Forum - Fille de Lune

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Tala | 24/05/11 13:56

L'errance touchait à sa fin. Elle avait perdu. Perdu ses batailles, perdu le fil de sa quête.

-Comment ai-je pu ....
-Tu as suivi la Voie, Fille de Lune. Toi seule sait, quelle est sa route

L'esprit de Loup, résonnant en elle. Elle n'avait pas tenu compte de ses avertissements. Il l'avait pourtant mise en garde, que ce combat n'était pas le sien. Que la meute en pâtirait. Mais, elle avait suivit son instinct. Ou était-ce son coeur ?

-Tu as suivi la Voie, Fille de Lune
-Je ne sais, Loup...

Les terres de Riredhil lui avaient offert refuge. Des lunes durant, elle avait clos son esprit, à ses loups, à Lui. Retrouvant sa vie sauvage, elle avait couru les gibiers, en compagnie des siens. Déchiqueté leurs membres chauds, s'abreuvant de leurs chairs saignantes, mordu dans sa propre Vie, cherchant des réponses. Hurlé avec sa meute à la lune, l'implorant de la guider.

Et cette nuit là, elle était partie.
Laissant là les siens. Longuement, son regard sombre les avait observés, alors qu'elle était allongée à même le sol, les pattes en avant, la tête dressée, les oreilles à l'écoute. Ils dormaient, tous, emplis de cette sauvagerie retrouvée, apaisés de se tenir loin du monde Humain. Leurs coeurs battant à l'unisson. Seul le loup gris l'observait en retour. Lui seul avait vu la louve blanche s'éloigner sans un regard en arrière. Il avait perçu les ondes, et savait qu'à présent, il devrait prendre soin des leurs. Le temps nécessaire.

Trottant tout son saoul, la louve parcourt les terres de part en part, la langue pendue sur le côté de ses babines, sa rage fendant l'air, déchirant la nuit, les muscles saillants s'échauffant dans la course folle. Retraçant son existence, elle remue ses souvenirs avec la même frénésie, cherchant encore et encore à savoir, où elle avait perdu son chemin, comment elle avait pu le laisser s'enfuir, la quitter, pourquoi, le fil de la Voie ne lui était plus visible, cherchant à comprendre où elle avait fait un faux pas, ce qui l'avait détournée. Avait-elle été détournée ? Et Loup, l'accompagnant dans cette danse spectrale...

-La Voie t'es toujours offerte, Fille de Lune
-Sottise, Loup ! Ne vas-tu cesser de croire en moi. Ne vois-tu pas que le chemin s'est effacé sous mes pas... sous nos pas ?
-Fille de Lune, la route est semée d'embûches. Elle disparaît, mais n'est-ce pas pour mieux revenir ?
-Non Loup. Cette fois, tu t'es trompé. Je ne suis pas Celle. Ma Voie n'est pas la Vôtre, pas la leur. Je ne suis que Sélénaïs, pauvre fille d'une montagne aride.
-Je ne me trompe pas, Fille de Lune. Jamais. C'est toi, qui m'as trouvé. Ton temps était venu

Les pattes martèlent le sol herbeux, l'air fouettant son museau, la sueur s'immisçant dans les poils blancs, le coeur battant avec frénésie. La soif l'envahissant peu à peu, son souffle devenant plus court, haché... Cinglante, froide, ses réponses cherchent à lacérer Loup, à le faire partir.

-Ne croire à une destinée que sur quelques mots prononcés en une langue étrange, ne trouves-tu pas ça présomptueux, Loup ?
-Je ne crois rien, Fille de Lune, il me suffit d'observer, et je sais
-Tu ne sais rien Loup. Si tu savais, tu n'aurais pas sacrifié ta Vie. Gâché ton Essence pour une gueuse, et misé sur elle tes Espoirs les plus fous
-Fille de Lune, rien n'est hasard, rien n'a été gâché.
-Pourtant, tu n'es plus Loup. Et toi, tu sais. Tu connais la Voie. Pourquoi ne pas l'avoir suivie, pourquoi ne pas avoir mené les tiens au Rakuen ?
-Toi seule le peut, Fille de Lune. Toi seule peut suivre la Voie
-Balivernes !

La louve blanche s'essouffle, et s'effondre. Depuis combien d'heures court-elle ? L'animal halète, couchée sur le flanc, les pattes tremblantes, un filet de bave coulant vers la terre. Les yeux roulants, elle lutte un instant. Avant de sombrer dans l'évanouissement.
Aussitôt, tout devient blanc, éthéré. Loup est là. Majestueux. Son regard sombre dardé dans les yeux améthyste de la jeune femme vidée, qui se tient devant lui. Assis, il attend. Debout, elle chancèle. Menaçant de s'écrouler sous ce regard si paisible, si fort. L'espace entre eux se réduit, et dans un dernier effort de dignité, elle soutient ces yeux.

