Forum - Une nuit, ailleurs.

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Noir-feu | 26/11/10 14:31

Étrange sensation, pas vraiment plaisante. Le corps semble se disloquer en une infinité de directions, réduit à des particules plus fines que la plus fine poussière. L'esprit seul demeure, dans une espèce de non-monde grisâtre, dépourvu de tout repère. Mais c'est à peine si ce sentiment a le temps de naître, déjà le corps se recompose, si vite que presque rien n'en est perçu. A part un fourmillement généralisé, du genre qui donne envie de se gratter de partout jusqu'au sang. L'esprit ordonne aux mains d'accomplir ce geste, mais tout est déjà terminé, et les membres restent immobiles, inutiles, l'objectif défini n'existe déjà plus. Les sens reviennent peu à peu. Le toucher, d'abord. L'homme s'étonne un bref instant de cette impression de froid qui se dégage des parties de son corps en contact étroit avec celui de la femme qu'il tient tendrement serrée contre lui. Le regard, ensuite, perdu encore dans celui, si absolument et profondément noir qui le fixe. Il pourrait s'y perdre, le voudrait de toute son âme, le fait. L'esprit reprend peu à peu pied dans la réalité, mais l'homme n'est pas bien sûr de l'avoir jamais quittée. Les yeux dans les yeux, les deux amants s'observent, en silence, longuement. Un sourire, timide, presque, qui aussitôt trouve son reflet sur le visage qui lui fait face. L'odorat. Un bouquet de fragrances délicates, capiteuses mais subtiles, envoûtantes, si empreintes de féminité que le désir de l'homme s'éveille avec une intensité peu commune. En arrière plan, un infime effluve de sang, à peine décelable, qui attise ses instincts les plus anciens, sauvages, ceux du chasseur. L'ouïe. Discrets frous-frous de vêtements qui se frôlent, longue chevelure couleur de jais, soyeuse, somptueuse, qui se laisse porter par une brise légère. Le goût. Le goût d'un baiser langoureux, sensuel, brûlant, qui se prolonge, encore et encore, jusqu'à ce que le souffle manque. L'homme aimerait que ces instants ne s'arrêtent jamais, mais le temps ne se plie pas aux caprices des êtres, ou si rarement. Son visage s'écarte à peine de celui de sa compagne, son regard parcourt les environs un peu surpris malgré tout du brutal changement de décor. A peine une seconde plus tôt, ils étaient dans une taverne. Pour la première fois de son existence, l'homme vient d'être téléporté.

Le paysage est peu commun, la terre est d'un rouge profond, aride, comme brûlée par les deux orbes sanglants en suspension dans la voûte céleste. Deux arbres qui pourraient sembler décharnés, évoquant davantage de hautes flambées que des végétaux rompent la monotonie du lieu. Intriguants symboles, ils semblent attendre quelque chose. Mais quoi ? Un printemps qui n'est jamais venu encore, peut-être. Etrange terre. Le regard de l'homme revient se river à celui de la femme. Il n'a pas envie de parler, l'instant ne s'y prête pas. Les mots ne sont pas utiles, parfois, quand ils ne suffisent plus à exprimer les émotions, les sentiments. Alors il presse doucement le corps de sa compagne contre le sien, attire sa tête contre le creux de son cou, en un geste tendre, infiniment tendre. Le silence. Ses yeux parcourent sans vraiment le voir l'horizon, puis se ferment. Il savoure la paix qui l'envahit, tissée de ce désir extravagant que fait naître la proximité de cette femme sublime, étrange équilibre, précaire, et pourtant si stable. Quelques instants. Une éternité. Comme un seul ils s'écartent l'un de l'autre, se contemplent. Lentement, un à un, sans hâte, les vêtements tombent au sol. Ils se contemplent. Se sourient. Avec une retenue presque adolescente, leurs lèvres se frôlent, se joignent, se découvrent. Comme pour une lente valse surréaliste, les corps entrent dans la danse, frissonnent, peau contre peau, s'explorent, subjugués. Puis, longuement, à même la terre, ils s'unissent, tendrement, sauvagement, tendrement à nouveau, encore, et encore. Emportés par leurs sens, leur passion, leur indicible besoin d'aimer, ils ne voient plus le temps qui passe, l'univers entier se résume à eux, à eux seuls, ils sont l'aube, ils sont le crépuscule, la glace et le feu, la vie et la mort.

Plus tard, ils sont allongés, l'un contre l'autre, immobiles, bercés par leurs respirations qui s'apaisent. L'homme songe, laissant ses pensées errer. Il détaille longuement son visage, sourit pensivement en sentant, comme à chaque fois qu'il pose les yeux sur elle, son coeur manquer quelques battements, son souffle se figer comme pris dans un étau à l'écrasante mâchoire. Lentement, il force ses poumons à inspirer profondément, sent aussitôt son sang s'embraser avec violence tandis que son coeur reprend son battement à un rythme insensé. Elle semble dormir paisiblement, mais l'homme sent qu'il n'en est rien, sans pouvoir vraiment expliquer le pourquoi de cette impression. Silencieux, il caresse tendrement sa joue d'une main infiniment légère avant de se pencher pour effleurer ses lèvres des siennes. Il laisse sa main suivre délicatement la courbe de son cou, s'étonnant encore de l'incroyable douceur soyeuse de sa peau si pâle, puis découvrir le galbe parfait de sa poitrine, la plaine de son ventre, avant de venir s'immobiliser sur sa hanche. Il a vu bien des femmes, dans sa vie, mais aucune ne lui a jamais semblé aussi invraisemblablement belle et désirable. Est-ce le fait de l'avoir espérée en silence durant près de cinq cent lunes ? L'a-t-elle envoûté ? Assurément, et que ce soit naturel ou dû à un quelconque sortilège ne lui importe pas, elle est là.

Althâr Anthâar | 26/11/10 14:56

Tout ça pour un orgasme ? :D

Sublime :)

Kärel | 26/11/10 22:39

Quel Don Juan, aussi doué en amour qu'en écriture ;)

Kärel, Ombre égarée sur les rives de l'Existence.

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