Forum - Certadhil III, partie I , Ferumdum.
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Terfanae De Caledon | 29/10/10 14:59
(suite de "une pauvre lettre" à lire là : [Lien HTTP] )
Férumdum.
Sur les pentes enneigées menant au palais, sur le haut de la falaise principale des Territoires de Ferumdum, les porteurs tiraient, trainaient, peinaient à finir leur périple à pied.
La dame à cheval, appuyée sur le pommeau de sa selle, contemplait son palais qu'elle n'avait pas visité depuis bien longtemps.
La fumée de chaumières, légère, ici et là s'élevait alors qu'une lourde pluie s'abattait sur la ville.
Les portes de celle-ci, férocement gardées, drainaient le flux des arrivants. Marchands, guerriers, voyageurs de passage se pressaient devant elles, attendant que les soldats daignent les laisser entrer. Certains se voyaient refoulés, d'autres étaient jetés en contre bas de la route menant devant les murailles.
Levant les yeux vers le château, encore plus haut sur un pic surplombant l'océan noir et agité, Terfanae observait les allées et venues des gardes royaux. Elle pressa ses talons contre les flancs d'Alak et partit au trot vers les remparts.
Accélérant la cadence de son étalon, elle bouscula sans sourcilier quelques voyageurs trop lents à s'écarter tandis que les soldats de garde, reconnaissant la Dame, libéraient la voie, repoussant à toute vitesse les charrettes de marchandises sur les côtés. Elle grimpa la corniche et arriva devant les portes du castel. La Dame mit pieds à terre et entra dans la cour de la place forte.
Les soldats en faction s'arrêtèrent net et posèrent leur regard sur la Dame, l'esprit comme absorbé par une vision du passé.
La vampire parcourut d'un pas rapide les quelques mètres de la cour avant de pénétrer enfin dans l'imposante bâtisse.
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Cela faisait quelques heures à présent que Terfanae était de retour en ses terres et déjà, happée par les évènements qui retentissaient dans tout Daifen, elle s'était rendue au temple dédié à Hergoshyr.
Les prêtresses, que certains nommaient « prêtresses des fous » conduisirent la Reine vers un vestibule spécialement consacré aux seigneurs souhaitant une audience avec l'entité. Tant est qu'elle le veuille également...
Allongée sur une table matelassée, les vestales massaient son corps ferme et souple d'huiles aux senteurs multiples. Une poudre de mica étalée sur sa peau bleuté, froide, illuminait son corps. Ses cheveux lavés, brossés et noués en une coiffure savante étaient parés de pierres taillées d'opales, de diamants, de topazes.
Les servantes s'activaient, dessinant à la vampire des yeux charbonneux, une bouche carmin et la vêtirent d'une robe simple, fluide, de soie noire venant de Sympathieforthedevdil.
Le seul bijou qui ornait à présent son décolleté était son fidèle pendentif lunaire.
Sodalite pour la représentation de la lune, deux opposés.
Lunaire, changeante...
Glissant ses pieds nus sur la dalle de marbre noir, Terfanae entra dans le temple, s'approchant du puits sans fond à l'eau couleur d'ébène. Elle souffla profondément, fermant les yeux avant de se pencher vers ce miroir liquide.
Son corps, comme une poupée de tissu, était soulevé par une main invisible, flottant à quelques mètres au-dessus du sol froid.
Lévitation.
Cette main d'un autre plan, dirigea le corps royal au-dessus du bassin à la surface lisse.
Quelques instants, le silence, l'immobilisme prirent place en ces lieux.
Puis, les eaux se mirent en mouvement, ridant la surface, d'abord des vaguelettes, puis des vagues vinrent lécher les pieds de la dame, de plus en plus haut.
Terfanae ressentit une chaleur douce glisser en elle, des pieds au sommet de son crâne, chaleur qui devint brulure vive. D'abord crispée, un cri retentissant sortit de sa gorge repoussant sa tête vers l'arrière.
Un rayon ténébreux, une onde aspirant la lumière pénétra par sa bouche, son nez, ses yeux, traversant son corps de part en part diffusant un froid d'outre tombe si familier dans cette enveloppe charnelle.
D'abord les orteils, puis les talons, les mollets, les jambes, le ventre, la poitrine et enfin, son corps tout entier était comme avalé par l'eau vorace, puis entrainé vers le fond du puits.
