Forum - [Certadhil 3 - Homélie]

Gzor | 25/04/11 12:27

Après 48 lunes de combats acharnés, Certadhil la Maudite était enfin pacifiée.

Gzor.
Iä, Iä, Cthulhu fhtagn ! Ph'nglui mglw'nfah Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn !

Gzor | 21/05/11 19:27

La nouvelle avait été proclamée dans le vaste citadelle-cité gzorienne quelques heures auparavant.
La victoire.
La victoire...
Ce mot avait-il seulement un sens ? Certadhil n'était-il pas ce genre de zones où la paix ne sera jamais possible, sur le plan militaire comme psychique ? Le Mal n'était-il pas, telle une hydre mythique, une engeance qui sortait de ses échecs grandie ? Quelle était la durée de ce sursis, car, il en était certain, les choses recommenceraient ? Dix lunes ? Cent lunes ? Mille lunes ?
Cette victoire était-elle seulement pleinement méritée ? Lui, Gzor, dont on avait condamné l'immobilisme, lui, qui, malgré sa proximité et l'emplacement stratégique de sa position, ayant permis au Bien de mener ses assauts, n'avait jamais, ô grand jamais, été rasé ? Cette citadelle rutilante, parcourue par soldats et mineurs, animée, pleine de vie, dotée d'innombrables défenses, défiant les monts Tla'dsul dans un duel tacite et silencieux, n'était-elle pas une insulte aux seigneurs qui avaient laissé leur royaume, voire leur vie, sur ces terres maudites ?
Le terme de victoire était-il seulement approprié, quand il repose sur le sacrifice délibéré et régulièrement répété de centaines de milliers d'êtres ?
Il regarda autour de lui. Une foule de scribe notant ses paroles le suivait depuis l'annonce. Cela faisait désormais une heure qu'environ dix de ses plus émérites scribes, Maendelh en tête, notaient chaque mot que le seigneur prononçait. Le récit de la troisième guerre Certadhilienne s'étalait déjà sur des pages et des pages. Des blancs réguliers étaient destinés à des travaux d'étude statistiques, d'enluminure, de dessin et de cartographie.
Il traversèrent le grand hall du temple de la cité, lieu de savoir entre tous. Sur un des murs, le recouvrant de hauteur d'homme jusqu'au sommet du haut plafond, se trouvait une carte représentant Certadhil de façon détaillée, sur les points géographiques, stratégiques et politiques. Elle était assez récente ; figurait dessus le visage d'une Certadhil pacifiée et dominée par les forces daifeniennes.

La place forte de Gzor, orgueilleuse citadelle dressée telle un rempart contre les hordes limbiques, était située au centre du continent. Elle était, à peu de chose près, le centre de gravité d'un hexagone quasi-parfait, formant le royaume dépendant de la cité. Au nord-ouest, on pouvait trouver les postes-frontières et les quelques défenses dressées pour surveiller le Mal durant ses quarante lunes de lutte. Au sud-est, à l'opposé, se situaient des mines, construites pour permettre à Gzor un développement autarcique et prévenir toute rupture de boucle caravanière. Depuis deux ans, elles étaient le lieu de travail de près de six milles mineurs, qui extirpaient des entrailles de la terre de la pierre et des métaux. Une dizaine de lunes auparavant, ils avaient accidentellement débouché sur une des nombreuses galeries appartenant au titanesque réseau souterrain constitué par la Meute pour se déplacer das le sous-sol du continent, et pouvoir attaquer sans être repérés. Les loups-garous avaient par la suite envahis les mines et massacrés un peu moins de la moitié des mineurs. Fort heureusement, l'armée gzorienne avait investie les boyaux, et purgée la menace.

Dans la partie nord-ouest du continent maudit, seuls avec les plaines septentrionales ravagées par les marches des armées et les combats de la Deuxième Croisade, le royaume primotaure de Shadee, situé, sur la carte, bien au-dessus des monts Tla'dsul. Elle était jouxtée par les possessions de son compagnon, le Dragon, Larme de fée. Le couple avait constitué, malgré l'arrivée tardive du mâle, un appui fidèle et permanent, et ils avaient personnellement pris part à la fermeture de la Porte du Sang. Les alentours étaient parcourues par des hordes de lions myrilliens, qui avaient constitué, à eux seul, à peu près le tiers des armées daifenniennes. Les cieux étaient encore parcourus par des hordes de dragons noirs, dont le sens du sacrifice ne serait sans doute jamais loué de manière suffisante.

