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Jethro Karovd | 14/02/11 10:43

- Ils sont en route, dit le premier homme en s'adossant au mur.
- Chacun est à sa place ? demanda le second, déjà adossé au mur.
- Oui, répondit simplement le premier en regardant les gens aller et venir devant eux.
- Bien, lança le second qui ne faisait absolument pas attention à la foule.
- Vous êtes sur de vouloir faire ça en plein jour, monsieur ? lança, hésitant, le premier homme. Je veux dire, tout ce monde, tout...
- Tsane, commença le second, je t'ai déjà dit de me faire confiance. Si chacun agit exactement comme je l'ai dit, tout se passera comme je l'ai dit.
- Oui monsieur, souffla Tsane, mais rien ne se passe jamais comme on le prévoit, Patron.
- Ça, sourit le "Patron", c'est quand on décide de laisser une place au hasard dans nos choix, Tsane.

Le premier homme ne sut quoi répondre, il faisait confiance au patron. Mais jamais ils n'avaient agi en pleine journée au milieu d'un marché bondé.

- C'est le moment, lança le second homme. Et, Tsane, ne l'oublie pas : je ne veux pas de mort, pas aujourd'hui.

L'homme acquiesça et disparut dans la foule. Le "Patron", lui, ne fit qu'ouvrir le petit portail près de lui.

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Le coeur n'accélérait plus. Il était à la limite. Il ne pouvait aller plus loin. Plus et c'était la mort, pensa Tsane, remontant la rue qui débouchait sur l'immense marché. Il se fondait dans la masse, visant comme il pouvait le centre de la place. Ses mains tremblaient. Il n'aimait pas le jour. Pourtant, tout se déroula très vite, trop vite.

La foule s'amassait près des étales, mais également au milieu de l'allée, si bien qu'il y avait des gens partout.
Qui aurait pu voir l'homme aux mains liées par ces chaînes ?
Qui aurait pu voir les quatre hommes entourant le prisonnier ?
Qui aurait pu voir encore les quatre autres hommes entourant ce cortège ?
Qui aurait pu voir ou même prévoir ce qui se passerait au milieu de ce marché ?
Si ce n'est ce pigeon gris et noir accroché à un des plus hauts toits qui surplombaient la place. Et pourtant non, même lui décida de ne rien voir et il s'envola au moment même où le cortège branla. Il branla à peine, comme une hésitation dans le battement continu des ailes d'une guêpe, comme l'éternuement d'un marin au milieu de l'océan, comme un homme qui rate une marche au milieu d'une place bondé.
Les deux premiers hommes du patron se placèrent juste dans l'ombre de l'escorte au moment où les deux autres se plaçaient juste devant l'escorte de tête. Et, presque au centre même de la place, à quelques pavés près, suivant un mouvement de foule, le cortège rata une marche; l'escorte arrière fut brisée. Les gardiens se virent tirés vers le sol et disparurent aux pieds des gens. Dans le même mouvement, l'escorte avant se vit éjecter. Les deux gardiens finirent dans la foule d'un coup d'épaule douloureux. Les hommes du Patron prirent la place des gardiens.
Aux yeux du prisonnier, les chaînes tremblèrent un peu dans la foule. Aux yeux de la foule, quatre hommes tombèrent. Aux yeux des gardiens, leur prisonnier disparut avant même qu'ils aient pu se relever.

La cible et sa nouvelle escorte continuèrent un moment leur route. L'homme enchaîné leva la tête au moment où l'ombre des maisons à l'entrée de la nouvelle rue l'entoura. Ils avaient déjà traversé la place du marché. Lui ne verrait plus le soleil avant longtemps. Et alors qu'il pensait à la chaleur qu'il avait ressenti sur la peau au milieu de la place, il fut tiré sur le côté de la rue. Il eut à peine le temps de voir les mains gantées de l'homme adossé au mur avant de disparaître sous une arche.
Le Patron referma le portail derrière Tsane avant de s'adosser à nouveau au mur.

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La pièce était simple, une bibliothèque prenant l'entièreté d'un pan de mur, un tapis sobre sur lequel on avait déposé un bureau rectangulaire ainsi que deux fauteuils de chaque côté. Tout était parfaitement rangé, rien ne dépassait. Pas un brin de poussière ni l'ombre d'une saleté. Rien ne semblait être laissé au hasard, pensa le prisonnier assis sur l'un des deux fauteuils, pas même les gestes de l'homme qui se trouvait de l'autre côté du bureau.

- Vous alliez être pendu, commença l'homme de l'autre côté du bureau, les gardes vous amenaient simplement au lieu d'exécution.
- On me changeait de prison, lança surpris le prisonnier.
- On vous mentait, conclut le Patron.
- Alors vous, qui êtes-vous ? demanda le prisonnier. Un mensonge de plus ?

Le patron sourit doucement.

- Je me nomme Jethro Karovd, finit-il par dire. Je suis la seule part de vérité de cette histoire.
- Je ne vous connais pas, souffla le prisonnier. Pourquoi m'avoir sauvé ?

Le silence retomba. La nuit, elle, tombait doucement sur la ville et dans la pièce.

- Je ne vous ai pas sauvé, commença Jethro, c'est là que le mensonge s'arrête. Je vous ai permis un simple sursis. Mais je ne vous ai rien offert.
- Quoi ? lança le condamné.
- Vous êtes un outil, une pièce, continua Jethro, sans prêter attention à l'agitation qui gagnait doucement le prisonnier. La vie est une épreuve, et comme chaque épreuve, elle est constituée de cinq chapitres. Les philosophes, puis les hommes de soins, ont constaté l'existence de ces cinq chapitres dans l'épreuve la plus importante de notre vie, la mort ; Où ces cinq chapitres sont parfaitement visibles. Mais la vie, et chaque instant de celle-ci, est rythmée par cela. Je suis là pour faire tomber l'homme qui veut votre mort. Vous êtes là pour accomplir les deux premiers chapitre de cette épreuve.

Le prisonnier suait, il avait du mal à respirer. Pourquoi cela ? Qui était cet homme ? Quelle était cette histoire ? Était-ce un jeu ?
Son agitation contrastait parfaitement avec le calme de Jethro Karovd.

- Pourquoi suis-je ici alors ? cria l'homme perdu.
- Pour le premier chapitre, souffla Karovd. Le Déni.

L'homme n'y comprenait plus rien, sa respiration se faisait de plus en plus mal.

- L'homme qui veut votre mort, lança Jethro, n'a jamais failli une seule mission. C'est un mercenaire que l'on peut qualifier de doué. L'attaquer de front serait voué à l'échec. Seulement, il possède deux défauts : Il n'a jamais su s'entourer d'homme aussi doué que lui. Pis, il possède un ego sur-dimensionné. C'est là que vous entrez en compte. Vous êtes sa première et sa dernière défaite. Pourquoi vous êtes ici ? Pour lui prouver, et prouver aux gens qui l'engagent qu'il est faillible. Pour lui, le premier chapitre a commencé : le Déni.

J-K

Larme De Fée | 14/02/11 14:22

Joliment mené. Je lirai la suite avec plaisir.:)

Larme

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