Forum - A pied
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Lutine | 23/08/12 11:16
Lutine marchait, encore et encore, et découvrait les terres daifeniennes, trop courbatue et lasse pour admirer l'étendue des paysages qui s'offraient à ses yeux. Le lac en contrebas, la cime des pins en amont. Son cheval s'était cabré quelques heures auparavant. Elle était tombée, n'avait pu le rattraper dans sa course folle, n'entendant bientôt plus que le bruit de sa cavalcade, le rythme saccadé de ses fers sur l'étroit chemin. Ses pieds à elle, loin de répondre à sa pleine volonté, heurtaient sans cesse les racines et elle trébuchait souvent, manquant de s'étaler à maintes reprises.
Longtemps après avoir contourné le lac, plus ou moins perdue, Lutine aborda une zone marécageuse et apercevait au loin de la fumée. "Un feu", pensa-t-elle non sans une certaine joie. "Il s'émane sans doute d'un campement." Elle pressa le pas, ne sentant plus ses jambes, ni le sourire de soulagement qui barrait maintenant son visage. Arrivée à l'entrée du camp, elle contourna les palissades jusqu'à trouver une entrée. Grande fut sa surprise de ne trouver qu'en tout et pour tout un garde devant la porte, et encore, celui-ci somnolait, appuyé sur la vieille lance qui constituait sa seule arme. Elle décida d'entrer, contourna la bête qui ronflait et semblait à ce moment précis n'avoir d'effrayant ses crocs acérés, dont il ne devait pourtant pas énormément se servir, endormi qu'il était pendant ses heures de garde.
Soudain, une scène bien plus horrifiante s'offrit à ses yeux : un combat d'orcs, croyait-elle. Leurs pattes martelaient le sol, qu'elle sentait trembler sous ses jambes endolories. Les coups de griffes s'enchaînaient, les crocs s'enfonçaient et la chair se révélait. Elle n'arrivait pas à distinguer lequel des deux orcs était le plus touché ; ce qui était certain, c'est que des quantités de sang impressionnantes à son sens se répandaient au sol. L'un des deux, le plus gros et grand pourtant, finit par vaciller, tangua de droite à gauche un instant encore, et tomba au sol dans un fracas étourdissant pour une humaine emmenant avec lui le décor - tentes et tas de bois pour le feu, dont devaient aussi se servir les shamans. Encore dissimulée aux yeux des résidents de ce campement, Lutine vit les autres orcs, qui entouraient auparavant les orcs combattant, se mettre à rire grassement, se tenant les flancs, montrant du doigt les orcs qui peu auparavant se tenaient debout dans un bras-le-corps énergique. C'est alors qu'elle comprit que ce qu'elle avait vu était monté de toutes pièces, un petit spectacle destiné à divertir les autres occupants du clan, que tout ce sang n'était rien pour des orcs d'une telle vigueur.
La bête à terre se releva d'un coup rapide, balaya l'assemblée d'un regard, ce qui eu pour effet de faire taire radicalement leurs rires francs. Il fit demi-tour aussitôt et grogna : "Croyez-vous vraiment que Kalguz ne vous a pas vu, l'humaine ?" ... Lutine n'essaya plus de se cacher. Elle avait oublié que, si les orcs ne sont pas toujours finaud, leur odorat est, lui, souvent bien aiguisé. Elle s'avança, la tête fière, rassemblant ses forces après avoir tant marché et déclara : "C'est un honneur, Seigneur Kalguz, que de vous rencontrer. L'on dit que vous étiez un membre éminent de la Waagh, autrefois." Kalguz, ainsi que les autres orcs, la jaugeait du regard. Il la toisa encore un long moment, haussa les épaules, puis se retourna et partit, sans plus un mot.