En suivant une trajectoire droite vers le sud, on trouvait, sur la partie centre-ouest du continent, relativement près de la côte, un triangle quasi-rectangle, dont les trois points étaient en réalité trois royaumes.
Le royaume de la Fondation était, malgré sa localisation, en plein coeur d'une forêt au nord du tombeau de Kehan Olth, bien le royaume le plus puissant du continent. Dirigée durant la plus grande partie de la guerre par la fille d'Althâr Anthâar, dame Alyssa Anthâar, il était devenu, entre autres, un royaume commercial plus que prospère, un lieu important de la mode, et une force neutre qui avait fort heureusement basculé au dernier moment. C'était aussi grâce à eux, se dit Gzor, que la dernière bataille avait pu être gagnée.
Exactement à l'est de cette forêt, à proximité immédiate des ruines de la M&W Corp, se trouvait le royaume de Vici. Gzor se souvenait encore de ses deux rencontres, ayant eu lieu dans des circonstances un peu spéciales, avec le forgeron dominarien. La première avait eu lieu à la lune 999. C'était alors le commencement. L'atmosphère de ses quelques mois est difficilement retranscritptible, et même remémorable. De fait, Gzor avait, lors d'une expédition dans les ruines de l'usine poulpeuse, trouvé Vici sur son chemin. Ce dernier, inquiété par les quelques dommages que la troupe avait fait subir à la zone, était allé voir ce qui se tramait, et était tombé sur une patrouille sous les ordres du changeforme. Après quelques explications et délibérations, il était reparti, avec quelques bizarreries à l'Huile d'Obsidienne en prime, et ce, après s'être fait copieusement berner par son allié.
La seconde était, elle, nettement plus héroïque. Une dizaine de lunes plus tard, un avant-poste surveillant le frontière entre les terres chaotiques et le royaume avait repêché deux nains hagards, errants sur le versant sud d'une des montagnes. Il s'agissait de Vici et d'un de ses soldats qui, en piteux état, avaient parcouru le chemin du champ de bataille de la citadelle du Sans-Nom, jusque là. Gzor avait raccompagné en dirigeable le dominarien, jusque dans son royaume en reconstruction. Celui-ci devait désormais être prospère...
Il passa à la dernière pointe du triangle. Situé un peu au nord du royaume de Vici, sur la côte, le royaume elfe d'Ildrina siégeait.
Ildrina... la turbulente. Le vieille elfe avait démontrée, sur la fin, un désaccord assez latent, et portant sur pas mal de sujets, avec le centre de décisions de Myrilla, si bien qu'elle l'avait quitté quelques lunes avant la victoire. Malgré tout, ses dryades et ses caravanes avaient pesées dans la balance.

Au sud-sud-est de ce triangle imaginaire, sur la côte méridionale, se trouvait l'un des rares endroits qui avait traversé les deux guerres certadhiliennes en réussissant à rester en place : la cité, ou plutôt le port de Keanor. Au début de la conquête, elle appartenait à Lancen de Sigil, qui l'avait laissée en proie à la guerre civile et aux flammes lors de son départ, à la lune 1000. La guerre y avait fait rage vingt et une lunes durant, jusqu'à ce que Gzor lui-même vienne faire cesser les combats, mate les belligérants et les meneurs dans le sang, et redémarre l'activité économique, le tout d'une main de fer. Il avait peu après cédé la cité à son ami, Kärel, sans terres suite à la rébellion du contingent d'elfes qu'il avait emmené sur la Maudite. À l'heure actuelle, la cité était entre les mains d'Haavan, son intendant.

Enfin, à l'ouest du royaume de Gzor se trouvaient un certain nombre de royaumes. La cité de Krashouane était, au même titre que Keanor, une relique de la Deuxième Croisade. Elle était gardée par le Khan Rouge, et, malgré une méconnaissance notable de la hiérarchie orque, Gzor croyait savoir que c'était un envoyé du Grand Khan A'ort... C'était de là qu'était partie l'expédition du pentacle, à laquelle Gzor avait pris part, à la lune mille onze ; elle avait permis de ramener le seigneur des Limbes Ygné, qui était revenu il y a de cela deux lunes. De fait, il était sans doute, à l'heure actuelle, quelque part sur le continent, broyant sans doute du noir ; en effet, il était arrivé, tout excité, quelques jours après la défaite de la Meute. Il n'avait donc eu aucune utilité, à son grand damn.
Juste au nord de la ville orque se trouvait l'autre grand royaume hordeux du continent, celui du pirate Jarx. La région était donc... hordeuse...
Au sud de la citadelle gzorienne, on trouvait le royaume clanique du shogun Kawamashi, dont les harpies avaient pesées dans la bataille. Son emplacement était un frein à l'expansion des frontières gzoriennes vers le sud, mais ce n'était pas un point d'une gravité extrême : les bordures du nord-ouest allaient très prochainement se déplacer de façon importante.
Le royaume de Lyra Méfynnlath n'apparaissait pas sur la carte ; c'était sans doute à cause d'une erreur. La dragonne avait été une combattante brave, aidant à l'expédition de fermeture du Sereg Rinn ; ses eluros avaient constitué une force offensive puissante au service de Daifen.

Alors qu'il convoquait ainsi la mémoire de ses alliés, il continuait de dicter aux scribes. Malgré des interruptions dans le flot de paroles de leur seigneur, ceux-ci étaient appliqués à consigner sa version des faits dans les annales.

