Forum - [Certadhil 3] *L'Eclat Ténébreux* L'île sans nom

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Noir-feu | 09/11/10 02:40

Environs de Certadhil, Lune 995.

Depuis quelques heures, un lourd silence règne à bord des trois trirèmes de guerre du Seigneur d'Obsidienne, rompu seulement de temps à autre par quelques grincements des coques qui pourfendent les vagues, ou par un claquement de voiles assourdi. Les nefs avancent lentement, avec prudence, l'obscurité est profonde et depuis plusieurs jours aucune lueur ne traverse plus les épaisses nuées qui ont recouvert la terre maudite, les rochers à fleur d'eau sont nombreux à proximité des côtes. Les ponts sont presque déserts, seules les vigies et les timoniers affrontent la température en chute libre, emmitouflés dans de lourdes capes de fourrure. Leurs regards anxieux tentent de percer la nuit pour déceler à temps les éventuels écueils, à l'avant du navire de tête, un marin plonge nerveusement une sonde, prêt à donner l'alarme si nécessaire.

Dans les entrailles des bateaux, les troupes d'élite fourbissent sans un mot leurs armes, plongés dans de sombres pensées. Les plus jeunes jettent des regards inquiets à leurs aînés, cherchant un peu de réconfort, un peu d'assurance. Ce qu'ils distinguent dans les yeux des vétérans leur fait froid dans le dos, quelques gouttes de sueur ruissellent sous leurs armures malgré le froid ambiant, les faisant frissonner dans un léger cliquetis de mailles. Un jeune homme se lève brutalement, s'exclame à voix haute que cette mission est suicidaire. Avec une vivacité phénoménale, un officier se lève à son tour, dague en main, la plante sans la moindre hésitation dans le cou découvert, retient le corps et le laisse glisser sans un bruit sur le plancher, puis fixe chaque guerrier d'un regard dur. Tous observent le cadavre, puis reprennent leurs occupations silencieuses sans un mot. La tension monte imperceptiblement.

Dans le navire de queue, un léger choc résonne tandis qu'une chaloupe est mise à l'eau, poussée par une vague contre le bordage. Les marins poussent un juron étouffé, redoublent d'efforts pour maintenir l'embarcation à distance de la coque. En silence, cinq lourdes caisses sont descendues dans l'esquif, vite rejointes par six solides gaillards qui prennent aussitôt les rames, éloignant vivement la chaloupe de la trirème. Quelques minutes plus tard, ils accostent sur une berge de sable gris ressemblant un peu trop à de la cendre, grimacent en observant sur la grève quelques ossements blanchis apportés par les vagues puis déchargent rapidement les caisses en jetant des coups d'oeil inquiets alentour. A peine leur travail achevé, ils rembarquent dans la chaloupe, et forcent sur les rames pour regagner l'abri relatif de leur vaisseau. Sans un mot, l'embarcation est hissée, puis les trois navires reprennent leur route, la halte n'a pas duré plus d'un quart d'heure en tout et pour tout.

Un peu plus tard dans la nuit, les trois navires jettent l'ancre dans une petite crique bordée de falaises escarpées. A leur pied, une étroite bande de terre est visible, découverte par la marée basse. Le commandant de l'escadre donne l'ordre de mettre à l'eau toutes les chaloupes, puis adresse un signe aux deux autres capitaines. Quelques instants après, de petits groupes de combattants jaillissent sur les ponts, montent vivement dans les chaloupes qui ne tardent pas à les déposer à terre. Quelques hommes mettent aussitôt en place de grosses arbalètes sur trépieds, y insèrent de lourds grappins auxquels des cordes ont été fixées. Les arcs d'acier se détendent brutalement, projetant les grappins vers le sommet des falaises sous le regard inquiet des hommes. Quelques-uns retombent bruyamment, mais la plupart trouvent prise dans la roche déchiquetée. Dans un ordre impeccable, les guerriers se hissent le long des cordages, et bientôt les premiers prennent pied sur Certadhil, le coeur étreint d'angoisse. Sans un bruit, certains se faufilent entre les blocs rocheux, pressés de repérer les environs, et de s'assurer que nulle attaque n'est à redouter dans l'immédiat. Peu à peu, la petite troupe se rassemble au sommet des escarpements, tous regardent les trois navires faire voile vers le port de Ravendell de Keanor avec angoisse, ils auraient largement préféré rester avec le gros des troupes, mais les ordres ne sont pas discutables, ils connaissent assez leur seigneur pour savoir comment la contestation est accueillie. Méthodiquement, ils retirent les cordes, les enroulent, puis au signal de leur officier s'enfoncent dans les terres hostiles, disparaissant dans la nuit.

Sur l'île, un homme vêtu de noir s'approche des cinq caisses, un sourire carnassier aux lèvres. Murmurant quelques rauques incantations, il désactive les runes qui scellent les contenants, puis fait basculer les couvercles, jetant un oeil vaguement anxieux à l'intérieur. Son regard flamboie un bref instant de satisfaction, puis il sort avec d'infinies précautions le contenu, le disposant en un cercle parfait sur la grève avant d'entamer une nouvelle litanie à mi-voix.

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