Forum - [Certadhil III]L'Enfer c'est les autres, mais pas ceux qu'on croyait.

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Kärel | 27/11/10 19:03

« Monseigneur,

Le fait que vous teniez cette lettre entre les mains relève du miracle, cela signifie que le Ciel m'a entendu. Tout d'abord, excusez-moi pour mon silence, j'ai été contraint d'agir dans l'ombre ces derniers temps. En effet, la situation est gravissime : les Elfes que vous avez ramenés sur Certadhil ont réussi, aussi étonnant que cela puisse paraître, un coup d'état. »

Les yeux de Kärel buttèrent sur ce terme si désagréable et inquiétant. Un coup d'état ? Il reprit de suite la lecture, surpris par la nouvelle.

« A l'heure où je vous écris, ils ont déjà réuni la majeure partie des survivants elfiques et, malheureusement, humains. Ces derniers ont été emprisonnés dans une sorte d'ourte de fortune. Les vivres manquent et je crains que les traîtres ne les abandonnent à leur sort, bien qu'ils aient prévu de les offrir en âpats aux démons, non sans un certain rapport avec ce dont vous menaciez les fuyards. »

Un rêve, une hallucination. Plus, un cauchemar. L'esprit peinait à enregistrer les informations, et quand bien même il aurait pu y arriver, il ne l'aurait pas voulu. La lecture reprit de plus belle.

« Ils ont reconstruit un campement dans la forêt au Nord-Ouest des ruines où nous nous étions installés. Les travaux avancent bien, et force est de constater qu'ils n'avaient pas besoin de nous pour s'occuper d'un royaume. Les entraînements et même le commerce sont gérés avec efficacité. Prenant exemple sur les seigneurs en présence, ils ont élu un conseil dont le but est d'organiser la gestion de ce qu'ils veulent bâtir sous le nom de la « Deuxième Mère ». Monseigneur, les faits parlent d'eux-même : tout a été planifié depuis l'embarquement. »

Ca y est, la conscience ne suit plus. Le cerveau sature. La Deuxième Mère ? Qu'est-ce que c'est que ce délire ? Lui, trompé, par ces crétins bornés aux traditions archaïques ? Impossible ! Il doit divaguer ! Il continue, espérant trouver une bonne nouvelle sur laquelle concentrer son attention.

« Fort heureusement, quelques Elfes plus nobles et scrupuleux que leurs semblables m'ont averti du danger avant que les rebelles ne viennent nous prendre, moi et mes hommes, alors que nous vous cherchions près de la côte. C'est grâce à eux que je suis encore libre. De plus, deux d'entre eux possèdent une place au conseil, ce qui m'a permis de me renseigner sur les horaires de garde et de libérer ainsi les trois preux cavaliers que j'ai chargé de vous remettre cette missive. Mais je crains que l'opération ne soit révélée au grand jour, et c'est pour cela que j'ai besoin de vous le plus vite possible, car les vies de nos sauveurs et celles des prisonniers sont menacées. Je vous ai indiqué l'emplacement du campement sur une esquisse de carte, en bas du parchemin. »

En effet, une petite croix se situait sous le pic le plus à l'Est des Monts Tla'Dsul, sur ce qui ressemblait fortement à un gribouillis d'étudiant en cartographie.

« Les Elfes sont extrêmement nombreux, plus d'une centaine sans aucun doute. Apparemment, les seuls étant morts durant l'assaut de l'ancien camp sont ceux qui n'ont pas eu le temps ou l'intelligence de fuir, sûrement attendaient-ils une meilleure avancée de nos technologies pour se rebeller. C'est une catastrophe, Sir. Nos hommes ont péri en croyant combattre aux côtés de soldats loyaux, tandis que ces lâches ne souhaitaient que sauver leur misérable vie. C'est un horrible affront, un blasphème contre l'âme de nos guerriers tombés pour la cause des justes !

