il les observe longuement. Sa pâleur semblait presque phosphorescente dans cette semi pénombre. Ne parlons même pas de la couleur de ses yeux si particuliers.
Il garde rivé à l'esprit cette impression "d'autre chose". Comme si ailleurs, il avait été un autre avec d'autres traits moins singuliers. Cela avait semblé si réel, si intense. Et puis les choses s'étaient précipitées. En bien? En mal?
Il n'arrivait pas à focaliser ses idées sur ses souvenirs oniriques. Quelque chose lui échappait.
Quel horrible tourment : avoir la solution tout au bord de l'esprit mais ne pas pouvoir la rattraper.
Il commença à faire les cent pas dans sa chambre. Il lui semblait de plus en plus capital de se souvenir. Cela revêtait même un caractère d'urgence. Il serrait les dents, les poings. Ses paupières se crispaient de concentration sur ses yeux rouges si lointains. Il fallait...il fallait...
La nausée montait. Quelques bribes de scènes venaient crever la surface de sa mémoire. Des luttes, de la panique, des accès de panique, des shoots d'adrénaline. Oui c'était bien cela. Quelqu'un était mort cette nuit. Quelqu'un d'essentiel pour la suite.
La sueur perlait maintenant à son front. Comme il était perturbant de ne pouvoir exercer ses pleines capacités. Pourquoi restait-il si engourdi en lui-même alors que l'information qui se dérobait à lui était si primordiale ?
Sa pensée remontait encore avec plus de rudesse vers les confins de ce trou noir dans son esprit. Du sang, des cris, des pleurs, de la terre qui le salissait.
Un sursaut. Le temps suspendit son cours le temps d'un souffle. Ses yeux s'écarquillèrent à la limite de la panique. Quelqu'un était mort cette nuit et ce quelqu'un était...LUI.
FROID
Un sursaut. Il ouvrit les yeux. Il faisait nuit. Une nuit totale et impénétrable. Aucune lumière ne perçait les ténèbres de sa chambre. Le souffle un peu court, il réfléchit à ce qui venait de l'éveiller. Rien. Sa tête semblait vide. Encore un peu plus de mal à aspirer l'air si crucial. Ce devait être la panique. Vite se lever. Mais...mais...il ne pouvait pas. Il ne pouvait même pas bouger. Son corps paraissait emprisonner dans quelque chose d'assez solide pour ne pas se redresser, ne pas écarter ses bras. Une boîte ? Ses doigts partirent tâtonner ce qui lui tenait lieu de chambre. Ils ne rencontraient qu'une paroi dure, rugueuse...du bois. Il était a priori habillé. Il fouilla ses vêtements puis son esprit. Un choc, comme s'il avait été heurté puis le noir. Une étrange formule revenait chantonner en arrière fond de ses pensées : « Leuis umbra vocare , Leuis umbra vocare, Leuis umbra vocare ... »
Sa respiration s'accéléra encore un peu plus. Il manquait sérieusement d'oxygène dans cet espace restreint. Mais bon sang, que se passait-il ? La rengaine cognait plus fort sous son crâne. Elle semblait vouloir sortir, se libérer. Il ne perdrait rien à essayer. Il se racla le fond de la gorge. Elle était serrée par la tension de la situation. Les mots en sortirent avec une âpreté inattendue.
- Leuis umbra vocare !
Un flash aveuglant puis une douce luminosité éclaira la scène. La lumière semblait venir de partout, de nulle part. Son corps même paraissait produire une lueur. Il tendit sa nuque histoire de soulever un peu la tête et d'observer ses pieds, son torse, ce qui l'entourait. Une boîte. Un frisson le parcourut. Cette boîte. Un cercueil. Il était dans un cercueil. Ses mains se plaquèrent à la plaque au dessus de lui, à peine à une quinzaine de centimètres. Il poussa. Poussa à en avoir mal à l'être mais rien. Ses mains frappaient à plat mais un simple et ridicule son sourd lui montrait déjà l'inutilité de son geste. Il hurla. Les sons étaient étouffés. Combien de mètres cubes de terre au dessus ? Depuis combien de temps ? Sa respiration lui rappela tout l'éphémère de cet instant. Le temps était désormais compté. Les mains en poings il frappait, espérant encore avoir été enseveli dans de piètres conditions, espérant une simple planche de sapin fragile. Mais la peau de ses phalanges éclatait contre le bois. Rien. Ce plafond ne fortune ne cédait pas une fissure à son maigre espoir.
