Forum - [Certadhil III] La garde du Dragon

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Vici | 21/01/11 21:12

Riredhil, Lune 20

Bardaïk marchait vers le nord. Là bas, lui avait-on dit, se tenait la forteresse d'obsidienne. Là bas, les armées du seigneur dragon recrutaient. Il venait du sud, de la cité de Tala où il avait débarqué il y avait quelques jours. Là bas, au sud, le sol était fertile, et la végétation luxuriante. Au fil du chemin, à mesure qu'il se rapprochait de son but, la végétation se faisait de plus en plus rare, et les terres du plus en plus noires et poussiéreuses. Et ça allait continuer. A ce qu'on disait, les terres du nord étaient stériles et désolées.

A droite de la longue route, un bourg en ruine témoignait des violents combats qui avaient secoué ces terres. Une vieille femme lui avait raconté l'histoire récente de Riredhil. Une joute s'était déroulée ici, pour célébrer l'union de Tala et de Noir-Feu. Le dragon n'avait pas tardé à se lasser de la louve, et aux dernières nouvelles il fréquentait Xüne Syphoon. Enfin quand la vieille disait fréquenter... Ah, la vie conjugale des grands, ça n'était plus ce que ça avait été. Aujourd'hui, les dames et seigneurs ne respectaient plus grand-chose. Ah, l'époque ancienne, Dame Charlie, et tout ça, c'était quand même autre chose, lui avait elle rabâché.

La route montait vers un col entre des montagnes noires. Le passage était barré d'un haut mur percé d'une large porte. Bardaïk touchait au but. Il s'approcha du poste de garde, et la cité d'obsidienne apparut. Elle se tenait là, devant lui, toute taillée dans la pierre noire, au fond d'une vaste cuvette cernée de montagnes tout aussi sombres. Le nain ignorait qu'il puisse exister autant de nuances de noir, autant de degrés d'obscurité. Il resta interdit devant cette vision, ne pouvant décider, pour décrire son ressenti, entre le qualificatif de splendide et celui de cauchemardesque.

- Holà ! Qu'est ce que tu fous planté là comme ça ? Et qui t'es d'abord ?
Un garde couvert d'un tabard noir filigrané d'argent, une hallebarde à la main, s'était avancé vers lui. Bardaïk sortit de sa rêverie, et désigna ses haches.
- Je me nomme Bran, fils de Nogor. On m'a dit que le seigneur du lieu avait besoin de lames.

Edité par Vici le 21/01/11 à 21:13

Vici | 16/03/11 19:58

La lame fendit l'air, et ricocha sur le bouclier. Le vampire releva sa longue épée, et frappa de nouveau. Bardaïk esquiva, et contre-attaqua d'un coup d'estoc. Comme à l'entrainement. Son adversaire para sans peine, puis de recula de quelques pas. Fin du premier échange.

Autour, il faisait nuit. Les torches rougeoyantes éclairaient le sol poussiéreux et le rempart de pierre noire. Le long des murs, une cinquantaine de gardes avaient les yeux rivés sur les deux combattants. D'un côté se tenait le commandant Troeren, le chef de la garnison de Riredhil, un vampire, autoritaire, froid, et inflexible, qui dirigeait la forteresse d'une main de fer. Ses deux mains brandissaient une longue épée droite. Et en guise d'adversaire, un nain lui faisait face : un certain Bran, recruté quelques lunes plus tôt, qui portait, par-dessus son armure, les insignes de la légion d'argent, la troupe des jeunes recrues. Et s'il faisait, ce soir, ses preuves, il gagnerait sa place au sein d'une légion de combattants confirmés. Sa main gauche soutenait un bouclier, tandis que sa main droite tenait une épée courte.

Troeren revint à la charge, frappant plus fort et plus rapidement. Bardaïk para les coups en se protégeant avec son bouclier, et lança quelques ripostes. Aucune ne toucha. Ce diable de vampire était bien trop preste, et le nain, s'il encaissait plutôt bien, manquait de rapidité et surtout d'allonge. Le commandant recula une nouvelle fois, mettant fin au second échange.

La première fois que Bardaïk l'avait affronté, c'était peu après son arrivée à la cité d'obsidienne. Il s'était présenté en temps que Bran, jeune nain avide d'aventures, de combats, et, accessoirement, d'une solde. Et on l'avait bientôt envoyé à l'évaluation, qui consistait en quelques passes d'armes avec ce Troeren. Bardaïk s'était fait passer pour un quasi néophyte, n'ayant participé qu'à quelques missions d'escorte pour quelques caravanes marchandes. Il valait mieux commencer ainsi, personne ne s'intéresserait à son passé ni n'irait vérifier ses dires, et ses progrès n'en seraient que plus fulgurants, et tellement gratifiants pour ses maitres d'armes. Alors, quand le commandant de la forteresse lui avait demandé de lui montrer ce qu'il savait faire avec sa hache, Bardaïk l'avait levé au dessus de sa tête et avait foncé sur le vampire en criant. Et le succès avait été au rendez-vous. Sa charge avait été aisément contrée par son adversaire, et il avait mangé la poussière comme une parfaite bleusaille. Une totale réussite. Le seul ennui, c'est que Bardaïk s'était fait envoyer dans la légion d'argent pour une période largement plus longue que la plupart des autres recrues. Et aujourd'hui, c'était le grand jour. Ou plutôt la grande nuit. De l'issue de ce combat allait dépendre la réussite ou l'échec de sa mission. Il devait passer ce test avec succès, pour intégrer la légion d'obsidienne, voir peut être la légion d'ivoire, les forces d'élite du dragon. Et ainsi il pourrait quitter ces terres inintéressantes pour gagner Deuxièmecercledhil, son objectif initial, ou même, éventuellement, le Krak de Noir-Feu, en terre de Dana. Le Krak... Le quartier général du Dragon. L'ultime accès aux réponses que Vici devait rechercher, là bas, sur Certadhil.