Je vous en conjure, il est impératif que vous repreniez les choses en mains. Je ne sais pas avec qui vous êtes ni où et dans quel état, mais nous ne pouvons pas laisser la situation nous échapper de cette manière.

Dans l'espoir de distinguer prochainement votre silhouette rassurante sur l'horizon,

Votre dévoué Haavan. »

Le hurlement brisa le vacarme qui régnait habituellement sur les lieux.
« Ils n'ont pas le droit !
Le cri raisonna dans toute la ruelle. Les passants et soldats se tournèrent vers le seigneur, rouge de rage, un papier menacé d'être déchiré tant il était insupportable à la vue de celui qui le tenait entre les mains.
-Bordel de merde ! Ca se passera pas comme ça !
-Vous... vous allez bien ?
Canas regardait d'un air effrayé son maître furieux. Il ne l'avait jamais vu comme cela auparavant. Les nouvelles devaient être extrêmement graves pour déclencher une telle réaction. En face du bretteur, trois paladins attendaient, droits sur leur monture essouflée. C'était à se demander s'ils s'étaient arrêtés sur la route menant à Ravendell de Keanor. Cela ne faisait que peu de jours que le premier groupe de rescapés menés par Kärel était arrivé à destination, et après avoir vainement cherché une auberge où loger ses protégés, il s'était rendu à l'évidence qu'ils n'auraient qu'à se débrouiller tout seuls et avait décidé de les laisser sur les navires qui avaient servis pour la Troisième Croisade Certadhilienne. Entre-temps, il avait bien sûr pris soin de retrouver Alkhor, espion appartenant à un ami, et l'avait renvoyé chez son maître en lui indiquant brièvement la direction, son sens de l'orientation devant faire le reste. Depuis, le seigneur prenait du bon temps, notamment en dormant toute la - excusez-moi l'expression - sainte journée.
-Que j'aille bien ? Tu te fous de moi ?!
-Euh, ce n'était pas dans mes objectifs...
-La ferme ! Cette fois-ci, c'en est trop ! On a dépassé les limites, et de loin !
Le scribe se mit à genoux, suppliant son seigneur de l'épargner, croyant que ses paroles empreintes d'une rare fureur lui étaient destinées. Il releva la tête et s'aperçut que celui-ci ne lui prêtait même plus attention.
-Fini de rire. Direction le port. »
A part les trois messagers, absolument personne ne comprenait ce qui se passait. Harken avait tenté de lire par-dessus l'épaule de son seigneur, mais il n'avait pu distinguer que la signature, et s'étonnait donc qu'une humeur pareille puisse résulter de l'apprentissage de la survie d'un de ses camarades. Quant à Boucles d'Argent - c'est le surnom que donnait Kärel à son bras droit en référence à ses cheveux qui, certes argentés, ne bouclaient pas -, il se demandait encore comment la jeune fille, très jolie d'ailleurs, qu'il avait aperçu au détour d'une ruelle marchande pouvait faire tenir autant de vêtements dans son sac. Canas, lui, essuyait sa tunique, ne comprenant toujours rien à la situation actuelle. Mais, à en juger par l'attitude de Kärel, une chose était sûre : ça allait chier sévère.

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Kärel, Ombre égarée sur les rives de l'Existence.

Gzor | 27/11/10 19:20

Aïe. Ça fait mal.
Alors, les Elfes étaient-ils vraiment fous, ou vous êtes-vous faits manipuler comme un bleu par ces longues-oreilles vicieuses ?

Au fait, Alkhor est chez moi, c'est bon. Merci !

(HRP : Très bon texte.)

Gzor.

"Il n'y a pas de Bien et de Mal, il n'y a que le pouvoir et ceux qui sont trop faibles pour le posséder."

Iä, Iä, Cthulhu fhtagn ! Ph'nglui mglw'nfah Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn!

Edité par Gzor le 27/11/10 à 19:32

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