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Jethro Karovd | 08/04/11 23:34
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[Chapitre 3 : [Lien HTTP] ]
...
Jethro Karovd était assis face au soleil, contre le mur de sa bâtisse. Il semblait serein, du moins c'est ce que pouvait conclure Listeur en voyant le Patron les yeux fermés. Le reste de son visage était encore marqué de la séance de torture et sa maladie ne l'aidait pas à cicatriser assez vite. C'était pourtant les dernières traces visibles de la violence que Rya Kleus, et ses hommes, avaient déployés contre Jethro.
Il ne bougeait pas. Il attendait, calmement.
Il n'ouvrit les yeux qu'au moment où Listeur se plaça entre le soleil et lui.
- Eh bien, murmura Jethro à demi éveillé.
- Etes-vous capable de vous déplacer, monsieur ? demanda Listeur.
- Tout dépend pourquoi, mon ami. Mais si tu me poses la question, c'est que le Doc' pense que non.
- En effet, il pense que le déplacement dont je viens vous parler risque d'être trop douloureux.
- Kleus demande à me voir, n'est-ce pas ?
- En effet monsieur, dit Listeur à moitié surpris.
- Et si tu es là, c'est que tu penses que le déplacement doit être fait.
- Eh bien, hésita le militaire, Tsane est venu cette nuit pour prévenir que Rya Kleus souhaitait vous voir. J'aurais retenu l'information pour plus tard si Tsane ne m'avait pas paru agité.
- Agité ? lança soudain Jethro en se levant, un bras contre son ventre. Explique-moi.
- Il semblait nerveux, il ne tenait pas en place et semblait pressé de repartir pour le manoir de Rya Kleus. Son message était simple, pourtant, il a eu du mal à le dire en une seule fois. Il m'a paru agité, monsieur.
Jethro s'avançait déjà vers la porte d'entrée de la bâtisse.
- Viens m'aider à m'habiller je te prie, dit-il calmement. Nous devons partir au plus vite. Il faut prévenir le Doc, il vient avec nous.
Listeur emboîta le pas sans un mot.
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Rya Kleus était allongé dans sa chambre, au milieu de son manoir, au main de son ennemi. Il semblait dormir paisiblement, du moins c'est ce que pensa Jethro Karovd avant que son regard ne tombe sur la marque de sang qui imprégnait les draps. Il ne dit mot et avança doucement vers le lit. D'un geste lent, retira le drap. Le Doc et Listeur attendaient à l'entrée de la pièce, ne sachant que faire face à l'attitude trop calme du Patron. Ce dernier leur fit signe de s'approcher et ils purent constater ce qui semblait apparaître comme un coup de dague au niveau de côtes. Le Doc se pencha alors. Examinant un instant l'homme, il finit par le recouvrir.
- Il n'est pas en bon état, la blessure va lui être fatale, lança-t-il.
- Faites ce que vous pouvez, mais maintenez-le en vie encore une nuit, murmura Jethro, je dois lui parler. Listeur, trouvez Tsane et amenez-le moi dans le bureau principal de ce manoir.
Karovd sortit de la pièce. La douleur physique semblait avoir momentanément disparu, il s'était redressé et à présent son regard fouillait autour de lui alors qu'il avançait le long des couloirs qui commençaient à s'assombrir. Le soleil regagnait le sol. Jethro cherchait. Non un endroit ou un objet, mais une réponse.
Celui-ci s'arrêta enfin devant une porte, une de celle qui termine les couloirs, une de celle que vous ouvrez avec appréhension, une de celle qui dévoile ce que vous redoutez le plus. Mais Jethro l'ouvrit sans hésitation aucune, et pénétra dans l'immense bureau du propriétaire des lieux. Et alors que son regard parcourait tous les objets présents, il jura soudainement. Devant le bureau fumait encore un petit tas de ce qui semblait avoir été des parchemins. Il tâtonna du pied pour voir s'il restait quelque chose au milieu des cendres, rien. Aussi, se redressa-t-il et alors que son regard refaisait le tour de la pièce, s'approcha du bureau et commença à fouiller, partout.
