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Tala | 19/01/12 10:58

Car la lune est Gardienne de la Lumière Eternelle...

Ombre-lune | 19/01/12 11:58

Il ne reste qu'une ombre, Fille de Lune. Rien n'est éternel.

Le temps d'un rêve.

Un pays des volcans, une terre de Feu, sauvage. Infinies forêts de rocs acérés, lacérés, lents fleuves de magma bouillonnant qui se répandent en gémissant, en craquant, jusqu'à l'océan, cet univers salé qui parfois se manifeste par quelques larmes, le long de nos joues. Océan de pensées, océan de joie, de tristesse, ils symbolisent l'inconnu immense, ceux où l'on peut se plonger jusqu'à n'en plus pouvoir respirer.

Ils sont arrivés en silence, les uns après les autres. Des regards graves se sont échangés, brefs. Aucun ne souhaite ouvrir ses pensées à l'autre. Pas par égoïsme, ni par peur. Parce que le temps n'est pas venu. Parce que chacun doit plonger au fond de son propre océan, pour y trouver ses réponses, des réponses qui ne peuvent être celles des autres.

Lentement, majestueusement, ils forment un immense cercle, entourant une simple pierre, un vieux roc de la taille d'une petite maison qui a résisté à tout, échoué là un peu par hasard, un peu parce que sa place était là, simplement. Ils ne sont pas vraiment nombreux, quelques dizaines, qui d'habitude se terrent loin des vivants. Là encore, nulle peur. Ils se savent différents, et ils l'acceptent. Enfin, le dernier arrive, prend place dans le cercle, offrant à chacun ce regard bref et intense que tous ont échangé. Le plus ancien attend patiemment qu'un silence absolu règne, le laisse enfler, envahir l'espace, le temps, les êtres. Puis sa voix profonde s'élève en une note infiniment grave, qui se déploie avec une insoutenable lenteur pour remplacer le silence jusque dans ses plus lointaines extrémités. La pierre, le sol, l'air, les êtres, tout résonne et vibre avec cette unique note, qui dure, encore et encore, semblant ne jamais devoir s'achever. Puis un deuxième joint sa voix à l'ancien, un son légèrement moins grave mais tout aussi pur, qui complète le premier alors même qu'il semblait si entier que rien ne s'y pouvait rajouter. Un troisième, puis un quatrième. Un à un, tous laissent leur chant s'élever, tissant une mélopée d'une complexité déroutante dans son extrême simplicité. Les vibrations s'amplifient alors que les voix se font plus puissantes, en une lente ascension qui paraît ne jamais devoir finir. Peu à peu, les esprits se détachent des corps, formant au-dessus du cercle d'êtres un cercle de purs esprits, tournoyant au ralenti au-dessus de la scène. Ils se fondent, se confondent, jusqu'à devenir un seul. Une note cristalline naît de cette union spirituelle, si pure que les corps frissonnent dans leurs transes alors qu'elle vient toucher le coeur de chacun avec la légèreté d'une plume.

Il est là, murmure en silence l'esprit unique.

Nous te voyons. Nous te saluons, murmure encore l'esprit émerveillé, subjugué.

Évoquant un banc de brumes diaphanes, une entité se manifeste au centre du cercle. Elle n'a pas de forme précise, ses contours varient au gré des courants aériens qui ne parviennent pourtant pas à la déplacer. Deux yeux semblent s'ouvrir avec lenteur au sein de la nuée, puits sans fonds qui scrutent l'esprit multiple et unique, transperçant jusqu'aux tréfonds l'âme de chaque être présent.

Je vous vois, et vous salue, murmure l'entité.

Nous sommes venus te guider, Aîné, répond l'esprit.

Je sais. Votre intention emplit l'univers. C'est moi qui vous guiderai pourtant, car vous êtes dans le doute.

Oui, Aîné...les trames se délitent...nous ne savons plus...nous ne savons plus...souffle l'esprit accablé.

Il en va ainsi, chaque fois qu'un nouvel âge advient. D'abord la peur, toujours elle le précède.

Tu l'as portée, si longtemps, nous ne savons plus...

Vous apprendrez. Vous trouverez le courage. Et enfin vous serez.

Mais comment, Aîné? Comment?

Le lac du silence. Au fond de vous. Il est le miroir, il est votre unique vérité. Trouvez-le. Ne le quittez plus, et soyez.

Nous ne pouvons te guider, alors?

Nous irons ensemble. Nous sommes un.

Oui...nous sommes un... murmure l'esprit alors qu'il perçoit fugacement cette unité impalpable, paradoxale.

Le chemin se dévoile à qui le cherche. Ne renoncez pas. Luttez sans violence, aimez sans chercher à posséder, vous trouverez.