- Loup... Laisse moi partir cette fois
-Tu es libre, Fille de Lune

Le silence les entoure, et sans que l'un ou l'autre n'esquisse un mouvement, elle se retrouve à genoux devant lui, à sa hauteur. Un interminable instant, les ondes les enveloppent. Tour à tour, elles se jaugent, se battent, s'étreignent, se déchirent, le couple étrange restant impassible au milieu d'elles. Puis elle capitule, épuisée. Ses mains viennent caresser l'encolure de l'animal.

-A quoi me sert ma liberté, si je ne puis plus guider les nôtres ?
-Tu le peux toujours. Tu ne le sais plus, c'est tout, Fille de Lune
-Que dois-je faire Loup ? Comment retrouver la Voie ?
-Tu es sa Fille. Sers-la. Elle te guidera. Et tu nous reviendras.

La vision s'estompe, et les doigts tentent de s'accrocher à l'animal, mais ne rencontrent que le vide. Le monde redevient sombre...
Les paupières mi closes s'ouvrent difficilement, et l'air retrouve le chemin des poumons. Sur le flanc, la louve reprend doucement ses esprits. Les pattes flageolantes, elle se redresse, et repart lentement, se dirigeant vers ses anciennes terres...

Edité par Tala le 24/05/11 à 14:14

Tala | 24/05/11 15:48

La jeune femme est vêtue d'une longue robe blanche, resserrée à la taille par une ceinture argentée, laissant ses épaules dénudées, alors que le tissu se croise autour de son cou, en une élégante féminité. Deux longues manches évasées complète sa tenue, prenant naissance à mi bras, retenues par des bracelets argentés ajustés. Ses cheveux restent le seul élément sauvage en elle, épars autour de son visage fin et pâle. Son regard lui-même semble avoir perdu l'éclat, et reste froid, à ceux qui le croise. Pourtant, elle dégage quelque chose de nouveau, un port plus altier, une confiance plus sereine. D'apparence. Mélange de simplicité et de grâce insaisissable, elle pose ses mains à l'embrasure de la fenêtre, au coeur du temple situé sur les hauteurs de son ancien royaume de Riredhil.
....

Les quelques lunes passés en ce haut lieu lui avaient été profitables. Ses instructions avaient été données et suivies scrupuleusement. Le temple à la coupole de verre, avaient été habillé de quelques statues de pierre. Décoré de subtiles peintures. Un travail sans relâche avait été fourni par les meilleurs artisans du royaume, pour parvenir à ce résultat somptueux. A la fois sobres et imposantes, délicates et raffinées, représentants des loups, hurlant à la Lune, des êtres, lui vouant adoration, une entente parfaite entre eux, une osmose trouvée, les oeuvres avaient naturellement pris possession de l'endroit.
Elle avait elle-même choisi, les individus dorénavant responsables du culte sur cette terre. Remarquables par leurs vêtements blancs, hommage à la clarté lunaire, les consignes avaient peu à peu trouvé leur place, les prières, leur juste rythme. Chaque nuit, des psaumes résonnaient dans le temple, en l'honneur de l'Astre. Accompagnant dans leur monotonie les chants lugubres des loups.

Pour que nul n'oublie, que la clarté perce toujours l'obscurité. Que la Lumière est là, même au coeur des Ombres.

....

La nuit s'estompe, alors que les premières lueurs de l'aube s'installent. Elle observe l'astre lunaire, qui lui renvoie ses questions sans réponses. Au loin, elle entend ses loups. Voilà des lunes qu'ils l'appellent. Ils se sont rapprochés. Ils la cherchent. La réclame.
Elle ignore obstinément leur complainte.
Pourtant, elle reste éveillée chaque nuit, les écoutent. Le coeur serré.
Mais sa place n'est plus parmi eux, pour le moment. Elle le sait.
Elle se détourne de la fenêtre, et après un dernier coup d'oeil à son reflet dans un miroir, elle farde ses yeux d'une nuance sombre, camouflant habilement les cernes qui se dessinent sur son visage qui s'épuise. Un nouveau jour se lève, et il est temps de quitter le continent chéri.