Lorsque Tsane pénétra dans la pièce, suivi de près par Listeur, rien ne laissait penser que le bureau avait été retourné dans tous les sens. Il était même mieux rangé qu'auparavant et Jethro, debout, de dos, au milieu de la pièce, lisait un parchemin en silence.
Listeur ne dit mot, restant dans l'encadrement de la porte. Tsane, lui, attendait, les mains et le regard fuyants.
- Vous a-t-il parlé avant qu'on le poignarde, Tsane ? demanda Jethro sur le ton de la discussion, toujours penché sur son parchemin.
- Euh.., commença Tsane.
- Non, évidemment. J'ai dans l'idée qu'il vous a fait appeler, et lorsque vous vous êtes présenté à lui, il vous a attaqué.
Tsane recula de surprise avant de réussir à dire :
- Mais... non... monsieur... Il... Il a demandé à me voir. Les hommes l'ont amené. J'étais... j'étais dans la cour... oui, dans la cour. Et lorsqu'il est arrivé à ma hauteur, il a sorti une dague et m'a sauté dessus.
Jethro posa le parchemin sur le bureau avant de se retourner. Il souriait, et le regard qu'il porta à Tsane fut celui d'un père à son fils. Aussi ce dernier se détendit, et ses mains cessèrent de trembler lorsque Karovd s'approcha pour lui faire face.
- Pour cette mission, que vous ai-je rappelé à chaque jour qui passait ? continua Jethro.
- Pas... pas... pas de sang aujourd'hui, finit par articuler Tsane qui, en reculant avait buté contre la poitrine de Listeur. Mais je n'ai pas eu le choix, Sieur.
Jethro, toujours avec le même regard et le même sourire, soupira.
- Tsane, nous avons toujours le choix. Tu n'as jamais cru totalement en mes paroles. Tu ne m'as jamais fait entièrement confiance. Tu as détruit la mission.
- Je suis déso...
Mais il n'eut pas le temps de finir la phrase. Le bras de Jethro se releva avec puissance. Sa paume ouverte au ciel frappa d'un geste sec et bref le nez de Tsane qui s'enfonça d'un craquement soudain dans son crâne. L'homme s'écroula, mort.
Le sourire bienveillant avait disparu du visage de Jethro. La douleur et la fatigue semblaient l'avoir de nouveau submergé.
- Qu'on l'habille avec la cape de La Garde et qu'on le pende au milieu de la cour de ce manoir, murmura-t-il enfin à Listeur avant de rejoindre la chambre du mourant, épuisé.
Lorsqu'il entra dans la pièce où se reposait Rya Kleus, celui-ci le trouva encore plus pâle, mais les yeux ouverts. Le Doc se leva et s'approchant de l'encadrement murmura au Patron :
- Il est en train de mourir, faites vite.
Puis il sortit, laissant les deux seigneurs seuls. Jethro vint s'asseoir au chevet de Rya, et se penchant vers lui murmura :
- Vous aviez presque gagné. Mais une fois encore vous m'avez sous estimé seigneur Kleus. Je mettrai la main sur vos alliés, mais eux sauront, grâce à vous, qui ils auront en face. Ne jamais sous estimer celui qu'on ne connaît pas. Je suis un homme de principe Sieur Kleus, que souhaitez-vous pour après votre mort ?
Rya posa un regard triste sur Jethro avant de murmurer :
- Brulez-moi.
Et de mourir.
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Jethro Karovd était assis contre le mur de sa bâtisse lorsque Listeur revint au manoir. Le soleil n'allait pas tarder à se lever mais la ville dormait encore. Karovd invita son bras droit à s'asseoir à côté de lui, sur le banc de pierre. L'homme prit place et s'adossa au mur tout comme le Patron.
- Le corps du seigneur Kleus brûle sur ses terres. Les hommes ont entièrement évacué le manoir où nous avons laissé le corps de Tsane pendu, vêtu de la cape de La Garde, au milieu de la cour. J'ai tout vérifié et ai moi-même veillé à ce qu'on laisse les portes grandes ouvertes. La mission est terminée monsieur.
- Je te sens perplexe Listeur, murmura Jethro.
- Et moi, je vous sens fatigué.
- J'ai la journée pour me reposer. Dis moi.
- A quoi rime ce rituel et cette mise en scène pour Tsane ? demanda Listeur. Que cherchait Kleus en s'attaquant à lui au milieu de nos hommes ?
- Il voulait mourir. Il était prêt. Il était arrivé au dernier chapitre : l'acceptation. Et par là même il a pris du recul sur la situation. C'était un homme intelligent. Il m'a sous estimé, mais je n'ai pas fait cette erreur. J'ai sous estimé la bêtise de mes propres hommes. Aussi, il a, semble-t-il, compris que toute ma manoeuvre, depuis le début, consistait à faire ce que personne n'avait jamais réussi : le faire tomber, et cela de la façon la pire qu'il puisse y avoir : sans le tuer. Il a compris que j'allais le détruire lui mais également toute sa réputation, sans jamais l'avoir menacé directement. Et il a ainsi compris que je voulais par là non seulement le faire tomber lui mais également ses alliés, et ainsi montrer que Jethro Karovd, un inconnu sortit de nulle part, était capable de faire tomber le grand mercenaire Rya Kleus, son royaume, sa réputation et toute entreprise sans aucune menace physique. Il était le moyen de montrer à ces terres, en un acte, que je reprenais officiellement la suite de Cerbère, à la tête de la Garde et que j'en avais le pouvoir. Seulement, il a profité d'une faille de mes hommes pour détruire un point essentiel. En se suicidant, puisque je présume que c'est ce qu'il cherchait, il a montré que j'avais dû faire preuve de violence pour le détruire. Mais il avait tout préparé. Il n'a laissé aucune trace des ses alliés et a détruit le moindre parchemin les concernant. Tout est parti en cendres avec lui.
- Cela n'explique pas pour Tsane ? renchérit Listeur.
- Il était la faille. Je devais montrer l'exemple pour nos hommes mais il a été la solution au problème aussi. Quand demain, les alliés de Rya Kleus apprendront sa mort, ils sauront qu'on a retrouvé un homme de la Garde de Cerbère pendu dans le manoir. Ils ont sans doute entendu parler de moi. Demain, ceux-ci comprendront que Jethro Karovd a fait tomber Rya Kleus, qu'il l'a tué, mais comprendront également que c'est au nom de La Garde de Cerbère que j'ai fait cela et que je suis capable de tuer mes hommes lorsqu'ils me trahissent. Demain, Listeur, La Garde de Cerbère reverra le jour, une fois de plus. Demain, les alliés de Rya Kleus auront peur. Demain, je serai officiellement le successeur de Cerbère à la tête de la Garde ; c'est ce qu'il voulait. Et toute cette mission et cette mise en scène nous ont mené à ça. Comme tu dis, la mission est terminée, oui. C'est ce qu'il m'avait demandé. Et je l'ai fait.
- Oui, murmura Listeur, et à partir de demain, vous serez jusqu'à votre mort : l'ombre de Cerbère.
Jethro Karovd soupira.
J-K
Larme De Fée | 09/04/11 04:12
Shadee | 09/04/11 11:53
Gzor | 09/04/11 12:12
Toujours aussi plaisant à lire, bravo !
Gzor.
Iä, Iä, Cthulhu fhtagn ! Ph'nglui mglw'nfah Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn !
Kärel | 10/04/11 18:49
[Bien structuré, les différents chapitres s'enchaînent avec efficacité
bravo ! ]
Edité par Kärel le 10/04/11 à 18:49
Celimbrimbor | 10/04/11 19:44
C'est une calamité. J'aurais dû raser ce manoir complètement plutôt que d'accéder aux désirs de mon Âme tant aimée. J'espère que, pour être une ombre du disparu, vous saurez mieux faire que lui.
La Demeure Franche : [Lien HTTP]
Edité par Celimbrimbor le 10/04/11 à 19:44