Forum - Histoire de la demeure franche, recrutons des domestiques : Le portier.

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Celimbrimbor | 20/06/11 23:28

Jackob, qu'il s'appelait. Et c'était le pire enfant de salaud que le pays ait connu. Mais n'allons pas trop vite en besogne et donnons lui sa chance.

Marietta et Hans Hüberwold s'étaient rencontrés, comme beaucoup, à l'occasion de la venue en la capitale du dirigeant séculier d'un culte très en vogue dans le pays. Des gens étaient venus de toutes les campagnes dans l'espoir d'apercevoir et d'entendre un bout du guide spirituel qui avait tiré leur royaume d'une ère d'obscurantisme sans précédent. Ils avaient aussi espéré profiter de tarifs un peu réduit sur la célèbre bière de la capitale. Ce qui était sans compter sur l'avidité légendaire des tenanciers de tous les estaminets de l'endroit, qui avaient diligemment appliqué une triple dose de sel sur leur cacahuètes et ramener le prix de la pinte à celui du tonnelet. Autant dire que ce fut un succès.
Marietta et Hans se croisèrent dans la liesse populaire, un peu éméchés chacun et, les voies du coeur n'étant pas toutes impénétrables, il en résultat neuf mois plus tard un petit Jackob chez monsieur et madame Kolker, dont la jeune fille de dix-sept ans eut bien du mal à expliquer la présence. Fort heureusement pour le petit lardon, les beaux parents étaient gourmands et, sitôt appris le nom du potentiel géniteur, ils se réjouirent à l'idée de soutirer quelques piécettes, par coffret, à la famille Hüberwold.
Celle-ci possédait en effet le monopole sur la bière de la capitale. Tout ce qui se buvait là-bas, et tout ce qui se buvait de bon ailleurs, provenait de chez eux. Les Kolker enfagotèrent le marmot dans une linge pas trop sale, laissèrent le temps aux fesses de la pauvre Marietta de perdre leur rougeur et lui achetèrent même une robe qui mettait en avant son potentiel incroyable de vache à lait. Ceci fait, ils se mirent en route et arrivèrent bien vite au manoir des Hüberwold.
C'est Marietta qui toqua à l'huis, d'un coup délicat de bûcheronne des montagnes. Et c'est, heureux hasard, Hans qui ouvrit instantanément, attifé qu'il était pour sa tournée quotidienne des tripots de la ville, où il espérait que le nom de papa lui gagnerait les faveurs d'une ou deux gagneuses pas trop cradingue. Quelle heureuse surprise de voir que le destin lui en offrait une, là, sur le pas de sa porte. Armé de son sourire le moins édenté et le plus charmeur, il commença à lui débiter son baratin habituel quand les parents surgirent de derrière un fourré du petit parc, tenant par les pieds le bambin qui, fidèle à la réputation des chiards de cet âge, se mit derechef à brailler comme un âne. Il faut dire, à sa décharge, qu'en fait il braillait depuis une petite demie heure, mais qu'il n'est pas facile de hurler avec un linge dans la bouche.
Hans eut un sursaut, logique, de recul. Et voulu fermer la porte sur les poires avariées qui un instant plus tôt lui semblaient miches agréables. Avanie regrettable, il se trouvait que le père Kolker avait été vendeur à domicile dans sa jeunesse, et grâce à une technique éprouvée de vente forcée, il réussi à maintenir la porte ouverte. Malheur pour lui, il avait oublier dans ses vieux jours qu'il fallait bloquer l'ouverture avec un godillot solide et pas avec deux doigts dans entre le chambranle et la plaque.
Deux petits bouts de main vinrent salir le carrelage du manoir, tandis que les hurlements de douleur du vieux se joignaient aux braillements du petit mais solide bout de viande beuglard, bientôt rejoins, aussi, par les vagissements de terreur de Hans, positivement perdu dans tout ça. La mère et la fille ne participèrent pas, trop occupé l'une à bander la main de son mari, l'autre à donner la tétée sans se faire arracher un mamelon à grand coup de gencive.
C'est sur cette scène joyeuse que les parents Hüberwold décidèrent de rentrer, un large sourire de prédateur aux lèvres. Un tour de la situation, par une fenêtre située plus loin, avait suffit à leur faire comprendre ce qui se passaient. Et ils voyaient là, tous deux, un excellent moyen d'apprendre la vie à ce petit godelureau empâté de Hans.
On discuta.
Enfin, « on ». Les parents discutèrent. Hans chercha bien à se faire la malle ou la greluche, mais échoua dans les deux cas. Dans un, il se heurta à un majordome dédaigneux et très amusé, dans l'autre, à une boule de chair vagissante qui hurlait dès qu'une bouche lui disputait les tétines qui lui revenaient de droit, à lui. Il tenta vainement de feinter, de s'occuper à trouver des orifices disponibles, mais la jeune fille était moins facile, surtout que la bagatelle n'est pas chose aisée quand il faut s'accommoder d'un enfant possessif.
Il n'en reste pas moins qu'au terme des discussions, Jackob avait gagné un père, Hans une femme qui ne serait pas dupe, Marietta une belle famille qui l'appréciait déjà, et les autres un coffre rempli d'or qui servirait à leur faire fermer leur fichu appendice locutoire pour le restant de leurs jours. Qui ne seraient pas long, d'ailleurs. Tout allait donc mieux dans le meilleur des mondes. Jackob recevrait la meilleure éducation, irait dans les meilleures écoles et finirait dans l'élite du monde, véritable successeur de ses grands parents, tandis qu'Hans crèverait l'organe dans un trou quelconque, avec, lui, un nouveau trou quelque part, qu'on pariait creusé par un rabatteur ou un maquignon en maraude.

