Forum - Allons au Puits cueillir La Source.
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Furya | 05/11/10 16:55
Le vent est brûlant, la chaleur infernale. Entre de fins interstices de tissu, les yeux agressés par l'éclat trop violent d'un soleil de plomb se plissent pour se protéger en vain. Les lèvres sont sèches, fendues par l'aridité qui gagne les gorges en feu. À l'horizon, la tempête de sable avance inexorablement à la plus grande satisfaction de La Dame. On dit que cette contrée est le Puits-aux-Démons tant les enfers semblent s'être invités dans ce paysage hostile. Au milieu de cet océan d'or, une tâche noire attend pour fondre sur la dernière cité à damner. Les hommes d'élite sont impassibles malgré les conditions, leur attitude est souple dans l'expectative, ils sont prêts à déployer toute leur rage au simple signe de Furya qui est devant eux. Elle patiente, son regard offert à un univers mystérieux, ses sens savourent cet instant où tout s'apprête à basculer : ce silence de mort avant la tempête létale. Elle les sent. Ils approchent. Peu à peu, de part et d'autre à quelques mètres de ses pieds bottés, le sol est aspiré par des tourbillons provenant des entrailles de la Terre qui en tremblent dans ses fondations. Furya remonte son foulard sur son nez et, sans crainte d'être engloutie par le terrain instable, elle s'avance de quelques pas pour aller à leur rencontre. À son mouvement, l'ultime prince ténébreux à ne pas être couronné prend son envol vers les cieux sans nuage. Sa fulgurance soulève une gerbe arénacée qui s'abat sur le premier scorpion géant à sortir du ventre sablonneux. À sa suite, ses compagnons apparaissent par dizaine avec leur pointe empoisonnée recourbée avec une élégance assassine, prête à transpercer les inconscients qui oseront les combattre.
La queue du premier scorpion qui fait face à Furya se relève subitement en menace agressive. Les pinces claquent violemment pour la dissuader de faire un pas de plus. Pourtant, elle le fait en souriant imperceptiblement, le dard s'abat impitoyablement et s'enfonce dans le sable. La Dame se réceptionne sans effort, sa souplesse défie les lois de la gravité. Aussitôt, les frères caparaçonnés se rapprochent pour mutiler les combattants qui n'esquissent aucun mouvement de fuite pour leur échapper. Dans l'azur, le dragon noir tournoie en tendant son cou bardé d'épines venimeuses vers le spectacle. Il n'interviendra pas comme l'ordre l'exige, alors seule son immense ombre glisse sur les dunes en frémissant à chaque nouveau scorpion qui en sort. Les pinces se referment toujours de plus en plus rapidement pour broyer la petite chose qui s'amuse de ce jeu. La rage emporte la créature en amplifiant ses instincts meurtriers. Le tonnerre gronde soudain, l'atmosphère déjà étouffante devient poisseuse de ténèbres, écoeurante de perversité. La fureur est à son comble, le dard fend l'air à toute vitesse, s'écrase en une puissance effroyable. En évitant la dernière attaque d'un saut la rapprochant de mandibules baveuses, Furya détache le pan de tissu masquant son visage, ses yeux sans iris s'inondent de noirceur et se plantent dans ceux qui sont globuleux ; la créature ne peut que se ployer devant celle qui les a appelées. Les instincts de chaque géant trouvent alors un point d'ancrage dans l'esprit de leur Maîtresse, ils se détournent des combattants pour former la première ligne de cette armée singulière.
Lasse du fatras de vêtements qui la protègent, Furya ne s'en libère qu'après avoir monté sur le dos de la Bête. La combinaison de la dame est encore plus noire sous ce soleil trop généreux, nul reflet cette fois, elle absorbe toute lumière avec avidité.
Le geste est offert.
L'accord est parfait puisqu'il n'y a qu'une source à leurs mouvements rapides. Créatures et damnés fondent vers les enceintes entièrement plaquées d'un métal brûlant. Soudain, le cor de guerre résonne chez les futurs mutilés cachés derrière les murs défensifs. Des gueules monstrueuses sont pétrifiées dans un hurlement statique et agressif, des pointes acérées aux allures de pieux défient l'armée d'élite de franchir leur frontière. Cette cité scintille tel un véritable bijou qui attire la convoitise de La Noire. Elle sait apprécier les belles choses et cette oeuvre sera celle qui signera la création de son Royaume qui sera une brèche pour la Source. Derrière, la montagne de sable continue sa déferlante, des silhouettes évanescentes y apparaissent en se tordant douloureusement et sans grâce, des bouches s'élargissent sous les tourments qui les poussent à agir, le vent sert leurs plaintes inquiétantes.
Contre toute attente, les portes s'ouvrent lentement alors que les harpons se piquent déjà dans les murs. Furya retient l'élan dévastateur en levant son bras qui fige tous les mouvements. Du haut du scorpion, elle fixe l'homme qui avance sans crainte au-devant des envahisseurs. Elle se rapproche toujours sans faiblir dans sa résolution. Maintenant immobile, le roi au visage bardé de scarifications s'incline devant celle venue l'honorer. De longues secondes s'écoulent, puis le temps se cristallise en effroi quand la voix douce et infiniment inhumaine de Furya s'élève au milieu de la tempête.
- Redresse-toi...
Le souverain s'exécute, son regard troublé par l'admiration à voir les prophéties de sa phratrie se réaliser. Dans les textes anciens, il est écrit que celle qui chevauchera les démons à venin sera celle qui leur apportera la paix et l'immortalité. Le peuple du désert lui offrira leur vie pour les avoir délivrés d'un fléau, une nouvelle ère s'ouvrira alors...
Le roi, dégage son sabre au côté, puis il se laisse tomber à genoux en tendant l'arme à bout de bras vers elle:
- Permettez-moi d'être votre serviteur, Dame...
