Forum - [Certadhil III] Embarquement immédiat
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La Rousse | 09/11/10 15:40
Ça fait au moins cinq sabliers qu'elle est assise à une table toute seule et qu'elle boit systématiquement tout ce que le tavernier lui pose devant elle. A l'heure qu'il est, ses yeux sont vitreux et elle se tient d'une main à la table pour ne pas tomber. Pourtant lorsqu'elle est entrée, tout à l'heure, rien ne permettait de penser qu'elle venait pour se prendre une bonne cuite, d'autant plus qu'elle a l'habitude de passer tous les soirs à cette heure-là pour boire un verre, une fois sa journée à la forge terminée. La seule chose qui sorte un peu de l'ordinaire, c'est sa tenue : lorsque Jeannot l'a vue quitter la forge, il a été étonné. En effet, Constance était habillée comme si elle partait en guerre avec pour seule arme son marteau de forgeron passé dans sa ceinture de cuir et pendu à sa hanche droite. Le jeune apprenti a été surpris de voir sa patronne ainsi accoutrée mais il n'en a laissé rien paraître : après tout, si elle a envie d'aller se bastonner à coups de marteau, c'est son problème. Jeannot a également pensé qu'il n'aimerait pas dans ce cas-là être l'adversaire de Constance car elle a une sacrée habitude de le manier son marteau, y'a qu'à voir ce qu'elle lui fait endurer tous les jours à la forge !
La taverne est bondée ce soir et les embarquements pour Certadhil, prévus demain, sont au centre de toutes les conversations. Constance écoute et les brumes de l'alcool ne l'empêchent pas d'être attentive à ce qui se dit :
- Il faut construire des marchés sitôt arrivés, le commerce va être le nerf de la guerre !
- Oui, mais c'est qui les méchants et c'est qui les gentils ?
- Et toi, tu vas développer ton armée comment ?
- Il y a une taupe, je vous le dis les gars !
Et ça continue dans ce registre, les anxieux tentent d'échafauder une stratégie, les inquiets, eux, essaient de se rassurer en se rappelant les souvenirs des deux campagnes du même nom qui ont vu couler tant de sang... Pourtant Constance n'a pas peur, à dire vrai elle s'en fout même un peu. Les gentils, les méchants, pour elle ça ne change pas grand-chose et vu ce qu'elle fait lorsqu'elle répond à l'Appel, elle n'oserait pas se ranger dans un camp plutôt que dans l'autre. Non, elle verra bien ce qui se passera et qui lui tombera dessus, l'essentiel étant de réussir à en envoyer un maximum flotter sur un radeau avant d'embarquer elle-même sur ce frêle esquif.. L'idée même du radeau en train de voguer sur l'océan lui secoue l'estomac. Dans un effort désespéré, Constance se lève, ce qui accentue le tangage, attrape le mur de sa main droite et se dirige à toute vitesse vers les lieux d'aisance qui se trouvent au fond de la salle. Le temps d'ouvrir la porte à coups de pied, elle se met à genoux et vomit toutes ses tripes dans le trou puant...
Maintenant ça va mieux. Le tangage de la pièce s'est atténué et elle s'est un peu dégrisée. Constance retourne s'asseoir en s'essuyant la bouche avec sa manche. Elle tâte de la main gauche la tête rassurante de son marteau passé dans sa ceinture puis elle jette un oeil autour d'elle. Tout va bien, personne n'a eu l'air de remarquer à quel point elle était grise. Elle tente de refouler sa peur, mais en vain : rien ne l'effraie autant que de quitter le sol d'Aerendir. Elle n'a pas peur de ce qui l'attend sur Certadhil, non, ce qui la met dans cet état de peur panique, c'est juste l'idée d'embarquer sur une coquille de noix pour gagner le lieu de ses futurs combats. Oui, elle a le mal de mer et la trouille de l'eau. Et pour oublier que le moment fatidique approche, elle boit. Y'en a qui font ça parce qu'ils vont se faire arracher une dent, elle c'est parce qu'il faut qu'elle monte sur un putain de bateau. Elle sent soudain une feuille de papier pliée en quatre dans la petite poche de sa veste. Perplexe elle la sort puis la déplie et lit les noms qui sont écrits d'une écriture maladroite.. Un court instant sa mémoire lui joue des tours, sans doute à cause du rhum qu'elle ingurgite depuis maintenant six sabliers, puis tout lui revient en bloc : ses déboires sur son dernier continent et ces seigneurs qu'elle s'est jurée de traquer n'importe où, sur n'importe quel continent... Elle compte les noms, il y en a treize, puis les mémorise tous un par un. Voilà, elle peut bien balancer la feuille maintenant, ceux-là n'ont pas intérêt à croiser son chemin, elle fera tout pour les traquer et pour les mettre sur un radeau... Sur un quoi ? Un radeau ??? Bon Dieu, elle sent que ça remonte encore alors elle se catapulte dehors cette fois-ci et vomit dans la rue, au grand dam d'une bourgeoise qui passe et qui détourne la tête les lèvres pincées en signe de dégoût.
- Allez Constance, se dit la Forgeronne, rentre donc te coucher, demain la journée va être longue..
Elle s'éloigne dans la ruelle d'une démarche incertaine, prête à éclater la tête du premier malheureux qui s'aviserait d'essayer de profiter d'une pauvre forgeronne sans défense et un peu saoule...
Brantröocq | 09/11/10 18:01
Et toi la petite! C'est mes poupées pour jouer!!!
Mais si tu veux et si tu me donnes les noms, je t'en laisserai un ou deux particulièrement croquants, et puis 2 ou 3 avec les membres arrachés.
La Rousse | 12/11/10 11:37
L'arrivée
La brise marine lui chatouille le bout du nez. Il est tôt et il fait frais mais le bateau, un gros navire destiné au transport de troupes, ne bouge plus, bien protégé par les hauts rochers qui forment à cet endroit de la côte, une rade naturelle. Les chevaux piaffent d'impatience, maîtrisés par des marins expérimentés qui les débarquent un à un. Dès qu'ils touchent du sabot le sol humide de la grève, ils s'ébrouent vigoureusement et hennissent, contents d'être enfin sur la terre ferme. Une fois que les chevaux sont débarqués, c'est au tour des seigneurs, selon leur rang : les plus nobles d'abord, suivis de toute leur suite, puis la piétaille dans un cliquetis d'armes de toute sorte.
La Rousse n'est pas pressée, elle sait que son tour viendra. Immobile sur le pont, elle regarde avidement cette terre dont elle entend parler depuis si longtemps et qui, finalement, ressemble à toutes les autres : une plage qui monte légèrement vers l'orée d'un bois aux arbres clairsemés, un petit sentier qui disparaît très vite sous les frondaisons : Certadhil, le continent où les attend l'ultime combat contre les forces du Mal ! Ça, c'est ce qui se raconte dans les tavernes mais ici, sur place, ces mots terrifiants perdent leur pouvoir : il n'y a pour le moment que du sable et des arbres et La Rousse sait qu'il va maintenant falloir trouver son campement, une tâche ardue lorsqu'on débarque pour la première fois sur un continent et qu'on n'a aucune expérience de ce genre d'aventure !
Soudain Constance se rend compte qu'elle est la dernière : les marins chargés du débarquement ont tous réintégré le bateau et ont les yeux tournés vers elle. Sans se presser, elle se dirige vers la passerelle en bois et la franchit élégamment. Elle a revêtu des cuissardes en cuir, des bottes, et une armure faite de plaques de peau tissées entre elles qui lui donnent une démarche souple et féline. Son fidèle marteau est glissé dans sa ceinture et elle sent son poids rassurant le long de sa cuisse. Un dernier pas l'amène enfin sur le sol de Certadhil : cette fois, elle y est ! Elle reste immobile un instant, dans l'attente d'un évènement extraordinaire, mais rien ne se passe. Sans un regard en arrière elle se dirige alors vers le bois tout en s'écartant du sentier que suivent les Seigneurs débarqués avant elle.
Le vent a molli. Il fait chaud. Le soleil est haut dans le ciel. Constance a trouvé peu de temps auparavant une petite source d'eau claire et elle a pu se rafraîchir le visage et le cou, mais la chaleur reste étouffante. Elle écarte une mèche de cheveux rouges qui se balance devant ses yeux et essuie la sueur qui lui dégouline le long du cou et entre les seins. Elle a enlevé son manteau qu'elle porte sous son bras, et a ouvert le plus possible sa chemise blanche qui a maintenant deux belles auréoles le long de ses aisselles et qui dévoile sa peau criblée de tâches de rousseur. Elle souffle une dernière fois puis reprend sa route. Devant elle, le paysage s'éclaircit soudain, le petit bois laisse la place à une large vallée au milieu de laquelle coule une rivière. Constance s'arrête, frappée par la beauté du paysage. Au loin, une chaîne de montagnes barre l'horizon et apporte une touche romantique à l'ensemble avec ses hauts sommets enneigés. La vallée se termine par une petite butte sur laquelle un bouquet d'arbres laisse une trace d'ombre : la Forgeronne se sent irrésistiblement attirée par le sommet de la petite éminence...
- Ce sera là, se dit Constance, je vais planter mon drapeau ici !
Soudain, elle a l'impression fugitive que quelqu'un a pris possession d'elle, c'est un sentiment fugace mais persistant. Sans plus attendre, elle se dirige à grands pas vers cet endroit qui l'a choisie, la démarche raide comme celle d'un robot. Tout s'efface autour d'elle, et elle perd le sens des réalités sans même s'en rendre compte.