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Du haut de la terrasse du tout nouveau château du maître des lieux, forteresse s'offrant tout de même quelques luxes de confort, Gzor contemplait sa cité.
Une animation relative y régnait. Les marchés étaient animés ; les commerçants hélaient les passants ; certains gardes, surveillant l'endroit, semblaient plaisanter. Pour la première fois depuis bien des lunes, le soleil s'était montré plus de deux heures, et une bonne humeur générale semblait régner. Ça et là, quelques tables étaient dressées dans les rues et sur les places : les nains s'apprêtaient à fêter la victoire.
Son regard porta plus loin. Par-delà les noires et hautes murailles de pierre, serties de tours de gardes et de catapultes pointées vers le nord-est, par-delà la grande porte, s'étendait la plaine aride que les armées daifenniennes avaient foulées sans cesse durant cette guerre. encore plus loin, les cimes des monts Tla'dsul se faisaient voir, formes menaçantes brandies telles des piques vers un univers qui, pour la première fois depuis des temps immémoriaux, semblait en harmonie.
Ses yeux se plissèrent. Par-delà ces pics embrumés, par-delà l'horizon rassurant, la Sereg Rinn était toujours. Au bout de combien de temps le Chaos se remanifesterait-il ? Serait-il alors seulement destructible ? Qui serait encore là pour le combattre ?
La porte de la cité s'ouvrit. Il put apercevoir une centaine de nains, qui franchirent au pas de course les murailles. Ils faisaient partie de ces groupes d'ouvriers, d'ingénieurs et de mineurs qui, en provenance des mines de métaux du sud-est du royaume, convergeaient, depuis deux lunes maintenant, vers une des montagnes de la chaîne Tla'dsul. c'était ici que Gzor avait ordonné la construction d'un titanesque monument aux morts en la mémoire des disparus et en mise en garde à propos des futures guerres. Car il y en aurait d'autres... Plus violentes, plus brutales, plus bestiales.
La porte derrière lui s'ouvrit. Se faufilant entre les colonnes de marbre, les statues et les plantes, son chef-scribe, Maendelh, lui présenta, sans un mot, un ouvrage, qu'il posa avec précaution sur un pupitre de bois.
La couverture, digne des meilleurs grimoires, était assortie d'un titre en caractère gothiques : "La Troisième Croisade Certadhilienne"
«- Voici l'ouvrage que vous avez commandé aux scribes du temple, seigneur. », dit le scribe en toge violette.
Gzor le feuilleta. Les lourdes pages, en peau d'animal, étaient recouvertes d'une description précise et illustrée de la guerre.
«- Excellent, Maendelh, dit Gzor en souriant. Vous et vos hommes avez fait un travail exceptionnel. »
Il regarda encore un instant le précieux ouvrage.
«- Combien d'exemplaires avez-vous en réserve ?
- Aucun, seigneur, mais si vous le voulez...
- Faites-en une dizaine. Ils seront destinés, entre autres, au Krak, à cette cité, et aux autres vainqueurs.»
Il fixa son scribe.
«- Qu'un coursier parte sur le champ avec cet ouvrage, en faire don au temple d'Inn-Halad et à son maître, Diskeudur. Ce sera vous, Maendelh, qui le ferez, au nom du royaume. »
Après un petit silence, le scribe, visiblement surpris, eut un grand sourire.
«- Seigneur, c'est plus que ce que je demande, et...
- Allez, zou, disparaissez. », le coupa Gzor.
Le lettré s'en alla avec une certaine dignité, malgré quelques difficultés à cacher son exaltation.
Le changeforme se retourna vers l'extérieur. Le soleil se couchait, et ses rayons crépusculaires, filtrés à travers les nuages, baignaient la scène d'une lumière orangée du plus bel effet.
Il sourit.
L'Ère Gzorienne ne faisait que commencer...

Gzor.
Iä, Iä, Cthulhu fhtagn ! Ph'nglui mglw'nfah Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn !

Edité par Gzor le 21/05/11 à 22:25

Kyrio | 22/05/11 11:56

Ga... gaaaah...

Gzor | 22/05/11 21:16

Vous verrez bien, suffit de venir visiter

Gzor.
Iä, Iä, Cthulhu fhtagn ! Ph'nglui mglw'nfah Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn !

Kärel | 23/05/11 22:52

C'est... homéliesquement gzoresque

C'est dingue, j'ai l'impression que tous les hauts scribes portent des vêtements violets... c'est fou la mode quand même... Alyssa doit pas s'ennuyer

Edité par Kärel le 23/05/11 à 22:52

Kärel | 24/05/11 20:25

Et bien, soit...

Ga... Gaaaah...

Ça donne un côté "légume", comme si l'on poireautait d'étonnement (?) devant la titanesque homélie. Pas désagréable

Edité par Kärel le 24/05/11 à 20:26