Elle traverse les dédales du manoir, rencontrant ça et là quelques serviteurs zélés. Les lourdes portes d'entrées sont ouvertes, et elle se glisse au dehors aussi silencieuse qu'une ombre. Une seconde, elle s'arrête sur le parvis, les premiers rayons du soleil glissant sur elle, réfléchissant sa lumière sur sa tenue immaculée. Quelques âmes passantes murmurent en voyant la Prêtresse, voyant en cette image quelque chose de divin. Elle les toise sans même les voir, de son regard de glace, et les badauds reprennent leur chemin. Elle reprend elle-même sa route.

Le bateau l'attend, un peu plus bas, au port. Mais elle ne s'y rend pas tout de suite. Il lui reste un endroit à voir. Sans trop savoir pourquoi, elle s'enfonce dans la campagne, traverse une forêt. Là, un lac. La jeune femme contemple l'eau. Le soleil filtrant à travers les feuillages, reprenant doucement leurs droits après les mois de désertion hivernale, vient caresser doucement sa joue, lui insufflant un bien être des plus simples.

Le petit lac, perdu au coeur du bois, voit son visage serein se refléter sur sa surface plane, à peine troublée par la petite rivière venant verser son cours en ce lieu paisible.
Tant de lunes se sont écoulé... tant d'évènements. Ses pensées s'envolent vers sa dernière rencontre avec son époux, alors que ses doigts caressent machinalement la dague qui ne la quitte jamais, à sa ceinture.

Se retrouver sur cette terre, après tout ce temps, lui parait à la fois saugrenu, et nécessaire. Bienfaiteur. Fermant les yeux, son esprit tâtonne un instant, à la recherche de celui du Dragon. Un instant, elle croit le percevoir, si lointain... à peine perceptible...

~~ Ma Flamme .... ~~

Elle s'interrompt, ne sachant exactement comment poursuivre... n'ayant qu'une simple envie égoïste de l'entendre... Elle sourit. Se surprenant elle même face à cette douce mélancolie... Soutenant une dernière fois son propre regard dans l'eau limpide, elle se détourne finalement de ce havre...

Edité par Tala le 24/05/11 à 15:50

Roxar | 24/05/11 16:07

Doux et captivant.

Roxar, humble guerrier nain

Shadee | 24/05/11 17:20

Bon courage, Tãla.

( Très agréable à découvrir :))

Noir-feu | 24/05/11 18:22

..et se retrouve face au Noir, immobile, si rigoureusement qu'il semblerait de pierre, n'étaient ses légers vêtements de soie noire qui ondulent doucement sous la légère brise. Son regard n'exprime rien, non pas vide mais soigneusement dompté, endigué comme le dangereux fleuve torrentueux qu'il peut devenir, source alors de joies ou de douleurs pour qui le croise. Puis, lentement, un discret sourire adoucit ses traits sombres, le Dragon n'a pas oublié, il n'oublie jamais. Sa pensée franchit le court espace qui les sépare, précise, acérée, pouvant sembler glaciale à qui n'a approché, et percé, les infinis voiles dont l'Aîné s'entoure la plupart du temps.

~~Aimée?~~

Une expression si simple, si dénuée de circonvolutions, et qui pourtant exprime tout. Le Seigneur des Dragons n'accorde que rarement son amour, sa confiance, mais une fois offertes, elles franchissent les âges, inaltérables. Elle l'appelle, il est là, sera là, encore et à jamais. Le temps n'érode plus le Noir, il ronge les êtres qui l'entourent, les dissipe avant même qu'aient pu se tisser toutes les trames envisagées lors des premiers instants, joyaux entre tous les plus purs, du moins dans son esprit. Qu'importe, semblable à un fier navire il franchit calmes plats et tempêtes sans vaciller, détaché de tout, ou presque, plus solitaire qu'il ne l'a jamais été, immortel cent fois brisé de chagrin devant la cruauté d'une disparition, d'un silence, d'une mort, cent fois relevé, reconstruit avec une infinie patience, plus solide qu'avant.

Un pas, puis un autre, il incline le visage en signe de reconnaissance, de respect, offre son bras avec cette courtoisie qui le caractérise souvent, murmure:

-Marchons un peu, voulez-vous?

Xüne | 24/05/11 18:32

Aimée ? Hum... je reste calme... pour l'instant

Lancwen la Pourpre | 24/05/11 18:39

A chere fille, tu devrais mieux choisir tes amants. Aucun d'eux n'arrive à la cheville du déchu...

Xüne | 24/05/11 18:40

Mère, quand on voit ce qu'est devenu le Déchu... une ombre parmi d'autre, rien de plus. Cela fait longtemps qu'il a perdu de sa superbe.

