Forum - Une étoile dans la pénombre

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Lady Aube L'indomptable | 24/04/11 19:34

Un vent glacial soufflait depuis l'océan, et la silhouette s'engonçait dans sa cape. Ses bras finement musclés faisaient frapper en un rythme soutenu deux rames de bois sur l'océan empli d'une eau sombre et impénétrable.
Le mince canal dans lequel elle évoluait était rivé de part et d'autre d'immenses rochers, formant au dessus d'elle un tunnel de roches, et près d'elle, des épines griffues sur laquelle sa frêle embarcation menaçait de s'échouer au moindre faux geste. Aucune lumière ne filtrait par ici, et la silhouette ne se laissait guider dans ce dédale que par sa connaissance précise des lieux, maintes fois parcourus.
Une sourde résonnance emplissait l'air à chacun de ses gestes, se mêlant à son propre souffle, martelant lui aussi dans sa cadence régulière.
Indifférente à l'obscurité ambiante, l'ombre parmi les entrailles de cette falaise ramait, depuis de longues minutes maintenant, bercée par son propre effort, chacun de ses gestes brûlants la renvoyant à sa propre existence.

La grotte s'élargit légèrement, et bientôt, un mince filet de lumière fit danser devant ses prunelles autant de grains de poussière, lui laissant apparaître enfin la minuscule crique convoitée, ignorée de tous, d'après ce qu'elle avait pu en juger jusqu'alors, le soleil perçant faiblement par une interstice sculptée par le temps.

L'étonnante silhouette perturba le lourd silence des profondeurs, en tirant dans un râle son frêle canot sur le rivage de pierres sombres, avant de s'essuyer négligemment d'un revers du bras une goutte de sueur perlant à son front.
Le halo de lumière l'éclaira un instant alors qu'elle se redressa. Il émanait d'elle une dignité et une élégance surprenante, alors qu'elle scrutait les ténèbres qui l'avaient vu évoluer un instant auparavant.

Seule, dans son repaire, elle se saisit d'une torche qui gisait au fond de la barque, et y mit le feu sans tarder, avant de s'enfoncer dans une fissure étroite de la paroi. Derrière elle flottait un vent de liberté, un parfum léger et aérien, trahissant sa féminité.
Quelques pas encore, sur le sol humide, dont les eaux venaient à peine d'évacuer les couloirs, et elle retrouva son repaire.
Au coeur de l'obscurité, elle se servit de sa torche pour allumer ça et là d'autres sources de lumières, qu'elle avait pris soin d'encastrer haut dans les parois au cours de ses précédentes visites.

L'endroit formait un cercle presque parfait, et seule l'étroit couloir par lequel elle venait de pénétrer en permettait l'accès. Tout de roches sombres, quelques parois suintant d'une eau coulant presque silencieusement vers le sol, il ne s'agissait en apparence que d'une grotte parmi d'autres, comme une âme curieuse et aguerrie pourrait en rencontrer si ses pas la poussaient vers des recherches poussées dans les cavités marines. Une cache parfaite, pour une pirate.
Sans se soucier du silence qu'elle perça, elle tira un petit coffre d'une autre cavité, et l'ouvrit rapidement, pour y déposer quelques pierres scintillantes, qui se reflétèrent un instant dans ses prunelles noisette. Se faisant, sa propre voix ricochait sur les murs, dans un monologue étrange.

Vois-tu mon étoile, la vie suit son triste court. Rien ne change en notre bas monde. Les terres de Daifen ne sont pas plus propices que les autres à aucun changement... Les ordres s'y entretuent vainement... Les seigneurs et Dames y souffrent d'une certaines façons dans l'indifférence générale... Ici, comme ailleurs, les temps sont durs, et chacun tente le destin pour sa propre survie...

Elle se tait par instant, continuant machinalement à vider ses poches, laissant ses doigts fins glisser sur l'or garnissant ses petits coffres, dissimulés ça et là dans la petite grotte.

Regardes moi. Je suis comme eux. L'Indifférence. L'Individuelle. L'Indépendante.

Dans un sourire narquois

L'Indomptable...

Le silence tomba à nouveau, troublé seulement par quelques gouttes perdues, soumises à une gravité les laissant s'écraser sur le sol. La jeune femme laissa soudain tomber ses épaules, comme si, le poids de la vie lui semblait un fardeau trop lourd à porter. Nulle lueur à travers ses yeux, seulement un abysse lourd de sous entendus, de mélancolie. Elle s'approcha d'un petit autel, dressé lui aussi à même la roche, en hauteur, à l'abri de la marée montante, de ses eaux dévastatrices et de ses monstres marins...
Là, deux bougies levaient leurs flammèches vers le plafond bas, alors que leur cire s'étalait paresseusement tout autour d'elles. Entre elles, repose une petite mèche de cheveux d'ébènes, retenues par un ruban d'un pourpre éclatant, indifférent à l'humidité ambiante. Ainsi qu'un petit tas de fleurs fanées, desséchées.
Elle s'agenouilla et resta les yeux rivés sur la petite mèche, de longues minutes, une éternité, silencieuse, avant de reprendre la parole.