Flottante, devenue éthérée dans un monde qui n'est pas le sien, le liquide la maintenait dans ce fond d'eau troublée.
Les yeux fermés, ses cheveux flottaient derrière elle.
Soudain, face à elle, un visage se dessina, se forma par l'immatériel. L'Innommable lui faisait face alors qu'elle ouvrit les yeux. Un rictus malsain apparut sur ce visage ténébreux, tandis que la vampire le fixait d'un regard profond...
Quelques heures plus tard, la Dame de Caledon apparut, sa veste militaire sur le dos, ses bottes cavalières au pied et son bilame pendant à sa ceinture.
A peu de chose près, la dame sortit comme elle était entrée.
A peu de chose près.
Ses yeux trahissaient la terreur communiquée, ne lui appartenant pas. Son visage semblait endurci, les traits plus creusés sur ce faciès hautain, les yeux plus perçants. Ses ongles n'étaient plus que des griffes acérées.
Ses cheveux avaient pris une dizaine de centimètres en une ou deux heures.
Elle grimpa les quelques marches la menant à l'intérieur de son palais et monta aussi vite que possible à l'étage, dans son bureau.
Terfanae de Caledon, Hordelle
Edité par Terfanae De Caledon le 29/10/10 à 15:31
Rouge | 02/11/10 04:25
Sombrebarbe | 02/11/10 09:57
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J'ai retrouvé la Lumière ! Qu'elle Illumine mon chemin et chasse les ténèbres !
Althâr Anthâar | 02/11/10 11:01
Terfanae Syphonn | 11/11/10 21:30
Certadhil III,partie II, Arrivée.
L'elfe qui pose le pied sur le quai encombré arbore les armoiries de Caledon se nomme Elragen. A en voir le respect que lui portent les matelots du navire qui l'a conduit jusqu'ici, il est le donneur d'ordre, celui auquel on obéit sans discussion. Mais que cache cet elfe qui d'ailleurs, si son équipage ne lui était pas aussi ostensiblement soumis, passerait parfaitement inaperçu dans le tumulte d'un port en effervescence ?
Sans être militaire, sans être espion, il est tout de même dans les hautes sphères au royaume de Caledon. Pour cause : il en est l'intendant. L'ami fidèle et présent, toujours discret cependant, de la Reine aujourd'hui portant le nom de Terfanae Syphonn.
Si je vous parle de lui aujourd'hui, c'est que cet elfe, scarifié et à crête, qui arrive aujourd'hui sur ce continent maudit et sinistré, on le connait peu, il transparait peu. A vrai dire, il n'est là que pour seconder.
Et sur Certadhil, il va seconder la Dame, à vrai dire, il ne fera pas que seconder. Celle-ci étant en chemin vers Crashouane.
Elragen est un elfe assez particulier. Ne vous attendez pas à l'élégance qui d'habitude leur colle aux basques. Il vient des bas-fonds.
Mais il a su grimper les échelons, un à un, patiemment, sur les conseils de Terfanae qui l'a pris sous son aile.
Il a une tactique à lui pour se faire apprécier.
Il met son costume le plus approprié, gonfle son curriculum, présente ses antécédents avant de vous demander si vous n'avez pas quelque mission à lui confier. Il révise son vocabulaire, avisé de votre caractère, il vous vouvoie. Il sourit autant qu'il vous méprise car sa mission, lors de vos entretiens, est de rester courtois.
Invitez Elragen à votre sauterie et il vous fait le ménage avec le sourire. Attendez-le sous votre fenêtre pour une sérénade qui résonne dans la nuit jusqu'au petit matin. Il connait vos angoisses, alors détendez vous. Dès le premier contact il fait tout pour que cela vous soit agréable. Mais quand il commence son manège, vous avez bien du mal à rester de marbre... Vous êtes sa catharsis et lui votre parasite que vous n'appréciez que peu de temps puisque vous êtes séparés avant le soleil levant.