Nous trouverons, Aîné. Nous te rejoindrons.

Je sais. Tout se rejoint. Tout est Un. Venez, il est temps.

Aîné...?

Oui?

Il...il souhaite venir avec toi. Jusqu'au terme. Le permets-tu?

L'entité tourbillonne, se lovant sur elle-même en s'abaissant pour contempler de son regard immatériel une minuscule forme allongée sur une sorte de civière et recouverte de fourrures. Une main de brume se détache de la nuée, venant presser sans force celles du vieillard qui contemple avec un espoir fou cette manifestation éthérée. Celui qui fut l'Aîné semble sourire, pensivement. Il se redresse lentement, scrute l'infinie voûte céleste, puis tend à nouveau une main de brume, invitant le vieil homme-lézard à la prendre.

Oui...bien sûr...viens Sarkoss, viens mon cher Ami, mon Frère.

Un torrent de joie emplit l'atmosphère, irradiant de la silhouette décharnée de l'ancêtre. Quelques larmes glissent le long de ses joues, ses yeux se ferment pour la dernière fois alors qu'il prend la main tendue, quittant son corps usé pour rejoindre l'Aîné dans le monde des esprits.

Merci! Merci! s'exclame l'esprit de Sarkoss avec une gratitude émue.

Je n'y suis pour rien. Ce sont tes pas qui t'ont amené ici. Allons, une nouvelle Danse nous attend, Frère. Ailleurs.

Une brise se lève, douce, bienfaisante. Elle emporte comme dans un songe les deux esprits reliés par une amitié inaltérable, dissipant la dernière apparition du Gardien d'Ivoire et ramenant chacun dans son corps alors que l'ultime note du chant s'éternise, flèche inéluctable tirée par les Dragons pour offrir un dernier hommage à celui qui fut leur Seigneur. Enfin, le silence reprend place, long, absolu. Chaque être présent fait sien ces instants, chacun à sa manière, chacun à son rythme. Puis, sans une parole, le cercle se rompt, tous éprouvent un sourd besoin de mouvement, de vie. Ils se saluent en courbant légèrement le cou, les mots n'ont pas place, pas encore. Puis, comme un essaim d'étourneaux gigantesques, les Dragons reprennent leur envol, obscurcissant un instant la lune qui se lève avant de disparaître dans le lointain.

Edité par Ombre-lune le 19/01/12 à 12:30

Kärel | 20/01/12 19:16

Une Danse qui sera unique et incomparable. Puissiez-vous voguer vers ce que votre coeur recherche. Votre histoire n'est pas terminée, et la trace qu'elle aura laissée ici-bas perdurera avec votre Lignée. Car les générations futures sauront qu'à travers les âges, qu'à travers les évènements, vous avez été, et qu'ailleurs, vous continuerez à être.

[HRP : C'est beau, c'est énigmatique, c'est digne... c'est bien quoi :D ]

Cordialement,

Kärel.
Montre-moi ton multivitaminé, je te dirai qui tu es.

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Edité par Kärel le 20/01/12 à 19:18

Phaeril | 21/01/12 21:09

Tout ça pour dire que le meilleur a gagné le duel, comme on pouvait s'en douter, et ce malgré le fait que son précédent duel ait trainé et l'ait mis en position difficile.

Bravo Llud, moins prompte à raconter ses hauts faits d'arme, mais plus doué pour les réaliser.

"Mieux vaut commettre une erreur avec toute la force de son être que d'éviter soigneusement les erreurs avec un esprit tremblant."

Kärel | 22/01/12 14:25

Lludd a vaincu Noir-Feu, et ce dernier en profite pour mettre un terme aux aventures de son personnage, ce qu'il avait prévu de faire dès le début du tournoi me semble-t-il (ou alors je n'ai pas très bien compris ce que signifie "offrir sa fin" ). Il n'a jamais nié avoir perdu, ni même justifié sa défaite en prétextant qu'il n'avait pas combattu pour des raisons liées à son récit. Je pense sincèrement que votre commentaire désobligeant n'a pas sa place ici. Si vous avez besoin de cracher sur quelqu'un, faites-le dans un endroit plus approprié, et de manière plus réfléchie. Merci.

Cordialement,

Kärel.
Montre-moi ton multivitaminé, je te dirai qui tu es.

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Edité par Kärel le 22/01/12 à 14:33

Lludd | 22/01/12 16:08

Seigneur Kärel, je ne vois pas ce qu'il y a de désobligeant dans les commentaires précédents.
Est-il interdit de donner sa vision des faits ? :o

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Abbé Lludd, Adepte de Saint Kloarn.

