Forum - [Certadhil III : Lune 16] Sur l'enclume du Destin

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Vici | 04/01/11 21:19

Clang... Clang... Clang...

...

Clang... Clang... Clang...

Où suis-je ?

Clang... Clang... Clang...

Ce bruit... on dirait... celui du marteau sur l'enclume...

Clang... Clang... Clang...

Tout est rouge autour de moi. Rouge comme le sang. Rouge comme la flamme. Rouge comme le métal chauffé. Pourtant j'ai froid... si froid...

Clang... Clang... Clang...

Et ce bruit qui emplit ma tête. Est-ce le Maître des Forges qui abat son marteau sur l'enclume du Destin ?

Clang... Clang... Clang...

C'est sûrement ça. Je suis en sa demeure... Suis-je... Suis-je... Ah oui, je suis tombé. Ils ont fait une sortie. Des garous. Ils ont attaqué les catapultes. J'ai réussi à bousiller quelques bestioles, mais... Je suis mort. Ma destinée est terminée.

Clang... Clang... Clang...

Je vais reposer ici, au milieu des oeuvres du Maître. Vici, seigneur dominarien, conquérant de Chatdhil, de Foujidhil, de... d'autres terres encore, dont je ne me rappelle plus les noms. Vici, vaillant combattant, tombé au combat, hache à la main, devant les murs de Gretaine Olth, sur Certadhil, le continent maudit...

Clang... Clang... Clang...

Je vais enfin goûter à la paix. Me voici débarrassé de tout ce fracas de la vie, de ces coups, de ces cris, de ce sang, de ces morts, de cette peine, de ce fardeau. Et pourtant...

Clang... Clang... Clang...

...le marteau continue de frapper. Mon destin continue peut-être à être forgé. Suis-je encore en vie ? J'ai échoué. Que puis-je contre les forces qui se déchainent ici ? J'ai juré de combattre ici jusqu'à mon dernier souffle. Ce dernier souffle n'est il pas déjà arrivé ?

Clang... Clang...

Le bruit s'atténue...

Clang...

...comme si ma place n'était pas ici...

...

- Chef ! Chef ! Est ce que vous m'entendez ?
- Mmmmm
- Tenez, chef, buvez.
L'autre souleva délicatement la tête ensanglantée de Vici, et porta une gourde à ses lèvres éclatées. Quelques poils perlaient sur le menton du jeune nain. Vici le reconnut. C'était un des apprentis artilleurs, un des servants d'une des armes de siège.
- H.......
- Restez calme, chef. Reposez vous. Vous êtes blessés. On s'est pris une nouvelle déculottée devant chez Gretaine. Tous les gars sont morts. Sauf nous. Moi, j'ai réussi à me cacher sous une catapulte. Et vous... je ne sais pas par quel miracle vous êtes encore en vie, vous avez pris un loup-garou en pleine tronche. Mais rassurez-vous. Dans cette grotte, l'ennemi ne nous trouvera pas. Je vais m'occuper de vous.

Edité par Vici le 04/01/11 à 21:24

Celimbrimbor | 04/01/11 21:54

[Pas mal]

Certadhil passe de l'endroit à la mode à la boucherie des familles. Amusant.

La Demeure Franche : [Lien HTTP]

Bart Abba | 05/01/11 22:05

Tiens bon l'ami... Tu n'as pas dit ton dernier maux ! :b :b :b

BOZH.

Phaeril | 05/01/11 22:10

En ce moment ça cogne dur, c'est maintenant qu'il va falloir se montrer tenace.

"Mieux vaut commettre une erreur avec toute la force de son être que d'éviter soigneusement les erreurs avec un esprit tremblant."

Vici | 05/01/11 22:39

Clang... Clang... Clang...

Le maillet s'abattait sur la pièce métallique. Le visage et les bras couverts d'un mélange de sueur et de cambouis, Eredé remettait en place les dernières pièces du buggie récupéré dans l'usine de la M&W Corp. Il allait bien finir par fonctionner, ce fichu engin. Les mains s'essuyèrent énergiquement sur le tablier noirci, tandis que les yeux contemplaient le résultat du travail. Le moteur, la transmission, le châssis... Tout avait l'air... parfait. Bon, bien sûr, il restait une bonne chance que l'engin ne démarre pas... Un tour de la petite clé plate, et elle allait peut-être entendre le vrombissement du moteur. Où était-elle, déjà, cette clé ?
Une tête passa dans l'entrebâillement de la porte. Un curieux ? Le reste du corps ouvrit grand le vantail, et s'effondra dans l'atelier.
- Au sec...
L'arbalète. Eredé se rua sur son arbalète. Un chargeur. Quelques coups de manivelle, et le cran se bloqua. Un carreau tomba du chargeur de bois dans l'axe de tir. Le doigt sur la détente, la naine s'élança au dehors.