Invitez Elragen à vos fêtes en l'honneur de Skippy et il porte le costume de circonstance, à votre table en taverne, et il paie l'addition ainsi qu'une coupe de vin elfique. Il fait comme si de rien n'était quand vous ne l'avez pas convié. Il comptait de toute façon vous télépathophoner pour vous prévenir de son indisponibilité. Et maintenant, il est là, bien installé. Il se dit « autant ne pas bouger, y a des tonneaux pour un gars en plus. C'est décidé je reste et squatte ce camp ». Mais soyez tranquille, il ne met pas les coudes sur la table. Il attaque la dernière bière après vous avoir demandé votre accord, évitant les impolitesses, faisant preuve des galanteries de rigueur, sourires et plaisanteries, langage appropriés. Méfiez vous cependant, il risquer d'emporter le vin pour chez lui...
Il ne tarit pas d'éloges et se sent un peu des vôtres, remplissant sa pipe avec l'herbe des autres. Il prend votre lit pour cette lune et fouille dans vos caves...
Mais toujours avec «gentillesse».
Laissez Elragen vous offrir des roses avec révérence et sans goujaterie. Présentez le à votre aïeul, il est raisonnable, vous, toute ravie...
Il est de toute évidence qu'il porte ses patins lorsqu'il rentre dans votre castel. A votre service, costume de laquais pour porter le petit dèj' au plumard...
Tout est pour satisfaire à vos moindres souhaits, vos désirs, vos tabous, tout est plus clair et il veut obéir, il le savoure !
« Je vous en prie! Prenez le fauteuil ! » Il s'assied sur un tabouret pour discuter avec vous. Il travaille pour la collaboration entre nos royaumes pour mener à bien sa mission et en attendant votre réponse, vous envoie des « sincères salutations ».
Elragen fait un bon gendre, bon chic bon genre, à l'aise même dans la seigneurie.
Il vous envoie une missive, de ses vacances, comme si il vous avait pour amis...
A la fin du banquet, il vous fait glisser le billet, le petit doigt levé. Il déguste le délicieux Kawha que lui a servi le chef en se taisant.
N'ayez pas peur de lui conter vos anecdotes, chaque chute, bonne ou mauvaise sera ponctuée par des rires... Artificiels.
Cette mélodie sent le baisemain, la tarte tatin, le petit regard retenu.
Elragen... Une musique particulière.
Voici l'elfe qui sert d'intendant sur Certadhil auprès de la dame de Caledon. Terfanae est ailleurs... Faisant un détour par Crashouane...
Le navire est amarré au port de dame Lancwen . Les troupes de la vampire de Caledon, nommée à présent Syphonn, quant à elles, s'avancent vers des pics montagneux et des forêts... Non loin de l'ancienne citadelle de Drazankhar, afin d'investir les bâtiments.
[hrp: merci à qui de droit pour la correction! ]
Edité par Terfanae Syphonn le 11/11/10 à 21:38
Lancwen la Pourpre | 12/11/10 07:54
Cirth observait les quais depuis une tour de guet, il examinait chaque embleme, chaque armoirie, tachant de reconnaitre quel seigneur se cachait derrière. Le port était en effervescence, une activité pas vraiment inhabituelle finalement si on prenait comme reférence les quelques derniers mois. L'elfe d'Arvandor avait adapté les defenses de la ville pour repousser une attaque extérieure et devait maintenant gérer les arrivées des seigneurs. Un pavillon attira son attention, il prit alors sa longue vue et fouilla le quai. Ou était donc la dame de Caledon? Son intendant était bien là, il l'avait reconnu, l'ayant cotoyé quelques temps à Ferendum. Mais pas de trace de sa maitresse.
Cirth fit amener un necessaire d'écriture pour informer la Matriarche...
Terfanae Syphonn | 21/11/10 22:47
[Afin de poster la suite de mon RP de Certadhil, je copie/colle la légère déviation faite à Krashouane ainsi que le petit intermêde de départ de Krashouane)
(Pour lire le RP de Bart en rapport avec ca : [Lien HTTP] et [Lien HTTP])
Terfanae avait embarqué son griffon. Un chouette cadeau de Magnus, lors de leur rencontre, qui sert énormément pour effectuer des trajets rapidement, l'inconvénient majeur étant qu'elle ne peut se déplacer que seule.
Après son passage à Ferumdum, après avoir ordonné à son cercle dirigeant de se rendre sur Certadhil et de suivre scrupuleusement ses ordres, elle avait emprunté un long corridor sombre et humide. Grimpant une centaine de marches en pierre noire, elle avait ouvert une porte dérobée aux regards non avertis et s'était faufilée au sommet de la tour, pour décoller vers sa première escale: Krashouane, la cité Hordelle sur le continent maudit.
