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Jethro Karovd | 19/02/11 03:22
[Chapitre 1 : [Lien HTTP] ]
[Chapitre 2 : [Lien HTTP] ]
...
- Vous attendez le lever du soleil pour agir, dit Jethro Karovd, pas avant. Surtout pas avant.
- Bien monsieur, répondit Listeur. Mais pour la bouteille de W, vous êtes sûr ?
- Le Doc a vérifié qu'elle n'était pas empoisonnée, n'est-ce pas ?
- Oui, monsieur.
- Alors oui, je suis sûr, dit simplement Jethro, un sourire amical aux lèvres.
Ils étaient tout deux dans la cour de la villa, marchant comme deux vieux amis qui parlent du passé. Jethro déboucha la bouteille avec une légère difficulté à laquelle Listeur sourit discrètement. Karovd but une gorgée au goulot. Il était devenu tellement rare qu'il puisse boire une boisson autre que la préparation que lui préparait Doc', qu'il prit un certain plaisir dans ce geste. Le plaisir ne dura qu'un bref instant. Lorsque le W lui brula la gorge, une grimace effaça tout contentement.
- Je vais avoir plaisir à retrouver le goût de l'affreuse préparation du Doc', s'amusa Jethro avec une légère amertume tout de même.
Listeur ne sourit cependant pas.
- Je l'espère, monsieur, dit-il.
- Je devine tes inquiétudes, Listeur, soupira Jethro Karovd. Je crains plus d'être tué par cette boisson que par la main de notre homme.
- J'ai confiance en vos calculs. Mais vous prenez un énorme risque.
- Tu ne seras pas loin, sourit Jethro. Et demain, tu pourras me dire une fois de plus que j'avais raison.
Les deux hommes se regardèrent un instant, en silence.
- Il est temps d'y aller, ajouta Jethro.
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Et c'est lorsque la nuit tomba que Jethro arriva d'un pas plus assuré que d'habitude, la bouteille de W à moitié vide dans une de ses mains gantées, devant les portes du manoir du seigneur Rya Kleus. Les deux gardes le regardèrent approcher en silence. Il s'arrêta à quelques pas d'eux, et c'est d'une voix un peu rauque qu'il s'annonça :
- Je suis le Sieur Jethro Karovd. L'homme que Rya Kleus recherche depuis plusieurs lunes à présent. Je crois que votre seigneur m'attend.
Les deux hommes se figèrent.
- Eh bien, qu'attendez-vous ? Allez le prévenir, plus vite que ça, ajouta Jethro en levant la bouteille en direction de la porte.
Un des deux gardes disparut alors par cette dernière porte, laissant le second seul face à un Jethro Karovd se balançant sur ses pieds. Il semblait découvrir le coin, et son regard passait d'un bâtiment à l'autre autour de lui.
- C'est... commença-t-il.
Le garde, surpris, attendit fronçant les sourcils.
- ...charmant, finit par dire Jethro, reposant son regard sur l'homme face à lui.
Et un silence plus gênant pour le garde que pour Karovd s'installa. Un court instant. En effet, des pas résonnèrent derrière la grande porte qui s'ouvrit sur le second garde.
- Il vous attend, lança-t-il, libérant le chemin de la porte entrouverte.
- Je le sais bien mon... commença Jethro qui n'eut pas le temps de finir de sa phrase.
Alors qu'il pénétrait dans l'enceinte du manoir, un point vint directement le frapper à la tempe. Il n'eut pas le temps de voir le visage de son agresseur. Son corps s'effondra lentement. Il perdit connaissance au moment où la bouteille se fracassa sur le sol.
Le reprise de conscience fut tout aussi douloureuse. Un froid soudain lui piqua la peau et l'esprit. Un seau d'eau, froide. Il ouvrit les yeux. La pièce mal éclairée vacilla devant lui. Pourtant, les flambeaux lui agressèrent les yeux. Jethro Karovd ne sut dire réellement si la cause était l'alcool ou bien la douleur au visage, mais sa première réaction fut de vomir. Il ne sut dire s'il y avait plus de W que de sang sur le sol. Ce qu'il comprit vite c'est qu'il était trempé, le visage en sang, attaché par les mains à une corde pendue au plafond. Rya Kleus lui faisait face. La mémoire revint alors à Jethro, qui soupira doucement.
- Jethro Karovd, c'est comme ça que vous vous êtes présenté, commença Rya Kleus, assez calmement.
- C'est ainsi que je me nomme, répondit simplement Jethro, prenant conscience de l'importante douleur qui cisaillait son crâne.
- Vous dites être l'homme que je recherche, continua Kleus.
- Je le suis.
- Nous sommes des gens intelligents, seigneur Karovd, s'impatienta le bourreau, alors dites-moi ce que vous faites ici.
- Je suis venu pour vous, seigneur Kleus, dit simplement Jethro. Je suis venu pour marchander.
Le poing de Rya Kleus s'écrasa violemment contre l'abdomen de Jethro Karovd. Son souffle se coupa et un filet de sang glissa de ses lèvres.
- Le chapitre trois, c'est cela, monsieur Karovd ? ironisa Kleus. J'ai appris ma leçon.
- Mal, apparemment, répondit Jethro avec difficulté.
Un second coup l'atteignit à la pommette. Il fut légèrement assommé sous le choc. La chaleur du sang afflua sur sa joue. Il respira un grand coup et sourit :
- Vous êtes encore à la haine, seigneur Kleus. Mais sachez qu'à la fin de la nuit, nous marchanderons.
C'est le dernier rempart de la haine que vit s'effondrer Jethro dans le regard de Rya Kleus avant que celui-ci ne fonde sur lui. Un premier coup le frappa dans les côtes. Un second s'écrasa sur l'abdomen. Le troisième atteignit sa mâchoire. S'en suivirent une dizaine d'autres. Il visait juste. Il frappait fort. Puis plus rien.
Jethro leva difficilement son visage ensanglanté pour voir Kleus se diriger vers l'escalier. Il entendit à peine l'ordre :
- ...qu'il ne s'endorme pas, mais ne le tuez pas.
Rya Kleus disparut. Un sourire douloureux se dessina sur les lèvres entaillées de Jethro alors qu'un homme s'approchait pour continuer le travail. Il souriait autant parce qu'il comprenait que le chapitre trois venait de commencer que parce qu'il savait que les chiens mordent toujours moins fort que leur maître.
Et la nuit défila. Et les coups ne cessèrent. Et Jethro attendit.
Rya Kleus pénétra dans la pièce sans que Karovd ne s'en rende compte. Celui-ci entendit simplement au loin.
- Arrêtez. Sortez tous d'ici. Maintenant.
Des bruits de pas, puis le silence. Quand Jethro eut trouvé la force de relever la tête, il vit un homme abattu devant lui. Il posa son regard, c'est-à-dire son oeil encore ouvert, dans celui de Rya Kleus, soupira et son cou s'affaissa sous le manque de force. Il sentit un mouvement, un bruit de lame et bientôt son corps s'effondra contre le sol froid et humide. La sensation l'apaisa. Il n'était plus attaché. Il souffrait.
Un silence. Un long silence. Puis Jethro réunit le peu de force qu'il lui restait et se releva péniblement. Il faisait peine à voir. Encore plus que d'habitude. Il s'adossa au mur derrière lui, afin de faire face à Kleus.
Un silence. Un long silence.
- Nous y sommes, murmura soudain Jethro.
Rya Kleus ne répondit.
- Le soleil s'est-il levé ?
- Oui, souffla péniblement Kleus.
- Bien, murmura Jethro.
Il attendit de récupérer une respiration à peu près régulière et continua.
- En ce moment, mes hommes ont pénétré dans votre manoir. Ils ont pour ordre de tuer tout le monde. Restez ici, je vous le conseille et écoutez-moi plutôt. Nous sommes effectivement au troisième chapitre : le marchandage. Le second chapitre s'est terminé contre moi, si je peux me permettre.
Il toussa, avec un léger sourire, puis poursuivit :
- Et si vous vous êtes bien renseigné, et je n'en doute pas, vous savez où va nous mener cette discussion. Je ne suis pas ici pour que nous marchandions réellement. Je suis ici pour que vous marchandiez vous, avec moi. Et, je suis ici pour répondre à toutes vos propositions par la négation. C'est terminé.
- Je peux encore faire appel à mes alliés ! menaça Rya.
- Non, seigneur Kleus. Vous n'avez plus d'allié.
- Je peux encore vous tuer.
- Mais vous ne le ferez pas, ça ne vous apporterait rien, dit simplement Jethro.
- Alors que suis-je censé faire ? souffla Kleus. Vous aidez ? Qu'est ce que vous attendez de moi ? Des informations ? Des noms ? Tuer quelqu'un ? Voler ? Regrou...
- Sieur Kleus, coupa Jethro. Je n'attend qu'une chose de vous, que vous acceptiez la réalité.
- Mais qu'elle est donc cette fameuse vérité que je dois découvrir ? siffla Rya.
Et un homme apparut dans l'escalier menant aux caves où les deux rivaux se trouvaient. C'était Listeur. Rya Kleus comprit en voyant l'inconnu que Jethro Karovd disait vrai. Et il reposa son regard sur ce dernier.
- La vérité, seigneur Kleus, murmura Jethro, c'est que vous avez perdu. Vous n'êtes plus à la tête d'aucun royaume. Vous n'êtes plus le mercenaire Rya Kleus. Vous n'êtes plus rien. La vérité, Sieur Kleus, c'est que le chapitre trois s'est joué cette nuit et qu'il se termine ce matin. La vérité Rya Kleus est que je vais partir à présent. Mes hommes vont rester ici avec vous, à veiller sur vous. Car, lorsque ce soir, le soleil s'éteindra, vous réaliserez l'ampleur des conséquences de cette journée. Vous saisirez l'importance de mes paroles et de mes actes. Vous comprendrez que vous avez tout perdu et vous rentrerez dans l'avant-dernier chapitre, le quatrième, le pire et le plus long : la Dépression.
Un silence. Un long silence.
Les genoux de Jethro cédèrent et c'est de justesse que Listeur le rattrapa. Le Patron était dans un piteux état. Les deux amis disparurent lentement dans les escaliers, laissant Rya Kleus face à lui-même au milieu des geôles froides et humides de son manoir.
J-K
Rouge | 19/02/11 04:12
Gzor | 19/02/11 10:46
Comment dire... c'est carrément trop la classe
Gzor.
Iä, Iä, Cthulhu fhtagn ! Ph'nglui mglw'nfah Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn!