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Azkaban | 15/08/12 21:47
Lors de la 117e décade lunaire, une tempête fait rage aux larges des côtes des continents Daifenniens. Une galère dont les cales sont pleines de proscrits de la société, fers aux chevilles, tente de se sortir de l'enfer. Chaque prisonnier se bat pour sa survie, mais les vagues sont hautes, et le tonnerre gronde...
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Une geôle sombre au sol de pierre crasseux et froid et aux barreaux inviolables. Un homme gît là, les fers aux chevilles et aux poignets. Il respire lentement, il voudrait penser, s'échapper par un oeil-de-boeuf inexistant vers une liberté perdue. Malheureusement, son esprit se ferme à chaque tentative d'évasion. Il se recroqueville alors sur lui-même et laisse couler les quelques larmes qui survivent encore au bord de ses yeux. Puis il croit que la lune se lève et que dehors, si la lumière existe encore, alors elle décroît, lentement pour laisser place au soir, les ombres s'effacent et tout n'est plus que silence, le ruisseau qui borde les murs de la prison se fige, l'eau cesse de couler, et le lac, en bas, dans la vallée, se mue en un miroir tremblotant, reflétant les peurs de tous les prisonniers. Quelque part dans le couloir, un bruit de clés tinte. Une porte qu'on ouvre grince. Cette porte est en bois massif, elle est lourde, et elle griffe les pierres lorsque, rarement, on la pousse. Alors il entend un murmure, un fantôme pénètre dans le couloir, il entend le cliquetis de son armure et ce son lui glace le sang. Il retient son souffle. Pas pour moi. Pitié, pas pour moi. C'est ailleurs, dans une autre cellule, qu'il entend un être hurler. On dirait qu'on lui déchire les entrailles, qu'on lui broie le coeur. Mais se taire, il faut se taire, il ne faut pas qu'ils viennent ici, il ne faut pas qu'ils me trouvent. Il entend les os qui se brisent lorsque le corps retombe au sol, raide, sans vie, mort. Le bourreau a fait son office, l'armure s'éloigne. Pour cette nuit, je suis vivant.
Les jours passent et se ressemblent, toutefois, sans que jamais la lueur du jour ne frôle sa peau blanchâtre. La peur est de plus en plus grande, chaque soir, que le fantôme vienne pour lui. Parfois, il ne vient pas. Mais toujours, lorsqu'il est là, les cernes sous ses yeux se creusent, des sanglots inexprimés lui serrent la gorge, il croit mourir et puis, lorsqu'il est parti, il se couche sur le sol froid, et tremble sans pouvoir fermer les yeux. Il espère maintenant qu'il sera mort avant que le diable ne vienne le prendre.
Cette fois, il est devant sa cellule. Il s'est reculé dans un coin, il n'ose jeter un regard dessus. Mais il sent sa présence, et toute la menace qui émane de lui. Qui est-il ? Quel est-il ? C'est sa grille qui glisse bruyamment pour laisser une ouverture : une porte ouverte vers une chose dont il a oublié le nom : la liberté. Mais cet être cruel se tient dans l'embrasure. Son souffle fétide parvient jusqu'à lui. Il a un haut le coeur et vomit, tousse, crache ses viscères. La bête s'approche, l'homme tremble de tous ses membres, mais il est paralysé. Le fantôme tend la main et l'attrape à la gorge. Il hurle : « Non ! Non ! Pas moi ! Laissez-moi ! ». Il n'a pas le temps d'ajouter un mot de plus que le gardien le jette à travers l'embrasure. Sa tête se cogne aux barreaux de la cellule voisine, vide heureusement, sinon un prisonnier fou aurait pu lui briser le crâne à coups de coups pieds meurtriers. Il sent vaguement qu'on le tire sur le sol, il voit son sang qui laisse une trace noire derrière lui. Il tombe dans les pommes.
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Le bateau est balloté en tous sens. Ses pieds attachés sont une entrave à sa survie. Dans le brouhaha général, il crie sur les autres prisonniers, des ordres, des manoeuvres. Mais personne ne l'écoute plus. Ils vont tous mourir, et c'est sans doute mieux ainsi. Le maître a lâché son fouet et est remonté sur le pont depuis longtemps. Il ne reviendra pas. Il les laissera crever là, noyés, lorsque le bâtiment coulera.
Le navire s'échoue sur des récifs qui pénètrent la coque et la déchirent. Une partie des prisonniers meurent tranchés en deux. Le tumulte n'a pas brisé ses chaînes, mais bien le piquet auquel elles étaient attachées. Le voilà libre de marcher, enfin ! Mais de marche, il n'y en aura pas, car les flots s'engouffrent dans la cale. Ils sont tous propulsés dans la mer déchaînée alors que la galère souffre. Une nouvelle fois, il perd ses esprits et sombre dans les profondeurs de son âme.