Le vol n'avait pas été aisé. Beaucoup de navires avaient pris la direction vers les terres ocres, beaucoup de seigneurs étaient pris de fortes crises de paranoïa et auraient pu croire à une attaque aérienne. La vampire avait donc pris grand soin d'éviter les voies célestes les plus courantes...Et volant donc sur les courants les moins aisées.
Les rafales étaient violentes, les vents brûlants et l'air âcre. Le griffon royal peinait fortement en luttant contre les éléments .
C'est par l'Est que le griffon arriva enfin au dessus de Certadhil. Terfanae découvrit à nouveau ce continent qu'elle avait autrefois foulé de son pied pour rendre visite à sa matriarche, mais jamais elle n'avait poussé le vice à parcourir la distance jusqu'à Krashouane ou ailleurs hors de la citadelle de Drazankhar.
La cité qui se dessinait sous ses yeux, surplombant l'océan et offrant des falaises effilées aux bateaux, étaient vastes, couverte de tentes et de yourtes, de bâtiments de toutes sortes, des fumées s'élevaient un peu partout, des brasiers éclairaient plus vivement les zones d'ombres et un cratère immense esquissait une bouche béante dans le sol ocre.
Un peu plus après les Totems, Terfanae fit plonger le griffon vers la terre, agrippée au coup de la bête et mis pieds à terre, préférant se rendre aux portes de la cité à pied. Elle avait en effet remarqué une sorte de « brouillard-tourbillon » de poussières devant les portes et elle souhaitait conserver son mode de transport le plus rapide loin de toute casse.
Elle sauta de son animal , portant la main à la garde de son bilame serpentine. Certadhil, actuellement plus qu'à n'importe quel autre moment, était le continent le plus dangereux du Multivers.
Enveloppée dans son lourd manteau de cuir noir, la besace au creux de ses reins, une escarcelle à la ceinture, elle emprunta la piste conduisant à Krashouane, foulant le sol cendreux de ses bottes sombres.
D'un pas rapide, elle arriva tôt vers ce qu'elle avait aperçu du ciel sous la forme d'un tourbillon ocre.
- « ...PIF!...PAAF!...POUF!...SBLAAM! »
Le nuage était survolé par des gargoublines qui se tinrent un instant en vol stationnaire au dessus.
Terfanae, intriguée, se faufila un peu plus près en tendant l'oreille, avançant de rocher en rocher vers cette intempérie artificielle.
Arrivée suffisamment proche mais conservant une distance de sécurité, la vampire reconnu là l'Ork de Barbarie et le vieux pirate hordeux.
_ « Et mer....! » Lachant le juron entre ses lèvres de velours et se rendant compte du risque conséquent de perdre l'occasion de trouver de l'alcool dans la cité, elle rabattit la lourde et large capuche sur sa tête avant de s'avancer d'un pas tranquille vers les deux hordeux, glissant sa main dans sa besace de femme (donc sans fond ) attrapant entre ses doigts experts sa massue.
Arrivée à leur hauteur, redressant le visage vers eux, esquissant le plus charmant de ses sourires, elle souffla un doux et mielleux :
« Bonjooooour! Bartounet, Jarx mon vieux merlant! Je suis RA-VIIIE de vous voir!»
S'ensuivit alors le célèbre « MEGACOUPDEMASSUEDANSLATRONCHE » pour dégager le chemin et nous vîmes alors Terfanae entrer, en courant à toute jambes, vers la taverne la plus proche. Sans se retourner....Surtout pas...
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Afin de perdre Bart dans le dédale de ruelles malfamées , Terfanae bifurqua sur sa gauche, tombant dans une rue coupée de barricades. D'un bond souple que lui permettait sa condition de vampire, elle parvint à rejoindre l'autre coté, laissant Bart devant une boutique de souvenirs .
Elle reprit alors une marche souple, redressant le col de son manteau sur son visage et emprunta les rues « au petit bonheur la chance » se laissant guider par son instinct d'Hordelle pour trouver une taverne.
Arrivée devant le tripot faisandé portant le nom exotique de « Nécro n'au Litron » , dans la zone verte de Krashouane. Elle marqua un arrêt. L'aura de la zone était pestilentielle et si elle eut été encore Elfe, elle n'aurait surement pas pu faire un pas dans cette aire de la ville sans avoir son propre sang fermenté.
