Forum - Certadhil III - Un pas de plus vers les Ombres
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Baramir d'Eckmöl | 10/02/11 09:52
Un frisson parcourt ce corps qui n'est plus le mien. Alors que j'ouvre les yeux sur des ténèbres qui me semblent beaucoup plus chaleureuses comparées à celles qui m'ont dévorées, et que j'ai embrassées sans le vouloir, pour un amour qui m'a tant fait souffrir, mais qui jamais n'a cessé de faire battre ce coeur qu'elle m'a volé il y a tant de lune. J'en ai fini par oublier son visage. J'en ai oublié l'odeur du parfum qu'elle portait lorsque je plongeais mon cou dans le sien, m'enivrant d'elle. J'en ai oublié le tracé de ses courbes sous mes doigts. J'en ai oublié le son de sa voix qui par un murmure pouvait me faire sourire et me combler de bonheur, qui par un murmure pouvait me remplir de fureur, qui par un murmure me plongeait dans le plus profond chagrin. Et ou cela m'a-t-il conduit ? A ma perte.
Un sombre sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je m'approche de la fenêtre pour regarder les ruines encore fumantes de ce qui aurait pu être mon campement militaire. Le reste de mon armée, des nains qui autrefois étaient fiers et m'auraient suivit jusqu'en enfer si je le leur avais demandé et qui aujourd'hui baissent le regard lorsque je me présente à eux, le corps rongé par les Ombres. Je pensais pouvoir les contrôler, Ombres comme nains ; je pensais pouvoir les diriger et les commander, au lieux de cela je deviens le bouffon d'un Roi Sans-Nom, souriant et riant en envoyant les forces risibles que je possède contre un - oserais je ?- seigneur qui as eu la très bonne idée de me courroucer. J'ai perdu ma l'esprit lors de mon arrivée sur ce Continent Maudit. J'ai sombré et suis devenu un valet lors de la première attaque sur mon camp, m'enfonçant toujours plus avant sur le chemin qui me conduirait au néant, me fondant dans la masse des Ombres elle-même, comme elle. Réuni au même endroit, mais à jamais séparés. Triste destin que celui que j'embrasse.
Je disparais alors, reparaissant ailleurs, dans un lieu que nombre des « frères d'armes » de l'Alliance - noté la majuscule. Jamais il n'y a eu d'Alliance, jamais il n'y a eu un lien puissant qui nous a uni. Voilà pourquoi il sera si simple de les renverser. - aimeraient rejoindre sans y être parvenu. Je reste dans l'ombre d'une immense colonne et m'incline bien bas avant de parler d'une voix forte, qui ne tremble pas. La voix d'un Seigneur de Guerre se présentant à son Roi.
« -Je vous remercie d'avoir pris soin de moi. Je suis votre dévoué à présent. J'ai reçut une lettre amusante de Shadee qui est monté sur ses grands chevaux pour défendre son Grand Ami - Un léger éclat de rire coupe mon discourt, mais je doute que mon humour soit apprécier à sa juste valeur. - A présent notre petit arrangement n'est plus un secret et j'espère ne point vous mettre dans l'embarras. »
La salle est immense, assez pour accueillir les centaines de Seigneurs des limbes qui observent la scène en rangs immobiles, silencieux. Bordées de hautes colonnes pareilles à de hauts fûts d'une forêt damnée, l'extrémité hémisphérique du lieu accueille une estrade de pierre blanche, à laquelle donnent accès trois marches. Sur cette estrade, un trône de la même blancheur immaculée se dresse, son haut dossier est décoré d'un triangle écarlate, symbole suprême des cohortes du Chaos. Assis sur ce siège, le Sans-Nom observe longuement le Seigneur Baramir, scrutant au-delà des apparences celui qui est venu lui rendre hommage. Enfin, alors que le silence atteint son apogée, il se lève majestueusement, descend les quelques marches en faisant signe au Nain de s'avancer. Sa voix s'élève, torrent limpide et cristallin dans la pénombre ambiante, enchanteresse, envoûtante, s'adressant à chaque être présent dans la salle.
« -Quel misérable serais-je, si la détresse d'un Seigneur souhaitant embrasser notre cause me mettait dans l'embarras? Quel pitoyable serviteur de l'Infini Seigneur serais-je, si je ne l'accueillais bras ouverts, prêt à tout pour répondre à ses nécessités? Louons l'Infini Chaos de ce don qui nous est librement consenti, ô fidèles, remercions-le d'avoir permis que s'ouvre le regard du Seigneur D'Eckmöl! »
L'attention du maître des Saintes cohortes se tourne directement vers le Nain, et c'est à lui seul qu'il s'adresse, bien que tous entendent.
« -Ce n'est pas de la félonie, Seigneur, que de faire ce que l'on croit juste. Ce n'est pas trahir, que de se tourner contre ceux qui ne nous ont pas tendu la main, qui dans leur arrogance nous ont insultés, bafoués, méprisés. Le respect, la loyauté, ne sont pas des dûs octroyés par une "noble" naissance. Ce sont des dons précieux qui se gagnent, se méritent, par des actes, par une présence, par une prompte réponse quand le besoin s'avance. Vous vous êtes tourné vers nous, abandonné de ceux qui se disent "défenseurs du bien", oublié, dénigré, insulté même, par ceux qui se targuent d'une noblesse dont ils ignorent le sens. Aujourd'hui ils vitupèrent, tremblant dans leurs chausses, car nous vous accueillons parmi nous! Non comme un vassal, non comme un serviteur, mais comme un Frère. Reconnaissent-ils leur erreur, ces aveugles qui nous défient? Non, ils chargent le monde de leurs fautes, incapables de réaliser que le mal est en leur coeur, bien plus que dans n'importe quel autre lieu! »
Lentement, le Sans-Nom pose une main sur l'épaule de Baramir, le fixant un instant en silence.
« -Soyez heureux, car vous n'êtes plus seul. Soyez heureux, car vous rejoignez une fratrie forte, sur laquelle vous pourrez compter en toutes circonstances. Je vois la douleur dans votre regard, le doute aussi. Vous pensez peut-être avoir déchu, brisé par un passé trop sombre et trop longtemps porté seul. Ce temps s'achève, car vous n'êtes plus solitaire dans la grisaille d'un monde moribond. »
Un prêtre vêtu de blanc s'avance, son vêtement arborant le triangle de son ordre, porteur d'une coupe de fer sombre et d'une fine dague miroitante. Sans un mot, il présente la dague à Baramir, manche en avant. Le Sans-Nom poursuit d'une voix douce:
« -Versez quelques gouttes de votre sang dans ce calice sacré, et faites le serment de mettre toute votre âme au service de l'Infini Seigneur du Chaos. Faites serment de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour qu'advienne son règne, sur les plans du dessus comme sur ceux du dessous, en ce jour et à jamais. Scellez de votre sang ce pacte inaltérable, et l'Infini Seigneur vous offrira sa force, sa protection, sa bienveillance éternelle. Il vous offrira cette maîtrise des Ombres que vous avez tant souhaité. »
Une partie de l'armée du Sans-Nom se tient dans la pièce. Ces Seigneurs des Limbes qui sont crains de tous sont présent ici assistent silencieux à la scène. Une telle vision aurait sans nul doute pétrifié quiconque. Il faut être fou pour se jeter dans la gueule du loup. Mais la morsure du loup est bien plus douce que les bêtes bêlements et les chamailleries des moutons du Bien. Les paroles du Sans-Nom résonnent dans mon esprit, s'y longeant en chassant les vestiges d'anciennes amitiés, d'anciens « accords » et d'ancienne résolution. Elles s'y logent délicatement, sans violence, ce qui les ancre encore plus profondément. Elles ont pour voisines mon ambition insensée et mon désir le plus fou.
Lorsque le Sans-Nom dépose sa main sur mon épaule je sens une nouvelle force naître en moi. Je ne suis plus seul au milieux de ces Seigneurs qui m'ont tourné le dos. Je ne suis plus seul sur cette triste voie que j'ai fait mienne, ou qui m'a fait sienne. Je ne suis pas un laquais ou un valet mais un frère au sein d'une nouvelle famille. Cela réchauffe mon coeur et c'est avec résolution et fermeté que je saisis la dague qu'un prêtre vêtu de blanc me tend et tend le bras, paume vers le ciel au dessus de la coupe. D'un geste vif je m'entaille la main et sert le poing au dessus de la coupe, laissant mon sang y coulé. L'entaille est profonde et le sang coule en un petit filet abondant dans la coupe mais je n'en ai cure. Je reprends la parole d'une voix forte pour que tous entendent.
« -Moi, Seigneur et Prince Baramir d'Eckmöl, devient ici et jusqu'à ce que les Temps s'achèvent, le Serviteur de l'Infini Seigneur du Chaos. Je mets dès à présent et jusqu'à ce que les Temps s'achèvent toute la force de mon âme pour accomplir sa volonté. »
Puis je rends la dague au prêtre qui s'en retourne satisfait. Je viens de m'engager dans un chemin que je ne connais pas. Encore une fois. Mais cette fois-ci je n'ai plus aucune crainte car je ne suis plus seul. J'ai trouvé ici des Frères ainsi que des Guides.
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Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia
Shadee | 10/02/11 10:12
Mon pauvre Baramir, vous n'êtes pas parti vers eux parce que nous vous avons tourné le dos, mais bien parce que la peur d'être détruit vous a poussé vers eux... Et cela vous priverait de la gloire de Certadhil, si toutefois on peut en tirer. Tout est une question de courage et aussi de ce que vous reprochiez avec vos arguments sous la ceinture. C'est amusant, n'est-ce pas?
En tout cas, je vous remercie, je me sens tout d'un coup libérée de ma tâche de rendre la vue aux aveugles
Kärel | 10/02/11 11:18
C'est drôle, plus les gens sont blessés et désespérés, plus leurs actes sont fous et, le comble, c'est qu'ils y croient dur comme fer. Dans ces cas-là, le mieux est effectivement de rester aveugle. De là à savoir si on peut leur en vouloir...
Vous êtes piégé, Baramir. Vous venez juste de changer de maître, et de famille. Je n'aurais pas trouvé cet acte si révoltant s'il n'y avait eu ce pacte qui, désormais, vous lie à un destin que vous ne connaissez pas. Bonne nouvelle vie dans votre magnifique restriction de pensée
Et puis, sérieusement, vous pouvez choisir votre voie, mais ayez la sympathie de ne pas exterminer ceux qui ne sont pas d'accord avec vous, on dirait ces "moutons du Bien"...
[HRP : très belle plume, chapeau.]
Edité par Kärel le 10/02/11 à 11:18
Celimbrimbor | 10/02/11 11:22
Baramir, mon ami, vous me décevez cruellement. Pauvre victime.
La Demeure Franche : [Lien HTTP]
Baramir d'Eckmöl | 10/02/11 11:22
(Merci. Nous avons écrit cela à deux plumes d'ailleurs
)
Que voulez-vous mon Ami Celimbrimbor. Je ne suis qu'un fou. Je l'ai toujours été d'ailleurs, disons simplement que ma folie prend une forme plus visible à présent.
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Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia
Edité par Baramir d'Eckmöl le 10/02/11 à 11:23
Celimbrimbor | 10/02/11 11:47
Je ne suis personne pour juger vos choix, Baramir. Simplement, je vous croyais plus fort.
La Demeure Franche : [Lien HTTP]
Rouge | 12/02/11 05:27
Alyssa Anthâar | 17/02/11 16:04
Baramir d'Eckmöl | 17/02/11 16:28
C'est même pas vrai d'ailleurs.
Bon en même temps c'est sur que comparé aux deux déité qui partent poutrer du démon je me sentais petit à côté.
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Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia