Forum - [Certadhil III] Runeries
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Vici | 13/02/11 18:22
Lune 25 et des brouettes...
Quelque part sur Certadhil, au milieu d'une lande désolée. Ici, il n'y avait rien. Que de la rocaille desséchée et poussiéreuse à perte de vue. Et... deux squelettes, assis sur un gros rocher.
- Qu'est ce qu'on se fait chier...
- Ouais.
- Et dire qu'avant on était les rois, ici, et maintenant, tout le monde s'en fout.
- Ouais.
- Le Sans-Nom, il veut pas de nous, sous prétexte qu'on a pas la bonne religion, la cousine du vieux Kehan, elle veut pas de nous non plus, sous prétexte qu'on vaut rien à côté de ses seigneurs des limbes. Non d'un lombric, on a fait nos preuves, dans le temps. Le nombre de royaumes qu'on a foutu en l'air. Reste plus que les autres qui veulent bien de nous comme chair... enfin comme os à laquais du chaos, et pour faire le bien, en plus. Merci, sans façons.
- Ouais. Y'a bien la fondation, ils étaient sympas, là bas, mais t'as pas voulu y rester...
- Chez la gamine ? C'est ça, ouais. J'préfère encore servir de nonos à un chien garou plutôt que de retourner bosser pour elle. C'est un travail, pour un squelette, de coudre des robes ? Et mademoiselle veut une robe comme ci, un manteau comme ça... En plus, ces couleurs vives, ça me pète les orbites.
- Ouais... Mais en attendant, on s'emmerde...
- On se fait une partie d'osselets ?
- D'accord, mais cette fois, c'est à ton tour de les fournir.
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Ailleurs, toujours sur Certadhil, des nains s'affairaient. Des charrettes arrivaient des docks du sud, chargées des approvisionnements divers envoyés depuis la base dominarienne de Foujidhil. D'autres charrettes repartaient vers l'intérieur des terres, emportant des tonneaux de bière et de rhum, des armes, et plus généralement tout ce dont les voisins pouvaient avoir besoin. Ou plutôt tout ce qu'ils pouvaient avoir envie d'acheter.
Le camp s'organisait autour de deux places : la place d'armes et la place du marché. Autour de ces places s'étendaient respectivement les baraquements et les entrepôts, bien alignés le long de larges artères. Enfin, ça, c'était la théorie, c'était ainsi que le camp avait été pensé à sa reconstruction. Parce que depuis que la place avait commencé à manquer, depuis que les forges avaient commencé à ne plus servir seulement à l'armement des troupes, mais aussi au commerce, depuis qu'Eredé, l'ingénieure en chef de l'expédition, n'avait plus été là pour tout superviser, le beau camp bien ordonné avait fini par se changer en un joyeux labyrinthe.
Quelque part au milieu de tout ça, Vici déambulait. Il pouvait de nouveau marcher sans assistance, et ne ressentait plus qu'une légère gêne au mollet gauche. Ses ecchymoses durement gagnées devant les murs de Gretaine s'étaient presque toutes résorbées, mais par contre, il n'avait plus d'armure. Plusieurs de ses forgerons avaient bien essayé de réparer le tas de ferraille qu'était devenue sa précédente cuirasse suite aux coups du loup-garou. Mais le résultat était plus que médiocre, et il était encore bien plus simple de reforger une nouvelle armure. Ni une, ni deux, Vici prit le chemin de sa forge de commandement. Euh... Par où était-ce, déjà ?
Après avoir exploré quelques culs de sacs, Vici finit par arriver sur la place d'armes. Au milieu de la place, des soldats courraient en rangs serrés, ou s'affrontaient en combat singulier. Sburlagöl peaufinait l'entrainement des troupes dominariennes fraichement débarquées. Là bas, à l'autre bout de la place, se tenait l'atelier d'Eredé. Elle s'était mise en tête d'améliorer le buggie récupéré dans les usines de la M&W Corp. Le choc de différents outils et le vrombissement du moteur couvraient par moment les cris des soldats à l'entrainement. Et là, à côté, se tenait sa forge.
Vici entra, puis, d'un revers de main, fit valser les missives diplomatiques qui s'entassaient sur son bureau. Les parchemins signés d'illustres dames et seigneurs s'étalèrent nonchalamment sur le sol poussiéreux. Et maintenant, au travail !
