Forum - [Certadhil 3] Confronter le passé, accepter le présent, regarder le futur.
Index des forums > Rôle Play > [Certadhil 3] Confronter le passé, accepter le présent, regarder le futur.
Althâr Anthâar | 02/11/10 01:01
Pour ceux que ça intéresse, la majeure partie de ce texte est tirée d'un RP vieux de plusieurs années, à l'époque d'Avalon. Ce qui en a été écrit est disponible à cette adresse : [Lien HTTP]
Il est dit que sur les berges du Lac Brumeux, le jour où Avalon s'éveillera, une digue se révèlera aux yeux de certains voyageurs. Amarrée à cette digue, une barque, qui les mènera en la cité millénaire. Ces voyageurs, choisis parmi les êtres du multivers pour leurs compétences, et ce quel qu'ait pu être leur passé, auront alors la tâche de défendre l'équilibre du multivers tel qu'il nous est connu, afin d'en assurer la pérennité. S'ils venaient à faillir à cette tâche, ceux que l'on appellerait désormais Protecteurs d'Avalon, et de l'Existence-même, seraient les seuls responsables de la disparition de tout ce qui est.
Althâr avait été l'un de ces voyageurs, et avait pendant les quelques centaines de Lunes qu'avait duré l'éveil d'Avalon veillé à l'accomplissement de cette tâche si ardue. Il avait participé à d'innombrables quêtes, à d'innombrables batailles dont le but, plus que la victoire, était la préservation de la structure du multivers.
Un jour, sur les berges du Lac Brumeux, personne ne fut en mesure de trouver la digue. Et personne ne put plus embarquer vers la cité millénaire. Les protecteurs, furent renvoyés à leurs vies d'avant, s'ils n'avaient pas péri. De même que les vestales, bibliothécaires, jardiniers et toutes ces personnes qui avaient participé, comme beaucoup d'autres au cours de l'Histoire, à cette formidable aventure. Ceux-là même grâce à qui la légende d'Avalon perdurerait.
C'était il y a plus de 400 Lunes. Mais récemment, après avoir visité l'Enfer et vaincu Baal aux côtés de son compagnon d'armes Celimbrimbor, Althâr avait décidé de mettre fin à tout ça, lassé qu'il était de ces incessantes batailles. Ne prévenant personne, pas même ceux qui l'avaient accueilli sous la bannière de la Chimère, il s'était retiré du monde et avait alors entreprit de réunir tous ceux qu'il avait pu côtoyer à Avalon. Alors, sur les berges du Lac Brumeux, loin des turbulences qui agitent le monde, les vestales, bibliothécaires, jardiniers et toutes ces personnes qui portaient encore Avalon en leur coeur furent réunies dans un palais qu'érigèrent Althâr et sa fille Alyssa, le Beit Anthâar.
Depuis de nombreuses Lunes, loin des tumultes de la guerre, Althâr profitait d'une vie paisible auprès de gens qui avaient comme lui été marqués par l'incroyable expérience Avalon. Puis, les choses changèrent.
________________________________________ ________________________________________ ___________
À un improbable lecteur.
Si j'ai un nom, cela fait bien longtemps que je ne l'ai prononcé, et quand bien même vous seriez à même de me forcer à vous le révéler, vous ne l'entendriez pas, ou ne parviendriez pas à vous en souvenir. Si j'ai un visage, il est dissimulé dans l'ombre, et même en pleine lumière il reste invisible à vos yeux. Si j'ai un corps, vous ne pouvez le toucher ou le sentir tant il est léger et discret. Vous ne pouvez y toucher, mais il peut vous ôter la vie. Si j'ai une voix, elle est inaudible, ou si puissante qu'elle se mêle aux murmures de la nature jusqu'à les dominer et s'éteindre dans un tumulte de sonorités. Si j'ai une mémoire, elle se révèle à vous aujourd'hui.
Car si, bien qu'impalpable, j'existe concrètement, c'est parce que je me souviens de ce que j'ai été.
Je me nommais Helen. J'étais Roy. Roy Helen. Ca sonne bien. Dans une contrée lointaine nommée Ildynia, je dirigeais mon peuple, rendu docile par les chaînes de l'esclavage, d'une poigne de fer. Le fer... C'est encore brûlant que je le préférais. J'aimais tant voir mes soldats se jeter dans la mêlée, le sabre chauffé au rouge, sentir cette odeur de chair brûlée. Et du haut des remparts d'Ildynastia, l'épicentre des mes actions inhumaines, j'incantais fanatiquement. Des monstres déchaînés, des sorts oubliés. Puis je sautais dans le vide, rejoignant mes hommes au sol et les galvanisant avec force coups et exploits. Seul le sang qui coulait encore dans mes veines murmurait à mon oreille que j'étais encore vivant. L'ivresse aussi. Cette ivresse carnassière qui me poussait à exterminer ceux qui ne m'étaient pas soumis. Je tuais, je pillais, je régnais.
Tant et si bien qu'Il s'intéressa à moi. Il m'observa, sans se manifester, pendant plus d'un siècle. Un siècle qui s'acheva par la consécration. J'étais un Dieu ! Plus rien ne menaçait de renverser l'ordre que j'avais établi. La planète entière, sa faune, sa flore, m'obéissaient au doigt et à l'oeil. Les chétifs humains - et je ne pouvais me résoudre à accepter que j'en avais autrefois été un - étaient mes moutons et, en brave berger, je les envoyai à la mort, nourrir le flot de ma puissance inégalable.
Mais Il l'avait égalée, surpassée. Et Il m'attira à lui. Ou plutôt, il s'empara de moi. Il aspira le monde sur lequel je régnais, le plongeant dans une éternelle nuit : Ildynia avait sombré dans le néant. Il m'amena en un endroit qui ne ressemblait à rien, tant il était improbable qu'il ait une existence physique. Une sombre lumière, émanant d'un Soleil aussi noir que le jais, apportait une glaciale obscurité à ce non-être qui, pourtant, me réchauffait le coeur. Je ne le voyais, ni ne l'entendait, pas plus que je ne le sentais. Mais je le comprenais, et c'était amplement suffisant. Car le destin qu'Il m'avait offert était autrement plus excitant que celui que je m'étais promis.
Désormais, je serais - et je le suis toujours à l'heure où je pense ces lignes - le Champion du Non-être. Combattre inlassablement les Champions de l'Être, telle serait désormais ma destinée. Je n'aurais pas à combattre Merlin lui-même, mais ses champions. Car souvent les Champions du Tout, comme les nomment ces faibles mortels, sont choisis dans les rangs d'Avalon. Et à l'époque où j'accédais à cet improbable statut qui est le mien, Merlin avait quitté les plans d'existence depuis quelques vies déjà. C'est dans l'ordre des choses. Mais le Néant est né pour l'emporter, et si ma mémoire venait à disparaître avant cette échéance, alors un autre prendrait ma place, qui durant sa vie, comme moi, aurait agit contre nature en combattant son propre père, l'Être.
L'Être, quintessence de l'existence. Mais je n'existe pas. Et pourtant, inlassablement, je me dresserai au travers de la route qui mènera à leur accomplissement les Champions qu'enverra Avalon. À jamais, pour l'éternité, ce combat nous opposera et, toi, lecteur hypothétique, tu es peut être mon successeur, ou alors mon adversaire, sans encore le savoir à ce jour.
Ce qui est sûr, c'est qu'à la fin il n'y aura plus rien.
Texte anonyme.
________________________________________ ________________________________________ ___________
« Il n'y aura plus rien...
- Tu as dit quelque chose, papa ?
- Hein ?
- Je t'ai entendu parler... Il n'y aura plus quoi ?
- Ah... Non, rien. Tu veux bien faire quelque chose pour moi, Alyssa ?
- Oui bien-sûr !
- Vérifie que tout le monde rentre au Palais avant la nuit. Nous partons. »
________________________________________ ________________________________________ ___________
Anna,
Je sais que tu l'as su avant même qu'on ne te le dise. Ces quelques mots ne feront que confirmer les rumeurs. Althârïs n'est plus. Onze mille et cent trente-deux années de ma vie, effacées par ma faute.
Je ne sais si tu as entendu parler de cette histoire de Champions. Des personnes qui protégeraient l'Être des assauts du Néant. Je trouvais cette histoire ridicule, jusqu'à en devenir le héros malheureux.
Celle qui avait régné avec moi sur Althâris plusieurs milliers d'années avant que j'aie le bonheur de te rencontrer a voulu me tuer. Et tout mon Royaume y est passé. Maywen était là, devant moi, à m'assaillir de tout l'amour qu'elle me portait avant que la vieillesse ait raison de notre union. Pâle reflet de ce qu'elle avait été, elle ne m'a pas dupé. Mais c'était elle. Elle a été désignée, j'en suis persuadé, par cette entité qui se prétend insaisissable, pour devenir le fer de lance de ce que nous combattons depuis qu'Avalon nous a appelés à elle. Ils ont bougé le premier pion, et on détruit une première tour. Ma tour. J'espère ne pas avoir à combattre seul. J'espère qu'Avalon n'aura pas à subir les conséquences de mes actes. J'espère que ce qui arrive aujourd'hui serait arrivé même si jamais je n'avais existé. J'espère que je ne suis pas celui qui enfin parviendra à réduire Avalon au silence. Et permettre ainsi la disparition de tout ce qui fait qu'un jour, nous nous sommes aimés.
Et j'espère que tu vas bien, que les enfants vont bien, que ton amant va bien, que tous ceux que tu connais vont bien. Vous savoir heureux me sauvera peut-être, car en ce jour je ne vais pas bien.
Avec tout l'amour que tu sauras accepter,
Althâr.
Lettre d'Althâr à son ancienne compagne Anna-Belle Negan.
________________________________________ ________________________________________ ___________
Althâr était perdu dans ses pensées. Il avait ressenti une force. Quelque chose de terrible. Et la dernière fois qu'une telle aura s'était manifestée, plus de 400 Lunes auparavant, son Royaume avait disparu. Il n'avait aucune idée du rôle qu'il pouvait avoir à jouer en pareille circonstance. Il ne savait pas si c'était encore à lui qu'incombait de préserver ce fameux Être qui lui avait tout pris par le passé. Et puis, Avalon ne s'était pas éveillée, et il se demandait pourquoi. Il était seulement sûr d'une chose : il devait se rendre sur place afin de mieux comprendre, de saisir l'étendue de la menace et, si besoin accepter le rôle qu'il pourrait avoir à jouer dans l'inévitable bataille à venir. Et reprendre le cours d'une vie qu'il avait essayé de stopper pendant trop longtemps...
« Tout le monde est là, papa.
- Bien, nous allons pouvoir partir.
- Nous tous ? Mais nous n'avons même pas préparé de bagages ! Et ce n'est pas avec une poignée de vestales et quelques jardiniers que nous allons aller guerroyer !
- Qui t'a dit que nous allions nous battre, Alyssa ?
- Je l'ai lu dans ton regard...
- Je ne sais pas ce qui nous attend, mais tout le monde vient.
- Mais tu n'as pas convoqué tes troupes ! Et nous n'avons pas d'embarcation !
- Pas le temps. On réveillera quelques morts sur place.
- Mais qui te dit que tu auras de quoi lever une armée ?
- Là où nous allons, les cadavres sont plus nombreux que les grains de sable du désert...
- Bien ! Enfin... Je crois... Et pour l'embarcation ?
- Pas le temps je t'ai dit ! »
Soudain, sur les berges du Lac Brumeux, un palais disparut. Au même moment, dans une clairière en retrait des champs de bataille de Certadhil, un palais apparut.
Edité par Althâr Anthâar le 02/11/10 à 09:57
Althâr Anthâar | 03/11/10 20:07
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les goules ont une âme. Au moins. C'est juste que... Comment dire ? Ah ! Eh bien c'est juste que leur âme n'est pas connectée à leur putride corps de la même façon que la nôtre peut l'être. Imaginez par exemple un arbre. Millénaire. Gigantesque. C'est bon ? Bien. Maintenant, déracinez-le. C'est fait ? Ôtez toute la terre et observez cet incroyable réseau désormais hors-sol et qui avait pour but, avant que vous aggressiez sauvagement un arbre innocent, de nourrir cette monumentale plante. Essayez désormais de le ramener à son état initial. Des soucis ? Pas facile de le remettre en place exactement comme avant, n'est-ce pas ? La terre ne semble pas vouloir venir au contact de toutes les racines, surtout pas les plus petites, et il est peu probable que l'être inanimé retrouve un jour le confort qui était le sien avant que vous ne croisiez son chemin... Eh bien une goule, c'est pareil. C'est un corps qui a été privé de son âme dans un premier temps et qui l'a récupérée plus tard. Ou une autre. Ou plusieurs. Et du coup cette âme n'est pas vraiment bien connectée à son enveloppe charnelle. Sans parler du fait qu'entre le moment ou ledit corps a perdu son âme et celui où il l'a récupérée, un certain temps a pu s'écouler, laissant place à un joyeux spectacle de putréfaction dont les nécromants n'ont strictement rien à faire.