Elle posa sa main gantée de cuir sur la poignée de la porte et avant qu'elle n'eut le temps d'enclencher le mécanisme -certes simple-, une boule de plume vint s'écraser contre la vitre de la gargote.
Hésitante, elle poursuivit d'abord son geste et lâchant un soupir, s'écarta de la porte pour ramasser le hibou en piteux état.
Mondi secoua ses plumes et fixa sa maitresse d'un regard vide. La vampire détacha la missive accrochée à la patte et déplia le morceau de parchemin.
Quelques minutes plus tard, c'est au pas de course que Terfanae quittait Krashouane, en direction du Nord de la citadelle de Drazankhar.
Le sujet du billet était clair: Althar Anthâar avait été attaqué et son royaume avait disparu comme il était apparu. Ses projets étaient compromis sinon anéantis.
Edité par Terfanae Syphonn le 21/11/10 à 22:49
Terfanae Syphonn | 23/11/10 22:45
Certadhil III, Partie III, Sans issue.
Le ciel au-dessus de la citadelle était voilé par une brume grisâtre, épaisse et étouffante. Une odeur méphitique se dispersait dans les alentours, transportée par le vent, mêlant ce parfum pestilentiel au vacarme des armes d'aciers, des grognements et cris des monstres multiples passés en ce monde par le Sereg Rinn.
Terfanae leva la tête vers la plus haute tour de Drazankhar, observant le vol maladroit de quelques diablotins et s'empressa de rentrer sur son territoire.
Mal à l'aise en présence de ces seigneurs des limbes, leur oeil au bout d'un tentacule pointant de ci de là, leur hachoir trainé derrière eux, la vampire regagna au plus vite l'intérieur de la place forte, suivi de près par son intendant et le général qui l'attendaient depuis leurs départs du QG de Certadhil. Quelques Ankous trainaient des charrettes grinçantes dans lesquels s'entassaient les cadavres d'ennemis. Des charniers étaient improvisés dans les ruelles d'une ville à peine installée.
Une petite fille, les cheveux noirs pendant devant son visage blafard, habillée d'une robe de peau sanguinolente s'approcha de la dame de Caledon, lui prenant la main.
Un frisson glacial parcourut la Vampire, remontant le long de sa colonne vertébrale.
-"Dame, puis je vous accompagner en votre demeure? On m'a dit de vous accompagner, lors de votre embarquement..."
Glissant sa main hors de la petite poigne, Terfanae imita un sourire:
-"Non. Contente-toi de rester non loin des laquais, qu'ils connaissent parfaitement la carte de Certadhil. C'est le plus important."
Débarrassée de l'Achérie, Terfanae se faufila vers la plus grosse bâtisse, faite de pierres de taille, comportant encore quelques échafaudages de bois sur sa façade.
Arrivée dans le bureau de fortune, elle poussa quelques parchemins d'un revers de la main et posa sur la place dégagée un lourd manuscrit de cuir noir.
-"Bien, Elragen, allume un feu, veux-tu."
-"Madame?"
Le regard interrogateur, l'intendant s'avança vers une cheminée entourée de pierres brutes et grises. Une vampire ne ressent pas le froid. Serrant les machoires, il semblait comprendre.
Terfanae le dévisagea un court instant, avant de reposer son regard sur l'ouvrage.
- « Oui, nous allons le bruler. Que plus jamais l'idée de me dégager de mon allégeance à Hergoshyr ne me vienne en tête."
-"Etes-vous...Certaine? »
La main hésitante, il attrapa quelques buchettes et du parchemin noirci de plan d'architecte.
- « Oui. Cela ne sert plus à rien. »
Se tournant vers Angrod, Terfanae posa une main lourde sur le livre noir
-"Général, faites évacuer nos hommes vers les navires de Caledon."
-"Où allons-nous, Dame?"
-"A la recherche de mon père, Morrdred."
Elle ramassa le livre, le feuilleta, le regard entaché d'une noirceur profonde, le visage fermé à toute discussion. La douleur était palpable à cet instant. Sans ce livre d'écrits -pour la plupart des yeux- obscurs, Terfanae n'était plus à même de détruire l'essence même du Dieu.
Elragen avait lancé un feu peu vaillant, les flammes scintillaient faiblement, mais assez pour éclairer d'une lueur légère les reliefs sur le visage de l'elfe.
L'atmosphère était lourde, chaude, et pourtant si étrangement glaciale pour les tréfonds de l'âme.
La dame referma lourdement le grimoire avant de le jeter dans les flammes, le regardant se consumer un instant. Elle venait de faire une croix certaine sur sa liberté. Son arme et son bras seraient à jamais unis au désir de l'Innommable.
L'intendant se tenait à ses côtés, les bras derrière le dos, l'expression de son rictus en disait long. Le ventre noué, il savait à présent qu'il n'y avait plus d'issue pour celle qu'il servait.
Angrod, un instant interdit devant ce geste si détaché de Terfanae, se reprit:
- « Dans quel but voulez-vous le retrouver? Cela fait longtemps qu'il a disparu de l'horizon. La dernière de ses apparitions eut lieu sur Congelodhil..."
-"Le But?" Terfanae se tourna vers lui, lentement, froidement "Celui de le tenir au courant que la famille Syphonn est disloquée. En sortant, fait évacuer la bâtisse. Dis à nos hommes de rejoindre nos vaisseaux. »
Angrod s'inclina profondément et sortit alors de la pièce sans demander plus de détail.
Elragen resta un instant silencieux, seulement en observateur, détachant chaque mouvement de la guerrière.
- « Et le Parloir du QG de Certadhil? »
-« Laissez-les. Ils sont tellement petits qu'ils pensent encore qu'on leur doit mon départ. Et encore plus petits pour penser que les « anciens » seigneurs de ces terres sont leurs ennemis... »
-« Et votre Mère? »
- « Xune.... » , Terfanae soupira, laissant ses pensées se porter vers sa mère adoptive et vampirique. Elle l'aimait mais elle ne savait pas si celle qui l'avait enfanté allait comprendre l'envoi de ces quelques diablotins. « Au besoin, elle saura me trouver... Si elle en a l'envie. »
- "Et Elladan?"
- "Il se trouve toujours sous la protection d'Iryanna. Laisse-la gérer ce cas."
- "Ainsi, nous disparaissons à la suite de votre Père?"
-"Oui.... Enfin, nous ne disparaissons que pour le trouver."
-"Et dans le cas contraire?"
-"Nous n'aurons de cesse de le chercher. »
Elragen ramassa ses parchemins personnels, les enfouissant dans sa besace d'un geste rapide.
- « Partons-nous sur le champs pour Congelodhil, Ma Dame?"
-"Nous ferons d'abord une halte à Hordadum. »
Elragen s'inclina et sortit préparer le départ imminent.
Terfanae se posa lourdement sur l'unique fauteuil que comportait la pièce et souffla pesamment.
Elle observa quelques minutes le feu puisant sa force dans les pages du manuscrit et laissa ses pensées se perdre dans cette vision.
Plus d'issue ne se présentait à elle, Hergoshyr resterait dans son ombre, mais elle n'aurait su dire ce qui l'attristait le plus à cette heure sombre: la perte d'un ami comme Althar, ou bien de rester dans le champ de vision du Dieu de la Tourmente.
Et sa mère, Xune, adoptive peut-être, mais elle l'aimait comme on aime une Mère, une amie, comme un prolongement de sa chair. Pourquoi était-elle aller se fourvoyer avec ce dragon qui n'avait de cesse de cumuler les conquêtes. Elle même, Terfanae, n'avait-elle pas failli à sa rigueur martiale pour les faveurs de ce dragon noir?
Terfanae secoua la tête. Elle devait retrouver Morrdred mais elle savait, plus que jamais, que Morrdred n'était perçu que si lui-même le souhaitait. Et à l'approche de la découverte du continent Maudit, son Père était resté absent. Elle se doutait alors qu'elle résumait son périple à une disparition plus ou moins longue.
Mais à cet instant, elle devait tout d'abord résoudre le problème de ces soldats du chaos qui peuplaient son royaume. Elle devait ou s'en débarrasser sans éveiller de soupçon, ou arriver à les semer derrière elle.
Elle attrapa un parchemin trainant sur le bureau et torsada son extrémité. Se levant, elle le plongea dans les flammes avant de le sortir et de propager le feu à ses papiers et parchemins.
Elle quitta le bureau, refermant soigneusement la porte derrière elle.
Ses malles, coffres et papiers importants étaient déjà dans les cales de son navire personnel. Il ne lui restait plus qu'à fuir ce royaume.