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Un rayon de soleil caresse son visage blessé. Il ouvre un oeil qu'il referme aussitôt de peur de le brûler. Il n'a pas la force de sourire pour apprécier ce premier jet de lumière, plaisir qu'il n'a plus vécu depuis bien longtemps. Cassé, il tente de remonter, plus haut, sur la plage de sable, de peur que la mer change d'avis et que la marée le reprenne. Désespéré de voir ses forces l'abandonner, il se laisse choir de tout son corps, et s'endort, pour la première fois, sans crainte et l'esprit libre.
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Il se réveille paré de soie, dans un baldaquin luxueux. Un vieillard est debout devant une fenêtre. Il se lève et s'approche de lui. Il remarque que les chaînes qu'il portait depuis toutes ces années ont été retirées. Elles ont laissé sur ses chevilles la marque des bagnards. Le vieillard se tourne vers lui : « Ces marques ne s'effaceront jamais, comme pour te rappeler ton passé. Mais oublie-le un instant, et rejoins-moi. » Il avait une voix douce et bienveillante et il posa sa main sur son épaule une fois qu'il fut à sa hauteur. Il désigna le monde au dehors : quelques bâtiments, des ouvriers, des soldats. « Voici ton royaume. Ne pose pas de questions. Tu penses avoir gagné ta liberté. En un certain sens, oui, tu es libre. Libre de tes pensées, de tes mouvements, libre de tes décisions. Mais à partir de maintenant tu es seigneur et maître de ces terres. Maître de ces hommes qui travailleront pour toi, qui érigeront ce que tu souhaites. Et enfin, ces guerriers te défendront et se battront pour toi et ton honneur. En tant que seigneur, mon cher, tu n'es pas libre, car tu es responsable de la vie de ces hommes, tu dois répondre à la confiance qu'ils placent en toi. Prends garde mon ami, car cette île est habitée. D'autres comme toi vont tenter de se l'approprier. Tu devras te battre et faire des choix. Nouer des alliances et combattre les ennemis. Tu es vivant, mon ami, et libre, mais pour combien de temps ? C'est à toi d'en décider. Tu te poses sans doute mille questions, mais je n'ai plus rien à te dire. Tu apprendras vite, j'en suis sûr. Dis-moi seulement ton nom. » Il avait la gorge sèche et il déglutit. Que racontait cet homme ? Qui était-il ? « Et bien, as-tu donc perdu ton nom au cours de toutes ces années de bagne ? Trouve donc quelque chose. N'importe quoi. » « Azkaban. » « Ah ! Très bien. Alors je te souhaite bonne chance Azkaban, prends les bonnes décisions, et prouve ta valeur à Daifen ! » Il s'en alla. Azkaban observa son royaume avant d'aller se recoucher. Une vraie nuit de sommeil était nécessaire pour comprendre tout ce qu'il venait d'apprendre.
Roxar | 16/08/12 10:00
Roxar, humble guerrier nain
Au jour du jugement, la plume du diplomate pèsera aussi lourd que l'épée du guerrier
Ombre-lune | 16/08/12 21:11
Pépé Narvalho | 17/08/12 08:20
Soyez le bienvenu parmi nous, messire Azkaban.
-- Memento mori --
Pépé Narvalho, Bouleute du Firmir et adorateur de Tosrm
Abdul Lefric | 17/08/12 11:25
Moué, sépa dé boréci ki te feronpa payé la taxe si tu'm croise p'tiot !
Abdul Lefric.
Azkaban | 17/08/12 17:13
Merci pour l'accueil et le retour ! (Hé Abdul Lefric, de quelle taxe tu parles ?
)
Abdul Lefric | 17/08/12 22:03
D'ma taxe le p'tiot, Ici tou l'monde me paye sinon j'me fach
Abdul Lefric.
Azkaban | 18/08/12 19:21
Ha ha et bien mon bon Abdul, passez donc me voir chez moi ! A moins que vous ne soyez perdu au milieu de fougères envahissantes. On pourrait alors se croiser dans une taverne bordant les chemins broussailleux pour parler affaires.
Lady Aube L'indomptable | 23/08/12 19:47
Hum .. Un peu de nouveauté sur le sol de Daifen.
Et bien, bienvenue Sire Azkaban
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« Si tu avais combattu comme un homme, tu n'aurais pas été pendu comme un chien ! »
Badliberty | 24/08/12 23:23
Très joli
Et bienvenue évidement.
Badliberty,
Capitaine Navalis,
Maître des Krakens,
Porte-parole des 11ème rugissants