Mais j'ose croire encore en notre espèce. Les humains...
Tu vois, malgré tout... La solitude est lourde... Aerendir la soulage.
Et à présent, j'ai également retrouvé un fil vers l'espoir. Un être, emprunt de cette énergie nécessaire. Qui oeuvre, pour le faire vivre. A sa façon. Sans même s'apercevoir des vagues qu'il soulève.

Un sourire fugace éclairant ses traits dorés, elle déposa un iris blanc, au coeur rosé, sur le petit autel

Oui mon étoile. Il est peut être temps...

****
« Si tu avais combattu comme un homme, tu n'aurais pas été pendu comme un chien ! »

Edité par Lady Aube L'indomptable le 24/04/11 à 19:37

Vormonta | 24/04/11 19:46

Très classe et j'aime beaucoup le style !

Ap'poh Calypso | 24/04/11 20:13

Les étoiles insondables ont tant à nous apprendre...

Ap'Poh Calypso

"Douceur et rage"

Celimbrimbor | 24/04/11 21:38

Beau ramage.

La Demeure Franche : [Lien HTTP]

Lady Aube L'indomptable | 26/04/11 09:29

Elle se redressa sans lâcher du regard le petit autel, avant de s'en détourner. La silhouette redressa ses épaules, retrouvant par la même son habituelle prestance. Ses bottes talonnées martelaient un sol ruisselant d'une eau claire et salée alors que la marée réintégrait rapidement les parcelles oubliées de cette grotte.
Elle reprit place dans son embarcation de fortune, et, sans un regard en arrière, refît le chemin inverse, s'engouffrant à contre courant dans l'abysse ténébreuse.
Ses gestes étaient fluides et précis, son corps agissant avec autonomie alors que ses pensées voguaient au loin. La mèche avait réveillé en elle les mêmes souvenirs enfouis.... Les cheveux d'ébène volant au vent, à l'avant du navire, alors qu'un rire cristallin égayait l'espace de sa gaieté joyeuse... Un chant marin, entonné par une petite voix tremblante, loin d'être harmonieuse, mais béni des cieux, bientôt accompagné des voix graves d'un équipage touché au coeur même de sa virilité par la délicatesse du petit être... Le silence...
Elle ferma les yeux et inspira longuement pour enfouir à nouveau ses souvenirs au plus profond de son être.
Chaque fois, le même rituel.
Mais cette fois, une flammèche brûlante au fond de son être lui offrait un présent inestimable. Cette fois, elle repartait avec l'Espoir.

Les ténèbres s'ouvrirent d'un seul coup sur la lumière du jour. La barque franchit les dernières roches aiguisées, et se retrouva soumise à l'air libre, à l'immensité océanique... Minuscule insecte se débattant à la surface d'une eau bouillonnante, luttant pour ne pas s'échouer et disparaître. Tournant la tête, le vent glacial soulevant ses cheveux roux, elle repéra un peu plus loin le profil de sa frégate.

Quelques coups de rames, et elle la rejoignit enfin. L'équipage y était réduit à son strict minimum, la bidel ne souhaitant pas dévoiler l'intimité de ces instants à n'importe qui. Son regard glissa sur les hommes présents. Tous ceux là avaient connu ces instants d'un autre temps. Tous avait unis leur timbre gras à la voix légère. Mais seul l'un d'entre eux savait parfaitement ce que l'endroit représentait pour elle. Ses prunelles noisette s'arrêtèrent sur lui, et l'homme bardé de tatouages au regard aussi sombre que sa peau noire l'observa de ses yeux fixes et pénétrants, cherchant piste vers son âme. Il ne rencontra qu'un mur clos, mais aperçut également la lueur nouvelle brillant au fond des prunelles. Il se contenta d'hocher la tête vers elle. Elle lui rendit son salut, avant de reprendre en main les commandes de sa frégate.
Plus droite que jamais, l'esprit libéré, le vent de liberté l'enveloppant d'une aura particulière, la fière Lady fit manoeuvrer la frégate.

Se calant sur le gaillard avant, au niveau de la proue, les mains sur les hanches, elle laissa son regard errer sur l'eau scintillante et glaciale, qui lui renvoya les yeux de celui qui guidait ses pas à présent, et avait fait naître ce fol espoir. Un sourire ourla ses lèvres cerise.
L'Indomptable allait reprendre son existence de lutte, avec une arme nouvelle, un atout précieux...

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« Si tu avais combattu comme un homme, tu n'aurais pas été pendu comme un chien ! »

Edité par Lady Aube L'indomptable le 26/04/11 à 14:51

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