L'affolement le gagna. L'hystérie lui fit perdre pied. Il hurla et hurla encore. Il pleurait. C'était trop cruel. Personne ne devait voir sa mort ainsi ! La morve et les larmes coulaient sur son joues dans sa gorge. Désespéré il commença à gratter de ses ongles trop courts la surface qui l'emprisonnait. Peine perdue. Comme de simples opercules, ses ongles sautaient un par un dans un grincement de douleurs. La douleur. S'y accrocher. La douleur. Puis....plus rien....
CHAUD
Un sursaut. Je ne vois rien. Tout est flou.
Ma tête me fait mal. Que s'est-il passé ?
J'ai beau chercher, je ne me souviens toujours et encore de rien. Allons, allons, ne pas paniquer et réfléchir.
Une grande panique ...un danger peut-être ? Ma dernière pensée avant de m'évanouir avait été une alerte. Quelque chose avait mal tourné. Et maintenant encore quelque chose ne tournait pas rond. Je suis couché en chien de fusil, dans un endroit chaud et douillet. Je ne peux quasiment pas bouger. Quelles que soient les personnes qui sont responsables de cela...eh...oh...mais qu'est ce que ?...un tremblement de terre ? Tout bouge !
J'ai l'impression que mon environnement amortit les ballotements de mon corps dans le flot de ce séisme. Oui quelque chose m'enserre et étouffe tout : mouvements, gestes, les sons aussi ! Oui ! J'entends une grande agitation qui semble provenir de très loin.
J'ai soudain une grande peur : oui...je ...je ne respire plus. Je ne ressens pas le besoin d'aspirer le moindre air et cela ne semble pas affecter mon corps. Et ce corps tiens !!! Parlons-en ! Il me parait étranger, déformé et totalement amorphe. Je dois rêver ! Oui c'est ça ! Un rêve. Un très mauvais rêve et je vais très bientôt ouvrir les yeux et en rire !!!
A moins que...c'est...c'est peut-être cela la mort ? Mon dieu...
Devant cette idée, mon esprit se révolte. Insupportable. J'ai l'impression subitement que le temps est venu : il me faut impérativement bouger, me déplacer...fuir ce lieu, cette condition sans condition.
Mon environnement semble d'ailleurs d'accord avec moi : il me pousse, se contracte et m'aide dans ces efforts de supplicié. Il m'expulse oui !
Au loin, une femme hurle, torturée par des tyrans.
L'aider, si je le peux.
Devant moi, une lumière vive...
Je...incroyable, un miracle...
Un titan m'attrape, me suspend par les pieds, me frappe...
Mais je n'ai plus aucune peur. C'est magnifique. Je prends une grande bouffée d'air.
Ne pleure plus maman, tu vois je crie. Je suis enfin venu à la vie...
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Tige, déboucheur d'oreilles officiel des JO 2012 (Joutes Orkympiques)
Membre d'Aerendir en lice pour obtenir le titre de Caliméro après Amor
Je vais jusqu'où je suis. Je n'y suis pas encore.
Edité par Coton Tige le 14/09/12 à 11:49
Roxar | 14/09/12 13:51
Roxar, humble guerrier nain
Au jour du jugement, la plume du diplomate pèsera aussi lourd que l'épée du guerrier
Bart Abba | 14/09/12 22:09
Étrange et plaisant !
Klap ! Klap! Klap!
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Bart Of Ze Horde
Be bop, pieds nus sous la Lune, sans foi ni loi ni fortune... Je passe mon temps à faire port'nawak...
Kärel | 16/09/12 21:49
Sympathique, la fin a pour mérite d'être surprenante
Kärel.
Le plumard soyeux de la fine lame est vainqueur,
Quand bien l'art prétentieux de mon âme en couleur,
Et j'aime le multi.
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Coton Tige | 17/09/12 17:23
Merci, mais ce n'est pas la fin...tout ceci n'est qu'une introduction à beaucoup d'autres choses
Tige, déboucheur d'oreilles officiel des JO 2012 (Joutes Orkympiques)
Membre d'Aerendir en lice pour obtenir le titre de Caliméro après Amor
Je vais jusqu'où je suis. Je n'y suis pas encore.
Kärel | 17/09/12 22:05
Je n'en doute pas une seule seconde
Kärel.
Le plumard soyeux de la fine lame est vainqueur,
Quand bien l'art prétentieux de mon âme en couleur,
Et j'aime le multi.
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