Forum - [Certadhil III] La pieuvre part neuf

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Faerandel | 02/11/10 20:06

Il y a des réveils plus ou moins agréables, il est vrai. Les doux réveils aux côtés de ma bien-aimée, Anna-Belle, comptent parmi les meilleurs. Le sac sur la face et la matraque sur la nuque, par contre, c'est assez loin dans mon classement personnel. Cette journée avait donc très mal commencé !

Ce n'est que plus tard que je me suis posé les questions les plus élémentaires : qui étaient ces types et comment s'étaient-ils ainsi glissé dans ma chambre à coucher ? Ma famille était-elle saine et sauve ? Mais non : au moment où ils m'ont assaillit dans mon sommeil, les pensées sont bien moins structurées. « Hein ? Quoi? Comment. »

C'est maintenant que je me réveille que viennent les questions. Si elles sont assez classiques, les réponses quant à elles, ne manquent pas de sel.

Où suis-je ? Dans ma chambre. Du moins ça en a tout l'air. Le jour est levé depuis plusieurs heures... Ai-je rêvé ? Non. J'ai bel et bien un gros bleu sur la nuque, et le chef de la garde, inquiet à mon chevet, confirme ma disparition : j'ai été introuvable du milieu de la nuit jusqu'au début de matinée. Mais au-delà de ces constatations rationnelles, je me sens... différent. Plus vif, plus éveillé. Je ne suis plus le même que la veille, même si mes sensations encore confuses ne me permettent pas de nommer clairement ce qui a changé.

Je rassemble mes souvenirs épars. Un coup sur la nuque, un voyage avec la tête dans un sac. Voyage assez court au demeurant. Nul ne sait comment ils sont entrés dans le château, ni comment ils ont pu m'y ramener sans être vus. Le chef de la garde avance l'hypothèse que je suis sans doute resté dans les murs tous ce temps, mais je sais bien qu'il se trompe. J'ai encore le souvenir d'images furtives d'une ville nocturne, de rues malfamées et d'arrières cours interdites.

Plus étrange encore est ce kidnapping qui ne rime à rien : rien ne m'a été dérobé, rien ne m'a été réclamé. Que voulaient de moi ces inconnus ? M'ont-ils arraché un secret pendant mon sommeil : une hypothèse peu probable. Des cycles de retraite loin des terres de Daifen ont fait de mes secrets des vestiges obsolètes, des antiquités évoquant une civilisation céphalopode et perdue dans les nimbes du temps. Les complots d'aujourd'hui sont dans les caniveaux ou dans les trahisons de bas étage, du moins selon mes critères vieillissants.

Une partie des réponses me provient de mon apothicaire, le fidèle Saalazaar. On a eut accès à mon sang, comme en témoigne une trace de saignée à ma cheville gauche. Impossible que mon sang ait pu intéressé un quelconque vampire : depuis longtemps, mes veines sont pleines de sève et mes chairs sont colonisées par les plantes étranges de Dreadhil qui me maintiennent en vie. D'après l'apothicaire, c'est précisément l'inverse qui s'est produit : on m'a rajouté du sang, qui s'est mélangé à la sève. Il prend un échantillon de ce sang étrange, de couleur bleu, puis s'enferme dans son laboratoire.

De mon côté, j'estime qu'il est temps que je me lève : l'après-midi est bien avancé et je ne suis point souffrant pour rester au lit toute la journée. J'endosse braies et tuniques de couleur bleue nuit, avec par-dessus un pourpoint noir rehaussé de broderies d'or. Une cape de satin noire drape mes épaules et je me contemple dans le miroir : celui qui me toise dans le miroir appartient à une autre époque. Je y reconnais le séide Færandel, agent connu et reconnu d'une organisation désormais disparue. Sur ma nuque, mon tatouage me brûle.

C'est alors que je sais comment ils sont entrés et ressortis.

Congédiant domestiques et gardes, j'arpente la chambre et me dirige à nouveau vers le miroir. Je passe mes doigts sur le cadre d'argent, à la recherche du minuscule bas relief. Du toucher subtile, j'appuis sur les huit appendices du bouton dissimulé : le miroir pivote sur son axe, révélant le passage secret oublié de tous, tant il n'a pas servi depuis bien longtemps. Pourtant, trois empreintes de pas belles et bien récentes arpentent la poussière sous mes yeux.