Pour faire simple, une goule, c'est pas forcément con. Il en existe même de très intelligentes, et certaines sont tout simplement géniales. Le vrai problème, c'est que la transmission de l'information étant mal assurée, les ordres communiqués par l'esprit ont besoin de beaucoup de temps pour produire un effet sur le corps. Ce qui empêche une goule de faire quoi que ce soit rapidement, ou même normalement.
Pire, ces dysfonctionnements cérébraux ont le fâcheux inconvénient d'empêcher certaines goules, les plus lentes, de percevoir le présent. Ah ça, pour voir pousser l'arbre que vous avez déraciné tout à l'heure, pas de problème ! Mais si la goule, elle se prend une hache dans le tronc, elle a déjà clamsé qu'elle a pas encore senti le coup ! Le pire, c'est qu'elles sont conscientes de cet état de fait et savent pertinemment que la seule chose qui les empêche de porter correctement un coup épée, c'est leur main.
Et donc Ragoule fait partie de cette catégorie si particulière. Être libre de son état, ressucité un peu par hasard au plein milieu d'un champ ayant été piétiné au cours d'innombrables batailles, sur la fameuse et néanmoins sinistre Certadhil, il se balade paisiblement depuis quelques années dans les bois, et est arrivé il y a quelques jours dans une clairière qu'il a presque enfin fini de traverser.
Quand soudain, un terrible bruit fait sursauter jusqu'à la structure même du multivers alors qu'un immense palais apparaît dans la clairière sus-mentionnée, juste derrière Ragoule, à quelques centimètres de ses pieds. Vous ne serez donc pas étonnés d'apprendre que cette goule-là ne sera certainement pas un personnage récurrent de l'histoire à venir, puisqu'elle n'a rien remarqué.
Baramir d'Eckmöl | 03/11/10 20:45
J'aurais aimé que nos retrouvailles se fassent en d'autres circonstances.
--
Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia
Sombrebarbe | 03/11/10 21:03

j'aime le dernier passage, avec la goule 
--------------------
J'ai retrouvé la Lumière ! Qu'elle Illumine mon chemin et chasse les ténèbres !
Terfanae De Caledon | 03/11/10 23:00
Terfanae de Caledon, Hordelle
Edité par Terfanae De Caledon le 03/11/10 à 23:00
Brantröocq | 05/11/10 14:42
C'est pour cela que je n'emploie jamais de goule
Le passé, le présent, le futur.
J'ajouterai l'imparfait et le conditionnel.
Althâr Anthâar | 05/11/10 17:22
1. Oiseau granivoire, au bec court et droit, aux ailes courtes et au vol rapide, de moeurs sociales et parfois migratrices. Le pigeon voyageur, qui revient à son nid quel que soit le lieu où on le lâche, est très utilisé pour la transmission des messages.
Avouer sa faiblesse, c'est déjà devenir un peu plus fort. Et j'avoue que mon esprit défaille quand on me parle de pigeons voyageurs. Un clébard, tu lui fous ma chaussette de sport pas encore lavée dans la truffe, il va suivre mon odeur et me retrouver où que je sois, ou presque. Mais un pigeon, tu lui dis quoi ? Vas-y, envoie amène le message à Bibi, et t'auras trois graines de sésame en récompense ? Je ne pense pas. Quand bien même j'aurais une chaussette de Bibi à lui faire renifler.
Mettons que le seigneur Tokar envoie un pigeon au roi Déglant. Si j'ai bien compris, le piegon en question appartient en fait à Déglant, et c'est dans sa pigeonnière qu'est son nid. Ça signifie que le pigeon a bien dû être amené chez Tokar un jour ou l'autre, n'ayant pu s'y rendre lui-même, n'y possédant pas de nid. Donc on peut raisonnablement supposer qu'auparavant, Déglant a fait envoyer chez Tokar un messager qui transportait en cage un pigeon. Pourquoi en cage ? Mettons que ledit messager ait un comportement qui laisse entendre au dit pigeon qu'il doit rentrer au nid, ou même que ce dernier ait simplement envie de chier. Eh bien, s'il n'est pas en cage, il va retourner chez lui - quel meilleur endroit que chez soi pour déposer un colis - et le messager sera bon pour retourner chercher l'oiseau. Donc, le messager amène le pigeon chez Tokar, en cage. Il en profitera certainement pour remettre un message, au minimum "Voici un pigeon de chez Déglant". Et donc le pigeon est en place, prêt à envoyer un message, tandis que le messager retourne auprès de son roi, avec un message certainement pour ne pas faire le trajet pour rien, genre "pigeon reçu". Ouais... Bof. Parce qu'à chaque fois que le pigeon livrera un message, il faudra le ramener chez Tokar ! Et si Tokar file un pigeon à Déglant, ça devient vraiment dément et logistiquement très contestable, avec des messagers sans message qui se croiseront au milieu de chemin, l'air penaud et une cage à la main, et des pigeons qui ne voleront qu'à mi-temps.
Après réflexion, j'ai remarqué que la définition parlait d'un comportement social. Bien ! Alors Déglant et Tokar ont chacun un pigeon, ils les foutent dans une cage chez le premier pendant un certain temps afin qu'ils apprennent à se connaître, se lier d'amitier et, pour peu que leur différence hypothétique de genre les amène sur quelque chemin déviant de leurs prédispositions à nouer des liens avec leur semblables, coïter. Et par exemple, Déglant, quand il va envoyer son message, il enverra les deux pigeons, l'un montrant le plan de vol à l'autre, et inversement quand ça sera au tour de Tokar. Mais mettons que le pigeon guidé ait envie de chier ou pire, de migrer ! Qui vous dit que son guide aussi fera demi-tour ? C'est vraiment le bordel.
C'est pour ça qu'on supposera ici que les pigeons savent lire une carte et mieux, que ladite carte met à jour les adresses des destinataires et des expéditeurs automatiquement . C'est hyper bancal comme raisonnement, mais ça a le mérite d'être clair.
On ne s'étonnera donc pas de voir Althâr recevoir un pigeon de Terfanae qui n'a même pas de nid chez lui alors que son adresse a changé il y a quelques instants - je me suis d'ailleurs fait reprocher les modes de transport peu conventionnels que je mets à disposition d'Althâr mais que voulez vous, je n'écris pas l'histoire, je ne fais que la raconter.
Bref, en une phrase, qui aurait largement suffit, Althâr vient de recevoir un pigeon de Terfanae de Caledon. La belle jambe...
Edité par Althâr Anthâar le 05/11/10 à 17:37
Rat De Labo | 05/11/10 18:06
Le Rat, démon clanique et seigneur du cauchemar.
"La récompense des grands hommes, c'est que, longtemps après leur mort, on n'est pas bien sûr qu'ils soient morts."
Terfanae De Caledon | 05/11/10 19:53
"Pigeon !
Oiseau à la grise robe,
Dans l'enfer des villes
À mon regard, tu te dérobes,
Tu es vraiment le plus agile. »
Héhéhé...;
Terfanae de Caledon, Hordelle
** : poême sorti de "c'est arrivé près de chez vous"...
Althâr Anthâar | 05/11/10 22:55
2. Familier. Homme naïf facile à duper, à plumer.
Installé dans son salon, Althâr demeure pensif. Au creux de sa main, un pigeon, avec un message accroché à la patte droite. Le sceau de la Dame de Caledon ne l'inspire pas. Bien qu'il apprécie grandement la demoiselle, il imagine que le contenu ne va pas lui plaire.
" Que fais-tu papa ?
- Hein ? Rien. Je pense.
- Tu penses à quoi ?
- Je pense que ce foutu pigeon porte un foutu message que je n'ai carrément pas du tout envie de lire !
- Au rythme où ça va, ton voeu va vite être exaucé..."
En effet, la main fermée d'Althâr laissait désormais filtrer un filet de sang, alors qu'un roucoulement d'agonie, si c'est possible, s'était fait entendre quelques secondes plus tôt. Le message, si tant est qu'il le soit encore, ne serait bientôt plus lisible et Althâr connaissait quelqu'un que la nouvelle, ou plutôt l'absence de réponse, indisposerait au plus haut point. Bien contre son gré, Althâr désserra le poing et récupéra le petit cartouche, qui était fort heureusement sorti indemne de l'histoire.
"J'aime pas les pigeons. Ça porte des messages.
- Et ?
- Ça demande des trucs. Ça commence par des banalités, et ensuite ça te demande de jouer les bons samaritains pour faire un don à telle cause charitable ou aider telle personne dans telle quête inintéressante. Bizarrement, pour les gens comme moi, ça te dit jamais que t'as gagné à la loterie et ça te propose encore moins souvent de l'aide quand t'es dans la merde...
- En même temps, pour gagner, il faut jouer, et ça fait bien longtemps que tu évites les complications... Allez, lis-la !"
Un grognement à peine dissimulé fit froncer les sourcils à Alyssa, qui toisa son père avec un air de reproche qu'une mère aurait envers son enfant récalcitrant - le monde à l'envers - et Althâr consentit enfin à sortir du tube de métal le fameux objet de sa contrariété et en commença la lecture, à haute et pas forcément intelligible voix.
Cher Althâr,
"Et c'est parti pour les banalités...
- Lis !"
Cela fait bien longtemps que je n'ai eu de vos nouvelles. Et la rumeur faisant état de votre retraite est, j'imagine, fondée. Mais par les temps qui courent, et où que vous soyez, je demeure persuadée que vous avez ressenti comme nous tous la menace qui pèse sur le monde. Des choses terribles se passent, et j'espère que votre silence ne vous empêche guère de bien vous porter...
"Tu vois, les banalités...
- Papa..."
...exploits ne se comptent plus, et notamment votre descente aux Enfers qui n'est pas passée inaperçue, quand bien-même vous étiez aux côtés du seigneur Celimbrimbor avec qui j'ai pu avoir quelques différents. Les guerriers de votre trempe ne se font plus, et les jeunes générations n'ont pas cette hargne au combat qui caractérise les seigneurs de la vieille école, si je puis m'exprimer ainsi. C'est pourquoi je m'adresse à...
"La flatterie, pour commencer...
- Tu aimes ça. Continue."
...sont rares ceux qui osent défier des divinités sans courir à une mort certaine, et il est encore bien loin le jour où quelqu'un trouvera le moyen de vous ôter la vie. La bataille sera rude. Et cet ennemi dont je vous parle ne pourra être vaincu par moi seule. Aussi je vous demande humblement d'accéder à ma...
"C.Q.F.D. ! Ne l'avais-je pas dit qu'elle me demanderait de l'aide ?
- La suite !
... et comme vous avez peut-être pu l'apprendre, j'ai eu l'honneur d'être accueillie dans la famille Syphonn, et ait aujourd'hui grand plaisir à présenter Xüne et Morrdred comme mes parents. La blessure de père, causée par votre idylle, est encore bien présente, et il ne fait aucun doute que si vous accédez à ma requête, cela jouera en votre...
"Des menaces ? Vraiment ? Elle me flatte, ensuite elle me menace et espère que je lui prête main forte ? Non mais pour qui elle se prend ? Ma main, je vais la lui mettre dans...
- Papa ! Elle ne te menace pas !
- Non mais elle me croît aussi naïf peut-être ? Comme si j'avais peur de Morrdred et de sa gueule de montgolfière !
- Ce n'est plus le cas. Et tu respectes trop Morrdred pour penser ce que tu viens de dire. Ça t'a énervé ? Aimerais-tu encore Xüne ?
- Tout comme j'aime encore ta mère ! Mais là n'est pas la question !
- Tu ne vas donc pas l'aider ?
- Évidemment que je vais l'aider ! Elle m'a convaincu à "bataille", pas besoin de me menacer ! Non mais...
- Allez, continue."
...jamais cette missive vous parvient, je vous enjoint à rallier dans les plus brefs délais Certadhil. De là, nous trouverons un moyen de...
"Au moins, on est déjà sur place...
- Je lui réponds quoi ?
- Qu'elle me doit une bonne bouteille. La taille importe plus que le prix."
Et Althâr de sombrer à nouveau dans ses pensées.
Kärel | 05/11/10 23:08
Kärel, Ombre égarée sur les rives de l'Existence.
Edité par Kärel le 05/11/10 à 23:08
Brantröocq | 05/11/10 23:10
Et si la taille n'est pas au rendez-vous, y mettre le prix palliera à bien des frustrations.
Pardon, un être de mon rang ne devrait pas se prélasser ainsi dans la basse galéjade =>[]
Althâr Anthâar | 09/11/10 22:41
Il y a vampire et vampire. Et vampire. Alors bon, nous serons tous d'accord pour dire que même si certains sont très sympathiques, les vampires sont des êtres contre nature qui ne doivent leur vie, et pour beaucoup leur parodie de vie, qu'à une pirouette que l'un dira magique, l'autre virale, que la fatalité s'inflige à elle-même. Nous serons tous d'accord pour dire aussi qu'ils ont de sacrées canines et qu'ils boivent du sang. Et qu'ils n'aiment pas le soleil. Là s'arrêtent les ressemblances, car autant l'homme évolue sur un chemin qui sépare le singe de Merlin, autant le vampire peut parfois se trouver plus d'affinités avec la chauve-souris qu'avec Dracula. Comme tout le monde, le vampire obéit à certaines lois, celle de la sélection dite naturelle - mais il n'y a là rien de naturel - n'étant pas la moindre.
1. Mort qui aurait la capacité de sortir du tombeau pour sucer le sang des vivants et mettre ces derniers à son service.
Première épreuve imposée par Dame Nature, donc, sortir du tombeau. Et ce n'est pas chose aisée. Pour nombre d'entre eux en tout cas. Bref, beaucoup échouent, et nos contrées regorgent de tombeaux desquels la vie - si tant est que c'en soit vraiment - ne demande qu'à sourdre - c'est tellement antinomique... Alors, me direz-vous, qu'en est-il de ceux qui n'ont pas de tombeau ? Le principe est le même pour les tombes, pour les fosses aussi d'ailleurs, en somme pour tout ce qui s'apparente de près ou de loin à une sépulture. Les autres, ceux qui n'ont pas même été inhumés après leur mort, eh bien disons qu'ils rejoignent la partie directement en deuxième semaine.
Seconde épreuve , et pas des moindres, trouver du sang. Bah oui. C'est bien joli de revenir à la vie, mais le contrat est clair . Pas de sang, pas de vie. Pas la peine de lancer un débat là-dessus, un vampire à sec peut très bien survivre jusqu'à... très longtemps, il n'en a pas pour autant l'éternité devant lui. Sinon quel intérêt ? De même que le forgeron forge, le Vampire vampirise , c'est son boulot. Du plus con qui oublie de se nourrir sans comprendre pourquoi il a faim au plus idiot qui s'est brisé les chicots et n'en est plus capable, en passant par le plus pitoyable qui ne supporte pas la vue de sang, et encore moins son goût, innombrable sont les victimes de cette épreuve qui est, et de loin, la plus sélective.
Troisième épreuve , survivre. Là, ça se complique. Le mec, là, c'est bon, il vient de sucer à satiété et il est repu, au moins pour la journée, mais voilà. Soit il a tué sa victime du jour, auquel cas quelqu'un va s'apercevoir la plupart du temps de son absence, soit il l'a laissée en vie, auquel cas elle va vouloir, dans la mesure du possible, se venger. Mais pas maintenant. Elle doit récupérer. Ou alors il la laisse en vie mais la kidnappe. Ou alors, il bute quelqu'un dont tout le monde se branle. Dans ce dernier cas, il y a fort à parier qu'il va vite en arriver à ne se nourrir que de clochards et se faire dézinguer à la première escarmouche : le sang de pauvre est un pauvre sang, c'est bien connu. Dans tous les cas, le vampire doit agir contre l'ordre établi pour survivre. Dans tous les cas, il se fait des ennemis. Et donc, dans tous les cas, sa survie implique qu'il sache se battre. Ou qu'il soit intelligent, ou puissant ou quelque chose qui fasse que ce n'est pas juste une petite brêle comme il en existe tant, et pas que chez les vampires, d'ailleurs. De cette épreuve, seuls ceux qui sont capables, par quelque moyen que ce soit, d'assurer leur propre sécurité, sortiront vainqueurs.
Enfin, la quatrième épreuve , elle est un peu subsidiaire. Il s'agit de s'imposer, d'affirmer son existence en tant qu'individu. Les vampires qui auront survécu aux trois premières seront à même d'intégrer une légion, une armée, une milice, un groupuscule ou un truc, quel qu'il soit, du moment qu'ils y seront guidés, commandés, par un des leurs ou par un autre, qu'importe, qui soit à même d'assurer leur pérennité en échange de leur force de frappe. Ou bien ils pourront glander dans les ruelles et les ombres en attendant qu'une proie facile leur tombe inopinément entre les mâchoires. Mais ceux qui surmonteront cette ultime épreuve, ceux-là même qui auront la capacité de commander aux autres, que ce soit par leur force, leur pouvoir ou leur intelligence, voire tout ça en même temps , ceux-là seront ceux que l'ont fréquentera dans les hautes sphères, et dont certains deviendront les égaux des plus grands dirigeants du multivers.
Il y a donc vampire et vampire. Et vampire. Et... Vampire .
Edité par Althâr Anthâar le 09/11/10 à 22:44
Noir-feu | 09/11/10 22:52
Xüne Syphonn | 09/11/10 23:47
Althâr Anthâar | 11/11/10 20:36
2. Sens figuré. Personne qui s'enrichit du travail d'autrui.
Non loin de la tombe de Kehan Olth, le terrible personnage qui a eu le chic d'animer les débats par le passé tout en ayant la délicatesse de faire comme les autres "méchants" de l'histoire, à savoir se prendre une branlée, même si la rumeur circule que le bougre n'est mort que pour mieux renaître de la réunion des sept urnes qui contiennent ses cendres, et bla, et bla, et bla, se dressent les vestiges de ce qui a dû être, dans un passé pas si lointain, une luxuriante forêt. Ou du moins une forêt. Ou alors un bois. Enfin un bosquet assez grand pour y foutre une clairière, celle-là même dans laquelle Ragoule a failli se faire écraser par un palais venu de nulle part. En fait, si, le Beit Anthâar n'est pas sorti du néant comme ça, il est venu de quelque part : les berges du Lac Brumeux. Vous suivez ou quoi ? Non mais franchement, ça en devient désespérant à la fin ! J'essaye de raconter une histoire, moi ! Et donc, dans ce palais, Althâr songe. Et c'est à peu près tout ce qu'il fait depuis le début de l'aventure. Excusez du peu, il serait de bon ton que certains le fassent plus souvent, songer.