Lancwen la Pourpre | 24/05/11 18:48

C'est vrai, il n'est plus rien. Mais au moins, trouve un homme fidele qui ne retournera pas ces écailles dès que son amour qu'il croyait perdue, reapparait. Mais, tu es libre de ton hoix, après tout, notre famille est à l'image de Morrdred.

Xüne | 24/05/11 18:51

Mère, notre famille est telle qu'elle est, c'est ce qui fait sa force quoi qu'on en dise.

Tala | 24/05/11 18:51

Perplexe, elle se fige devant la vision de l'être aimé, si proche d'elle, si réel. Elle sait pourtant, qu'il est bien là. Ses sens ne la trompe pas... Son Essence... Sa respiration... Ses vêtements ondulant légèrement au vent. Autant d'indices qu'elle perçoit nettement, preuves que cette vision n'est pas le simple fruit d'une imagination en manque de son Amour.

Le souffle du vent fait glisser ses propres cheveux parme sur son visage, cachant l'instant de trouble qui la saisit, laissant ondoyer délicatement sa légère robe blanche sur son corps soudain frissonnant. Confusion de sentiments, ravivés brusquement alors qu'elle prend conscience qu'un instant auparavant, sa Flamme était dans ses songes, et qu'à présent, il se tient là, un mince sourire aux lèvres, simplement près d'elle. Qu'un moment hors du temps leur est offert. Qu'il est venu. Égal à lui-même. Comment a-t-elle pu en douter ? Ne pas imaginer qu'il viendrait.

Le vent tombe, et les yeux améthyste accrochent le regard étoilé. Lentement, elle hoche la tête, et s'approche. Regarde ce bras qui lui est tendu, hésitant le temps d'une infime seconde, à le décliner, pour simplement venir se blottir contre le torse rassurant. Oublier le temps écoulé depuis leur dernière venue sur cette terre, qui a vu leur bataille, qui a vu l'espoir renaître, l'Amour vivre, et déployer son rire et son bonheur parmi tous. Faire comme si leur union n'avait eu lieu qu'un moment auparavant. L'acceptant finalement, ne souhaitant pas briser la magie d'un faux pas, d'un éclat prématuré, en posant délicatement ses doigts sur la soie noire.
Elle sourit, en murmurant :

- Vous êtes là...

Edité par Tala le 24/05/11 à 18:52

Noir-feu | 24/05/11 19:08

Silencieusement, le Dragon acquiesce d'un hochement de tête, les yeux toujours rivés à ceux de Talã. Il a senti son hésitation, mais ne sait trop quelle nature lui attribuer, depuis trop de lunes engagé dans un combat solitaire d'infinie obscurité pour savoir encore décrire les émanations de lumière. Lentement, comme un rocher se détachant avec hésitation de ses pairs sur le flanc d'un montagne, il entraîne la jeune femme sur le sentier qui entoure le lac, l'esprit légèrement étonné. Rigoureusement, il cloisonne son âme, laissant les questions posées sans tenter d'y apporter une réponse qu'il sait ne pas posséder, peu désireux de se laisser aller à d'extravagantes suppositions.

Quelques minutes s'écoulent, troublées seulement par les murmures de la forêt, feuilles qui bruissent, brindilles qui craquent sous le pas des promeneurs, animaux sylvestres qui vaquent à leurs simples occupations si prenantes, engranger quelques noisettes, récolter de minuscules branches pour les entrelacer en un nid douillet qui accueillera la future portée, survivre, vivre, simplement. Étrange contraste avec la frénésie des soi-disant pensants, déliés de leurs attaches élémentaires, oublieux de ce qu'ils sont, en définitive, vivent-ils vraiment, encore? Un sourire songeur se dessine sur les traits du Noir, il désigne de sa main libre la valse de deux écureuils qui se disputent une coque emplie d'une savoureuse amande, galopant avec une effarante agilité sur les minces ramures d'un frêne vénérable. Vénérable...Noir-Feu rit intérieurement, ce grand arbre est bien plus jeune que lui, il aurait pu voir grandir les ancêtres de ses ancêtres, s'il avait connu alors ce lieu enchanteur.