Edité par Vici le 13/02/11 à 18:29
Vici | 16/03/11 22:58
L'armure, sous les coups de marteau, prenait peu à peu forme. Le plastron, posé à l'écart, réfléchissait la lueur orangée de la forge, tandis que la dossière rougeoyait sur l'enclume. Le marteau, manié d'une main sûre, imprimait progressivement, coup après coup, la courbure dans la pièce de métal. Et Vici, couvert d'un lourd tablier de cuir, suait à grosses goutes. Il faisait chaud, près de l'âtre. Mais cette chaleur était bien plus supportable que l'air du dehors. La flamme ardente, l'acier brûlant, les cendres incandescentes... C'était bien le seul endroit sur Certadhil où un forgeron pouvait bien se sentir à l'aise. Encore un coup ici, et un là... et il n'y avait plus qu'à laisser refroidir. Vici posa son marteau, retira la dossière de l'enclume à l'aide d'une lourde pince, et la posa sur un support. Le travail avançait bien. La cuirasse était en bonne voie, les jambières attendaient les derniers ajustements. Il ne restait plus que les protections des bras et les gantelets, et il aurait à nouveau une armure digne de ce nom.
Et... le casque... après tout, non, il n'en avait pas besoin. De toute façon le casque est l'ennemi du héros. Oui, Vici est un héros. C'est sûrement une erreur de casting, mais n'empêche que sur Certadhil, c'est un héros quand même. Enfin bref. Comment voulez vous qu'un barde puisse raconter vos aventures extraordinaires et chanter vos exploits si il passe toute la bataille à vous chercher des yeux, ou, pire, à noter tous les faits et gestes d'un autre que vous ? Eh oui, qu'est ce qui ressemble plus à une boite de ferraille avec des trous qu'une autre boite de ferraille avec des trous ? Les armuriers peuvent toujours argumenter qu'un bassinet n'a rien à voir avec un armet ou une salade, ce sont les bardes qui font les légendes, et pas les armuriers. Et le salut aux troupes victorieuses après la bataille, à visage découvert... Essayez de paraître digne et majestueux avec la gueule dégoulinante de transpiration et une mise en pli digne d'une sortie du lit après une nuit sans sommeil. De toute façon, le casque ne sert à rien, pour les héros j'entends. N'importe quel preux paladin pourrait foncer au combat vêtu d'un simple string et armé d'une pankaarte et s'en tirer sans une égratignure. Enfin si, justement, avec quelques égratignures superficielles, ça fait des belles cicatrices après. Alors que ses vaillants soldats, pourtant armés de pied en cap et couverts de plates, finiront probablement transpercés, écrasés, étripés, hachés, voir même tués. L'anonymat, ça craint.
Edité par Vici le 16/03/11 à 22:59
*range discrètement son armure dans une armoire* 
Vici | 29/03/11 22:37
Et Vici, satisfait de son labeur, prit du repos. Une armure. Il allait falloir la décorer, mais comment ? Un emblème classique, comme la fée dominarienne ou le collier de fleurs, ou quelque chose de plus original ? Une inscription, une devise ? « Par le Fer et la Flamme ». Toujours classe pour aller ravager la forteresse du Sans-Nom. Enfin à condition de triompher. Et pourquoi pas quelque chose d'utile, comme des runes. Des runes... Cette bataille, devant les murs de Gretaine, où il avait été vaincu pas un loup garou, qui lui avait ruiné sa précédente armure... Avant l'impact de la bête colossale, quelque chose avait attiré son regard. La hache d'un de ses soldats (qui avait, pour la petite histoire, fini estropié, décapité, écrasé, écorché, empalé sur les murs du Sans-Nom, et grignoté par les charognards) brillait étrangement. Et sur le manche de cette hache, il y avait... une rune. Une rune de courage qu'il avait tracé lui-même, peu après le débarquement. Cette rune avait fonctionné à merveille, et si elle avait brillé étrangement, c'est qu'elle avait capté plus de magie que d'habitude.
Les disciplines de la magie sont nombreuses, et la magie runique elle-même est relativement diverse. Quand les plus grands runistes emprisonnent dans des gemmes des énergies extra-planaires ou vont, par de puissants sortilèges, capter des forces lointaines, les moins doués, aux rangs desquels compte Vici, se contentent, par des tracés et enchantements complexes, de capter les flux de magie ambiante pour les transformer en effets physiques. Le rendement de ces runes est en général faible, puisque beaucoup de travail est nécessaire pour obtenir au final des effets assez limités, comme un peu de lumière, des champs de protection hasardeux ou encore un ajout de puissance de l'ordre de l'impact d'une mouche kamikaze. Ce qui limite principalement la puissance de ces types de runes, c'est avant tout la faible concentration d'énergie magique dans l'air. Les magiciens en tous genres alimentent quotidiennement cette réserve par de multiples pertes dans leurs sortilèges divers, mais cette magie résiduelle se dilue rapidement dans l'environnement, et est impossible à trouver à un seul endroit en grande quantité. Sauf juste à côté d'une source active d'un sortilège ultra puissant. Comme par exemple...