Des cadavres. Des cris. Des nains en fuite. Des diablotins. Un carreau partit. Une des créatures fut rejetée en arrière, transpercée. Manivelle. Visée. Détente. Manivelle. Visée. Détente. Deux autres diablotins mordirent la poussière. Les nains survivants se rallièrent à l'ingénieure.
- Qu'est ce que c'est que ce bazar ? Pourquoi l'alarme n'a-t-elle pas été sonnée ?
- Ils ont tué les sentinelles.
- Et les gardiens d'Inn-Halad ?
- Morts, eux aussi.
- Rassemblez les survivants, et que tout le monde aille à la palissade. Les diablotins ne viennent jamais seuls.

En effet, ils n'étaient pas venus seuls. Une horde de démons marchait sur le campement dominarien. Les pièges s'activèrent bientôt, libérant des flots d'huile d'obsidienne enflammée, tandis que les balistes à répétition des tours de garde pilonnaient les créatures démoniaques. Mais ces défenses étaient insuffisantes face à une telle masse grouillante. Pire, Eredé aperçu plusieurs des démons touchés se relever. Une force impie les protégeait. La naine donna l'ordre de la retraite. A peine avait-elle prononcé ces mots, que des harpies piquèrent sur le camp. La retraite se changea en déroute. Les démons passèrent la palissade, et s'engouffrèrent entre les bâtiments. Certain nains couraient, désorientés, d'autres se cachaient. Les uns finissaient par se faire rattraper. Les autres finissaient par être découverts. Tous connaissaient la même fin.

Un grondement tonna au milieu du campement. Dans un nuage de fumée noire, le buggie s'extirpa du combat, emportant avec lui les derniers survivants.

Bart Abba | 05/01/11 22:57

Chiotte !! Ils sont vraiment balaises ces démons...
Mais il nous reste kelkes kartes maîtresses dont ils ignorent la portée... Il faut kontinuer !

BOZH.

Le Sans-nom | 05/01/11 23:07

La portée? L'un de mes inquisiteurs se demandait, en parlant de portée, jusqu'à quelle distance un orc empalé sur nos murs pouvait être entendu. Voulez-vous participer personnellement à cette intéressante expérience, créature Bart Abba? Vous seriez au centre de la question, si je puis me permettre cette expression.

Celimbrimbor | 05/01/11 23:13

C'est beau l'empirisme.

La Demeure Franche : [Lien HTTP]

Le Sans-nom | 05/01/11 23:41

En parlant de cartes, l'un de mes diablotins me suggère une idée, il est très joueur, lui aussi. Il serait évidemment dépité de ne pas avoir de partenaire de jeu, son humeur pourrait s'en ressentir, et vous connaissez certainement l'effet dit de "la vague"? Non? Je vous explique: Mécontent, il ira ennuyer un démon mineur, qui ira lui même ennuyer ses pairs, qui agaceront les loups-garous qui...vous saisissez? Au final, il se pourrait que quelques centaines de mes fidèles soient dans le besoin de se défouler, je vous laisse le soin d'extrapoler les conséquences déplorables de tout ceci.

Il vous propose donc de lui donner un chiffre, un nombre si vous préférez, entre 1 et 30. Cela lui permettra de déterminer sur la liste des camps découverts chez qui il ira abattre ses quelques atouts ce soir. Un amateur?:o

Ze Pequeno | 05/01/11 23:54

8

Le Sans-nom | 05/01/11 23:59

Ah! Très très finement joué, je vous félicite! Un qui suit, quel plaisir! Tous les impies vous doivent une fière chandelle pour cette lune, mes cohortes ne frapperont aucun d'entre vous.

Bart Abba | 06/01/11 00:46

Huit pour une portée... ça saoule de kourse !! 8)
Mais pourkoi me prendre pour cible ? Tout ork ke je sois...
Suis-je aussi impie ke j'en ai l'air ? :o
Ou est-ce ke mes propos chavirent et charient un tant soit peu vos aspirations de suprématie inkontestée et inkontestable... ou pas ? 8)

Mieux vaut être grand parmis les petits, ke petit parmis les grands !
Hordialement

BOZH.

Le Sans-nom | 06/01/11 01:45

Vous êtes un grand bavard parmi les petits impies, raison pour laquelle je m'attriste de ne pas vous compter parmi les membres émérites de notre Sainte chorale. D'autant plus qu'elle semble s'essouffler au fil des lunes, si j'en juge par les plaintes émises par l'inquisition. Voyez plutôt:

Lune 15: 16 choristes, et quel accompagnement grandiose!:

Les soutiens envoyés chez Gretaine ont participé à la défense :
Attaque de [Rouge] [Ildrina] [Vici] [Reinmar] [Kawamashi] [Comte Harbour] [Mandalore] [Se7] [Eigoel Nahb] [Shadee] [Tala] [Dyce Hipple] [Phaeril] [Gzor] [Ze Pequeno] [Fanfan] :

27 Archer
36 Paladin
140 Eluros
10 Kastagneur
30 Fanatique
53 Vampire
328 Harpie
5 Mercenaire
40 Scout
42 Dryade
18 Maître d'armes
43 Catapulte
2 Arbaletrier
62 Forgeron
80 Goule
29 Zombie
13 Guerrier
75 Adepte
95 Loup
104 Lion
19 Elémentaire d'Ether
8 Cavalier
3 Ranger
61 Danseur de guerre
31 Chasseur de géants
1 Prêtre

Défense de [Gretaine] [Le Sans-nom] :

1 Inquisiteur
2 Zombie
1 Prêtre
3 Page
27 Spectre
299 Laquais du chaos
43 Achéri
27 Ombre
43 Loup garou
51 Seigneur des limbes
198 Chien garou

Morts chez les attaquants :
27 Archer
36 Paladin
140 Eluros
10 Kastagneur
30 Fanatique
53 Vampire
328 Harpie
5 Mercenaire
40 Scout
42 Dryade
18 Maître d'armes
43 Catapulte
2 Arbaletrier
62 Forgeron
80 Goule
29 Zombie
13 Guerrier
75 Adepte
95 Loup
104 Lion
19 Elémentaire d'Ether
8 Cavalier
3 Ranger
61 Danseur de guerre
31 Chasseur de géants
1 Prêtre

Morts chez les défenseurs :
2 Zombie
1 Page
19 Spectre
220 Laquais du chaos
39 Achéri
23 Ombre
29 Loup garou
33 Seigneur des limbes
161 Chien garou

Attaque repoussée

Lune 16: 17 choristes, l'accompagnement manque de percussion?

Les soutiens envoyés chez Gretaine ont participé à la défense :
Attaque de [Bart Abba] [Rouge] [Ildrina] [Sombrebarbe] [Vici] [Comte Harbour] [Mandalore] [Se7] [Torleiw Le Terrible] [Shadee] [Dyce Hipple] [Phaeril] [Gzor] [Ze Pequeno] [Jarx] [Séide Faerandel] [Fanfan] :

13 Guerrier
42 Firmir
24 Troll
148 Eluros
28 Dryade
58 Danseur de guerre
109 Forgeron
51 Chasseur de géants
47 Catapulte
31 Zombie
15 Paladin
1 Guide
6 Archer
105 Harpie
20 Vampire
12 Fanatique
18 Ogre
2 Mercenaire

Défense de [Gretaine] [Le Sans-nom] :

1 Inquisiteur
1 Prêtre
4 Page
228 Spectre
185 Laquais du chaos
53 Achéri
14 Ombre
15 Loup garou
30 Seigneur des limbes
96 Chien garou

Morts chez les attaquants :
13 Guerrier
42 Firmir
24 Troll
148 Eluros
28 Dryade
58 Danseur de guerre
109 Forgeron
51 Chasseur de géants
47 Catapulte
31 Zombie
15 Paladin
1 Guide
6 Archer
105 Harpie
20 Vampire
12 Fanatique
18 Ogre
2 Mercenaire

Morts chez les défenseurs :
1 Inquisiteur
1 Prêtre
2 Page
122 Spectre
92 Laquais du chaos
27 Achéri
4 Ombre
8 Loup garou
20 Seigneur des limbes
53 Chien garou

Attaque repoussée

Lune 17: 14 choristes, les violons sont un peu désaccordés?

Les soutiens envoyés chez Gretaine ont participé à la défense :
Attaque de [Bart Abba] [Rouge] [Sombrebarbe] [Comte Harbour] [Mandalore] [Se7] [Torleiw Le Terrible] [Tala] [Dyce Hipple] [Phaeril] [Gzor] [Ze Pequeno] [Séide Faerandel] [Fanfan] :

10 Firmir
20 Eluros
143 Harpie
1 Guerrier
8 Maître d'armes
18 Catapulte
2 Mercenaire
2 Prêtre
3 Page
6 Zombie
4 Vampire
21 Paladin
21 Forgeron
6 Adepte
6 Valkyrie
18 Dryade
6 Chasseur de géants
5 Troll
20 Danseur de guerre

Défense de [Gretaine] [Le Sans-nom] :
2 Page
15 Spectre
235 Laquais du chaos
35 Achéri
76 Ombre
36 Loup garou
29 Seigneur des limbes
153 Chien garou

Morts chez les attaquants :
10 Firmir
20 Eluros
143 Harpie
1 Guerrier
8 Maître d'armes
18 Catapulte
2 Mercenaire
2 Prêtre
3 Page
6 Zombie
4 Vampire
21 Paladin
21 Forgeron
6 Adepte
6 Valkyrie
18 Dryade
6 Chasseur de géants
5 Troll
20 Danseur de guerre

Morts chez les défenseurs :
4 Spectre
28 Laquais du chaos
5 Achéri
7 Ombre
7 Loup garou
7 Seigneur des limbes
24 Chien garou

Attaque repoussée

Je crois que la portée de nos aspirations est en do mineur, alors que la vôtre est en si bémol, et bien que n'étant pas musicien, ma générosité inkontestable me pousse à vous expliquer un peu la musique. Tendez bien l'oreille, je promets de ne pas vous la couper tout de suite.:o

Nos citadelles sont l'oeuvre de Gretaine, qui a donné forme aux ténèbres venant du Sereg Rinn, aussi appelé Cercle de Sang, porte ouverte avec beaucoup d'obligeance par certains d'entre vous. La source de sa géniale inspiration a, me semble-t'il, quelque rapport avec cette dragonne dont elle a usé gracieusement. Dragonne qui, vous le savez sans doute, a un faible marqué pour certaines herbes. Or, les herbes poussent, il suffit d'un peu de pluie, et les voilà qui envahissent tout. Le Sereg Rinn étant ce qu'il est, l'eau n'a pas un effet très concluant sur la pousse de nos végétales cités, mais en revanche, le sang est un engrais des plus efficace. Sang dont vous avez très complaisamment inondé nos murs.

Voilà donc ses créations généreusement arrosées lune après lune par vos bons soins, et véritablement, je m'émerveille de les voir ainsi grandir, à tel point que je me demande quelle somptueuse fleur pourrait bien en émaner si vous poursuivez votre labeur avec autant de conviction. Quelle tristesse est la mienne de savoir que vous n'appréciez pas à leur juste mesure ces créations extraordinaires, vraiment. J'ai presque été tenté de verser une larme en entendant votre impie comparse Shadee affirmer que nous étions incapable de créer quelque chose. Quelle injustice!

En espérant Infiniment avoir planté dans vos esprits une graine aussi fertile que celles conçues par la Sainte artiste Gretaine, je vous salue bien bas.

Le Sans-nom

Edité par Le Sans-nom le 06/01/11 à 01:46

Shadee | 06/01/11 10:41

Oh grand mélomane, mon oreille délicatement pointue a saisi votre gamme à force d'écouter vos compositions qui s'harmonise avec le : Dominant, Rébarbatif, Mielleux, Fanatique, Sot-l'y-laisse, Laquais, Siphonné.

Il est normal que nous laissions les piètres mélodies de bas étage à ceux qui aiment le brouhaha infernal.

Je me demande où vous tirez votre gloire qui n'a nul mérite. Oui, il est amusant de vous observer à vous targuer de la prouesse de votre grognon cabot en Mitaine. Car sans la main de son maître de cérémonie, il y a bien longtemps qu'il ferait ses vocalises, la queue entre les jambes.

Mes respects en queue de pie, maître voleur.

Le Sans-nom | 06/01/11 17:05

J'ai promis de ne pas vous trancher les oreilles de suite, mais gardez bien votre langue perfide derrière vos dents, petite traîtresse, ma promesse ne s'applique pas à cet organe bifide dont vous vous servez si largement pour rien.

Et surtout, surtout, cessez de brasser autant d'air inutilement, nos expériences sur la portée des hurlements de vos comparses s'en trouvent affectées, et il va nous falloir les recommencer.

Au plaisir de venir vous rendre visite à nouveau,

Le Sans-nom

Vici | 06/01/11 22:28

Suite de [Lien HTTP]

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- Deuxièmecercledhil... Hum... Faut que j'réfléchisse...

Le décor : un affreux bouge, près des quais d'un port quelconque. Des marins avinés. Des femmes. Des chants, des rires, des cris, des râles, un brouhaha qui de temps à autre laissait entendre les grincements répétitifs du plafond. Ici, les murs n'avaient pas d'oreille. Ici, les murs avaient des décolletés plongeants, souvent rehaussés de mains baladeuses.

- ...et j'réfléchis mal quand j'ai l'gosier sec, si vous voyez c'que j'veux dire.

Les protagonistes : un homme, et un nain. Le premier était le capitaine d'un quelconque rafiot, qui trafiquait plus qu'il ne commerçait dans les environs. Le visage rouge et fin, le nez cramoisi, le regard dans le vague, une main calleuse agrippée à la chope comme au bastingage par un jour de gros temps. Le second, c'était un nain. Un nain tout ce qu'il y avait de plus banal. Un visage large, une longue barbe brune tressée, une hache, et un manteau passe-partout qui, bien que de bonne facture, dénotait à peine au milieu des guenilles des matelots. Ah, j'allais oublier. Le nain avait aussi une bourse, suffisamment remplie pour payer un nouveau broc de tord-boyaux au capitaine.

- Deuxièmecercledhil... Deuxièmecercledhil... Nan, y'a pas moyen d'y aller. Y'a un blocus maritime. Pis c'est pas un p'tit blocus, leur machin. Les trirèmes patrouillent sans arrêt. Je sais pas d'quoi qu'y s'protègent, les salauds. Qu'ce soit de jour ou d'nuit, personne passe. Y'a deux lunes, y'a l'vieux Hrun qu'à tenté le coup. On lui avait promis une belle somme, pour une livraison discrète. Ah ben il est discret, depuis, l'vieux Hrun. On a r'trouvé un de ses mousses, noyé, avec autour des restes de son bateau. Même pour tout l'or du monde, je tenterai pas de passer là bas. J'ai pas encore l'âge de creuser mon trou dans la flotte. Ca serait dommage, hein les poulettes ?

De chaque côté du capitaine, une fille. Une d'âge mûr, très mûr, qui exhibait ses charmes pendants par-dessus son décolleté détendu. Elle riait à gorge déployée à chaque passage de la main baladeuse du marin (pas celle qui tenait la chope, l'autre) sous sa robe, dévoilant à chaque gloussement ses dents noirâtres. La seconde était plus jeune. Elle avait du voir passer, au plus, une quinzaine d'hivers. Elle souriait tendrement en réponse aux regards appuyés du capitaine, de petites cloques encadrant ses lèvres teintes en rouge.

- Il doit bien y avoir des navires qui franchissent ce blocus. Aucun continent ne peut rester ainsi coupé du monde.
- Hum... Ouais, il y a bien quelques navires qui passent le blocus, à ce qu'on dit. Mais je sais surtout que j'ai pas sur moi de quoi honorer ces charmantes demoiselles. Les affaires sont dures, en ce moment. Et ça serait dommage qu'elles doivent passer la nuit sans moi.

La vielle gloussa, tandis que la jeune se blottit contre le marin. Le nain sortit une piécette de sa bourse, et la posa sur la table. Puis une deuxième.

- Les navires qui passent, à c'qu'on dit, c'est des navires qui viennent de Riredhil. Mais j'peux rien faire pour vous introduire dessus, la faute à ce que ces navires transportent. Des troupes. Que des troupes. Tout plein de soldats, à ce qu'on raconte. Je sais pas c'qu'ils peuvent bien y mijoter, sur ce dhil. Tout ce que j'sais, c'est que si vous voulez y aller, vous êtes pas encore prêts d'arriver à destination.

Edité par Vici le 06/01/11 à 22:37

Vici | 11/01/11 22:43

Certadhil, Lune 17

Ce qui restait de l'expédition dominarienne s'était réfugié dans les dunes. Eredé n'avait pu rassembler qu'une petite dizaine de survivants après l'assaut meurtrier des forces de Gretaine. Le groupe avait bâti à la hâte quelques cabanes à la limite de la plage, et s'occupait comme il le pouvait en attendant les secours. Eredé avait rédigé un appel à l'aide à destination de la base de Foujidhil, mais elle n'avait retrouvé dans les décombres de la forge de Vici qu'un seul pigeon encore vivant, et en assez piteux état. Les deux principaux ports de Certadhil étaient fermés : Keanor était en proie à la guerre civile, et Krashouane était le théâtre de violents combats... Aussi elle espérait que le volatile ait réussi la traversée, sans quoi... Et pour couronner le tout, elle était toujours sans nouvelle de Vici.
- Navire ! Un navire à l'horizon !
Un cri la tira de ses pensées. Là bas, à l'ouest, on distinguait une voile. La naine était soulagée. Le pigeon avait du arriver à destination. On venait les chercher. Mais... Elle aperçu une seconde voile... puis une troisième... puis bientôt une dizaine. Une véritable flottille se dirigeait droit sur eux.

Les longues embarcations s'échouèrent sur la plage. Une foule de nains en jaillit. L'un d'eux, marteau de guerre au poing et engoncé dans une lourde armure, s'avança vers le groupe de survivants.
- Sburlagöl !
Eredé s'élança à sa rencontre.
- Je suis ravie de te revoir, Sburlagöl.
- Ravi de te retrouver en un seul morceau. Des nouvelles du chef ?
- Aucune, malheureusement. Mais... tous ces navires...
- De l'or, de la boustifaille, des outils, et du bois. Dans ces navires, il y a de quoi repartir d'un bon pied. Vici m'a dit ça avant le premier débarquement. On ne se replie pas, tant que la guerre continue, on continue. Et de toute façon, pas question que je parte d'ici avant de m'être fait une descente de lit en peau de loup-garou. Je préfèrerais en peau de seigneur des limbes, mais bon, il parait qu'ils ont pas de peau, ou je sais plus trop quoi. Je verrai bien par moi-même quand j'en aurai écrabouillé un.

Vici | 12/01/11 22:11

Un continent quelconque, Lune 18

Dans une petite chambrette d'une auberge anonyme, Bardaïk se préparait. Il polissait une vieille côte de maille dénichée chez un prêteur sur gages. Quand il l'avait vu dans l'échoppe miteuse, elle ne payait pas de mine, vautrée dans un coin au milieu d'objets divers, sous la poussière et les toiles d'araignées. Mais bientôt, elle aurait retrouvé son éclat patiné. Deux haches posées contre un mur complétaient son armement. C'étaient des haches basiques, mais de bonne qualité. Depuis le temps qu'il servait un forgeron, Bardaïk savait reconnaître les bonnes armes au milieu la camelote.

Le nain posa la côte de maille, et contempla sa tenue. Des bottes de cuir grossier lui couvraient les pieds, complétées par des chausses. Une chemise de laine lui couvrait le haut du corps et les bras, couverte d'un pourpoint de cuir rembourré. Par-dessus viendrait la côte maille, qu'il garderait apparente, et les haches attachée dans le dos, avec le paquetage. Il n'était plus besoin de passer inaperçu. Au contraire, il fallait être repéré. Et c'était... presque parfait. Avec ce déguisement, il passerait sans peine pour un jeune nain en quête d'aventure et de gloire, le genre de naïfs qu'on embobinait aisément et qui constituait la proie préférée des recruteurs en tous genre, qui pour servir d'escorte vers des terres lointaines et dangereuses, qui pour aller fouiller quelque antique donjon, qui pour constituer la première ligne d'une armée.

Il restait néanmoins un détail à régler. Bardaïk ne correspondait plus au qualificatif de jeune. Il s'assit devant une petite table, sur laquelle trônait un miroir. Et fort heureusement, il connaissait un élixir de jouvence nain imparable, bien plus efficace que les sorts des nécromants, que les onguents de beauté en vogue, ou que les bains de sang de vierge les soirs de pleine lune : une paire de ciseaux. Il tailla une à une les tresses de sa longue barbe de vieux briscard. En quelques secondes, il avait rajeuni de plusieurs centaines de lunes.

Bardaïk finit de s'équiper, et vida la chambrette. Il sortit de l'auberge, et marcha vers le port. Le navire était là, amarré au quai.

Destination : Riredhil.

Edité par Vici le 12/01/11 à 22:12

Vici | 14/01/11 23:29

Certadhil, Lune 19

Les traces des bottes ferrées s'imprimaient sur le sol sablonneux. Devant s'étendait un paysage désertique. Pareil à droite. Et à gauche se dressaient, menaçants, les contreforts des monts Tla'dsul. Engoncé dans son armure lourde dont ne sortaient que les tresses de sa barbe, Sburlagöl poursuivait sa route. Il avait laissé Eredé diriger les travaux de construction d'un nouveau camp au nord des usines de la M&W Corp. Il avait déjà eu assez de mal à gérer l'armement des navires, à compter les caisses, les sacs, aussi s'était il dès que possible déchargé de toutes ces tâches compliquées. Sburlagöl n'était pas doué avec le calcul, avec les bouliers, avec le fil à plomb et l'équerre, avec les toises, et avec les attirails savants. Il préférait de loin compter avec son marteau : si l'ennemi bougeait encore, c'est qu'il fallait encore frapper.

Il était parti, seul, chercher son vieux pote, et accessoirement son chef, Vici. D'après les informations qu'il avait pu collecter, le forgeron avait été vu pour la dernière fois chez le seigneur Gzor, avant le lancement de la seconde offensive contre Gretaine. C'était donc un bon endroit pour commencer les recherches.

Edité par Vici le 14/01/11 à 23:29

Vici | 19/01/11 21:48

Certadhil, Lune 19

Un masque d'acier veillait sur le lit. Dans des draps dorés, Vici était allongé. Le silence régnait, un silence lourd, pesant. Une autre silhouette se détachait dans un coin. Celle d'une femme. Enfin de ce qui avait jadis du être une femme. Et le silence finissait par se rompre. Le masque se mettait à parler, d'une voie calme, posée, envoutante. Conversion. Vraie foi. Rédemption. Et le nain tentait de protester, de lutter. Mais ses lèvres restaient fermées, pas même un râle ne sortait de sa gorge silencieuse. Ses bras, ses mains, ses doigts restaient immobiles, pétrifiés, malgré tous ses efforts. Et la voie pernicieuse emplissait ses oreilles, sa tête toute entière. Et Vici résistait, sentant les moindres étincelles d'énergie affluer de tout son corps pour lutter contre cette corruption. Mais peu à peu, ses forces diminuaient. Peu à peu, il sombrait.

Soudain, tout s'emballa. Au son de "Born to pète ta gueule", des formes éthérées jaillirent de toutes parts, entamant autour du nain une ronde infernale. Devant le lit se succédaient diverses créatures, un paquet de spectres, quelques squelettes, des démons, un loup-garou avec des tresses rousses, un oeil difforme, le masque, une pancarte "pas crédible", une paire de collants roses du Linciel, un string à paillettes, trois sanglipins hagards, un spliff sacré, un boulet d'or, une poule de feu, un palmier en pot, un poster de Althâr-Mister Daifen, un écureuil passablement alcoolisé, un ptéro-pigeon et, finalement, un plat de choucroute garnie. Alors que le dernier cuissot rôti disparaissait du champ de vision de Vici, son lit se redressa, dévoilant en dessous les contours de Certadhil.

Un voile noir naissait de l'énorme cité-plante et s'étendait peu à peu sur le sol désolé. Une à une, les cités flambaient. Un à un, les combattants tombaient. Le forgeron, toujours pétrifié, assistait, impuissant, à la défaite. Et le masque était là. Ses yeux vides fixaient le continent maudit, et il semblait... sourire. Soudain, ses longs bras jaillirent de sous sa robe noire. Ses mains gantées se posèrent sur les épaules du nain...

- Eh, chef ! Réveillez vous ! Il faut continuer. La cité de Gzor n'est plus très loin. Là bas, nous trouverons de l'aide.

Le jeune artilleur le secouait. Il était l'heure. A l'est, le soleil s'était levé derrière l'épaisse couche nuageuse. Il fallait partir. Vici se leva difficilement, encore endolori par ses blessures, il grignota un des derniers quignons pain sec qu'il leur restait et, appuyé d'un côté sur un bâton, de l'autre sur son compagnon, entreprit la descente des contreforts des monts Tla'dsul.

Edité par Vici le 19/01/11 à 21:50

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