Quand soudain... Je vous ai bien eus hein !
L'air de Certadhil est vicié, et des mouvements de troupes peu rassurants y sont observés depuis quelques temps déjà. Les gens parlent, et Althâr s'en fout. Il cherche de son côté à comprendre ce qui se passe, d'où ces incessantes séquences d'intense réflexion entre deux allers et retours au bivouac qu'il a dressé à l'orée du "bois" et dans lequel il entasse les troupes qu'il ramène, quand il n'a pas autre chose à faire, à la vie.
Et c'est au beau milieu de l'une de ces séances si particulièrement chiantes à décrire qu'Alyssa vient déranger son père, munie d'un plateau sur lequel deux tasses fumantes d'une décoction exotique exhalent un parfum enivrant, accompagnées de biscuits. Certadhil est un territoire effrayant, et pourtant, au Beit Anthâar la vie suit son cours : les vestales prient et papotent, les jardiniers jardinent ce qui doit être le seul jardin à des milliers de lieues à la ronde, et les bibliothécaires lisent tout ce qui pourrait apporter des éléments concrets à la réflexion de leur hôte. Les autres font aussi leur boulot, mais les autres on s'en balance. Et c'est donc dans ce contexte presque serein qu'Alyssa interrompt les pensées de son père bien aimé afin d'obtenir, comme chaque jour, un résumé de la situation. Et heureusement pour vous, car si elle n'était pas là pour le faire parler, je n'aurais pas grand chose à vous dire...
"Mon soleil !
- Bonjour mon papa !
- J'imagine que c'est l'heure du thé...
- Quel pouvoir de déduction ! Sera-t-il seulement suffisant pour découvrir ce qui se passe ?
- Désolé ma chérie, c'est juste que j'étais... absorbé.
- Excuse-moi d'essayer de préserver ce qui reste de l'humanité de mon père, qui plutôt que d'amener ses troupes préfère réveiller des morts sur place, en essayant de préserver la structure de ses journées !
- Et tu fais bien ! Installons-nous."
Dans ce capharnaüm qu'est le "bureau" d'Althâr, noyé dans une mer de parchemins, rouleaux et autres obscurs écrits, subsiste un îlot de tranquillité : le salon. En fait, ce sont juste la table basse et les deux fauteuils qu'Alyssa s'évertue à déblayer chaque jour pour pouvoir y passer un peu de temps avec son père.
"Alors, que se passe-t-il ?
- Tu vois ce biscuit ?
- Euh... Oui...
- Dis-toi que c'est le monde tel que nous le connaissons.
- Bien...
- Si je le réduis en miettes de cette façon, les morceaux qui le constituaient se séparent et il me sera impossible de les réassembler en un biscuit sans un liant, car c'est au niveau subatomique que j'ai agi.
- D'accord...
- Mettons que j'imbibe les miettes d'eau et que je les pétrisse. Après avoir séché, le biscuit aura le même goût qu'avant, pas de souci.
- Je ne comprends rien...
- Si j'utilise du lait, il sera certainement meilleur, mais si j'utilise de la boue...
- Il sera moins bon !
- Exactement. C'est ainsi que tous les "méchants" de l'Histoire ont voulu agir. Ils ont voulu tout casser pour remodeler le monde à l'aide de leurs propres idées, leurs propres ingrédients si tu préfères.
- Je comprends mieux...
- Et c'est pour ça qu'on les a arrêtés. Car on avait peur de devoir évoluer loin de nos bases. Sans jamais au final avoir l'occasion d'apprécier ce qu'il serait advenu de ce changement.
- Que veux-tu dire ?
- L'Histoire désigne par le terme "méchants" ceux qui ont voulu changer radicalement son cours, et qui ont été vaincus. C'est à dire à peu près tout le monde. Or, de tous ces éléments subversifs, certains avaient de bonnes intentions.
- Et donc ?
- Nous ne connaissons pas les raisons, les intentions de notre ennemi.
- Et tu penses que ce qui arrive aujourd'hui est ce qui vient d'arriver à ce biscuit ?
- Justement, non."
Se redressant sur son fauteuil, Althâr semble chercher ses mots. Il jette les miettes par terre, qu'Alyssa regarde tristement, sachant que, vu que dans cette pièce seuls son père et elle-même sont admis, il lui incombera de nettoyer tout ça, et se saisit de sa tasse, pour boire une gorgée du délicieux mélange, avant de reprendre la parole.
"Disons qu'en apparence, si. Un démon quelconque dont personne n'a jamais entendu parler et dont beaucoup n'ont rien à foutre prend l'initiative et annonce un chaos total. Il se targue d'être si puissant qu'il ne fera qu'une bouchée de ceux qui s'opposeront à lui bref, le méchant est en place.
- Et ?
- Face à lui se dresse une ligue de seigneurs qui annoncent que face au "démon porteur de mort" se dresseront les "anges du bien" bref, la routine.
- C'est une bonne chose, non ?
- En théorie oui. Mais ces gens-là sont plus que de simples guerriers pour la plupart. Ils ont des égos gros comme des couilles de dragon et ne sont certainement pas foutus de bosser main dans la main. Ils sont trop fiers pour ça. Si bien que c'est déjà le bordel chez les forces du "bien" alors que le premier sang n'a pas encore été versé. Et tu verras que dès les premières heures de la guerre, les trahisons seront légion. Et ça, ça fait le boulot de qui à ton avis ?
- Du "méchant" ?
- Exactement. À ce rythme là, il n'aura plus qu'à achever les blessés. Il n'a qu'à attendre que les autres fassent l'essentiel du travail pour lui. Cette bande de guignols qui ne comprennent pas que l'enjeu dépasse leur simple gloire personnelle. Ils sont tellement fiers de connaître leur Histoire qu'ils sont convaincus de savoir à l'avance le dénouement de la pièce qui se joue ici et maintenant.
- Et que va-t-il advenir ?
- Je ne suis hélas pas omniscient. Tout ce que je sais, c'est que tout le monde joue le jeu du supposé méchant, et qu'il n'aura qu'à récupérer les bénéfices. Pour le meilleur ou pour le pire, nous le saurons bien assez tôt.
- Et nous ?
- Nous ne ferons rien. Pas pour l'instant."
Kärel | 11/11/10 21:06
N'empêche qu'au final, vous avez gaspillé un biscuit 
Kärel, Ombre égarée sur les rives de l'Existence.
Althâr Anthâar | 12/11/10 16:58
3. Chauve-souris qui se nourrit exclusivement des mammifères grâce à ses dents très coupantes et à une salive anesthésiante et anticoagulante.
Certadhil est une terre comme les autres, si l'on omet le Sereg Rinn, les énormes forteresses, les monuments tristement célèbres et la tragique Histoire. C'est une terre pleine de "vie", si je puis me permettre, qui présente donc nécessairement des structures sociales. Car tous les êtres pluricellulaires développent des structures sociales - et d'ailleurs certains êtres multicellulaires aux cellules non différenciées le font aussi mais je ne suis pas certain que le microscope optique ait été inventé à l'heure où j'écris ces lignes pour appuyer mes dires. Les insectes forment des colonies, les poissons des bancs, les oiseaux des groupes migratoires, les mammifères des meutes ou des troupeaux selon leur régime alimentaire, et certaines espèces dites supérieures des hameaux, des bourgs, des villages, des villes ou plus encore. Genre, des sociétés secrètes, des sectes, des boîtes échangistes, des maisons de passe, etc. Sur Certadhil donc, comme ailleurs, la "vie" suit son cours depuis la fin de la seconde guerre, même si elle le fait bien souvent en empruntant des chemins détournés, pour ne pas trop attirer l'attention de l'occupant. En effet, et assez bizarrement, les morts-vivants sont ici assez mal perçus, ce qui est un comble sur cette île, berceau de la nécromancie de masse. Mais que voulez-vous, ils avaient qu'à la gagner, cette guerre, aussi, ces cons-là !
C'est donc dans les ombres, les grottes, les cavernes, les souterrains et tous ces lieux qui échappent à la vigilance des sentinelles chargées d'observer l'activité certadhilienne que les autochtones se regroupent et, ce faisant, en viennent à s'adapter les uns aux autres à devenir solidaires face à l'envahisseur, et à développer des relations complexes qui transcendent la simple justification martiale de leur pitoyable existence. Ils se créent des foyers, ouvrent des commerces encore plus abracadabrants que les plus insolites des étals des marchands des hauts continents, dans lesquels on peut trouver un oeil un peu moins crevé, un bras un peu moins rouillé, une paire de seins un peu moins tombante, une canine de rechange, et en arrivent finalement à s'appeler par leurs prénoms, à parler de la pluie et du beau temps, de la bonne vieille époque, des femmes, à boire plus que de raison, à dévorer des ragoûts de paladins et des civets de vestales, entre amis, et finalement à tomber amoureux, et fonder des familles. Quant à leur capacité à avoir des enfants, si cela a pu déjà être constaté dans des foyers vampiriques, je ne m'avancerai pas sur la possibilité qu'un tel évènement se produise au sein d'un couple dont les protagonistes sont des goules. Se poserait alors la question de la durée de l'acte coïtal et de la disposition d'un corps en décomposition à donner vie à un autre corps en décomposition après avoir été inséminé par un troisième corps, caverneux, lui aussi en décomposition. Mais bon, rien qu'une petite invocation ne puisse régler, aussi nous passerons sous silence les préoccupations techniques pour s'en tenir au simple postulat que les morts et les vivants ont une conception similaire de la famille et un coeur qui n'a de raison de battre que l'amour - c'est très romantique je trouve.
Mais croyez-le ou non, certains vivants - naturellement vivants - se retrouvent, volontairement ou non, catapultés dans ces exubérants microcosmes et apprennent à y vivre tant bien que mal, pour éviter d'y mourir pour le coup assez facilement. Et c'est le cas d'Annafiel, jeune - et magnifique - humaine, que sa mère, une femme qui n'aime pas les enfants qui la dérangent tard, le soir, quand elle travaille avec un monsieur, qui n'est après tout que le huitième de la journée, la fermeté de ses fessiers, a envoyé rejoindre son père, un paladin en faction sur Certadhil.
Jusque-là, rien de bien méchant. Depuis qu'elle est arrivée sur Certadhil, Annafiel va à l'école, apprend des trucs qui ne lui serviront certainement pas à suivre les pas de sa maman, et y a d'ailleurs retrouvé un ami d'enfance, Mycrob, qui s'est retrouvé là après s'être fait mordre par un foutu bestiau hurlant à la Lune et lui ayant refilé une maladie contagieuse : l'animorphose. Si bien que le pauvre bougre se transforme depuis ce jour trois nuits par Lune en clébard et s'en va renifler le cul de ces dames, ce qui lui a valu d'être expédié sur Certadhil, qui depuis la fin de la guerre fait finalement office de terre d'exil pour ceux qui dérangent au sein d'une société plus conventionnelle. Vous l'aurez compris, Mycrob est follement épris d'Annafiel. Et l'histoire pourrait s'arrêter là.
Mais non.
Annafiel considère Mycrob comme un frère. Un frère qui lui renifle le cul trois fois par mois, certes, mais un frère quand-même. Et la relation qu'elle entretient avec Edouard Cullaineux, un vampire, n'arrange rien à cet état de fait. Annafiel est terriblement amoureuse du jeune suceur de sang, au grand dam du loup-garou qui lui sert, à défaut de mieux, de confident. Un triptyque assez typique, en somme. Depuis qu'elle est arrivée sur Certadhil, Annafiel est donc un sujet de discorde tout trouvé entre deux personnages romanesques que tous les récits présenteront allègrement comme des ennemis naturels, alors qu'ils n'ont rien de naturel, ces deux gars-là.