Le visage de Vici s'éclaira d'un grand sourire. Le Sereg Rinn. Ce satané portail devait drainer des quantités phénoménales de magie. Et donc dissiper une quantité tout aussi phénoménale de pertes magiques. Comment n'y avait il pas pensé plus tôt ? Ses soldats s'étaient toujours battus jusqu'à la mort, peu avaient reculés devant des abominations capables de faire flancher le plus courageux des nains. Les runes de courage tracées sur les armes de ses combattants avaient finalement été bien utiles. Mais avec cette débauche de magie ambiante, il allait pouvoir faire beaucoup plus intéressant. Une rune de puissance majeure lui permettrait de latter les loups garous sans effort, ou presque. La rune d'inversion pouvait aussi être intéressante, il pourrait frapper les Seigneurs des Limbes avec leur propre force, tout en encaissant ses propres coups avec leur résistance surhumaine. Restait le problème des chiens garous et des spectres, bien plus faibles que lui sans l'inversion de la rune, qui le mettraient du coup en difficulté. Il y avait bien sûr la classique rune de grosbillisme, toujours efficace. Ou bien... Avait-il finalement vraiment besoin d'un avantage supplémentaire au combat ? Devant chez Gretaine, il avait été distrait par l'éclat de la rune, c'est ce qui l'avait empêché d'esquiver à temps. Il avait juste besoin de quelque chose qui claque.
Edité par Vici le 29/03/11 à 22:37
Celimbrimbor | 31/03/11 11:57
Cours intéressant, je vous en remercie.
Bon courage, toujours.
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Noir-feu | 31/03/11 15:37
Toujours excellent! 
Vici | 02/04/11 11:39
La rune de lumière est une rune basique, et est une des premières apprises par les apprentis runistes, à cause de ses effets immédiatement visibles. Elle est pourtant loin d'être facile à réaliser. Le principe de cette rune consiste à transformer une partie de la magie ambiante captée en lumière tout en utilisant l'autre partie pour maitriser cette lumière et provoquer une résonnance lumino-magique nécessaire au contrôle de la longueur d'onde. Une variation minime des proportions de la rune entraine une variation dans le spectre de la lumière visible, et même au-delà. Sur une arme ou une armure, la non-planéité des surfaces traitées et la dilatation du métal lors de la forge rendent le processus assez hasardeux.
Vici commençait, depuis le temps, à maitriser cette rune, bien qu'il ait toujours du mal à prévoir à l'avance la couleur émise au final. Il avait dû, dans sa carrière, forger toutes les couleurs possibles et imaginables, et même aller au-delà. Sa série de sabres Riamodhil était un bel exemple de son à peu prés, allant du bleu profond au rouge vif en passant par toutes les teintes de jaune, de bleu, de vert et de mauve. Au-delà du rouge, il avait tenté de commercialiser l'armure runique chauffante destinée aux conquêtes en milieu extrêmement froid. Toutefois la nécessité d'évents de refroidissement avait réduit considérablement la protection de l'armure, et avait fait échouer le projet. Que dire de cette autre tentative, avec des runes allant au delà du bleu, de faire une armure bronzante ? Ca avait été un véritable fiasco commercial dès le lancement à Dominaria. Pourquoi les habitants de cet archipel ensoleillé se seraient ils enfermés dans ces boites métalliques alors qu'il leur est tellement plus simple et plus agréable de faire du bottomless sur les nombreuses plages de la grande ou de la petite Bahama ?
Enfin bref. Vici venait d'avoir une idée pas forcément lumineuse concernant cette rune de lumière. Il voyait déjà son armure couverte du complexe tracé nécessaire à la capture de la magie ambiante, ainsi qu'une puissante rune sculptée sur une plaque derrière la tête. Une aura aveuglante s'en échapperait et attirerait tous les regards sur lui. Ses ennemis reculeraient, tandis que ses troupes redoubleraient d'ardeur. Quand à la teinte... Une couleur chaude serait préférable, comme le classique jaune purificateur ou le rouge de la destruction. Ou quelque chose entre des deux... Un bel orange étincelant, tel la flamme, voilà qui ferait parfaitement l'affaire. Avec ça, plus question de passer pour un boulet. Il aurait une armure de vainqueur. Ni une, ni deux, Vici attisa le feu de sa forge, empoigna ses outils et se mit à l'ouvrage.
Edité par Vici le 02/04/11 à 11:41
Celimbrimbor | 02/04/11 13:38
Vous écrivez déjà l'histoire comme un vainqueur mais souhaitez courber les faits à votre désir.
Chemin hasardeux mais ô combien valeureux.
Courage à vous.
La Demeure Franche : [Lien HTTP]