Le vampire revint à la charge une troisième fois. La, ça devenait sérieux. Bardaïk feinta une hésitation, et, au dernier moment, alors que son adversaire frappait, il fonça à la rencontre, déviant la longue lame à l'aide de son bouclier. Sa propre lame s'élança avec force contre les jambes de son adversaire. L'épée percuta une jambière du vampire de plein fouet, et... se brisa. Une vielle tactique que le nain maitrisait parfaitement. Une feinte, une parade, une contre-attaque fulgurante dans les jambes, et l'adversaire finissait immanquablement au sol. A condition d'utiliser une hache, ou une masse, ou un marteau... et pas cette fichue épée courte qui constituait l'arme de base des légions du Dragon... Troeren rétablissait déjà sa garde, tandis que Bardaïk, désarmé, brandissait son bouclier comme dernier rempart.

- Recrue !
Le commandant Troeren leva la voix, couvrant le crépitement des torches et les respirations sourdes de l'assistance.
- Tu ne manies pas une hache, recrue, mais une épée. Hum... C'était bien tenté, mais il va falloir m'en montrer plus si tu veux mériter ta place parmi les vrais combattants. Qu'on lui donne une autre...

Le temps sembla se figer, tandis que Bardaïk réfléchissait. Pas une autre épée. Une vraie arme de nain, qui ait de la puissance, de l'inertie, et si possible de l'allonge... La, à côté de la porte, un garde portait une...

- ...hallebarde !
- Pardon ?
- Une hallebarde, mon commandant, s'il vous plait.
- Une hallebarde ? Voila une drôle d'idée. Qu'on lui en donne une !

Bardaïk abandonna son bouclier, en empoigna la longue hampe à deux mains. Il avait souhaité de l'allonge, et le l'inertie, il en avait autant qu'il voulait. Et même beaucoup plus. Contre un adversaire agile, ça n'allait pas être facile. Mais tant pis. De toute façon, ça ne pourrait pas être pire qu'avant.

Pour la quatrième fois, Troeren s'avança. Il ne trouva que l'arme d'hast du nain qui le maintint invariablement à distance raisonnable.

Ah, la hallebarde. Combien de fois avait il fait le poireau sur le rempart, avec cette hampe à la main et cette lame au dessus la tête. Et combien de fois s'était il entrainé avec cette arme, dans cette même cour. Voila bien la seule pratique qu'il avait trouvé utile et plaisante durant ces longues lunes d'attente. Quand on est lieutenant, c'est compliqué de redevenir un bleu. Toutes ces corvées qu'il avait du accomplir. Et cet entrainement laborieux qu'il avait du subir. Faire semblant de tout ré-apprendre, face à des maitres d'armes dont il avait en quelques secondes repéré les principaux points faibles, face à toutes ces vraies nouvelles recrues qu'il avait du veiller à ne pas éliminer définitivement du service du Dragon par quelques coups bien placés... Heureusement, ce commandant Troeren savait se battre, lui. Un peu trop bien, même.

L'espace d'un instant, Bardaïk baissa son arme de quelques pouces. De la fatigue ? Le vampire s'élança. Ou plutôt une nouvelle feinte. Le nain frappa un grand coup d'estoc, que le vampire, surpris, para maladroitement. Bardaïk s'élança de tout son poids dans l'ouverture de la garde, et percuta de plein fouet le commandant Troeren, qui perdit l'équilibre. La lame de la hallebarde s'éleva, et descendit sur le vampire à terre. Mais celui-ci roula sur le côté, esquivant le coup. A peine rétabli, le vampire feinta, esquiva un nouveau coup, et frappa de côté vers l'épaule du nain. Pas de bouclier. Trop tard pour esquiver. Bardaïk pivota, offrant à la longue lame le plastron de son armure plutôt que son épaule. Le choc lui coupa le souffle quelques longs instants. Une violente douleur étreignait sa poitrine. Mais déjà ses mains raffermissaient leur prise, et ramenaient le fer de la hallebarde vers l'adversaire. Troeren le toisa quelques secondes, en garde, puis abaissa son arme. La fin de l'évaluation. Le verdict final.

- Légion d'obsidienne. Départ demain soir avec la douzième compagnie pour Deuxièmecercledhil. Recrue suivante !

Edité par Vici le 16/03/11 à 19:59

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