Forum - [Certadhil III] Mangés.

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Duc De L'uto | 14/03/11 10:35

Morts. Mangés. Ils avaient tous été mangés. Déchiquetés, démembrés, avalés. Submergés sous la Meute. Ce n'était pas une meute... C'était l'enfer sur terre, une sauvagerie unifiée, la peur du loup sur le sentier nocturne transformée en terreur face à une armée d'estomacs sans pitié. Seuls quatre avaient survécu.

Abkataer était là, sur le piton rocheux, entouré par les vagues frappants sans relâche. Son visage était balafré d'une griffure profonde, sanguinolente, qui par intermittence le faisait gémir, quand l'eau salée venait y jeter son sel. Ses vêtements étaient en lambeaux, sa lame cassée, son corps meurtri jusqu'à l'épuisement.

Il y avait Dvëk, un des Gardes Noirs anonymes, que ni le Duc ni Abkataer ne connaissaient, mais qui s'était distingué par son sang froid, sa fureur et surtout, par le fait d'avoir simplement survécu à ce dont on ne pouvait survivre. Il était assis, les jambes dans le vide, trempé, rougie par son propre sang, que la mer entière ne parviendrait pas à laver. Son regard vide posé sur l'île, face à eux.

Bölj s'en était également sorti. Une des pièces maîtresses de l'entourage du Duc, en tant que responsable de sa correspondance personnelle. Deux pigeons étaient avec lui, chacun sur une épaule. Bölj pleurait.

Et puis, au centre de ce triangle brisé, il y avait le Duc. Le Duc pouvait, en toute circonstance, donner de lui l'image qu'il choisissait de donner. Mais pas en ce jour. Il n'était plus rien, une enveloppe fracassée, déchirée, percée. Son armure de toujours n'était plus que bouts de cuir et de métal dépareillés, sa peau, en dessous, était rouge, rouge sombre. D'innombrables coupures sillonnaient son corps tout entier. Son visage était dissimulé sous les boursouflures et les croutes sanglantes.

Il avait tenté de tenir. Il pensait pouvoir tenir. Au moins une Lune, au moins le peu de temps nécessaire pour que ces péteux de l'Alliance s'organisent. Mais impossible. Quand le Duc avait vu ses hommes tomber, ses centaines de catapultes qui ne semblaient pas pouvoir ralentir cette foule de monstres, et même sa Garde Noire se noyer dans la fourrure miteuse, il avait voulu tenir seul.

Combien en avait-il écrasé sous son marteau ?
Et qu'importe ?

*

Le Duc, inconscient sur la pierre, ne se réveillerait vraiment qu'au bout de trois jours de coma. Pourtant, un sourire se dessina sur les vestiges de son visage. Un sourire de satisfaction.

*

Abkataer rejoignit Bölj et s'installa à côté de lui.
« La flotte est prévenue ? »
Entre deux sanglots, le nain acquiesça. Puis il se força à ravaler ses larmes.
« Abkataer, nous en avons finit ici, et les navires vont nous éloigner de cette île maudite. Mais nous n'en aurons jamais totalement finit, n'est-ce pas ? Je veux dire, là où nous allons, il y aura la même guerre, les mêmes fléaux, la même souffrance...
-Tu suis le Duc de l'Uto, Bölj, je ne vois pas à quoi tu t'attendais. »

*

Sur cet énorme rocher, non loin des côtes de Certadhil, les quatre survivants du campement du Duc attendaient que les leurs viennent les chercher. Le silence fut total jusqu'à l'arrivée de ceux-ci. A peine entendait-on les gémissements d'un nain au travers du bruit des vagues.

Edité par Duc De L'uto le 14/03/11 à 10:37

Shadee | 14/03/11 11:32

Bon retour Duc!

Kyrio | 14/03/11 20:32

La foule étouffait la place publique. Des dizaines de seigneurs et de civils étaient venu entendre les dernières nouvelles de Certadhil, et nombreux furent ceux qui le regrettèrent. Pour la première fois depuis des lunes, Kyrio était présent. Les seuls échos qu'il avait ouï de la terre maudite jusqu'alors venaient de rumeurs, de rares pigeons, de seigneurs lui contant leur quotidien avec une distance évidente, de mineurs ayant pour un temps quitté les montagnes, et s'il s'imaginait la violence des batailles, il ne pouvait se convaincre que tout cela était réel. On lui avait dit que le Mal était presque vaincu, il avait quitté la mine pour en savoir plus.

À présent il percevait l'horreur des combats, il voyait les visages des familles, des victimes revenues. Il apprenait l'existence d'un autre ennemi. Il entendait les crieurs décrire des armées de démons, puis des hordes de loups, des crocs déchaînés, la peur de chacun.

C'était terrifiant.

(HRP) Très bien raconté, bravo ;) (HRP)

"Mundi placet et spiritus minima. Ça n'a aucun sens, mais on pourrait très bien imaginer une traduction du type : "Le roseau plie, mais ne cède... qu'en cas de pépin.". Ce qui ne veut rien dire non plus." - Alexandre Astier.

Kärel | 14/03/11 22:44

Finalement, peut-être valait-il mieux se faire raser avant... c'était plus "humain", visiblement. Pourquoi la sauvagerie ne sait-elle que surenchérir ? Triste monde.

Kärel, Bretteur sans chemin.

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