Mycrob, déjà quand il était humain, était vraiment ridicule. Il n'était guère plus grand qu'un nain, alors qu'il avait terminé sa croissance, et était à moitié chauve, et complètement obèse. Alors désormais, de loup-garou il ne porte, et encore, difficilement, que le nom. Au mieux, pour coller un peu plus à la réalité, pourrait-on le voir comme un caniche-garou. Car ce n'est pas avec ses dents plates d'herbivore et ses coussinets super confortables, pas plus qu'avec sa carrure de Yorkshire, qu'il peut attenter à la vie de qui, ou quoi, que ce soit. Même les brins d'herbe ne le craignent pas quant il s'apprête à les écraser de tout son poids avec ses coussinets top qualité. Mais, sentant le vent tourner, car il n'y a bien que l'odorat pour sauver son honneur de Garou, il a décidé de se venger de ceux qui l'ont envoyé là en s'engageant aux côtés de ceux qui se regroupent en vue de la bataille à venir.
Laissant Fiella - quel mignon petit surnom - aux mains du terrifiant Edouard Cullaineux.
Non, je rigole, Edouard non plus n'était pas bien effrayant lorsqu'il était humain. En fait, déjà à l'époque on se demandait s'il n'était pas le fils d'une goule et d'un phasme. Maigre à en mourir, si ce n'était déjà pas le cas, il avait un mal fou à se servir de ce que Dame Nature, ou quelque nécromant de bas étage, lui avait offert, à savoir un corps qui avait du être livré en kit et monté à la va-vite par ses concepteurs. Et si une morsure bienvenue lui avait procuré force, vitesse et immortalité, le pauvre ne peut aujourd'hui que constater son incapacité à taper fort ou courir vite, car cela suppose, et il le sait, qu'à la base il ait su se servir de ses bras et de ses jambes, ce qui était difficilement le cas. Cependant il est doté d'un grand esprit, d'un sens de l'humour renversant, un peu comme moi, et d'un romantisme à faire pleurer un désert.
Et donc, Fiella est tombée amoureuse d'Edouard et de ses lettres d'amour. Comment, me direz-vous ?
Il faut dire que le jeune Cullaineux a été malin pour le coup. Chaque matin, il dépose sous la porte de la jeune humaine, avant-même qu'elle se réveille, une enveloppe. Dans cette enveloppe, quatre lettres : la première lui décrit le contenu de sa journée de la veille, la seconde lui pose un certain nombre de questions sur elle-même, la troisième répond aux questions qu'elle lui pose et la quatrième commente les réponses qu'elle lui a données. Parfois, une cinquième contient un poème ou une déclaration tout feu tout flamme. Et il récupère l'enveloppe que l'humaine a laissée a son intention sous le paillasson. Et ainsi ils ont appris à se connaître intimement sans que Fiella ait pu jamais voir le visage de celui qu'elle aime tant. Et Dieu sait qu'elle lui demande souvent pourquoi il lui impose une telle distance alors qu'elle s'est maintes et maintes fois promise à lui, le rassurant sur le fait que même horriblement défiguré, il n'avait rien à craindre de l'intensité des sentiments qu'elle lui porte.
Et pourtant, malgré le tas d'allumettes qui lui sert de corps, Edouard est doté d'un charme certain. Il a, soyons francs, une belle gueule. Aussi laissez-moi vous dire pourquoi il n'a jamais voulu qu'elle le voit.
Comme vous l'avez compris, le jeune vampire, même s'il ne savait pas vraiment s'en servir, avait hérité après sa morsure d'un grand pouvoir : la palette complète du vampire. La totale. Le problème étant qu'avec ses nombreux problèmes moteurs, le jeune immortel avait bien du mal à les utiliser à bon escient. Ou à les utiliser tout court. Et tout comme un loup-garou se transforme en loup, ou en Yorkshire pour quelques malchanceux, un vampire peut parfois se transformer en chauve-souris. Edouard savait très bien ces choses et avait décidé, malgré les nombreuses mises en garde de ses aînés, de tenter le coup. Et au plus grand étonnement de tous, il y était parvenu et l'on l'avait vu voleter de-ci de-là pendant des Lunes. Et sans grand étonnement, tous constatèrent un peu plus tard que le misérable était bien incapable de reprendre forme humaine, n'ayant tout simplement pas saisi le "truc". Si bien qu'il n'est ni plus ni moins qu'une chauve-souris qui parle depuis quelques années. Vous conviendrez qu'il y a mieux pour séduire une Dame...
Et donc, depuis qu'il a vu Fiella pour la première fois, il s'est résolu à ne jamais se révéler à elle, malgré l'amour qui les unit. Comme c'est triste.
Mais voilà, ça arrive à tout le monde d'avoir mal dormi et de se lever un peu plus tôt que d'habitude, à cause d'une turista subite, d'une soirée trop arrosée ou pire les deux en même temps, et un beau matin, alors que Fiella a vécu une terrible nuit, elle tombe nez à nez avec une mignonne petite chauve-souris en sortant de chez elle, un crayon en bandoulière et une lourde enveloppe bien plus volumineuse qu'elle entre les pattes. Et, mettez ça sur le compte de l'amour, lorsque leurs regards se croisent elle sait pertinemment qui il est, et l'invite à entrer.
Enfin, ils se rencontrent ! Et après avoir obtenu de la part de celui qu'elle aime toutes les explications sur sa condition, elle se remémore une comptine de son enfance, mettant en scène une princesse et... un crapaud, vous l'aurez compris. Invitant Edouard à se poser sur le dos de sa main, Fiella entreprend donc de déposer un baiser sur le museau du vampire.
Et rien ne se passe. Fiella, dont le coeur se brise sur le moment, décide de s'en aller rejoindre Mycrob sur le front, qui, bien que gros et moche, a au moins l'air vaguement humain. Quant à Edouard, il reste là, seul, et est aujourd'hui certainement la seule chauve-souris immortelle qui sait parler et écrire dans tous l'univers.
Alors, si vous croisez l'un de ces trois-là lors de la guerre qui s'annonce, n'hésitez pas à vous foutre de sa gueule.
Edité par Althâr Anthâar le 12/11/10 à 17:09
Terfanae Syphonn | 12/11/10 17:30
j'adore! 
Baramir d'Eckmöl | 12/11/10 17:49
--
Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia




