Forum - [Certadhil III : Lune 8] Elle a les yeux arbalète...
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Vici | 08/12/10 22:44
Le soleil se levait au dessus de Certadhil. Enfin il devait être en train de se lever. Parce que ceux qui arrivaient, ce matin là, sur un petit voilier, ne voyaient dans le ciel que les sombres nuages. La voile avait été affalée, et le capitaine guidait l'embarcation entre les écueils. Quelques marins s'affairaient sur le pont, armés de longues gaffes. Et entre les caisses de ravitaillement et de matériels divers, une naine graissait le mécanisme de son arbalète. Un marin s'approcha d'elle.
"- Euh... madame... euh... mademoiselle...
- Le prochain qui m'appelle encore madame, ou mademoiselle, ou encore une de ces désignations, je le passe par dessus bord. Mon nom, c'est Eredé. Et si vous n'arrivez pas à vous en souvenir, appelez moi Maitre Ingénieure, ça suffira.
- Oui mad... Maitre Ingénieure... Vous êtes sûre que vous ne voulez pas profiter du paysage, au lieu de nettoyer votre... appareil.
- De un, je vois mal ce que ce paysage a de plaisant. De deux, mon appareil, ça s'appelle une arbalète. Et de trois, je maintiens que le prochain qui osera ne serait-ce qu'insinuer que je pourrais avoir besoin d'aide pour débarquer, ou évoquer toute autre référence à la galanterie ou au "sexe faible", recevra dans sa caboche par un carreau tirée par cette dite arbalète. Est-ce que c'est clair ?
- Ou... oui, mademoiselle... Non, pitié, noooon..."
PLAAAAATCH
~~~~~~~~
L'embarcation finit par s'échouer sur la plage. Eredé sauta sur le sable, arbalète en main. Quelques nains arrivèrent des dunes pour aider au débarquement. L'un d'eux alla à la rencontre de l'ingénieure.
"- Bien le bonjour Eredé. Vici n'a pas pu venir vous accueillir, il m'a envoyé à sa place.
- Allons y, j'ai hâte de le voir. Mais... dites moi... je vous ai déjà vu, n'êtes vous pas... maçon ?
- Si, pourquoi ?
- Vici m'étonne. Non seulement il ne vient pas m'accueillir, mais en plus il m'envoie un civil.
- Et bien... c'est que... il n'avait aucun garde à envoyer.
- Je vois... Je suis désolée.
- Oh, l'attaque n'a pas été bien importante, trois ou quatre bestioles tout au plus. Mais ils ont suffi à massacrer toute la garnison, et à raser plusieurs bâtisses.
- Comment est-ce possible ?
- D'après les informations de l'alliance, chacune de ces bestioles vaut une armée à elle toute seule. Nous avons pourtant été aidés par des protecteurs d'Inn-Halad, mais ils n'ont rien pu faire... Ils ont été massacrés comme les nôtres.
- Et Vici ? Il n'est pas blessé au moins ?
- Non, rassurez-vous, il va bien. Il a tenu tête aux bestioles, et il en a même mis une en déroute. Enfin je n'ai pas tout vu. C'était l'heure du déjeuner, quand l'alerte a sonné, je me suis abrité. J'ai juste aperçu Vici qui pourchassait une de ces saloperies. Il avait sa serviette encore nouée autour de cou, une hache dans une main, une fourchette dans l'autre. Et la bestiole avait la tête couverte de choucroute.
Ah... nous arrivons en vue du campement. Ca s'est bien construit, depuis le débarquement. Il ne reste plus beaucoup de tentes, sauf par là bas, derrière les forges. Ce que vous voyez qui brûle, c'est le bûcher de nos gars. Et le haut mur et les cheminées, là bas, c'est l'usine de la M&W Corp, où on a trouvé plein de trucs qui vous intéressent."
Edité par Vici le 08/12/10 à 22:46
Vici | 12/12/10 18:48
[Certadhil, Lune 9]
Le campement avait morflé. De ce qu'Eredé avait découvert il y avait à peine quelques jours, des baraquements alignés, des entrepôts bien garnis, des forges pleines d'activité... Il ne restait plus qu'un vaste tas de gravats fumant. Du mur d'enceinte de l'ancienne usine de la M&W Corp, la naine avait une vue imprenable sur les ruines du campement dominarien. Quelques tas plus hauts que les autres laissaient présumer que l'armée ennemie avait mal terminé le travail. Quelques bâtisses devaient encore tenir debout. Une chance que tout le monde s'en soit tiré. Une chance qu'ils aient eu le temps de se replier à l'abri des murs et des barbelés de la M&W Corp. Une chance que les diablotins envoyés en éclaireur se soient dévoilés en incendiant deux charrettes qui trainaient sur la place principale. Depuis la dernière attaque, le campement n'avait plus de garnison. Alors, quand l'alarme avait été donnée, Vici avait donné l'ordre du repli. Vici... Il revenait justement d'une inspection des ruines encore fumantes. Eredé descendit du mur et alla le rejoindre.
"- Alors ?
- Quelques baraques tiennent encore debout. Avec quelques réparations, nous devrions pouvoir avoir un abri pour la nuit.
- Qu'allons-nous faire ?
- Si je fais le bilan, Eredé, mon plan a échoué. Je comptais sur la discrétion pour monter une base solide, faire débarquer massivement nos troupes qui se rassemblent sur Foujidhil et engager le combat. Mais l'ennemi nous a découvert trop tôt. Le plan A a échoué, nous passons donc au plan B.
- Et quel est le plan B ?
- L'alliance qui est venue ici pour combattre ce qui est sorti du Sereg Rinn est truffée de taupes. Notre quartier général est aussi hermétique qu'une passoire. Dans ce contexte, le meilleur moyen pour que l'ennemi ne puisse pas prévoir nos actions, c'est de pas savoir soi même ce qu'on va faire demain. Le voila, mon plan B."
Miltiade | 12/12/10 22:28
Excellent, vivement la suite !
Duc De L'uto | 12/12/10 22:39
Et très bonne stratégie.
Vous devriez tous prendre exemple.
Vici | 14/12/10 22:44
[Certadhil, Lune 10]
Une forme décrépie se glissa entre les décombres encore fumants. La guerre des nécromants avait ravagé la majeure partie de la ville de Krashouane, et ce quartier n'avait pas été épargné. L'homme, ou plutôt ce qui en avait autrefois été un, souleva une lourde trappe, et s'engouffra dans tout ce qui restait de son manoir calciné : la cave. Oui, mais quelle cave. Un vaste laboratoire, caché des regards indiscrets.
Le reste avait cramé, mais c'était sans importance, ou presque. A-t-on besoin d'une chambre quand on ne connaît pas le sommeil ? A-t-on besoin d'une cuisine quand on n'est pas capable d'avaler de la nourriture ? A-t-on besoin de garde robe quand on est fait d'éther ? La façade noire, couverte de gargouilles et d'autres figures cauchemardesque, c'était bien pour montrer son rang, et pour impressionner les touristes. Mais le plus important, ça restait de loin les affaires. Car, guerre ouverte ou guerre larvée, il fallait continuer à innover. Produire toujours plus, toujours moins cher.
Et ce nécromant là en avait trouvé une, d'innovation. Une innovation capitale. Un ingrédient pas forcément révolutionnaire, mais que personne ici n'avait encore pensé à utiliser. Les concurrents diluaient leurs préparations avec de l'eau récupérée dans les vieux puits insalubres ou dans les flaques. Mais cette eau gratuite n'était présente, ici à Krashouane, qu'en quantité limitée. Trop limitée...
Un autre lieu en ruine, mais cette fois de l'autre côté de Certadhil. Tandis que les maçons dominariens s'attelaient aux réparations de ce qui tenait encore debout, et déblayaient le reste, Vici présentait à Eredé, son ingénieure en chef, les artefacts, les trésors, que dis-je, les reliques rapportées des expéditions dans l'ancienne usine de la M&W Corp.
"- Alors... La, il y a quelques tonneaux d'huile d'obsidienne. C'est essentiel pour faire fonctionner la grande majorité des machines de Manumilitari. Il nous en reste à peine une demi-douzaine après la dernière attaque, mais on peut en trouver un peu partout à l'intérieur des murs.
La c'est... une charrette métallique, qu'on a retrouvé encastrée dans le mur d'enceinte et dans les barbelés, c'est pour ça que l'avant est un peu tordu. Je l'ai rapidement examinée, mais je suis loin d'avoir tout compris. Ce machin là, en dessous, ça a l'air d'être l'élément moteur. J'imagine qu'il marche, comme le reste, à l'huile d'obsidienne. Il était plein d'eau salée noire, je l'ai vidé et rincé, mais le sel a provoqué pas mal de corrosion à l'intérieur.
Ca, c'est... des pièces détachées de je ne sais pas trop quoi.
Ah, et ces machines là. C'est le seigneur Gzor qui les a trouvées en faisant des fouilles et qui me les a données. Un type bien ce Gzor. Sympathique, bien élevé, et honnête. Trop honnête d'ailleurs. Il me les a données gratuitement ! Tu te rends compte, Eredé, gratuitement ! Parce qu'il pense que ces machines ne servent à rien, qu'à faire de la lumière. Alors que moi, dès le premier coup d'oeil, j'ai compris que ces machines sont des petites merveilles de technologie. Je me suis bien gardé de lui dire, j'ai sourit, je l'ai remercié, et je suis parti. Quand tu auras le temps, tu me les analyseras, Eredé. L'outil de notre victoire est peut-être déjà entre nos mains.
- Hum... si tu le dis... Et cette caisse, là, qu'est ce que c'est ?
- Ah oui j'allais oublier, ce sont des télécommandes Tic-Tac Boom. Un système expérimental qui a d'abord été testé sur Uruk karakataï. Un explosif, quelque part, qui fait Tic-Tac, et ici une télécommande. Et quand on déclenche la télécommande, ça fait plus Tic-Tac, mais Boom.
- Et... on a une caisse pleine de télécommandes. Est-ce que ça signifie qu'on peut faire sauter tout Certadhil ?
- Malheureusement non. Il n'y a que trois charges. Et il n'y a que trois télécommandes qui fonctionnent. Le reste sont des télécommandes factices. Les trois qui marchent étaient rangées à part, mais quand on a été attaqué, je les ai jetées dans la caisse avec les autres... avec les secousses du transport, Skippy seul sait quelles sont les bonnes. Et d'ailleurs... j'ignore aussi où sont cachées les charges..."
Le nécromant souriait. Comme on peut sourire quand on n'a plus de dents. Ni de bouche, ni de visage d'ailleurs. Personne n'avait encore eu cette idée... d'utiliser directement de l'eau de mer pour diluer les potions. Encore moins cher. Et encore plus abondant. Il allait littéralement inonder le marché. Dans un mois, il renverserait le Grand Innommable Pilier de la Corruption de sa guilde, et dans deux mois, il renverserait l'intendant de Krashouane lui-même...
"- Comment ça marche, la télécommande ? Bah celle là, tiens, par exemple, y'a une chance sur je ne sais pas combien que ça soit une vraie, donc on peut faire comme si. Il suffit d'appuyer sur la petite partie ronde qui ressort, là, comme ça, et, si jamais c'était une vrai télécommande, là où est la charge, ça ferait..."
Dans tout Krashouane, on ressentit, ce jour là, une violente explosion. Un quartier déjà bien endommagé par les combats fut littéralement soufflé. On conclut bien vite à une expérience ratée d'un nécromant qui avait voulu renouer avec l'efficacité des sorts d'antan. Une bonne leçon. Le low-cost était tellement moins dangereux, et tellement plus rentable.
"...boum"
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Bah zut alors... Plus de cave. Plus de laboratoire. Juste un énorme cratère. Alors qu'il venait de trouver l'idée qui allait bouleverser l'industrie occulte de Krashouane. Pas juste, ça. Vraiment pas juste.
Edité par Vici le 14/12/10 à 22:48
Jarx | 14/12/10 23:07
Mouarf 