Quelques minutes encore, puis le Dragon se tend imperceptiblement, braquant son attention vers un lointain inconnu, percevant par les Trames d'invisibles mouvements qu'il ne peut, qu'il ne doit ignorer. Alors il scrute à nouveau Talã, s'immobilisant avec une sourde mélancolie aussitôt consignée derrière ce masque d'impassibilité coutumier. Il aimerait que le temps se fige, profiter simplement de ces instants de complicité un peu retenue, qu'il ne pensait à vrai dire pas revivre avec Elle, mais les secondes filent, pressées, comme tendues de toute leur existence à rattraper celles qui les ont précédées. Une nuance interrogative se manifeste dans l'obscurité de son regard, il devrait poser la question qui frôle ses lèvres, le sait, mais ne veut s'y résoudre, préférant laisser à Talã le soin, le choix, de dévoiler, ou de garder pour elle, le mystère de cet appel.

Tala | 24/05/11 19:29

L'âme lui reste désespérément close. Mais elle n'en a cure. Une simple pensée au vent, un tâtonnement, et il était venu la rejoindre. Sa présence lui suffisait plus que tout autre chose en ces instants bénis. Le couple étrange et sauvage avance autour du lac paisible, dans une danse lente, reposante, après toutes ces luttes. La danse de l'Ombre, et de la Lumière...

Souriante, la fille louve regarde le doigt tendu vers les écureuils, pressant légèrement le bras entre ses doigts. Choisissant elle aussi de clore toute pensée, elle profite simplement de l'instant présent. Se souvient de leur conversation, un soir de pluie, en Aerendir.... Seul l'instant présent importe.... La voix du Noir résonne encore dans sa tête.

Ses sens captent les changements infimes d'état d'âme de son compagnon, observent de loin en loin les courbures imperceptibles d'un sourire, la ride songeuse au coin de l'oeil, un battement plus fort que le précédent... Les muscles qui soudain se tendent, alors que le regard se fait absent, guettant les Ombres qui se profilent, leurs incessants va-et-vient, qui ne laisse que rarement quelque répit au Dragon. Elle observe tous les changements, s'en imprègne, les faits siens, les acceptent... Tente de les suivre inlassablement... En étant à la fois si proche et si éloignée...

Les pas se figent, et les regards se croisent à nouveau. Tentent de se déchiffrer l'un l'autre, d'en lire plus, de franchir les murs qui les obstruent si légèrement, si fortement... A quoi bon franchir les âges, si c'est pour se morfondre du passé en craignant l'avenir?

Lentement, son bras se lève, suivit dans son mouvement par la longue manche blanche évasée. Ses épaules dénudées perçoivent la douce chaleur qui émane de l'être aimé, feu constant et rassurant, qui l'apaise et l'émerveille tout autant. Son index effleure les lèvres de son fier compagnon, et sa voix douce et claire s'élève entre les chants d'oiseaux :

-Les Trames vous appellent ... Ma si douce Flamme... Vous venez de réchauffer mon coeur et mon âme pour les lunes à venir.

Baissant un instant ses yeux améthyste, elle les relève finalement, les dardant dans le regard de braises :

- Je suis bien inutile à vos oeuvres, et ne parvient pas à vous aider, ni à vous soutenir comme je le souhaite. Je n'en suis pas navrée, ni désolée, autant de sentiments qui sont inutiles, et ne nous mène qu'à notre perte. J'en suis déçue, terriblement... de ne parvenir à être là, d'être aussi faible qu'il est possible de l'être, de n'être qu'une feuille volant au gré des vents furieux, parfaitement invisible, chétive, dérisoire. Et pourtant, vous êtes là, près de moi, qui ne suis rien. Vous m'êtes si cher, si précieux. Une partie de moi-même est devenue vôtre, ne vit que parce qu'elle sait votre propre existence en cours. Noir Feu... Encore maintenant... Vous me manquiez... terriblement... égoïstement... tout en vous me manquait... Un simple merci ne saurait suffire à votre présence ici. Tellement obsolète, ridicule, comparé à la plénitude qui m'envahit. Mon Aimé... Mon Aimé, je ne vous retiens pas plus longtemps, je sais, je perçois, que votre place est ailleurs... loin de moi... Sachez, sachez que si inconsistance soient mes possibilités, mes forces, elles sont, et seront, éternellement vôtres, au-delà du temps, au-delà de l'espace, et delà des Trames. Où que vous soyez... ne l'oubliez pas, ma Flamme.

Kärel | 24/05/11 22:34

"All you need is love..." ahem. Encore une histoire dont je ne comprendrai ni le début ni la fin... pour autant qu'ils soient temporaires. Mais cela est beau.

[Très joli, et bien écrit par ailleurs. Une sérénité se dégage de ce texte, très agréable :) ]

Edité par Kärel le 24/05/11 à 22:34

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