Edité par Terfanae Syphonn le 23/11/10 à 22:51
Terfanae Syphonn | 24/11/10 23:41
Des ouvertures de la bâtisse de pierre s'échappaient des flammes vives et de la fumée noirâtre. Personne ne se souciait alors des quelques soldats humains qui fuyaient à travers le dédale de tentes formant une sorte de ville précaire, au Nord de la citadelle de Drazankhar.
Tous les papiers brulaient dans un immense brasier que quelques laquais du Chaos, ces êtres décharnés, au visage émacié rehaussé d'un sourire grimaçant tentaient d'éteindre à grandes eaux.
Terfanae observait ce ballet de sauveteurs improvisés en ces monstres d'un autre univers. Les mains derrière le dos, la moue dégoutée et les yeux plissés, elle restait impassible devant l'incendie.
Elle patientait, attendant que ses propres troupes aient quitté ce royaume avant de se faire la belle ensuite.
Angrod, son fidèle général drow, avait tenu à l'escorter personnellement, tandis qu'Elragen était parti préparer ce long périple sur les traces d'un Déchu. Le drow ne cessait de tourner et retourner autour de sa Reine, l'oeil aux aguets devant ces créatures, la main sur la garde de sa lame effilée.
« Il va être temps, Dame » lui murmura-t-il à l'oreille, le visage crispé.
« Pas tout de suite, Angrod, pas tout de suite... »
« Mais qu'attendez-vous?! » Son ton trahissait une certaine nervosité et sa voix avait eu une portée plus forte que ce qu'il avait espéré.
La guerrière s'était tournée lentement vers lui, et parla sur le ton de l'évidence même:
« Regarde les, Angrod, Regarde les ...toutes ces créatures s'activent pour éteindre un incendie. Aussi hideuses, aussi monstrueuses soient elles, des amas de chair morte , des monstruosités humanoïdes, des morts que l'on a réveillé de leur repos, tous unis pour faire face à un événement extérieur. Nos nobles seigneurs n'en sont que difficilement capables... »
Angrod l'observait, excédé de devoir attendre là. Les autres étaient déjà sur la voie des navires, prêts à lever l'ancre...
« Madame, j'insiste »
« Angrod, Imaginais tu seulement qu'ils seraient assez idiots, tous, pour ne pas voir qui fut réellement trahis? »
« Ce n'est pas le moment, Dame...Il faut vraiment que nous y allions, tant qu'ils sont occupés. »
« Pas le moment? Oh si, justement! Regarde donc ces troupes du Chaos, que j'ai véritablement trahis, qui sont unis, toujours... Et regarde donc ces « nobles » seigneurs, que j'ai aidé comme j'ai pu, qui en sont encore à croire que ce sont eux que j'ai poignardé... Le nombrilisme, Angrod...leur égo les perdra.»
« Madame, il faut que nous y allions avant qu'ils ne remarquent pas que... »
« Que quoi, Angrod? Que nous les laissons? Regarde les seigneurs venus combattre, ont-ils seulement cherché à quel groupe profitait ma trahison? Pourquoi alors voudrais tu que ces...monstres ne le cherche? »
« Madame, j'insiste »
Angrod attrapa Terfanae par le bras et l'entraina plus loin.
Un morceau de bois incandescent sortit par une ouverture, attisée par le vent, l'incendie se propagea à un bâtiment adjacent.
Terfanae observa encore quelques secondes et suivit son général hors du dédale du territoire.
Le Drow avait déjà fait préparer un cheval quelques heures auparavant, s'assurant ainsi un transport rapide. Le griffon de la vampire attendait à quelques centaines de mètres de là, dans les bois.
S'assurant que sa Dame rejoindrait sans encombre son animal, le général sauta sur selle et partit à grande allure vers la cote Certadhilienne.
Terfanae approcha de la clairière où se trouvait son griffon, passa une main sur la tête de l'animal et sauta d'un bond souple sur son dos.
Pas un regard en arrière, mais une grande hâte de déguerpir d'ici.
Xüne Syphonn | 25/11/10 15:56
J'espère que tu trouveras ce que tu cherches et pas une immense déception, ce à quoi il faut te préparer au cas où.
( Beau texte mais triste. j'espère qu'un jour nous reverrons Terfanae Syphonn )





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