Forum - L'appel de la colère.

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Hozz | 19/03/11 17:18

[ HRP : Aucune corrélation ne saurait être faite entre la Meute citée dans ce texte, ancien ordre naissant dont la fin s'est vue précipitée, et la meute présente sur Certadhil. Porter le même nom est bien le seul point qu'elles ont en commun. Merci. ]

De la sueur, de la bière, du sang et de la pisse.

Encore ce mélange d'odeurs, celui qui était devenu synonyme de spectacle. Et donc de survie.

Les babines retroussées, Hozz attendait que la grille qui le retenait dans sa cage ne s'élève enfin. Il voyait le public présent dans la vaste cave éclairée par d'innombrables torches, au-dessus du dôme grillagé qui recouvrait l'arène. Il le sentait et l'entendait surtout. Une majorité des poivrots, imbibés d'alcool, accompagnés de vieilles putains. A n'en pas douter la plupart étaient leurs femmes.

Un homme coiffé d'un tricorne s'approcha de la cage du lycan :
« Toujours pas décidé à te coucher ?
Hozz se contenta d'un grondement sourd, sans même un regard pour son interlocuteur.
- Bâtard idiot ! Continues à faire le mulet et tu y laisseras ta peau pour de bon.

L'homme n'aurait jamais cru que ce lycan serait une telle épine dans le pied de ses petites affaires. Il lui avait coûté une fortune et s'était vite fait un nom dans le milieu, et la côte dans les paris qui allait de pair. Mais il s'échinait à lui mettre des bâtons dans les roues, tout d'abord en ne servant pas le spectacle, puis en refusant de se coucher dans les combats. Et rien n'y faisait. Promesses, passages à tabac, tentatives d'empoisonnement... Le lycan s'évertuait à sortir vainqueur à chaque fois. L'homme s'était du coup résolu à lui présenter des adversaires plus coriaces.

La grille s'éleva enfin. Hozz pénétra dans la fosse qui faisait office d'arène et s'arrêta après quelques pas. Ce tas de muscles et de griffes haut de trois mètres avait de quoi impressionner, mais les imbéciles trouvent du courage en la présence d'une grille en mithril entre eux et un loup-garou. Les sifflements et les insultes fusèrent donc. Le public n'aimait pas Hozz. Le public aimait les vainqueurs qui leur offrent des émotions fortes, qui hurlent, se déchaînent, tuent sommairement et dans des gerbes de sang. Hozz ne faisait rien de tout ça, Hozz entrait dans l'arène, attendait son adversaire en silence, et lui brisait la nuque à la première occasion. Mais le public pariait sur Hozz.

Hozz attendait dans l'arène, insensible à ce qui l'entourait. Chose inhabituelle pour un lycan. Ces boules de muscles et de crocs débordantes de rage et réputées incontrôlables étaient généralement évitées, même pour les combats clandestins. Mais Hozz était différent. Il savait se contenir, il maîtrisait ses transformations, et, même sous sa forme lycante, il réfléchissait en humain. Mais il bavait d'envie de s'extirper de cette fosse pour éviscérer cette populace nauséabonde, les étrangler avec leurs propres tripes, les noyer dans leur sang, les voir se piétiner mutuellement pour fuir ses griffes et ses crocs... Après quoi il retrouverait l'elfe.

Si seulement ce foutu grillage ne couvrait pas la fosse...
La herse présente à l'opposé de l'arène se leva en grinçant, sous les hourras du public. Deux centaures armés de lances entrèrent au petit trot et s'arrêtèrent à une dizaine de mètre d'Hozz. Ils prirent soin de saluer le public, d'adresser des signes à quelques vieilles bourgeoises perverties, avant de saisir fermement leurs lances, pointées vers Hozz. Après quoi ils se mirent à nouveau à trotter, faisant le tour de l'arène, l'un à l'opposé de l'autre. Hozz pouvait se donner toutes les peines du monde, il ne parvenait jamais à avoir les deux centaures en même temps dans son champ de vision sans s'acculer à la paroi de la fosse. Mais leurs yeux sont bien la dernière arme des lycans.

Une vibration dissonante dans le sol donna l'alerte, le son de pas plus appuyés que les précédents la confirma. Le lycan pivota sur lui-même, faisant face au centaure qui portait l'attaque. Une attaque bien peu franche, pas assez appuyée. Le centaure voulait faire vibrer le public, lui faire retenir son souffle en feignant des attaques. Tant pis pour lui. Le bras du lycan partit tel une flèche et saisit la hampe de la lance, la tirant fermement à lui. Gêné dans sa course, le centaure faillit perdre l'équilibre et ne put se ressaisir à temps pour échapper à la seconde patte d'Hozz qui lui saisit fermement la tête et lui fit faire un brusque demi-tour. Personne dans l'assemblée n'entendit la nuque se briser, mais tous virent le corps massif du centaure s'échouer sur le sol sablonneux de l'arène.

Son compagnon fut décontenancé. D'un doigt griffu, le lycan tâta la pointe de la lance du centaure défunt. Un vulgaire acier. Le propriétaire de ces centaures n'avait sans doute pas été prévenu que ses poulains affronteraient un loup-garou, sans quoi il aurait investit dans des armes de mithril, sans cela, une mort certaine les attendait.

Dire qu'on voulait le faire se coucher face à pareils adversaires. Alors que quelque-part, cet elfe l'attendait...

Sans plus de cérémoniel, Hozz chargea le dernier centaure qui n'eu d'autre idée que de charger lui aussi, la lance pointée en avant, dans un cri rageur. Au moment présumé de l'impact, le lycan bondit par-dessus la lance adverse et chuta lourdement sur le centaure dont les pattes se dérobèrent. Leur rouler-bouler leva un nuage de sable fin et de crasse qui les cacha un instant des yeux du public, instant qu'Hozz mit à profit pour briser cette dernière nuque et ainsi priver les spectateurs de l'ultime mise à mort.

Insultes et sifflements fusèrent à nouveau lorsque le nuage se dissipa, révélant le cadavre du centaure à côté duquel Hozz attendait, debout, en silence.

Il connaissait le cérémoniel qui s'annonçait.

Une dizaine d'aiguilles d'argent, projetées par des sarbacanes, fondirent sur lui et se fichèrent dans son pelage. Le seul moyen que les organisateurs avaient trouvé pour neutraliser Hozz de façon sûre, le temps de le remettre en cage. Il s'écroula aussitôt mais put retenir le hurlement qui naissait dans sa gorge. Il avait appris à supporter l'argent. La douleur provoquée par une aiguille aurait été supportable, mais il y en avait trop. Alors qu'il s'échinait à priver le public du spectacle que sont les transformations d'un lycan, il du se résoudre une fois de plus à reprendre forme humaine au beau milieu de l'arène. Sans quoi la douleur provoquée par les aiguilles aurait été bien trop atroce. S'offrit alors aux spectateurs le spectacle d'un homme maigre, tremblant, prostré en position foetale dans la crasse et le sable de l'arène.

La vue de cet homme brisé n'émut personne, c'est encore sous les insultes et les crachats qu'un troll vint le sortir de l'arène en le trainant derrière lui.

Dans le dédale de couloirs qui faisait office de tristes coulisses, on profita de la faiblesse d'Hozz pour lui retirer les aiguilles, sans omettre de le passer à tabac pour son refus d'obtempérer. Après quoi il fut ramené à son cachot et solidement attaché via diverses chaînes d'argent censées l'empêcher de prendre sa forme lupine. Hozz souffrait, il avait faim, soif, se sentait déshonoré, salit, détruit... Mais au fond de lui, tout cela n'était rien. Deux choses lui donnaient la force de ne pas céder à la facilité du suicide. Deux choses intimement liées. La haine et la soif de vengeance. Sitôt que l'occasion se présenterait, il sortirait de cette cave, non sans écharper ses geôliers. Après quoi il le retrouverait, cet elfe qui lui avait fait connaître l'enfer, celui qui avait joué avec lui comme un enfant sadique joue avec ses poupons, celui qui durant des mois l'avait torturé pour percer ses moindres secrets. Celui qui avait indirectement provoqué le déclin de la Meute, la seule famille qu'Hozz n'avait jamais eu. Cet elfe qui cachait son visage sous un masque de cuir... Oui, il le retrouverait.

Et sa vengeance sera sans commune mesure.

Edité par Hozz le 19/03/11 à 17:19

Celimbrimbor | 19/03/11 17:47

Triste vie.

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Hozz | 22/03/11 23:36

Eveil en sursaut et en sueur, la tête martelée, les murs et le sol qui se dérobent, l'âme qui tangue, la conscience qui ne sait pas, qui ne sait plus, et qui ne parvient à se raccrocher à rien de concret.

Depuis combien de mois n'avait-il pas fait une nuit complète ? Hozz l'ignorait. Mais il savait de qui il cauchemardait sitôt ses yeux clos. Cet elfe, encore et toujours.

Le lycan se redressa sur sa paillasse, tant bien que mal. Surtout mal à vrai dire. Les chaînes d'argent qui le retenaient prisonnier pesaient sur ses membres. Poignets, chevilles, cou, ceinture... Ses geôliers n'avaient pas lésiné sur les moyens. Ils savaient ce qu'ils avaient à craindre d'un loup-garou. S'il avait pu se transformer, il y aurait belle lurette que les gonds de la grille qui fermait sa cellule aurait été arrachés. Que de sang il aurait eu la joie de faire couler le temps d'atteindre la sortie de ces caves ! Il n'aimait pas se sentir faible, et encore moins l'être. A voix basse, tandis qu'il reprenait pleinement ses esprits, il maudit la condition d'humain. Il préférait bien davantage laisser s'exprimer ses bas instincts, libérer la bête qu'il était.

Un cri étouffé l'arracha à ses pensées. Ce qu'il cru être un cri du moins. Il était sûr d'avoir entendu quelque-chose, pourtant le silence régnait dans les couloirs sombres, éclairés par quelques torches, à l'extérieur de sa cellule. Assis contre le mur humide et puant, il ramena les genoux contre sa poitrine et fourra son visage dans ses bras croisés, espérant retrouver le sommeil.

Une chute.

Il en était sûr, il l'avait entendue. Quelque-chose avait chuté dans les couloirs alentours. Quelque-chose de lourd, mais pas réellement bruyant. Plus une rapide dégringolade qu'une chute à proprement parler.

Des pas.

Quelqu'un approchait, lentement. Comme s'il cherchait son chemin. Hozz se ramassa sur lui-même, ses membres commencèrent à trembler. Il tenta de se calmer, de se rassurer. Non, ce ne pouvait pas être lui, l'elfe ne prendrait pas la peine de venir le rechercher. Merde, si. Bien sûr qu'il en était capable. Ce type était tellement cinglé qu'il était capable de tout pour peu qu'il s'en mette l'idée en tête. Impossible de contrôler ses tremblements désormais, la panique de Hozz était totale.

Une silhouette s'arrêta devant la grille de la cellule. Elle apparaissait tout juste dans le cadre de l'entrée, tant les torches se faisaient rares dans le couloir. Un marteau se leva et fracassa les gonds de la grille, qui rencontra bientôt le sol de la cellule dans un vacarme tonitruant. L'inconnu entra tandis qu'Hozz plissait les yeux pour mieux le distinguer. Rien à voir avec l'elfe qui hantait ses nuits, c'était un nain en armure qui se tenait devant lui, et qui prit la parole d'une voix qui aurait pu être celle d'un rocher, rauque et puissante :

« C'est vous Hozz ?
- Qui êtes-vous ?
- Peu importe.
Le nain leva à nouveau son marteau et l'abattit sur les anneaux fixés au mur qui retenaient Hozz prisonnier. Puis il mit un genou à terre et commença à aider le lycan à se débarrasser de ses chaînes d'argent.
- Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Moi, rien. Mais mon chef vous veut libre. Pressons-nous.
Le nain se redressait déjà et tendait à Hozz une main gantée. Méfiant, le loup-garou préféra se relever seul. Le nain n'en prit pas la mouche pour autant :
- Du monde arrive. Il ne faut pas traîner.
- Je préfère les attendre... J'ai une faim de loup.
Le nain toisa du regard le Hozz amoindrit qui se tenait debout face à lui, non sans difficultés, et acquiesça :
- Comme vous voudrez. Je vous attends à la sortie.
- Pas si vite. Il va falloir me dire qui vous envoie si vous ne voulez pas faire office de mise-en-bouche...
La peau de Hozz commençait déjà à se couvrir d'une épaisse fourrure sombre, tandis que ses muscles prenaient de l'ampleur à vue d'oeil et que ses ongles devenaient griffes. Le nain ne demanda pas son reste :
- C'est le Duc qui m'envoie, le Duc de l'Uto.

Larme De Fée | 23/03/11 00:09

Mais...il y en a partout de ces loups-garous, maintenant?!? *se précipite pour aller acheter quelques pieux en argent massif*:o

(Excellent récit!:))

Edité par Larme De Fée le 23/03/11 à 00:09

Roxar | 23/03/11 09:29

Le ninja nain ... un joli concept ...

(J'aime ! Très agréable à lire :))

Roxar, humble guerrier nain

Duc De L'uto | 28/03/11 15:15

Quelques lunes plus tôt.

Le Duc avait guéri à une vitesse fulgurante, comme par magie. Un jour il sortait du coma, cadavérique, incapable de parler ni de bouger, celui d'après il revenait de taverne frais comme un jeune homme, le corps comme s'il venait de naître et les idées plus claires que depuis longtemps. Il ne répondit pas quand on lui en demanda la cause.

La vie avait suivie son cours pendant son absence. Ses armées avaient progressées ici et reculées là. Un vent de tension parcourait les forteresses depuis qu'on avait apprit le retour du Duc, la discipline se resserrait, la crainte refleurissait, les mauvaises habitudes disparurent presque immédiatement. On dressa un bilan de la situation, et des dizaines de rapports se firent entendre. Des nains furent exécutés, d'autres récompensés.

Et puis il y eut cette rumeur, qui tomba comme un cheveu dans la soupe.
« Des bruits parlent d'un lieu, une arène, ou quelque chose dans ce style, où combattrait un Lycan. »
Le Duc avait élevé une main agacée, clamant qu'il ne voulait plus entendre parler ce ces démons, qui de toute évidence n'étaient qu'un résidu de sorcellerie émergé de Certadhil, comme tant d'autres choses trop éloignées de la logique de la Nature. Mais un nom fit écho à ses oreilles, ressortant des récits qu'on lui exposait comme si on l'avait volontairement accentué.
« Hozz. »

Le silence s'était emparé du Duc, qui avait marché jusqu'au balcon pour regarder au dehors. Il avait répété ce nom plusieurs fois, le tournant et le retournant dans sa bouche, pour finalement se retourner vers ses nains.
« Hozz a donc été vu dans cette arène ?
-Le nom a été plusieurs fois évoqué, et sa description correspond plus ou moins à ce que l'on disait déjà de lui il y plusieurs années. Il semblerait qu'il y soit emprisonné.
-Où est Abkataër ? Il s'en occupera.
-Sire, votre second est dans un état critique. Tout le monde ne se rétablit pas aussi rapidement que vous.
-Et Dvëk ? Dans quel état est-il ?
-Fragilisé, pas totalement remis physiquement, mais conscient.
-Envoyez-le.
-D'autres sont dans un bien meilleur état...
-Mais je veux que ce soit lui. C'est un Garde Noir, et un survivant de l'Île. J'ai confiance en lui.
Il retrouvera Hozz. »

Hozz | 30/03/11 14:55

Le jour se levait lorsque le lycan daigna enfin sortir du tunnel. S'extirpant du caveau, il parut étonné de se trouver dans un cimetierre.
« Ils ont monté leur cirque dans des catacombes... Ils ne respectent pas même leurs morts.

Le nain, assis au pied d'une statue non loin de là, remarqua que Hozz avait trouvé de quoi se vêtir. Un pantalon, une paire de bottes, un long manteau en cuir et un tricorne. Il aurait pu passer inaperçu, si ces frusques n'étaient pas tâchées de sang frais.
-Ils ont eu leur compte ? s'enquit le nain
-J'y ai veillé. Depuis le temps que j'attendais ça...
-Et maintenant ?
-Le Duc veut me voir ?
-Pas que je sache.
-Quels étaient vos ordres ?
-Veiller à ce que vous sortiez de cette mauvaise passe.
-Voilà qui est fait. Vous pouvez aller faire votre rapport.
-Où pourra-t-on vous trouver par la suite ?
-Il saura où vous envoyer. D'ailleurs... Comment a-t-il su pour ma... situation ?
-Certains de ses hommes ont fréquenté les cercles de jeu, sans son approbation, cela va sans dire. Un vétéran vous a vu dans ce... cette arène et vous a reconnu. Il s'est empressé de faire remonter l'information au Duc, qui m'a aussitôt envoyé.
-Un vétéran... Un ancien de la Meute ?
-A ce que j'ai compris.

Hozz fixa quelques secondes les tombes qui les entouraient, lui et le nain, semblant réfléchir à la situation. Après quoi il tendit la main à son interlocuteur, qui la serra vigoureusement.
-Merci, souffla le lycan.
-Ce n'était que les ordres.
-Quand même. Et faites part de mes amitiés au Duc. Dites lui bien que désormais je suis son obligé.
-Il en sera ravi.
-Je n'en doute pas.

Sur ces mots, le lycan se détourna et disparut derrière les stèles, aidé par la brume du petit matin. Le nain fit glisser ses doigts les uns contre les autres et posa le regard sur sa main gantée, avec laquelle il avait salué Hozz. Du sang. Etait-ce là tout ce que le loup-garou pouvait laisser sur son passage ?

Des poils, peut-être.

L'idée le fit sourire. Sourire qu'il fit aussitôt disparaître de son visage buriné. Avec le recul, et ce qu'il avait vécu sur Certadhil, il était bien content de pouvoir compter au moins un garou de son côté.

________
"L'homme est un loup pour l'homme"
Et moi un peu plus que les autres.
Hozz

Lancwen de Sigil | 30/03/11 19:04

très bon RP, je suivrai avec attention les prochaines aventures!

Celimbrimbor | 31/03/11 11:56

Intéressant. Je me demande quel chemin vous choisirez.

Passez mes amitiés au Duc.

La Demeure Franche : [Lien HTTP]

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