Edité par Lutine le 24/08/12 à 09:46
Lutine | 24/08/12 09:47
Il faisait nuit, maintenant. Lutine, toujours dans le camp, s'étant soustraite à l'attention des orcs après l'incident avec Kalguz, ne savait que faire. Elle doutait de pouvoir sortir sans encombre ; cette fois, le garde devait s'être fait remplacé, ou bien devait avoir suffisamment dormi pour être éveillé lors de son passage. Elle regardait autour d'elle. Avait vu passé un gobelin, que tout le monde houspillait et priait sans ménagement de ranger ce qui restait de beuveries passées. Nurzan, ou quelque chose comme ça. Il faut dire que le camp n'avait rien de bien militaire. On aurait dit un camp de vacances pour elfes, les cadavres de bouteille en plus. De nombreux détritus jonchaient le sol, et le petit être vert aurait du mal à en venir à bout car les orcs semblaient drôlement négligents, plus enclin à participer à une bonne fête et à écouter l'orc Hestre chanter des chansons paillardes qu'à autre chose. Quoiqu'il y avait peut-être bien autre chose qui les occupait dans les tentes, à en croire les petites elfettes qui allaient et venaient et semblaient charmer ces orcs. L'orc Idée parut. C'etait l'une des rares orcs femelles du camp, qui marchait d'une drôle de démarche chaloupée. Lutine entreprit de la suivre de loin, pensant qu'elle allait certainement rejoindre Kalguz, qui avait l'air d'être le maître des hôtes de ce camp, et devait certainement jouir, par conséquent, d'une attention toute particulière.
"J'avais vu juste", se dit-elle en voyant entre l'orc dans une tente les plus grandes du campement. Elle glissa un oeil par l'arrière de la tente : personne d'autre que la dernière arrivée. Déception pour Lutine, qui, elle-même ne savait pourquoi, avait une envie irrépressible de revoir le mystérieux Kalguz, ne serait-ce qu'une fois, et échanger quelques mots avec lui. Bien que nouvelle sur les terres de Daifen, elle avait de plus ouï dire que cet orc valait la peine d'être rencontré et saurait la présenter à des seigneurs dignes de connaissance. Enfin ça, c'était si elle arrivait à gagner sa confiance. Ou au moins à le trouver et à se présenter. De toute façon, elle aurait bien besoin de quelqu'un si elle voulait regagner son royaume, puisque même sa monture s'était tirée et qu'elle était plus ou moins perdue dans ces marais. "Fidèle destrier, mon oeil.", grommela-t-elle. Tout allait à vau-l'eau. Son royaume à peine construit, ses troupes - quelle bande de lâches, ceux-là, alors ! - et tout le reste.
Edité par Lutine le 24/08/12 à 14:08
Roxar | 27/08/12 13:52
(Bien écrit,très plaisant à lire. Bienvenue Miss Lutine, que vous soyez ou non nouvelle et que vous soyez ou non une miss 
)
Roxar, humble guerrier nain
Au jour du jugement, la plume du diplomate pèsera aussi lourd que l'épée du guerrier
Diablamat | 27/08/12 14:23
Lutine et Kalguz une grande histoire d'amour qui rennaît de ses cendres...
Sir Diablamat
"Par le silence vous saurez me défier mais par les mots vous saurez me toucher..."
Lutine | 27/08/12 14:34
Merci Roxar 
(Pour info, je suis effectivement nouvelle et "miss" ).
Une grande histoire d'amour ? Pour l'instant de compagnonnage mais qui sait ! ... La suite au prochain épisode n'est-ce pas ?
Edité par Lutine le 27/08/12 à 14:39
Diablamat | 27/08/12 16:08
Nouvelle, nouvelle...
Vous êtes déjà venu me casser la figure sur un vieux continent avec votre ex futur petit-copain 
Sir Diablamat
"Par le silence vous saurez me défier mais par les mots vous saurez me toucher..."
Lutine | 27/08/12 16:56
En nombre de continents auxquels j'ai participé et ici, sur le forum, on peut tout de même dire que je suis relativement nouvelle !
Au plaisir de vous croiser à nouveau avec un déroulement peut-être différent ,
Lutine.
Edité par Lutine le 27/08/12 à 16:56