Sauf que non.

Jackob fréquenta bien les meilleures écoles du continent. Il en sortit, même, constamment major, sans effort. Malgré les conditions de sa naissance, ce garçon était un génie. Il comprenait tout avec une facilité désobligeante et se payait même le luxe d'humilier ses professeurs dès qu'il en avait l'occasion. C'est-à-dire, plutôt souvent. Bien entendu, l'argent de la famille fit qu'il ne fut jamais renvoyé mais on espéra, ingénument, que son entrée à l'université et la confrontation avec de vrais bizuthages mettrait un terme à son arrogance. Il n'en fut évidemment rien. Les costauds cherchant à intégrer l'armée en tant qu'officiers lui firent la vie dure quelques semaines. Il en tua un, pour l'exemple, à mains nues, et en mis K.O. deux trois autres. La question fut réglé. Diverses sociétés secrètes voulurent le plier, il les mit, une part une, à genoux. L'avantage de cette méthode c'est que, pendant sa scolarité là-bas, l'université fut unie sous sa coupe et ne connut aucun débordement. Quelques professeurs, notamment de droit et de stratégie se suicidèrent dans des circonstances étranges, mais cela fit peu de bruit.
Il sortit diplômé de l'université et ne fit plus parler de lui pendant deux ans. Il restait dans le manoir, plus précisément dans la bibliothèque. Ce qu'il y faisait n'apparut que deux ans plus tard : il prédisait l'évolution de la firme familiale pour les trente années à venir. Pour la petite histoire, la nôtre s'arrêtant avant d'en arriver là, il ne se trompa pas dans ses prévisions.
Son oeuvre achevée, il laissa un volumineux ouvrage à la garde de son grand père, lui indiquant qu'il enverrait, en temps voulu - c'était même indiqué sur le manuscrit - un héritier pour l'entreprise et des contre ordres à suivre à la lettre. Puis il disparut, comme ça.

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Edité par Celimbrimbor le 20/06/11 à 23:28

Gzor | 21/06/11 13:15

Drôle de famille :o

(Tout comme le précédent épisode : GÉ-NIAL ! Et une tournée pour Celim, une ! :b :o)

Gzor.
Iä, Iä, Cthulhu fhtagn ! Ph'nglui mglw'nfah Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn !

Edité par Gzor le 21/06/11 à 13:15

Vasckor | 21/06/11 13:22

[ toute proportion gardées cela me rappelle Le cycle de l'ombre, le pendant de la trilogie d'Ender, ou le "heros" se surnomme bean ]

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Gardez moi de mes amis, je m'occuperais de mes ennemis

Arthur Lavendan | 03/07/11 18:35

*Arthur, pestant dans ses cuisines.*

"Asteur que je m'ai les miettes du collationnement d'la Dragonn', m'en va les laisser gâter un ou deux d'ces jours. Quand c'est que je m'aurai les restes tout blets, y 'va pas y couper, l'saligaud d'Hüberwold."

Arthur, Maître-Queux.

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