Forum - [Certadhil 3] *L'Eclat Ténébreux* Le règne du Néant
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Noir-feu | 12/11/10 04:55
"(...)Quelques marches, là où la salle s'estompe dans les vapeurs d'inexistence, pourraient sembler s'élever. Le Mal les constitue, lui qui sert si fidèlement l'anéantissement. Tous les vices s'y montrent, toutes les perversions s'y complaisent en reflets aussitôt rendus à ce qu'ils sont. Au sommet de ce piédestal insensé, un trône, seule chose ayant préservé le concept de substance en ce non-lieu. Qui porterait son regard dessus y verrait une splendeur de noirceur, une insane beauté qui révèle toute l'attraction des Ténèbres sur les êtres, issue d'avant les temps, projetée dans les improbables futurs les plus éloignés. Mais pour le fou qui se serait avancé jusque là, l'épreuve véritable reste à venir, et il ne le sait pas. Car sur le trône de Num, se tient son Seigneur.(...)"
Extrait des Récits de Num la Pétrifiée
Quelques heures auparavant, le Dragon Noir avait achevé un étrange rituel, sur une petite île proche de Certadhil, puis, sans hâte, avait regagné sa citadelle sur la terre de Dana et s'était enfermé longuement dans son bureau. Son esprit parcourut les événements récents, les tournant et retournant en tout sens, y cherchant des indices qui lui auraient échappés, car il sentait que quelque chose l'avait atteint, sans qu'il parvienne à en déterminer la nature. Au cours de sa longue vie, il avait toujours vu, et suivi, ce qu'il nommait trames, auxquelles les êtres donnaient souvent le nom de "possibles". Mais depuis son retour de Certadhil, il n'en discernait plus le moindre, l'avenir lui semblait vide, dénué de la moindre place pour lui, et il ne comprenait pas.
Poussé par un instinct chaque jour plus défaillant, il avait rompu les liens qui le rattachaient à Eigoel et Tala, il réalisait aujourd'hui que les autres liens qui le liaient à ce monde s'étaient brisés en même temps. Tous sauf un. Et ce dernier fil était encore si ténu et si ambigu que pour l'instant, il ne représentait pas vraiment grand chose, bien qu'extrêmement présent dans l'âme du Dragon. Ses pensées se tournèrent vers Xüne, explorant soigneusement ses sentiments à son égard. Elle le troublait profondément, sa simple présence à ses côtés faisait vibrer intensément chaque fibre de son être, son absence l'emplissait d'un vide effarant, presque douloureux. Il savait que leur relation serait précaire, car il n'était pas le bienvenu dans sa famille, et n'ignorait pas à quel point elle lui était importante. Il grimaça imperceptiblement au souvenir de certaines conversations. Certains de ses parents auraient voulu faire de lui une carpette obéissante et soumise, et par les enfers, il se sentait presque prêt à l'accepter. Ce fut sans doute cette constatation qui déclencha la suite car, envoûté ou pas, un Dragon restait un être excessivement fier et sauvage.
Il rédigea vivement quelques missives pour ses principaux officiers, laconiques et concises, les remit à sa jeune protégée, une humaine du nom d'Elynn qu'il avait jadis récupérée lors d'une dévastatrice visite à un marchand d'esclaves, puis descendit en son antre, barricadant les nombreuses portes qui la protégeaient. D'une pensée, il matérialisa les Trois Noires, mystérieuses entités runiques qui l'accompagnaient depuis plus de quatre cent lunes. Elles apparurent dans l'air, flottant tout en dégageant une sourde impression d'insatiable voracité tout juste contenue, brumeuses arabesques d'obscurité capables de dévaster un continent si elles n'étaient pas rigoureusement contrôlées. Le Seigneur d'Obsidienne les contempla un instant, puis les agença selon le plan rigoureux qui en faisait une porte vers sa vraie demeure: Num la pétrifiée. L'espace entre les runes sembla se distordre comme une gueule grimaçante, puis miroita brutalement avant de former une irrégulière étoile à cinq branches de ténèbres absolues. D'un pas assuré, Noir-Feu s'engagea dans l'obscurité, refermant derrière lui l'unique passage direct menant en sa cité.
Edité par Noir-feu le 12/11/10 à 05:07
Noir-feu | 12/11/10 14:06
"(...)Nous entrons, inquiets, dans cette oeuvre colossale. La vision qui nous accueille est terrifiante : des milliers de statues au regard malveillant semblent se tourner vers nous, émanant d'une malignité jamais encore ressentie. Mais toujours nos talismans font leur oeuvre, et nous poursuivons notre avance. Cette cité semble infinie, titanesque labyrinthe, des milliers de ruelles enchevêtrées se croisent et se recroisent, sur un nombre de niveaux que nous ne pouvons déterminer. Et toujours ces statues angoissantes, malsaines qui semblent nous observer.
Nous avons perdu toute notion de temps, lorsque soudain la découverte d'une place nous glace d'horreur, la vision d'une statue sise dans une posture de désespoir absolu nous fige les sangs : il s'agit sans doute possible de Valaër, l'un de nos confrère disparu dans la précédente quête. Nous savons maintenant comment toutes ces statues sont arrivées là, sans doute au cours d'âges innombrables. Voilà bien une chose que nous aurions préférer ignorer...(...)"
Extrait des "Chroniques anciennes des adeptes d'Elladyl"
Sur la place centrale de Num, le Seigneur d'Obsidienne marque un arrêt. Son regard se pose sur les débris d'aspect rocheux qui parsèment le sol, vestiges des deux gardiens brisés par Kehan Olt lors de leur récent combat. (voir [Lien HTTP]) Il se souvient de l'amer désespoir qui l'avait envahi à cet instant, s'étonne de ne plus rien ressentir. Il se sent vide, si vide...
Lentement, ses yeux parcourent la place, se relèvent pour se poser sur les cinq gardiens survivants. Les immenses statues paraissent grimacer une parodie de sourire monstrueux, leurs cinq voix chuintantes s'élèvent dans le silence total, emplies d'une malice insondable.
-Maudit sois-tu Maître, nous te saluons.
Le Dragon Noir les fixe tour à tour, hochant imperceptiblement la tête, puis reprend sa lente marche vers le trône de la Pétrifiée, cauchemardesque artefact issu de la douleur des êtres de mille mondes. Il gravit les quelques marches qui y mènent, imperméable aux flots de souffrance que les âmes qui y sont emprisonnées dégagent, pose une main caressante sur l'accoudoir du symbole de son règne, y prend place, enfin. Les inaudibles hurlements des suppliciés se répandent en lui, emplissant chaque parcelle de son âme damnée pour l'éternité, comblant à leur atroce manière le vide qui l'habite depuis son retour de Certadhil. Un long rire grinçant lui échappe, se répercute lugubrement dans les ruelles de la cité, finit par s'éteindre peu à peu. Ses prunelles se vident de toute trace de conscience, deviennent deux puits de pure démence, de noirceur si absolue que les contempler engendrerait pour le commun des mortels une folie sans bornes. Il se délecte de se souvenir que, jadis, cette intolérable souffrance qui l'envahit le rebutait, sans doute trop contraire à sa part humaine. Mais d'humanité, il n'en a plus aucune, la Faucheuse s'en est emparée avec gourmandise, prélevant son dû alors qu'elle le renvoyait dans le monde des vivants. Le Seigneur de Num en soupirerait presque d'aise, savourant sans plus de retenue la sourde terreur qui suinte de sa cité, dégageant enfin son esprit des dernières entraves liées à la Vie.
-Gardiens! Ouvrez grand les portes, préparez-vous à accueillir les cohortes de damnés, la guerre de Certadhil va commencer...
Sismique, son rire ébranle la cauchemardesque oeuvre, éveillant les êtres statufiés par milliers, leur insufflant une force ténébreuse qui ne dépend que de son bon vouloir. Il se relève, nimbé d'obscurité, tend lentement une main griffue pour désigner l'un des protecteur de la Pétrifiée.
-Toi! Assures-toi qu'aucune vie ne pénètre ici, à l'exception d'une seule. Régale-toi des autres, mon fidèle esclave...offre-leur une éternité de douleur, offre-leur le baiser de Num!
Dans la pierre qui constitue le Gardien, une image se grave, d'une splendeur à couper le souffle, d'un grâce à damner les plus purs. Une seule pourra dorénavant franchir les Portes de Num sans en être brisée à jamais: Xüne.
Noir-feu | 13/11/10 02:12
Missive adressée à l'amiral de la flotte de guerre postée à proximité de Certadhil:
"Amiral Melwen,
Attendez l'arrivée de Dame Xüne Syphonn sans vous engager dans quelque conflit que ce soit. Lorsque elle arrivera, vous l'inviterez avec le plus grand respect à se rendre à mon camp. Mes troupes devront l'escorter et la protéger jusqu'à ma venue, l'officier que vous nommerez répondra sur sa tête de tout événement venant à lui nuire.
Une fois les troupes à terre, vous ferez voile au plus vite vers Deuxièmecercledhil, d'autres ordres vous serons donnés en temps voulu.
Je vous salue,
Noir-Feu"
Missive adressée au commandant des armées de Deuxièmecercledhil, Sarkos:
"Très cher ami,
La situation sur Certadhil est plus inquiétante encore que je ne le pensais. Impossible de localiser la force qui s'est manifestée lors de la fuite des Argathis. A-t'elle quitté Certadhil pour un autre continent, a-t'elle regagné son plan, ou parvient-elle à se dissimuler à mon regard, je l'ignore. Tout aussi surprenant, les hordes qui nous ont assailli lors de la fuite des Argathis ont disparu, Certadhil pourrait aussi bien être déserte, mis à part les nombreux Daifenniens récemment arrivés évidemment.
Dès que les armées dont tu as la charge auront achevé les préparatifs que tu sais, consigne-les dans la citadelle, et maintiens une vigilance de tous les instants. L'amiral Melwen te rejoindra d'ici quelques jours. Donne-lui le commandement de tous les navires à ta disposition, je veux qu'un blocus infranchissable soit maintenu autour de nos côtes. S'il n'est pas arrivé dans dix jours, nomme un nouvel officier et fais le nécessaire. Envoie Larme chercher Caïnwell par la peau du cou, voilà trop longtemps que nous n'avons de ses nouvelles. Dis-lui d'être extrêmement prudent, je suis persuadé que nos ennemis sont prêts à porter un coup sur cette terre. Contactes-moi dès que tu auras du nouveau à son sujet.
Bien à toi,
Noir-Feu"
Missive adressée au commandant des armées de Riredhil:
"Commandant Troeren,
Exécutez mes consignes précédentes immédiatement. Rajoutez 10'000 pièces d'or au convoi. Intensifiez autant que possible l'entraînement des nouvelles recrues, maintenez l'état d'alerte et le blocus naval jusqu'à nouvel ordre. Envoyez une unité sur deux rejoindre la garnison de Deuxièmecercledhil, gardez la deuxième en défense pour le moment.
Je vous salue,
Noir-Feu"
Edité par Noir-feu le 13/11/10 à 02:12
Noir-feu | 13/11/10 17:04
"(...)Nul, jamais, ne l'a vu. Nul, jamais, ne l'a entrevu. Et pour cause. Un miroitement sans début ni fin, d'éclats tranchants comme des rasoirs, éclats qui écharpent les âmes perdues avec un insondable délice, en jouissant sans fin, se délectant des peines du monde et des êtres en une parodie de gourmandise monstrueuse, le voile de la manière la plus absolue, la plus infranchissable qui soit. Nul ne sait ce qu'il est, tout au plus certains anciens savent-ils ce qu'il fut, en un temps si reculé que lui-même l'a oublié. Mais, bien sûr, tout cela n'importe pas, n'importe plus.(...)
Extraits des récits de Num la Pétrifiée.
Les Gardiens s'ébranlent pesamment, monstruosités dévouées au-delà de toute imagination à leur Maître ils n'ont qu'une raison d'être: le servir. Une à une, dans un grincement de fin du monde, les cinq portes de la Pétrifiée pivotent sur leurs gonds, mûes par la force infernale de ses protecteurs qui s'arquent-boutent contre leurs battants de pierre. La cité entière semble soupirer, les milliers d'âmes maudites incarnées dans les statues gémissent pitoyablement, voyant leur liberté à portée de main, et pourtant si insoutenablement inaccessible. Num ne relâche jamais ses proies.
D'un mouvement lent, le Seigneur de Num se rassied sur son trône, un rictus effroyable sur les lèvres. Tous ses plans, ses desseins, ses rêves, achèvent de se diluer dans le Néant, il rit sombrement de satisfaction, quand plus rien n'est, alors, et alors seulement, tout devient possible. De même qu'un conteur peinerait à consigner une nouvelle histoire sur une page déjà surchargée alors que la tâche serait aisée sur une page blanche, le Dragon laisse le vide gommer son esprit, ne préservant qu'une unique chose, l'épurant jusqu'à ce qu'il n'en demeure qu'un fil si parfait qu'il donne l'impression de remplir tout l'espace de ses pensées. La page est blanche, tout juste enluminée par une arabesque d'obscurité, possible titre de l'avenir. Si avenir il y a...
Les Gardiens achèvent leur tâche, se rassemblent à nouveau sur la place centrale, fixant leur Maître de leurs yeux dénués de toute substance autre que la malice la plus profonde. Comme un seul, ils murmurent:
-Les Portes sont ouvertes, Seigneur. Les routes se déploient vers les plans. Nous sommes prêts.
-Excellent, mes chers laquais, oui, excellent travail. Maintenant...voyons un peu si l'heure attendue depuis tant d'éons approche vraiment...ou si ce n'est qu'une perte de temps supplémentaire. Faites-vous beaux, mes hideux serviteurs, à tout hasard...Mouahahahahaha!!!
Des filaments de ténèbres entourent à toute allure le trône, lui tissant une sorte de cocon d'obscurité, qui explose en un fracas apocalyptique, se dissipant aussi vite qu'apparu. Impassibles, les Gardiens demeurent figés, leurs regards toujours posés sur le siège, maintenant vide. Ils attendent, encore et toujours. Attendront l'éternité s'il le faut.
Edité par Noir-feu le 13/11/10 à 20:38