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Shadee | 22/01/12 17:38

À des lieues de la fin du Noir et si proche pourtant, Shadee sut que le glas sonnait pour l'Aîné. Elle avait eu l'envie de danser avec la lame sur une terrasse rocheuse au nord du Royaume. Les bourrasques corrigeaient ses mouvements, les brises accompagnaient ses gestes, elle devait apprendre davantage et l'Entité veillait...
À présent qu'elle profitait d'un moment de solitude dans la contemplation de l'île, les deux écailles du dragon montées en médaillon s'agitèrent au bout de la fine chaîne passée à son cou. L'or qui les emprisonnait vola en éclat ; l'écaille blanche et la noire valsèrent d'arabesques puis disparurent dans les hauteurs. Shadee ferma les yeux le temps d'une pensée silencieuse remise au souvenir de Noir-feu, quand elle les rouvrit à la nuit, deux traits de flammes, l'un d'un feu sombre, l'autre jouant avec le jaune aveuglant, tombèrent du firmament à une vitesse folle. Le choc qu'elle ressentit soudain la projeta en arrière, un mur d'air l'empêcha de s'écorcher au sol. Le long de sa jambe, une chaleur attira sa curiosité à ôter son arme du fourreau. En calmant le vent, Shadee tenta de comprendre ce qui s'était passé tandis qu'elle dévoila l'épée au clair de lune. L'arme que le dragon avait forgée pour l'initier à l'art de l'escrime irradiait une douce lumière, et exsudait une fine vapeur comme si elle venait d'être figée par la violence de l'eau, forcée de la main solide du forgeron. La lame qui semblait être faite de métal liquide très légèrement courbe supportait toujours les minuscules personnages ; ces derniers s'agitaient joyeusement, ils guidèrent le regard de Shadee vers la découverte. Les écailles sertissaient le haut de la lame de part et d'autre, sous la garde. La Blanche et la Noire ne faisaient plus qu'un avec l'alliage singulier.

Un sourire flotta sur ses lèvres, elle leva les bras puis les ramena à soi en signe d'accueil. La magie des éléments s'interrogeait sur l'acte de leur fille. Ils n'avaient pas l'habitude que l'on se serve d'eux comme elle s'apprêtait à le faire. Elle sentit leur puissance l'investir avec prudence, puis ils s'en remirent totalement à son contrôle quand elle força sa volonté. Sa dextre se tendit vers l'eau du ruisselet, sa senestre se pointa vers les ronces, les sarments, les végétaux luxuriants pour leur imposer de grandir. L'eau se faufila jusqu'à leurs racines qui forèrent le sol avidement afin de s'ancrer pour des siècles. Shadee leur offrit l'énergie nécessaire en l'espace de quelques secondes alors qu'il aurait fallu des décennies de soleil et de croissance pour atteindre peut-être une taille similaire. D'une houle végétale, des entrelacs harmonieux surgirent et s'enlacèrent pour grimper toujours plus haut. Shadee avança à grands pas sous la lune et les étoiles lointaines. Derrière elle, la terre serpenta pour former une allée de gardiens, et la pierre ébranlée la suivit. D'un geste, elle ordonna le renfort de l'arche fomée et que la roche s'épure pour devenir cristal. Le fracas des éléments cessa après qu'un dernier éclair foudroya son oeuvre pour l'iriser de nuances lumineuses.

Shadee se tenait là, épuisée, devant l'arc de mémoire. Il avait la forme d'un croissant de lune renversé et ajouré de fines arabesques. Des lueurs blanches caressaient les pétioles et les fleurs figées dans le cristal, les épines scintillaient comme mille étoiles sur le rideau de la nuit. C'est ainsi que la fin de l'Aîne fut célébrée sur l'île des Éléments. Ce n'était que la suite de la mer qui accueillait la terre que l'on voyait à travers l'arche. Pourtant, la mémoire traversait la porte du souvenir, et cela suffisait à faire revivre l'Aîné dans le coeur de Shadee.

Kärel | 22/01/12 17:50

Lludd : Je n'interdis personne de donner sa vision des faits, la mienne est sûrement la même que la vôtre et que celle de Phaeril. Mais si on pouvait respecter un tantinet l'écrit d'adieu d'un Dragon plusieurs fois centenaires, ça m'arrangerait, voyez-vous 8)

Cordialement,

Kärel.
Montre-moi ton multivitaminé, je te dirai qui tu es.

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Edité par Kärel le 22/01/12 à 17:55

Roxar | 23/01/12 10:16

100% d'accord avec Kärel. Joli écrit, mauvais commentaire.

Roxar, humble guerrier nain

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