* * * * *

Le soir même, je suis accoudé au comptoir de « l'Huître qui pue », un bouge sans nom de cette ville portuaire dont le nom a été depuis longtemps oublié au profit du sobriquet « l'escale nocturne ». Mes souvenirs sont plus clairs, un tatouage entraperçu a marqué ma mémoire : l'un des kidnappeurs avait un chokobo de tatoué sur le bras ! Des piécettes changent de mains et les langues se délient. Oui, Kergoff-le-Bec a bien un tatouage comme celui là. Oui, il est passé dans cette taverne ce matin à la première heure. Non, on ne sait pas où il est.
Un gamin décoiffé que je sais être un informateur du monde interlope, me dit qu'il a été vu sur les quais ce matin, pour embarquer sur un navire qui partait vers le ponant. Il me donne une adresse où je suis supposé en apprendre plus. Je sais qu'il me ment sur ce dernier points et qu'une poignée de ruffians. M'y attendent pour me dépouiller. J'irais toute de même, je ne les crains pas : je ne suis plus un paisible retraité au sang embourgeonné. Je suis le Séide Færandel, seigneur de Daifen. Et je si j'ignore sur quel navire a embarqué Kergoff-le-Bec, je sais avec certitude sa destination.

Je le rejoindrais quand j'arriverais sur Certadhil. Mon sabre à la hanche et ma besace dans le dos, j'attends le navire de Céphalopodhil qui me prendra à son bord cette nuit même.

En attendant, et si j'allais à ce traquenard, histoire de m'occuper un peu...

À suivre ?

Kärel | 02/11/10 21:05

Sympathique :)

Kärel, Ombre égarée sur les rives de l'Existence.

Séide Faerandel | 03/11/10 18:47

Ça y est, je me suis fait beau...
Suite du récit sous peu

Baramir d'Eckmöl | 03/11/10 20:21

Clap Clap Clap

La pieuvre est partout, la pieuvre est chez nous et cela ne me déplait pas.

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Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia

Sombrebarbe | 03/11/10 21:00

ah ! Quel plaisir de vous relire Maître Faer :)

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J'ai retrouvé la Lumière ! Qu'elle Illumine mon chemin et chasse les ténèbres !

Arkel | 03/11/10 21:09

Les années passent, le style est toujours aussi agréable.

Arkel , Historien et Grand Conseiller d'Arvandor , Haut Lieu du Crépuscule , du Nut et de la Paquerette, Capitale du Neurone Perdu , Résidence principale de Biquette , Centre Mondial du String.

Terfanae De Caledon | 03/11/10 23:00

Heureuse de vous revoir, mon ami! :b

Terfanae de Caledon, Hordelle

Althâr Anthâar | 03/11/10 23:17

Mou aussi j'suis content, mais j'sais pas si j'devrais...

Séide Faerandel | 04/11/10 02:16

Althâr Anthâar> "Mou aussi j'suis content" ? :D
À ne surtout pas sortir de son contexte, maître Althâr.

Molesse-bien raisonnable ?

Edité par Séide Faerandel le 04/11/10 à 02:16

Althâr Anthâar | 05/11/10 00:45

C'est exactement pour ça que j'suis pas sûr d'être bien malin de me réjouir de vous revoir, mon... ami. ^^

Brantröocq | 05/11/10 14:36

"Si j'allais à ce traquenard" ???

Mais il n'y a pas de traquenard Monsieur le Poulpeux, je suis franc et vous préviens de ce qui va arriver ;)

PS: Ah une bien belle invention que la pieuvre, je suis nostalgique :o

Séide Faerandel | 11/11/10 00:14

La nuit se partageait le ciel avec la brume : l'orc avait beau tous les soir scruter la voûte céleste qui surplombait le camp, il ne parvenait pas à déterminer qui des deux dominait l'autres. Les étoiles, elles aussi arbitres de ce duel routinier, estompaient dans leur pâleur leur éventuel verdict.

Pourtant, cette contemplation nocturne n'était pas comme les précédentes : la vieille orkesse sentait bien que la terre sous ses pieds changeait. Le nez vers le ciel, elle cherchait les réponses que le continent lui refusait depuis si longtemps. Tout au plus sentait-elle que ces terres se réveillaient. Shaman accomplit, elle avait accomplit les sacrifices. Les augures n'avaient pas été particulièrement diserts : tout au plus avait-elle appris qu'un grand nombre de seigneurs de Daifen convergeaient vers ce continent et que l'équilibre était une fois de plus rompu.

D'humeur maussade, l'orkesse ramassa ses pierres de divination et redescendit lentement vers le campement. Elle eut la surprise de le trouver en effervescence : tous les orcs de cendres s'étaient rassemblés, armes au poing, autour d'un individu qui n'était pas de la tribu. Un étranger ? Alors que la shaman arrivait à la lueur des feux de camps et qu'elle pu dévisager l'intrus, elle comprit que sa tribu entrait elle aussi dans la tourmente infernale à partir de cette nuit.

« Shaman Ivelle, nous avons surpris cet intrus qui rôdait près du camp.
- Heu... Je ne rôdais, je venais vous voir. Voyez vous, je suis...
- Ce n'est pas un inconnu pour moi, Ô mes guerriers, répondit la shamane. Il est celui que nous attendions peut-être. Seigneur, veuillez me suivre dans ma ourte. »

L'elfe encerclé par les orks de cendres récupéra avec morgue l'arme qui lui avait été confisquée et suivit la vieille shamane avant que les guerriers puissent protester.

« Alors, seigneur Færandel. Que nous vaut la surprise de votre visite ?
- Voulez vous que je vous sorte les clichés habituels, du genre les temps sont venus, vous êtes des élus, nous allons affronter le Mâââl avec vaillance et, quelque soient nos sacrifices, nous vaincrons ?
- La vérité me suffira, seigneur.
- La vérité est que le Mal ne peut pas être vaincu, shamane. Toi qui vit ici depuis que j'ai quitté ce campement, tu le sais mieux que quiconque. Tout au plus peut-on le rendormir de temps en temps, comme un enfant capricieux. La chose impie qui vit en ces lieux vient de terminer sa sieste, je venais donc voir s'il y avait possibilité de lui chanter une berceuse.
- Une berceuse elfique ?
- Je pensais plutôt à une berceuse ork : les percussions feraient bien de prévaloir sur le pipeau. Et vous m'avez tout l'air d'être une orkesse symphonique, capable de mener à la baguette les orcs des cendres qui vivent encore ici. En parlant de cela, mon départ de ces lieux, il y a longtemps de cela, n'avait pas été particulièrement en bons termes avec les vôtres. Comment se fait-il que je ne sois pas encore embroché ? »

La shamane regarda le foyer un instant, cherchant dans les flammes les réponses aux questions du barde.

« Le temps apaise les amours, les haines et les rancoeurs. Celui qui vous détestait tant, Athazock, n'est plus. Privé de leur chef, les orks des cendres ont aussi été privé de l'hostilité que celui-ci vous portait. De plus, nous savons que Certadhil s'éveille à nouveau : notre vie d'antan se termine et notre tribu doit trouver sa place dans le nouveau cycle qui se met en place. Le faire à vos côtés n'est pas la solution la plus courageuse, ni la plus fière, mais c'est sans doute la plus sage.
- Je vois. Je vais donc durablement m'installer parmi vous et prendre racine ici. En parlant de racines, j'ai vu que les dreadodendrons se sont épanouis ici. Je crois même que ces saletés ont vaguement muté en quelque chose de plus bizarre encore. Certadhil doit leur convenir. »

La dégustation d'une vieille bouteille de pépé Karnage scella l'entente et la soirée. Le lendemain matin, plusieurs éclaireurs quittait le campement des orks de cendres et filaient en toutes direction, à la recherche d'alliés, d'indices ou d'ennemis. L'un d'entre eux se dirigeait droit vers les terres entotemmées de Krashouane, pour prendre contact avec les N'digos qui étaient toujours établis ici et qui avaient la garde de l'urne maudite. Un autre se dirigeait vers le col de Tchmisz pour retrouver les royaumes jumeaux des poulpeux Morrdred et Gorghim (sans oublier de grimper faire un tour sur les restes du campement hordeux du clan Karatakaï. Un troisième recherchait le chemin menant au domaine de Kaleona la pure : il serait peut-être possible de réactiver le temple d'Inn Halad. Quant au dernier, il se dirigeait droit vers les vestiges du camp retranché de la M&W Corporation : des armes secrètes devaient encore s'y trouver, ainsi que peut-être, quelques agents perdus de la Pieuvre Noire oubliés de tous.

Quant à Færandel, il se dirigeait d'un pas hésitant vers le tombeau de Kehan Olth, qui trônait toujours au beau milieu de son camp de guerre.

Séide Faerandel | 11/11/10 00:15

Notes pour ceux qui n'étaient pas là lors de Certa 2 :
- Færandel récupère le contrôle du royaume orc qu'il dirigeait lors de Certadhil 2. Ce sont des orcs de cendre : ils ont la peau noire et les yeux verts brillants. Le royaume du barde avait la particularité d'avoir un bâtiment inhabituel, que Findel avait glissé dans les bilans : un tombeau étrange (qui s'est avéré ensuite être celui de Kehan Olth). Plusieurs RP sont partis de là.
- Les dreadodendrons sont des plantes ressemblant à des cactus, qui nimbent le campement dans un nuage de spores. Ces spores ont la particularité de tuer net celui qui ressent de la peur (à partir d'un certain seuil).
- Les lieux cités en fin de RP sont quelques sites ayant eu une importance lors de Certadhil 2. Pour en savoir plus sur Krashouane, ses N'digos et ses totems, se référer aux récits de Rouge/A'ort du clan du Sang.

Charengo | 11/11/10 07:43

Ravie messire barde de votre retour :)
Trop "jeune" pour avoir côtoyé la Pieuvre... mais c'est avec intérêt que depuis mon château je suis vos péripéties dans Certadhil III.

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